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Histoire(s) de la (non) régulation bancaire (1/5) : Sandy Weill, l'homme qui a défait le Glass-Steagall Act


Invité David Web

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Histoire(s) de la (non) régulation bancaire (1/5) : Sandy Weill, l'homme qui a défait le Glass-Steagall Act

Afin de porter sur les fonds baptismaux le colosse bancaire Citigroup, Sandy Weill a pesé de tout son poids auprès des régulateurs et des politiques américains, pour faire abroger le Glass-Steagall Act. Premier volet de notre sérié d'été consacrée à l'incroyable capacité de résistance du secteur bancaire aux tentatives de règlementation.

New York, 16 mars 1933. Dans le quartier de Brooklyn, une jeune immigrée polonaise juive donne naissance à un petit garçon, Sandy Weill. A des kilomètres de là, le sénateur Carter Glass et le député Henry Steagall planchent sur la loi de séparation des activités bancaires, qui sera adoptée par le Congrès en juin 1933, et qui portera leurs noms, le Glass-Steagall Act. Les deux hommes n'ont aucune raison d'être au courant de l'heureux événement survenu trois mois plus tôt à Brooklyn, chez les Weill. S'ils avaient su que le petit Sandy n'était autre que le futur patron de la banque Citigroup, et que, pour créer cette dernière, il mettrait tout en œuvre afin de faire abroger le Glass-Steagall Act...

Ce Glass-Steagall Act qui, dans le sillage de la crise de 1929, a découpé les banques en deux. Avec, d'un côté, les banques de détail, sagement occupées à collecter les dépôts de leurs clients et à octroyer des crédits aux particuliers et aux entreprises. Et, de l'autre, les banques d'investissement, qui opèrent sur les marchés financiers. Le but de ce découpage étant que, plus jamais, les banques ne s'amusent à spéculer sur les marchés avec l'argent des déposants, comme elles ne s'étaient pas privées de le faire avant la Grande Dépression.

Tour à tour, les banques jouent la carte de la menace ou celle du fayotage

Mais, dès les années 1960, les banques de détail se sentent engoncées dans le costume que leur a taillé le Glass-Steagall Act. Elles aimeraient bien tâter du marché des obligations municipales et le font savoir à leur régulateur de l'époque, la Réserve fédérale américaine (Fed). Commence alors un lobbying destiné à assouplir le Glass-Steagall Act, lobbying qui durera plus de 30 ans.

Tour à tour, les banques, et notamment Citicorp, JP Morgan et Bankers Trust, jouent la carte de la menace ou celle du fayotage. La menace : limités à la banque de détail ou aux activités de marchés, les établissements bancaires américains sont trop petits et donc trop peu compétitifs par rapport à leurs concurrents étrangers qui, eux, ont le droit de jouer sur les deux tableaux. Le fayotage : Nous ne sommes plus en 1933, la SEC (Securities and Exchange), le gendarme américain des marchés financiers, est devenue si efficace... Les agences de notation financière sont tellement sophistiquées... Il est aujourd'hui si aisé d'identifier les investisseurs...

Lire la suite (La Tribune).

Lire aussi :

>>> Histoire(s) de la (non) régulation bancaire (2/5) : comment le lobby a neutralisé les lois "anti prêts-rapaces"

>>> Histoire(s) de la (non) régulation bancaire (3/5) : comment les banques françaises ont détricoté la loi Moscovici

>>> Histoire(s) de la (non) régulation bancaire (4/5) : la colère de la Banque d'Angleterre contre le lobby bancaire

>>> Histoire(s) de la (non) régulation bancaire (5/5) : Goldman Sachs, ou comment contourner la règle Volcker

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Membre, 30ans Posté(e)
economic dream Membre 3 028 messages
Baby Forumeur‚ 30ans‚
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Larry Summers a des liens très étroits avec les plus grandes banques il est le candidat favori d'Obama pour devenir le prochain président de la FED , ...

Geighner était secrétaire d'Etat au Trésor des Etats-Unis entre 2009 et 2013 , comme quoi Obama est lié lui aussi à Wall Street .

Et ceux sont qui ont commencé à déréguler ( sous Clinton ) le secteur financier dans les années 90.

"

Le Trésor américain accusé d’avoir vendu le monde aux banquiers

Philippe Vion-Dury | Journaliste journaliste-rue89.png

Greg Palast « n’arrivait simplement pas à y croire ». Selon lui, ce document – qu’il affirme authentique – est digne des pires théories complotistes :

« A la fin des années 1990, les hauts fonctionnaires du Trésor américain ont conspiré en secret avec une petite cabale de gros bonnets du secteur bancaire pour tailler en pièces la régulation financière dans le monde entier. »

memo_0.png

Capture d’écran du mémo

Greg Palast ne précise pas comment il a authentifié le document, mais avec sa longue carrière d’enquêteur pour des cabinets d’audit anti-trust et anticorruption, et de nombreuses investigations pour la BBC, The Observer et The Guardian, il ne fait aucun doute que ses preuves sont solides.

Une cabale politico-financière

memo.pngVOIR LE DOCUMENT(Fichier PDF)

Ce mémorandum ne serait donc rien de moins que la genèse de la crise financière mondiale et du « sang et des larmes » qui en ont coulé.

Daté du 24 novembre 1997, son auteur Timothy F. Geithner écrit à son « boss », le secrétaire adjoint au Trésor américain, Larry Summers, à propos des dernières tractations à l’OMC :

« Alors que nous entrons dans la dernière ligne droite des négociations à l’OMC sur le commerce des services, je pense que ce serait une bonne idée pour vous d’en toucher un mot avec les PDG des principales banques et sociétés boursières qui ont suivi de près les négociations. »

Timothy Geithner transmet ensuite la liste des numéros des cinq PDG les plus puissants de la planète (d’alors) : Bank of America, Goldman Sachs, ou encore JP Morgan figurent au tableau.

Le but de ces entretiens téléphoniques : préparer la dérégulation – ou ouvrir la boîte de Pandore, selon le point de vue.

memo_bis_0.png

Capture d’écran du mémo

Geithner assure ensuite que les estimations quant au succès des négociations peuvent être – « prudemment » – interprétées comme étant « optimistes ». Il ajoute que les entreprises du secteur sont « largement satisfaites avec les grandes lignes de l’accord ».

Acte I : briser la régulation

De quoi ont-ils tous discuté après, le mémo ne le précise pas. Mais Greg Palast explique la suite des évènements qu’il présente comme un « coup d’Etat financier global » pour déréguler d’un seul coup toutes les banques à travers le monde – et les placer sous la domination des vautours américains.

Il fallait d’abord briser le mur entre banque de dépôt et banque d’investissement instauré par le Glass-Steagall Act de 1933 – et censé empêcher une nouvelle « Grande Dépression ». Cela tombe bien : en 1997, le mur est déjà très poreux et les exceptions à la règle pleuvent.

Le Trésor américain, de son côté, fait rempart à toute tentative de régulation des produits dérivés financiers. Dans la foulée, le président Clinton déclarera que la loi « Glass-Steagall Act n’est plus appropriée ». Deux ans plus tard, son abrogation signifiera le début du règne de la dérégulation financière.

Acte II : briser les frontières

L’acte deux est plus délicat et franchement machiavélique, comme l’explique le journaliste :

« Mais pourquoi donc transformerait-on les banques américaines en casinos à produits dérivés si l’argent s’enfuit vers des nations où les lois bancaires sont plus sûres ? La réponse conçue par le top 5 bancaire : éliminer les contrôles sur les banques dans toutes les nations de la planète – d’un seul coup. C’était aussi brillant que terriblement dangereux. »

Le Trésor américain à la solde du lobby bancaire s’est donc servi des négociations sur le nouvel accord de l’OMC. L’Accord général sur le commerce des services (AGCS) sera conclu en décembre 1997, un mois après le mémo, et entrera en vigueur en 1999.

Alors que l’OMC ne prenait en compte jusque-là que les marchandises, l’AGCS pave la voie au commerce d’instruments et actifs financiers qui seront largement responsables de la crise actuelle.

La boîte de Pandore est maintenant grande ouverte :

« Parmi les célèbres transactions légalisées : Goldman Sachs (le secrétaire du Trésor Rubinen avait été vice-président) a travaillé avec la Grèce sur un swap d’obligation qui, finalement, a détruit cette nation.

L’Equateur, une fois son secteur bancaire dérégulé et démoli, a été ravagé par des émeutes.

L’Argentine a dû vendre ses entreprises pétrolières et ses réseaux d’approvisionnement en eau alors que ses professeurs cherchaient leur subsistance dans les poubelles. »

Les joueurs, eux, n’ont pas connu la crise

Pour l’auteur, Larry Summer est le « serpent » et Geithner son « valet » chargé de « transformer les accords en bélier pour les banquiers ». Comble du cynisme, il souligne le parcours professionnel des différents acteurs impliqués dans la manœuvre :

  • Robert Rubin, secrétaire au Trésor en 1997, a pris la tête du Citigroup dont la création a été permise par la dérégulation de la finance. Alors que cette « monstruosité financière » a coulé en 2008 suite à une chute de son action de 70%, Rubin a tiré son épingle du jeu avec 100 millions d’euros sous le bras ;
  • Larry Summers remplace son mentor Robert Rubin à la tête du Trésor américain sous l’administration Clinton. Il prend ensuite la tête de Harvard tout en travaillant en tant que conseiller pour des « hedge funds » et en donnant des conférences à 135 000 dollars pour JP Morgan, Goldman Sachs et d’autres, acroissant sa fortune de quelque 23 millions d’euros. Il devient en 2009 un des conseillers spéciaux d’Obama et prend la tête du Conseil économique national. Il est maintenant pressenti pour prendre la tête de la Réserve fédérale américaine.

Greg Palast relativise cependant l’importance du mémo :

« Est-ce que tout ce mal et cette souffrance proviennent d’un seul mémo ? Non, bien entendu : le mal était la partie elle-même, jouée par la clique des banquiers. Le mémo révèle seulement leur tactique de jeu pour mettre échec et mat. »"
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