Le somnambule Alexis

Bonjour, bon appétit à ceux qu'sont à table,

Avez-vous déjà entendu parler d'Alexis Didier (1826-1886) ?

Cet homme avait le pouvoir de lire dans l'esprit de ses consultants, tout autant que dans un livre fermé. Il pouvait se porter à distance dans un lieu inconnu pour en ramener des informations vérifiables. Il pouvait voir à travers un quadruple bandeau, prédire les évènements futurs, ou encore raconter avec précision l'histoire d'un objet, et des personnes qui l'avaient possédé, ou bien avec lesquelles il avait été en contact. Enfin, la lucidité qu'on lui prête était parfois si étonnante que la raison vacille à la lecture des rapports, et que les esprits les plus ouverts sont tentés par l'incrédulité. Ce qui laisse à penser qu'il s'agissait d'un prestidigitateur exceptionnel disposant de comparses à chacune de ses séances ?

Pour en avoir le cœur net, on fit appel au fameux Robert Houdin, grand maître des prestidigitateurs. Ce dernier rencontra deux fois Alexis Didier en 1847. Venu avec l'idée qu'il allait alpaguer un escroc, il resta pantois et attesta par écrit que les phénomènes produits ne relevaient d'aucun art.

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Alexis Didier est plus connu sous le surnom du "Somnambule Alexis". Il dépassa en renommée tous les "somnambules magnétiques" qui défrayèrent la chronique au milieu du XIX° siècle. Aussi dit-on de lui, le jour de ses obsèques, qu'il fut le plus grand clairvoyant de son temps.

Réputation qui ne semble encore pas usurpée à ce jour.

Simple fils de cordonnier, il acquit une réputation qui passa les frontières et stupéfia par ses démonstrations les rois et autres grands de ce monde.

D'abord ouvrier graveur, puis acteur dramatique, il se consacra à la démonstration de ses dons, car se voyant investi de la mission de prouver l'existence de la spiritualité de l'âme en une époque trop cruellement matérialiste. Il se mit par conséquent à la disposition de tous ceux qui désiraient voir à l'oeuvre la lucidité magnétique, et se donna tellement à cette tâche qu'il y ruina sa santé, étant de constitution fragile.

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C'est donc une fois plongé dans le "sommeil magnétique" qu'Alexis Didier devenait extra-lucide.

Convié en Angleterre en 1844, il fit des démonstrations devant un public choisi de médecins, écrivains et aristocrates. Ce faisant, il déclencha une féroce polémique entre deux étoiles montantes de la médecine britannique : les docteurs Elliotson et Forbes.

En France, il ne commença à défrayer la chronique qu'en 1842, juste après la clôture officielle de l'Académie de médecine, et le monde savant n'eut malheureusement pas à se confronter à ses dons présumés. D'où sa prise en charge regrettable par l'autre face de l'intelligentsia de l'époque : les médecins dissidents, les écrivains romantiques, les juristes...

Du vivant d'Alexis Didier, de nombreuses réfutations du somnambulisme magnétique furent écrites par des philosophes et médecins positivistes. Auraient-ils esquivé ce défi ?

Cependant, que penser de ce prodige ? La singularité des cibles qu'il parvenait à décrire et la précision de ses descriptions permettent d'éliminer l'hypothèse d'une suite continuelle de coups de chance. Elle permet de plus d'exclure celle du captage dialogual. La quantité et la qualité sociale de consultants qui pouvaient appartenir à la haute aristocratie, voire aux cours européennes, conduisent enfin à se détourner totalement de l'hypothèse de compérage.

La science, en fermant ses portes au somnambule Alexis, nous aurait-elle fait perdre une occasion inouie de sonder les potentialités cachées de l'être humain ?

(source : d'après le livre "100 mots pour comprendre la voyance", de Bertrand Méheust, éd. Les Empêcheurs de tourner en rond).

Salut

Convié en Angleterre en 1844, il fit des démonstrations devant un public choisi de médecins, écrivains et aristocrates. Ce faisant, il déclencha une féroce polémique entre deux étoiles montantes de la médecine britannique : les docteurs Elliotson et Forbes.

Il serait intéressant de savoir quelle polémique justement ? ^^

OK, alors le docteur Elliotson, c'était le défenseur de l'existence d'un magnétisme animal au Royaume-Uni à l'époque, tandis que le docteur Forbes, sceptique, refusait d'y croire. Au point que ces deux représentants de la médecine deviennent ennemis.

C'est le Dr Elliotson lui-même qui se laissa convaincre d'organiser la première séance privée avec Alexis Didier devant un public très choisi. Cela faillit tourner au bide parce que ce dernier, ne maîtrisant pas la langue anglaise, avait le trac et se trouva bien mal à son aise devant tous ces aristocrates ne le ménageant pas. Il réussit cependant à reprendre confiance en lui, et la séance fut au final un triomphe. Les spectateurs en repartirent complètement abasourdis par les pouvoir d'A. Didier.

Le Dr Forbes eut l'occasion d'assister ultérieurement à une de ces séances, mais cela ne le laissa pas convaincu. Il qualifia cela de tromperie, et s'appuya sur une "pétition de convenance" entre le somnambule et son public pour expliquer les phénomènes, impossibles selon lui sans cette forme d'accord tacite poussant les spectateurs à jouer le jeu du voyant.

En 1851, le révérend Chauncey Hare Townshend, qui écrivit deux essais au sujet du magnétisme animal, voulut mettre A. Didier à l'épreuve. Il le rencontra à Paris, acheta un livre de Lamartine. Puis il procéda le même jour de la sorte : A. Didier était dans une pièce, Chauncey dans une autre contigüe. Il ouvrit le livre de Lamartine que Didier ne pouvait voir, et lui demanda de lire à voix haute. Le somnambule s'exécuta. A la demande du révérend, il lu 8 pages, ne se trompa que sur un seul mot.

Pour en revenir au Dr John Elliotson, professeur de médecine à l'University College, bien que d'une haute intégrité il ruina sa carrière en soutenant la véracité du mesmérisme, la doctrine de Mesmer sur le magnétisme animal.

Autre test soumis au somnambule Alexis en 1845 : au cours d'une séance, on lui propose un paquet contenant quelque chose de mou et souple. Pour "se chauffer", A. Didier le palpe, le flaire, le soupèse, déduit que cela peut être un drap, puis, en se concentrant un peu plus, un habit de religieux. Enfin, il déclare qu'il s'agit d'un vêtement trouvé dans un caveau à Tours, il y a douze ans, et que la personne qui l'a découvert est tombée de l'échelle en tombant dans le caveau, ce qui se révèle en tout point exact.