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Zone euro : l’embellie imaginaire


Constantinople

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Membre, Posté(e)
Constantinople Membre 18 329 messages
Maitre des forums‚
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Un certain nombre de déclarations semblent accréditer l’idée d’une lente, mais réelle, sortie de crise dans les pays du « sud » de la zone Euro. Elles reposent avant tout sur le constat d’une forte réduction du déficit commercial de ces pays, voire de leur capacité à dégager un excédent commercial. Mais cette vision des choses est marquée par un court-termisme évident accompagné d’une myopie redoutable quant aux effets réels de la crise.

En effet, si l’on regarde les chiffres des importations et des exportations, on constate que les importations ont été très fortement réduites en Grèce et au Portugal, et qu’elles sont en baisse en Espagne et en Italie. Les exportations ont aussi très fortement chuté en 2010 et, sauf en Espagne, n’ont toujours pas retrouvé leur niveau de 2008. C’est donc bien par contraction très forte de la demande interne que la balance commerciale s’est améliorée.

L’amélioration de la balance commerciale provient donc majoritairement de cet effet mécanique de compression de la demande et non d’une amélioration de l’efficacité de la production qui entraînerait une forte et durable amélioration de la compétitivité internationale. Pour tenter de voir comment évolue l’appareil productif, il faut dès lors regarder l’investissement.

Or, dans toute la zone Euro, on voit que la crise provoque une chute importante de l’investissement. Cette chute concerne aussi des pays considérés en « bonne santé » comme l’Allemagne ou les Pays-Bas. En fait, sur ce point précis, la France apparaît plutôt en bonne position.

Si l’on considère maintenant l’investissement dit “non résidentiel”, c’est à dire hors la construction des logements, le mouvement est marqué dans les pays qui ont fourni les données. L’écart entre la France et l’Allemagne est particulièrement marqué, et vient corriger un certain nombre d’idées reçues sur la comparaison des deux pays. En réalité, ces chiffres ne concernent que l’investissement réalisé sur la base du territoire. Or les entreprises allemandes investissent plus que les entreprises françaises, mais elles investissent massivement hors d’Allemagne, que ce soit dans les pays d’Europe centrale qui sont devenus la “base productive” de l’industrie allemande, ou dans les pays émergents, ou encore aux États-Unis afin de profiter du niveau relativement faible du Dollar face à l’Euro.

Bien entendu, cette chute est d’autant plus marquée que les pays sont en crise. Ainsi, pour les pays de l’Europe du Sud, l’effondrement de l’investissement est réellement impressionnant si on regarde la formation brute de capital fixe en prix courants. La chute est particulièrement forte pour l’Espagne, la Grèce et le Portugal. Elle est significative pour l’Italie.

Si l’on regarde maintenant l’investissement en euros à prix constants la baisse est spectaculaire en Grèce, en Irlande et au Portugal. dans le cas de la Grèce, la chute de l’investissement dépasse les 60%. Elle est de l’ordre des deux-tiers en Irlande. Elle est aussi très significative (plus de 40%) en Espagne et forte en Italie.

Il est donc clair que, même si l’investissement des ménages (le logement) s’est fortement contracté, le renouvellement de l’appareil productif a été durablement affecté depuis le début de la crise. Non seulement est-il affecté de manière absolue, mais l’écart par rapport aux pays du « nord » (Allemagne et France) s’est creusé depuis 2008. Tout converge donc pour considérer que le redressement actuel des balances commerciales ne saurait être durable et que la compétitivité des pays d’Europe du Sud s’est dégradée depuis le début de la crise. De ce point de vue, une baisse de la productivité est de nature à remettre en cause la baisse des salaires (ou des coûts salariaux) qui se produit actuellement sous l’effet des politiques d’austérité.

Cette baisse de la productivité du travail est susceptible de survenir par la détérioration de l’appareil productif mais aussi du fait de la forte hausse du chômage qui détruit brutalement des compétences accumulées au sein des usines et des ateliers. Ce phénomène, s’il se prolongeait, rendrait la chute de la productivité longue à rattraper car la reconstitution de compétences productives, quand elles ont été massivement détruites, prend du temps.

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Données : FMI, World Economic Outlook, op.cit..

Tout ceci n’annonce donc rien de bon dans la Zone Euro, et l’on voit, à partir des chiffres du 1er trimestre 2013 que très rares sont les pays en croissance. De manière générale le premier trimestre a été marqué par un approfondissement de la crise.

Taux de croissance (en données corrigées des variations saisonnières) par rapport au trimestre précédent.

Allemagne

0,1%.

Espagne

-0,5%

Estonie

-1,0%

France

-0,2%

Italie

-0,5%

Malte

0,0%

Belgique

0,1%

Portugal

-0,4%

Slovaquie

0,2%

Pays-Bas

-0,1%

Grèce

-1,2%

Slovénie

-0,7%

Finlande

-0,1%

Chypre

-1,3%

Autriche

0,0%

Irlande

0,0%

Données : OCDE et Eurostat.

Ceci se traduit tant sur la dette que sur les ressources fiscales des

pays. En ce qui concerne la dette, on voit bien que l’austérité imposée aux pays de l’Europe du Sud n’a nullement calmé la hausse du rapport Dette/PIB.

Mais le plus inquiétant est l’évolution des ressources fiscales dans un certain nombre de pays en crise. La baisse est particulièrement spectaculaire dans le cas de la Grèce, ou elle est estimée par le FMI à -17% depuis 2008. De plus, les chiffres pour 2013 étant des estimations on peut, en raison des informations qui proviennent de Grèce, considérer que la chute sera même plus importante. On devrait être à 76 milliards d’euros, voire en dessous, pour cette année car, après les entreprises, les ménages sont dans l’impossibilité de payer les impôts. La baisse au Portugal a elle aussi été sensible. Là encore, les prévisions du FMI pour 2013 pèchent vraisemblablement par optimisme.

Pour l’Espagne et l’Italie, la situation, sans être aussi dramatique qu’en Grèce, est très préoccupante.

En Espagne, les recettes aux prix courants stagnent en dépit des efforts du gouvernement pour améliorer la collecte fiscale. En Italie, après une légère hausse, largement imputable au gouvernement Berlusconi, les recettes ont beaucoup moins progressé que ce qui en a été dit. De plus, le gouvernement sera dans l’obligation de rétrocéder aux petites et moyennes entreprises une partie de l’impôt pour éviter des cessations d’activité massives durant l’été 2013.

Le tableau qui se dessine donc est celui d’une aggravation de la crise dans la zone Euro et d’une inefficacité globale des politiques qui ont été adoptées jusqu’à maintenant. Le seul succès obtenu, l’amélioration de la balance commerciale pour les pays d’Europe du Sud, a été obtenu par des moyens tels qu’il ne saurait être durable. Tous les indicateurs pointent vers une détérioration profonde de la situation qui devrait marquer le second semestre de cette année et le début de l’année prochaine. Compte tenu de la montée des oppositions politiques au fonctionnement actuel et même au principe de la zone Euro, cette aggravation prévisible de la crise pourrait déboucher sur une rupture fondatrice. Cette rupture doit d’ailleurs être souhaitée. En effet, plus longue sera la crise et plus profondes en seront les séquelles structurelles, sur l’emploi (avec la perte des compétences productives), sur la fiscalité (avec la mise en place de systèmes de détournement des flux par les particuliers et les entreprises) mais aussi sur l’investissement (avec une préférence pour les activités de court terme comme le commerce et le négoce face aux activités réellement productives). Il faut donc espérer que l’aggravation maintenant prévisible de la situation pousse un certain nombre de pays à démanteler la zone Euro dont la perpétuation ne peut qu’entraîner plus de misères et de souffrances pour les peuples d’Europe.

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Membre, Forumeur confit, Posté(e)
Enchantant Membre 17 738 messages
Forumeur confit,
Posté(e)

Les économistes (souvent) sont ceux qui vous expliqueront doctement demain pourquoi ce qu’ils avaient anticipé hier n’est pas arrivé aujourd’hui.

Au même titre, qu’il est absurde de croire que l’économie se décrète, il est tout aussi absurde de penser que l’économie ne se résume qu’en une monnaie.

La monnaie est un outil et une composante de l’économie qui dépend de la confiance ou de la défiance de ceux qui l’utilise. (or, s’il est un sujet difficile à quantifier et à mesurer c’est bien un sentiment)

Tous les cassandres, joignants leurs prédictions de concert avec ceux qui estimaient que l’ EURO leur faisait ombrage, avaient anticipés que la monnaie Euro viendrait à disparaître avec la crise.

De convenir que la crise des sociétés, notamment dans leurs modes de production et de répartition n’a pas disparu, mais de faire remarquer que l’Euro non plus.

Si certains, qui se considèrent comme de grands économistes, avaient la modestie élémentaire de nous persuader, que l’économie ne résume pas seulement à une monnaie, je serais prêt à leur faire crédit.

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Membre, 66ans Posté(e)
caprepublic Membre 421 messages
Baby Forumeur‚ 66ans‚
Posté(e)

Les économistes (souvent) sont ceux qui vous expliqueront doctement demain pourquoi ce qu’ils avaient anticipé hier n’est pas arrivé aujourd’hui.

Au même titre, qu’il est absurde de croire que l’économie se décrète, il est tout aussi absurde de penser que l’économie ne se résume qu’en une monnaie.

La monnaie est un outil et une composante de l’économie qui dépend de la confiance ou de la défiance de ceux qui l’utilise. (or, s’il est un sujet difficile à quantifier et à mesurer c’est bien un sentiment)

Tous les cassandres, joignants leurs prédictions de concert avec ceux qui estimaient que l’ EURO leur faisait ombrage, avaient anticipés que la monnaie Euro viendrait à disparaître avec la crise.

De convenir que la crise des sociétés, notamment dans leurs modes de production et de répartition n’a pas disparu, mais de faire remarquer que l’Euro non plus.

Si certains, qui se considèrent comme de grands économistes, avaient la modestie élémentaire de nous persuader, que l’économie ne résume pas seulement à une monnaie, je serais prêt à leur faire crédit.

L'article montre que la situation s'aggrave malgré l'amélioration de la balance commerciale .

Pire l'investissement plonge dans les pays en crise ce qui accroit l'écart de productivité entre les pays "riches " et les pays dit du sud

C'est un simple constat

Il n'y a qu'au dernier paragraphe qu'il est question de sortir de l'euro

Denigrer tout l'article pour la solution qu'il propose n'est pas honneteL'euro n'a certes pas disparu mais la situation s'empire

vous feriez mieux de proposer une solution ,si vous en avez une

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Membre, Forumeur confit, Posté(e)
Enchantant Membre 17 738 messages
Forumeur confit,
Posté(e)

Bonsoir caprepublic,

Reconnaissez que nous sommes bassinés à longueur de jours sur la crise par les médias.

Que chaque individu sur internet se fasse le perroquet en boucle de ce tintamarre médiatique ajoute au barouf ambiant certes, mais ne résout rien de plus pour autant.

Pour ma part, la perception que j’en ai, est que cette crise incontestable, n’est pas exclusivement d’ordre financier et économique, mais correspond aussi à une transformation profonde et accélérée de nos modes de production, d’échange, de distribution, inédite dans notre histoire humaine. Ce qui explique notre embarras et nos incompréhensions collectives, parce que l’individu prend toujours ses exemples référents dans ce qu’il a lui-même connu.

Alors que cette production hier, lorsqu’elle croissait, avait une répercussion immédiate sur le nombre d’emploi, donc du travail, condition indispensable à l’intégration sociale de l’individu, il se trouve que 15 à 20% de la population, non seulement dans les pays occidentaux, mais aussi dans les pays en voies de développement, sont confrontés à une augmentation inéluctable du nombre d’exclus.

Hordes d’exclus, les moins formés, qui deviennent de plus en plus inemployables, parce que n’ayant jamais travaillé et de moins en moins intégrables dans une activité, même de bénévolat…

Dans la banlieue de Suède récemment, comme en France en 2005, comme aux États-Unis, nous sommes les témoins de la révolte des exclus, avec toutes les crispations prévisibles que cela entraîne.

Faire un pronostic si précis ou juste soit il, ne résout rien non plus me direz-vous ?

Bien que d’essayer de bien comprendre une situation, favorise l’ émergence de réponses nouvelles. Ce que l’humanité n’a jamais cessé de faire au cours de son histoire, mais jamais sur une période si brève. Voila le défi.

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Membre, 66ans Posté(e)
caprepublic Membre 421 messages
Baby Forumeur‚ 66ans‚
Posté(e)

D'accord

donc l'embellie est bien imaginaire

vu le resultat de la zone euro on peut se poser la question de l'utilité de la monnaie unique

bien sur ce n'est pas le seul parametre L'evolution de la technique et son influence sur la productivité ,la communication est aussi primordiale

Les systemes politiques ne se sont pas adaptés Nous sommes restés dans le système des trentes glorieuses que nous essayons de préserver dans un environnement completement different

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Membre, Posté(e)
saint thomas Membre 17 547 messages
Baby Forumeur‚
Posté(e)

Le tableau qui se dessine donc est celui d’une aggravation de la crise dans la zone Euro et d’une inefficacité globale des politiques qui ont été adoptées jusqu’à maintenant.

Tant qu'on reste dans la zone euro , la France est vouée à aller dans le mur , c'est pas un scoop , on le sait depuis des années

Tous les discours ne changeront pas ce fait

Maintenant , Hollande peut bien dire "la crise est finie" , le répéter tous les jours , ça va rien changer du tout à la réalité

Ca montre qu'il ne sait plus quoi inventer pour faire reculer l'euroscepticisme

Quand il va dire à l'UE que la menace auj ce sont les peuples européens , on voit que le systéme des lobbies qui nous gouverne via l'UE finit par faire oublier à nos politiques ce qu'est une démocratie

Hollande a simplement oublié que les peuples sont souverains dans une démocratie

Faire un discours à l'UE pour satisfaire les gros lobbies des multinationales à l'origine de la création de l'UE et en tenir un autre devant les citoyens , c'est le lot de tous les hommes politiques européens auj

Y'a que les US qui sont franchement heureux de l'UE , leur monnaie est pile poil au dessous de l'euro pour favoriser leurs exportations et avec cette folie des accords de libre échange où seule l'UE aura les frontiéres grandes ouvertes (les US maintiennent leur protectionnisme ) ils vont faire jeu égal avec les chinois pour exporter leurs saloperies en Europe et maintenir leur propre croissance au détriment de la notre

L'UE n'a jamais été créee pour les peuples mais seulement pour favoriser les 45 trés grosses boîtes réunies dans un club , tout l'atteste y compris la reconduction de l'ultra libéral Barroso à son poste par les dirigeants européens lors de leur vote

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