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Detroit, Michigan, ou l'impotence de l'État exposée


slanny

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Membre, Posté(e)
slanny Membre 5 248 messages
Baby Forumeur‚
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La ville de Detroit, dans le Michigan aux USA, est peut-être l’exemple le plus visible, actuel et manifeste de l’incapacité de l’État à remplir les missions supposées justifier son existence.

Par J. Sedra.

La ville de Detroit, dans le Michigan aux USA, est peut-être l’exemple le plus visible, actuel et manifeste de l’incapacité de l’État à remplir les missions supposées justifier son existence. La municipalité est en faillite, incapable de financer ne serait-ce que la police ou les tribunaux locaux, sans même parler d’entretien de la voirie, de garnisons de pompiers ou de services sociaux. Mais ce n’est là qu’une façon encore trop complaisante de présenter la situation de la ville.

Face à des rentrées fiscales toujours moindres malgré (ou plutôt à cause de) l’augmentation des taxes, les fonctionnaires municipaux ont sciemment amputé en premier les budgets de services les plus essentiels ou les plus visibles, afin de rallier l’opinion publique à eux : on appelle cette stratégie douteuse le "syndrome du Monument de Washington", un terme qui vient de la détestable habitude qu’a pris le National Park Service de menacer de fermer le Monument de Washington (très populaire et apprécié) au moindre signe d’une possible réduction de budget.

Par exemple, il n’y a plus de ramassage des ordures sinon très partiellement et irrégulièrement, et la police (gérée par la municipalité, comme dans tout le pays) a vu ses effectifs réduits mais surtout priés de se concentrer sur des missions "rentables" comme infliger le maximum de contraventions aux automobilistes, négligeant la protection des citoyens et le maintien de l’ordre. Ainsi, la ligne d’appel d’urgence du 911 n’est vraiment ouverte qu’aux heures de bureau, les victimes étant priées de "rappeler à 8 heures du matin". Même déconvenue dans les écoles publiques, un autre service bien visible : à présent seul un élève sur quatre atteint le niveau équivalent au baccalauréat. De même avec les lignes de bus, où l’absentéisme des fonctionnaires et le niveau de délabrement des structures atteignent des sommets.

Ce-quil-reste-de-lusine-Packard-%C3%A0-Detroit.jpg?16fe88L’usine de Packard, du moins ce qu’il en reste, à l’image des services municipaux de la ville.

Pourquoi un tel laisser-aller ? Il s’agit en fait, pour le maire (démocrate) Dave Bing, de poursuivre son œuvre sans remise en cause aussi longtemps qu’il est techniquement possible. Il a ainsi persisté à augmenter les dépenses publiques envers et contre tout depuis des années, partant du principe que de toute façon il faudrait bien que les contribuables, locaux comme fédéraux, le renflouent une fois mis devant le fait accompli. Quand cette stratégie a échoué et que la municipalité s’est retrouvée de facto en situation de faillite, il a décidé de forcer la main de la population, encore une fois : par exemple, après avoir réduit les services municipaux les plus visibles (voir ci-dessus), il a proposé une vente d’obligations municipales pour un montant visé de 100 millions de dollars, présentée comme seul espoir de rétablir ces services – mais aussi utilisée pour justifier de mendier auprès du Michigan et du congrès fédéral un "bailout"… un de plus.

Au cœur de cette méthode perverse et coercitive, on trouve le concept-clé qui prétend justifier la légitimité de l’État : l’idée selon laquelle seul un monopole public financé de force (par impôts et taxes) peut fournir les services qui ont, à Detroit, été bel et bien pris en otage, et qu’il n’y a pas d’alternative.

Ironiquement et bien malgré lui, le maire Bing pourrait être le fossoyeur de cette croyance.

Comment le marché libre a repris le flambeau d’un État démissionnaire

Demandez à un fonctionnaire, et il vous assurera à peu près toujours que, sans État, la société tournerait inévitablement au chaos, à la lutte de clans et à la désorganisation, que les pauvres seraient laissés pour compte tandis que les rares riches se livreraient une guerre par milices privées interposées pour s’emparer du territoire, etc.

La réalité des faits, à Detroit, ville déjà bien abandonnée par son État, est totalement contraire à cette fiction délirante et complaisante.

Lassé de l’inefficience de la police, les habitants se sont armés, répliquent aux criminels et ont même d'ores et déjà organisé et financé leurs propres services de maintien de l’ordre. Par exemple Threat Management Center, qui s’avère dans la pratique bien moins violent et intrusif que la "vraie" police et beaucoup plus efficace (baisse de 90% de la criminalité et de la délinquance partout où ils exercent), pour moins cher, et surtout qui protège jusqu’aux plus démunis gratuitement, au contraire des services municipaux. Chaque fois que son fondateur, Dale Brown, a proposé une coopération à la police locale, celle-ci a décliné car peu intéressée par les objectifs de prévention pure poursuivis par TMC.

En matière de bus, il y a bien quelques étudiants qui ont tenté de pallier par eux-mêmes à la démission de la municipalité… mais celle-ci les en a fermement empêché. Ce sont donc les entrepreneurs locaux qui ont pris le relai, et fondé la Detroit Bus Company, au mépris du monopole municipal sur les transports publics. Une initiative qui marche : au lieu de suivre des lignes fixes à heures fixes, les bus circulent en continu, vous appelez, envoyez un SMS ou cliquez sur une application dédiée pour smartphone, et les véhicules, décorés au style "urbain" et équipés de bornes Wi-Fi gratuites, passent vous prendre peu après et vous déposent à la destination desservie. Le billet, valable toute la journée et pour tout Detroit et (pour l’instant) une partie de sa banlieue, est à 5 dollars seulement. Et contrairement aux bus municipaux, ils offrent un remboursement intégral en cas d’échec du service.

bus.jpeg?16fe88Crédit photo : Debbie Merlo.

Des initiatives privées similaires ont spontanément pris le relai de la municipalité démissionnaire dans bien d’autres domaines : des parkings privés low-cost, des parcs pour enfants, des bars, des places de marché clandestines, etc.

Même les bâtiments et terrains abandonnés, laissés en ruine ou en friche par la municipalité qui se contente généralement de les barricader de fil barbelé, ont commencé à être réappropriés, remis en état et réutilisés par les habitants, créant par exemple une offre agricole bio et locale pour approvisionner les commerces du centre-ville à moindre coût.

Le côté culturel n’est pas en reste : sans licence, autorisation ni permis municipal, les habitants ont lancé une série de fêtes de la bière à la sauce locale, des Biergartens sur le modèle de l’Oktoberfest allemande, ou encore des "pique-nique en blanc" populaires, participant à recréer une identité à la ville.

En quelques mots comme en mille : Detroit n’a pu commencer à véritablement revivre et progresser qu’une fois débarrassée de son gouvernement. La disparition définitive de l’État pourrait bien être la meilleure chose qui puisse y arriver, et peut-être – qui sait ? – transformer toute la zone en charter city, une ville libre et de droit privé. Vidée de la bureaucratie, de la coercition et de l’attitude condescendante des services municipaux qui tuaient l’esprit de communauté, la place a enfin été laissée libre pour l’expression de véritables solidarités, intégrité et pragmatisme des habitants, mus par les besoins, envies et passions d’agir librement, plutôt que par une volonté dominatrice de maintenir l’autorité de certains sur tous, coûte que coûte.

Plus d’informations, de photos et de témoignages sont disponibles sur le blog de Karen de Costner.

---

Sur le web.

http://www.contrepoints.org/2013/06/02/126389-detroit-michigan-ou-limpotence-de-letat-exposee

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Invité Long Nao
Invités, Posté(e)
Invité Long Nao
Invité Long Nao Invités 0 message
Posté(e)

Un cours pour permettre aux moutons du liberalisme de beler leur lecon ? Service public, mal, prive, bien, beeeeh !

Bref, une presentation caricaturale de la situation de cette ville, ou plutot, une image economisee un max pour distiller dans l'opinion populaire le rejet du service public.

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Membre, 32ans Posté(e)
economic dream Membre 3 028 messages
Baby Forumeur‚ 32ans‚
Posté(e)

C'est bien beau les commentaires racistes sur contrepoints whistling1.gif

1) Il est aisé de faire diminuer fortement la criminalité quand à cause de restrictions budgétaires, il n'y avait presque plus de policiers en ville , les réglementations de vitesse n'étaient plus respectées tellement les forces de la police étaient faibles.

Et vous prônez donc de privatiser la police à partir de ça ?

Comme si ça allait rester gratuit sans police municipale proprement dite.

2) Et les égouts , le traitement de l'eau , les circuits électroniques on en parle ?

Ce sont des secteurs qui une fois au mains du secteur privé, seraient beaucoup plus mal gérés et plus chers ( car situation de monopole dans les faits)

3) Et ces bus , il y en a combien pour une ville d'autant de plusieurs centaines de milliers de personnes ?

C'est un article simpliste et ça ne m'étonne même pas qu'ils se réjouissent de la faillite d'une municipalité, c'est sûr que ça doit être le paradis .

Utiliser une municipalité dysfonctionnante pour conclure que le gouvernement c'est mal , c'est d'un simplisme ...

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Membre, Posté(e)
slanny Membre 5 248 messages
Baby Forumeur‚
Posté(e)

Ce que je voulais montrer, c'est que les gens avec de la volonté, peuvent très bien se passer de l’état si ils en ont la volonté. Et que l’état est le moins apte des acteur a se réinventer en cas de crise. Plus c'est gros, plus ça a du mal a bouger. La population est passer de 1.6 millions a 800 000 habitants sans diminution de la dépense publique... Elle augmente même jusqu'en 2005 alors que le chute de population est effective depuis les année 60... Faut avouer qu'il y a un problème...

Oui c'est simpliste, comme tout les articles qui défendent une idéologie ou politique. Ça tiens plus du pamphlet que de l'article journalistique. Mais ça permet de se poser des questions.

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Membre, Mi-Ficus, Mi-santhrope, 49ans Posté(e)
H25 Membre 1 722 messages
49ans‚ Mi-Ficus, Mi-santhrope,
Posté(e)

La population est passer de 1.6 millions a 800 000 habitants sans diminution de la dépense publique... Faut avouer qu'il y a un problème...

Pourquoi?

Parce que les gens qui sont restés étaient certainement les plus fragiles socialement et ceux qui permettaient les rentrées fiscales les plus faibles.

Donc beaucoup moins de recettes pour un peu moins de dépenses...

Je pense inversement que l'Etat a un rôle plus important à jouer en période de crise.

C'est là que le rôle de redistribution des richesses et de création d'activité qu'il peut incarner doit être le plus important.

En période de pleine bourre économique, je conçois que le rôle de l'Etat soit moins important.

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Membre, Dégonfleur de baudruches, 68ans Posté(e)
Dinosaure marin Membre 24 125 messages
68ans‚ Dégonfleur de baudruches,
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Un cours pour permettre aux moutons du liberalisme de beler leur lecon ? Service public, mal, prive, bien, beeeeh !

Bref, une presentation caricaturale de la situation de cette ville, ou plutot, une image economisee un max pour distiller dans l'opinion populaire le rejet du service public.

:plus:

On remarquera que le petit trou du cul ultralibéral (PETICUL) qui a chié cet article "oublie" de parler du déclin industriel de l'industrie automobile avec la baisse des recettes fiscales afférente.

Pour un PETICUL voué à faire une démonstration de propagande, il est normal de traiter deux problèmes intimemement liés comme s'ils étaient indépendants.

J'imagine que le même utilisera des arguments diamétralement opposés pour expliquer que les salaires des ouvriers américains doivent être alignés sur ceux des ouvrier bengladeshis (parce que les chinois sont déjà trop chers).

Poubelle.

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Membre+, Jeteur de pavés dans les mares, Posté(e)
latin-boy30 Membre+ 9 575 messages
Jeteur de pavés dans les mares,
Posté(e)

le petit trou du cul ultralibéral

Ton respect de l'opinion adverse te fait honneur.

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Invité Paspartwo
Invités, Posté(e)
Invité Paspartwo
Invité Paspartwo Invités 0 message
Posté(e)

L'état américain propose de mettre la ville sous tutelle de l'état du Michigan, la situation doit être vraiment critique! mais que le journaleux de contrepoint dit que la ville s'en sortira mieux sans état, faut pas pousser le bouchon non plus!

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Invité Long Nao
Invités, Posté(e)
Invité Long Nao
Invité Long Nao Invités 0 message
Posté(e)

Ton respect de l'opinion adverse te fait honneur.

Nul doute que celui qui a écrit cette article a une opinion, mais cette article est moins son reflet qu'une petite propagande merdique qui prend les internautes pour des imbéciles.

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Membre, Dégonfleur de baudruches, 68ans Posté(e)
Dinosaure marin Membre 24 125 messages
68ans‚ Dégonfleur de baudruches,
Posté(e)

Ton respect de l'opinion adverse te fait honneur.

Opinion et propagande sont deux choses différentes.:hehe:

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Membre+, Jeteur de pavés dans les mares, Posté(e)
latin-boy30 Membre+ 9 575 messages
Jeteur de pavés dans les mares,
Posté(e)

Quand c'est une opinion de droite, c'est forcément mauvais, ça on le sait ... shrunkface.gif

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Membre, Dégonfleur de baudruches, 68ans Posté(e)
Dinosaure marin Membre 24 125 messages
68ans‚ Dégonfleur de baudruches,
Posté(e)

Dites moi quel mot vous n'avez pas compris dans la phrase suivante :

Opinion et propagande sont deux choses différentes.:hehe:

Projeter les fantasmes droite/gauche sur l'éventail politique des USA est le fait de ceux qui n'ont jamais quitté l'Hexagone.

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