Marx

Salut Jean Ghislain,

Pour ma part, je n’ai pas lu Marx. Mais en lisant ton résumé, je pense que la spiritualité n’est qu’un élément parmi d’autres qui pouvait (avant donc) détourner les gens de la protestation (la peur de la punition divine). Avec le recul, la part de spiritualité dans la société à évolué et je pense que maintenant, on redoute plus une coupure de courant, de gaz, une expropriation, etc. Bref, la peur de Dieu à fait place, selon moi, à une peur plus concrète (l’absence de toit, de chauffage...)

Ce que j’ai comme impression, est que la notion de classe est intimement liée à celle de progrès accentuant le pouvoir des uns sur les autres ainsi que la dépendance des uns envers les autres par la spécialisation dans des domaines de plus en plus poussé. En ce sens, je pencherais donc vers l’analyse de Marx.

D’un autre côté, je ne néglige pas le fait que l’homme est ainsi fait qu’il y aura toujours des meneurs et des gens pour les suivre de sorte que, pour moi, une société purement égalitaire reste utopique. Vis-à-vis de la spiritualité, je suis aussi convaincu que les gens ont besoin de croire en quelque chose qui les dépasse. La séparation de l’église et de l’état n’ayant pas entraîné la fin des religions (ou du christianisme) et la dispersion des gens au sein des nombreuses sectes qui fleurissent de-ci de-là démontre, à mes yeux, cette aspiration à croire, ne fut-ce que pour surmonter les difficultés.

Ce qui me semble plus réaliste, selon moi, serait une société où l’on a conscience de ces liens de subordination, qui sont immuables, et qui apprenne à travailler efficacement avec elle. Comment ? Je ne sais pas mais, une hypothèse plausible serait de réduire les écarts, notamment de ressources, entre la base et le sommet. En réduisant ces écarts, le prolétaire s’identifierait mieux à son patron ou, en tout cas, serait moins scandalisé par les avantages de ce dernier.

Car qui, à salaire égal avec un ouvrier ou un employé, voudrait franchement occuper un rôle de cadre, et donc, avec plus de responsabilités ?

Certes, cela suppose que l’argent joue un rôle, et vous auriez raison, mais ce n’est pas loin de certaines réflexions que l’on peut entendre autour de nous. Pour que les choses changent, il faut que nos valeurs changent et donc, que l’argent n’occupe plus la même place (vaste programme dans ce cas !)

Je crois que l’analyse historique de Marx est une analyse lucide de ce qui c’est passé. Maintenant, concernant les solutions : révolution puis monde égalitaire, je ne crois pas que cela puisse fonctionner, je songe à la révolution française ou américaine par exemple. Si elles ont sans doute permis de réduire les égalités (et encore), elles n’ont pas su faire disparaître les élites. De plus, elles combattaient un ennemi parfaitement définis (le roi ou le monarque). Actuellement, si des gens songent à la révolution, se serait une révolution contre quoi ? La finance ? Les banques ? C’est bien plus vague, cela ne représente pas une mais des milliers de personnes, et, pour certaines, confrontées aux mêmes problèmes que vous et moi.

Pour moi, la révolution c’est avant tout la mort. Celle des boucs émissaires, certes, mais, surtout, de nombreux innocents. Beaucoup de gens qui abusent de ce mot, au risque de le dévoyer, le font avec une légèreté qui me choque car ces gens ne savent pas de quoi ils parlent en appelant de leurs vœux une chose qui ne peut que leur apporter encore plus de peines et de malheurs.

Pas d'omelette sans casser les oeufs.. l'action peut etre violente tel une incision pour sauver d'urgence une personne a vif, mais l'idée n'en demeure pas pour autant la peine et la souffrance.