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un jour... un poème

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chirona

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Posté(e)

La roche profonde

des dehors vus

des dedans crus

nous y sommes

nus

dans les obscurités.

Je vous en redirai.

La ligne des horizons est aux silences des bêtes.

Une telle affirmation est le fait élevé à la gloire du poète.

Est-elle vraie ?

Oui.

Elle qui dit.

Mais !

Les réalités des faims, des cris, des sangs, des vies ?

Les lignes des horizons traversent les bêtes et les gens

ou

sont traversées.

Maintenant écrire les peurs des gens.

Ces gravités

jouées en patiences.

Je connais plusieurs perdus

aux soirs

épelant les abandons

penchés aux miroirs

délivrant les sciences liquides

de nuits déshabillées

Nuits Femmes !

ouvertes sur

des puits

des puits pour y brûler.

« Pour sûr Pour sûr. »

Pour suivre !

Dans les yeux vivants des gens

se taisent des baisers et

je vois des mains des mains

à leurs peaux dévisagées

et j'entends les coups au dur des cœurs.

Je vous en redirai.

Et des vinasses perlées aux fronts d'autres guerriers

lient les outrages flambés aux sangs chauffés

alors des moins que silences crachent les rancoeurs érigées.

Des verdures engluées aux pavés frottent leurs chevilles

car les froids sont arrivés

les froids des presque faims même si dans ce pays...

Les froids comme des bois pour s'y cacher

Aujourd'hui !

Et il y a des nantis aux biles furieuses

disant aux pauvres et maudits

les tristes suffisances

d'accusations pieuses

et d'aigres remontrances

l'ordinaire l'ordinaire...

des vies meurtries.

« Faut les crever ! »

« Pour sûr Pour sûr »

Pour suivre !

Et il y a des nuits

des nuits quand le loup fuit

plus que lui

rondes noires

des coquelets rieurs

aux toupets

jaunâtres

lardés et tremblant sur pattes

des nuits qui prennent en traître

les peurs des pauvres êtres.

Infamies crues !

Nuits marines

avec étoiles cousues

aux torses des petits ?

« Pour sûr Pour sûr »

Poursuivre...

Je connais de vieilles rides

offertes à nos actualités

elles grelottent un peu

dans les vastes incuries

à elles pour mourir attribuées.

Leurs têtes dodelinent bleuies

en mise-en-plis

aux airs des temps d'antan

frileuses sous soleils

fiévreuses tout pareil

cavales têtues

car ce qui est tu...

Parleuses dans les yeux

ô douces oublieuses.

Et leurs mains vieilles

tentent de donner

encore encore

et de tout pardonner

« On peut être et avoir été. »

« Faut les aimer ! »

« Pour sûr pour sûr »

A suivre.

Et les vieilles rides sont aussi aux vieux

sous casquettes

droits !

Ou pas.

Aux vieux revenus

de vieilles guerres

de vielles convictions

de vieilles obéissances

des vieux ors

des vieux jours et des vieilles nuits

des vieux hommes

enfants maris

des vieux.

Quoi !

Vous avez compris

il y a toutes les peurs

et

les dire où importent les crimes.

Tout a peur. Tout incrimine.

« Quand on y pense. »

« Pour sûr pour sûr. »

Et il y a la fleur.

La bête.

Et ces façons d'écrire...

Aux mondes parleurs pas écriveurs ! Parleurs ! S'exclamant ! Enjôleurs ! Penchés joliment sur les peurs. Devisant en mathématiques les choses des sentiments. Parleurs ! Pas écriveurs ! Mollissant aux ventres en jets cliquetant. Prises syncopées des réalités comme images pixelisées.

« Faut le dire faut le dire. »

Mais !

L'oiseau revient dans son silence, bête. Il se passe autre chose dans les gouffres.

Catherine Ferrière Marzio

fy2s.jpg

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Membre, ...... Phoenix ..... Une cendre déterminée, 53ans Posté(e)
Amazones Membre 13 439 messages
53ans‚ ...... Phoenix ..... Une cendre déterminée,
Posté(e)

Excuse .... de Charles Cros

"Génie, le mot ne semblera pas trop fort à ceux, assez nombreux, qui ont lu ses pages impressionnantes à tant de titres." de Verlaine

Aux arbres il faut un ciel clair,

L'espace, le soleil et l'air,

L'eau dont leur feuillage se mouille,

Il faut le calme en la forêt,

La nuit, le vent tiède et discret

Au rossignol, pour qu'il gazouille.

Il te faut, dans les soirs joyeux,

Le triomphe ; il te faut des yeux

Eblouis de ta beauté fière.

Au chercheur d'idéal i faut

Des âmes lui faisant là-haut

Une sympathique atmosphère.

Mais quand mauvaise est la saison,

L'arbre perd fleurs et frondaison.

Son bois seul reste, noir et grêle.

Et sur cet arbre dépouillé,

L'oiseau, grelottant et mouillé,

Reste muet, tête sous l'aile.

Ainsi ta splendeur, sur le fond

Que les envieuses te font,

Perd son nonchaloir et sa grâce.

Chez les nuls, qui ne voient qu'hier,

Le poète, interdit et fier,

Rêvant l'art de demain, s'efface.

Arbres, oiseaux, femmes, rêveurs

Perdent dans les milieux railleurs

Feuillage, chant, beauté, puissance.

Dans la cohue où tu te plais,

Regarde-moi, regarde-les,

Et tu comprendras mon silence.

---

"Verlaine, l'ami avec lequel Charles Cros se brouilla, à cause de Rimbaud."

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Invité natd
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Invité natd
Invité natd Invités 0 message
Posté(e)

Sur l'épaule

du grand Bouddha

la neige a fondu

Masaoka Shiki

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Membre, ...... Phoenix ..... Une cendre déterminée, 53ans Posté(e)
Amazones Membre 13 439 messages
53ans‚ ...... Phoenix ..... Une cendre déterminée,
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Bonjour

L'homme à la Hache de Alfred Jarry d'après et pour P. Gauguin

A l'horizon, par les brouillards,

Les tintamarres des hasards,

Vagues, nous armons nos démons

Dans l'entre-deux sournois des monts.

Au rivage que nous fermons

Dome un géant sur les limons.

Nous rampons à ses pieds, lézards.

Lui, sur son char tel un César

Ou sur un piédestal de marbre,

Taille une barque en un tronc d'arbre

Pour debout dessus nous poursuivre

Jusqu'à à la fin verte des lieues.

Du rivage ses bras de cuivre

Lèvent au ciel la hache bleue.

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Invité
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Invité Invités 0 message
Posté(e)

La recherche de la fécalité - Antonin Artaud

Là ou ça sent la merde

ça sent l'être.

L'homme aurait très bien pu ne pas chier,

ne pas ouvrir la poche anale,

mais il a choisi de chier

comme il aurait choisi de vivre

au lieu de consentir à vivre mort.

C'est que pour ne pas faire caca,

il lui aurait fallu consentir

à ne pas être,

mais il n'a pas pu se résoudre à perdre

l'être,

c'est-à-dire à mourir vivant.

Il y a dans l'être

quelque chose de particulièrement tentant pour l'homme

et ce quelque chose est justement

LE CACA.

(Ici rugissements.)

Pour exister il suffit de se laisser aller à être,

mais pour vivre,

il faut être quelqu'un,

pour être quelqu'un,

il faut avoir un os,

ne pas avoir peur de montrer l'os,

et de perdre la viande en passant.

L'homme a toujours mieux aimé la viande

que la terre des os.

C'est qu'il n'y avait que de la terre et du bois d'os,

et il lui a fallu gagner sa viande,

il n'y avait que du fer et du feu

et pas de merde,

et l'homme a eu peur de perdre la merde

ou plutôt il a désiré la merde

et, pour cela, sacrifié le sang.

Pour avoir de la merde,

c'est-à-dire de la viande,

là où il n'y avait que du sang

et de la ferraille d'ossements

et où il n'y avait pas à gagner d'être

mais où il n'y avait qu'à perdre la vie.

o reche modo

to edire

di za

tau dari

do padera coco

Là, l'homme s'est retiré et il a fui.

Alors les bêtes l'ont mangé.

Ce ne fut pas un viol,

il s'est prêté à l'obscène repas.

Il y a trouvé du goût,

il a appris lui-même

à faire la bête

et à manger le rat

délicatement.

Et d'où vient cette abjection de saleté ?

De ce que le monde n'est pas encore constitué,

ou de ce que l'homme n'a qu'une petite idée du monde

et qu'il veut éternellement la garder ?

Cela vient de ce que l'homme,

un beau jour,

a arrêté

l'idée du monde.

Deux routes s'offraient à lui :

celle de l'infini dehors,

celle de l'infini dedans.

Et il a choisi l'infime dedans.

Là où il n'y a qu'à presser

le rat,

la langue,

l'anus

ou le gland.

Et dieu, dieu lui-même a pressé le mouvement.

Dieu est-il un être ?

S'il en est un c'est de la merde.

S'il n'en est pas un

il n'est pas.

Or il n'est pas,

mais comme le vide qui avance avec toutes ses formes

dont la représentation la plus parfaite

est la marche incalculable d'un groupe de morpions.

"Vous êtes fou, monsieur Artaud, et la messe ?"

Je renie le baptême et la messe.

Il n'y a pas d'acte humain

qui, sur le plan érotique interne,

soit plus pernicieux que la descente du soi-disant Jésus-Christ

sur les autels.

On ne me croira pas

et je vois d'ici les haussements d'épaules du public

mais le nommé christ n'est autre que celui

qui en face du morpion dieu

a consenti à vivre sans corps,

lors qu'une armée d'hommes

descendue d'une croix,

où dieu croyait l'avoir depuis longtemps clouée,

s'est révoltée,

et, bardée de fer,

de sang,

de feu, et d'ossements,

avance, invectivant l'Invisible

afin d'y finir le JUGEMENT DE DIEU.

016-antonin-artaud-theredlist.jpg

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Membre, Posté(e)
Con testeur Membre 1 356 messages
Baby Forumeur‚
Posté(e)

Ici est le village et la terre

Où je suis né.

Là où mon père et ma mère

Se sont aimés.

Là où fiston a mille raisons

D’y reposer.

Son voyage de toute façon

Est terminé.

La poésie fut mes joies et douleurs

Passagères.

Encore deux éternités Ô mon cœur!

Pour en faire.

Ci-git un tel qui trop aima les vers

Qui à présent est trop aimé d’eux.

Con testeur, Épitaphe.

Modifié par Con testeur
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Membre, Posté(e)
Con testeur Membre 1 356 messages
Baby Forumeur‚
Posté(e)

Je suis? Une vie éphémère.

Un jour? Je serai poussière.

Un temps encore? Atome,

Invité au bal des Galaxies.

À la fin? Électron libre

D’une valse éternelle.

Con testeur, Prélude aux Étoiles.

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Membre, ...... Phoenix ..... Une cendre déterminée, 53ans Posté(e)
Amazones Membre 13 439 messages
53ans‚ ...... Phoenix ..... Une cendre déterminée,
Posté(e)

Comme un dernier rayon .... d'André Chénier avant de monter à la guillotine

Comme un dernier rayon, comme un dernier zéphyre

Animent la fin d'un beau jour,

Au pied de l'échafaud j'essaie encor ma lyre.

Peut-être est-ce bientôt mon tour.

Peut-être avant que l'heure en cercle promenée

Ait posée sur l'émail brillant,

Dans les soixante pas où sa route est bornée,

Son pied sonore et vigilant,

Le sommeil du tombeau pressera ma paupière.

Avant que de ses deux moitiés

Ce vers que je commence ait atteint la dernière,

Peut-être en ces murs effrayés

Le messager de mort, noir recruteur des ombres,

Escorté d'infâmes soldats,

Ébranlant de mon nom ces longs corridors sombres,

Où seul dans la foule à grands pas

J'erre, aiguisant ces dards persécuteurs du crime,

Du juste trop faibles soutiens,

Sur mes lèvres soudain va suspendre la rime;

Et, chargeant mes bras de liens,

Me traîner, amassant en foule à mon passage

Mes tristes compagnons reclus,

Qui me connaissaient tous avant l'affreux message,

Mais qui ne me connaissent plus.

Eh bien ! j'ai trop vécu. Quelle franchise auguste,

De mâle constance et d'honneur

Quels exemples sacrés, doux à l'âme du juste,

Pour lui quelle ombre de bonheur,

Quelle Thémis terrible aux têtes criminelles,

Quel pleurs d'une noble pitié,

Des antiques bienfaits quels souvenirs fidèles,

Quels beaux échanges d'amitié,

Font digne de regrets l'habitacle des hommes?

La peur fugitive est leur dieu;

La bassesse, la feinte. Ah ! lâches que nous sommes

Tous, oui, tous. Adieu, terre, adieu.

Vienne, vienne la mort ! Que la mort me délivre !

Ainsi donc mon cœur abattu

Cède au poids de ses maux? Non, non. Puissé-je vivre !

Ma vie importe à la vertu.

Car l'honnête homme enfin, victime de l'outrage,

Dans les cachots, près du cercueil,

Relève plus altiers son front et son langage,

Brillants d'un généreux orgueil.

S'il est écrit aux cieux que jamais une épée

N'étincellera dans mes mains,

Dans l'encre et dans l'amertume une autre arme trempée

Peut encore servir les humains.

Justice, Vérité, si ma main, si ma bouche,

Si mes pensers les plus secrets

Ne froncèrent jamais votre sourcil farouche,

Et si les infâmes progrès,

Si la risée atroce, ou, plus atroce injure,

L'encens de hideux scélérats

Ont pénétré vos coeurs d'une longue blessure,

Sauvez-moi. Conservez un bras

Qui lance votre foudre, un amant qui vous venge.

Mourir sans vider mon carquois !

Sans percer, sans fouler, sans pétrir dans leur fange

Ces bourreaux barbouilleurs de lois,

Ces vers cadavéreux de la France asservie,

Égorgée ! Ô mon cher trésor,

Ô ma plume ! fiel, bile, horreur, dieux de ma vie !

Par vous seuls je respire encor :

Comme la poix brûlante agitée en ses veines

Ressuscite un flambeau mourant,

Je souffre ; mais je vis. Par vous loin de mes peines,

D'espérance un vaste torrent

Me transporte. Sans vous, comme un poisson livide,

L’invisible dent du chagrin,

Mes amis opprimés, du menteur homicide

Les succès, le sceptre d’airain ;

Des bons proscrits par lui la mort ou la ruine,

L’opprobre de subir sa loi,

Tout eût tari ma vie ; ou contre ma poitrine,

Dirigé mon poignard. Mais quoi !

Nul ne resterait donc pour attendrir l’histoire

Sur tant de justes massacrés?

Pour consoler leurs fils, leur veuves, leurs mémoire,

Pour que des brigands abhorrés

Frémissent aux portraits noirs de leur ressemblance,

Pour descendre jusqu'aux enfers

Nouer le triple fouet, le fouet de la vengeance,

Déjà levé sur ces pervers?

Pour cracher sur leurs noms, pour chanter leur supplice?

Allons, étouffe tes clameurs ;

Souffre, ô coeur gros de haine, affamé de justice.

Toi, Vertu, pleure si je meurs.

Commentaire du poème par André Durand .... intéressant.

Prisonnier, vaincu, le poète conservait pourtant une arme redoutable, sa plume vengeresse, « ces dards persécuteurs du crime ». Avec beaucoup de talent satirique, une verve combattive et une éloquence indignée et enflammée, il attaqua violemment la tyrannie jacobine, appela la malédiction sur les bourreaux et lutta ardemment pour la Justice et la Vérité.

Les neuf premiers vers traduisent l’attente horrible dans laquelle le prisonnier est plongé, craignant la venue prochaine du commissaire chargé de l’appel des condamnés. Ce dernier poème est rédigé les yeux fixés sur une horloge, l’heure étant, dans les vers 5-8, habilement personnifiée en une promeneuse dont le pied, par une hypallage, est « sonore et vigilant ». Du vers 10 au vers 24, s’étend une longue phrase, le poète voulant d’un seul trait évoquer tous les éléments de la scène afin de bien en rendre le caractère tragique qui tient à l’imminence de la mort mais aussi à la solitude à laquelle est réduit le condamné, les autres prisonniers se détournant de lui pour ne pas avoir à envisager leur sort futur. Les « murs effrayés » (vers 12) constituent une autre hypallage où l’effroi de ceux qui sont enfermés entre les murs est attribué à ceux-ci. Par « le messager de mort, noir recruteur des ombres » (vers 13), le poète fait du commissaire une sombre divinité infernale. L’idée des corridors ébranlés est traduite par une harmonie imitative, les diphtongues « an - an - on - on - on - or - on » résonant dans tout le vers 15.

Le vers 25 marque une réaction énergique, un sursaut du poète. Au moment où il allait s’abandonner au regret du monde des vivants, il établit, en une longue accumulation, une liste des éléments du monde qu’il pourrait regretter. Mais ils n’existent pas. Il constate, au contraire, que prédominent « la peur fugitive » (vers 34), c’est-à-dire qui fait fuir (il l’avait déjà stigmatisée en 1791 : « La peur, qui est un des premiers mobiles de toutes les choses humaines, joue aussi un grand rôle dans les révolutions »), la bassesse, la feinte ». Aussi préfère-t-il la mort (vers 37), tous ces vers où s’exprime une vive émotion étant très exclamatifs, très coupés.

Mais un nouveau retournement lui fait, au nom de « la vertu », pour être un « honnête homme », animé d’«un généreux orgueil », vouloir se servir de sa plume, « trempée dans l’encre et l’amertume », par une alliance de mots qui unit le concret et l’abstrait, pour défendre « Justice, Vérité ». Il s’adresse alors à ces allégories qui ont un « sourcil farouche », des « cœurs ». Il sera leur bras, leur amant ; pour elles, il videra son carquois, il lancera les flèches du satiriste : « Mourir sans vider mon carquois ! » semble un écho du ‘’Cid’’ : « Mourir sans tirer ma raison ! »

Aussi les révolutionnaires sont-ils caricaturés en « barbouilleurs de lois », en « vers cadavéreux ». « La France / Égorgée » est un enjambement pathétique. Le poète ne trouve de raison de vivre, d’espérer, que dans sa plume, que dans « la poix brûlante » qu’elle est dans le « flambeau mourant » qu’il est lui-même (vers 65-66). Elle lui permet de combattre le « poison livide », c’est-à-dire qui rend livide, de l’ « invisible dent du chagrin » qui est donc celle d’un serpent venimeux. « Le sceptre d’airain » est le pouvoir tyrannique des révolutionnaires, contre lequel, par un nouvel élan, il se donne la mission de porter témoignage, de « nouer le triple fouet » (vers 83), celui des trois Furies de la mythologie grecque qui punissent le crime, d’oublier sa douleur personnelle (« Souffre, ô cœur gros de haine, affamé de justice ») pour se sacrifier à la Vertu qui n’aura plus qu’à pleurer s’il meurt, le dernier vers affirmant orgueilleusement la solitude du poète dans cette mission d’intérêt supérieur.

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  • 3 semaines après...
Membre, Posté(e)
Eveil Membre 2 825 messages
Baby Forumeur‚
Posté(e)

Georges Perec "J'aime, Je n'aime pas. Pour continuer la série..."

Tiré du site : http://escarbille.free.fr

J'AIME : les parcs, les jardins, le papier quadrillé, les stylos, les pâtes fraîches, Chardin, le jazz, les trains, être en avance, le basilic, marcher dans Paris, l'Angleterre, l'Ecosse, les lacs, les îles, les chats, la salade de tomate épépinée et pelée, les puzzles, le cinéma américain, Klee, Verne, les machines à écrire, la forme octogonale, l'eau de Vichy, la vodka, les orages, l'angélique, les buvards, The Guinness Book of Records, Steinberg, Antonello de Messine, les Baedeker, la Bibliothèque Elzévirienne, Info the dusk-charged air, les coccinelles, le général Éblé, les mots-croisés de Robert Scipion, Verdi, Malher, les noms de lieu, les toits d'ardoises, La Chute d'Icare, les nuages, le chocolat, les énumérations, le bar du Pont-Royal, Le Sentiment géographique, les vieux dictionnaires, la calligraphie, les cartes et les plans, Cyd Charisse, les pierres, Tex Avery, Chuck Jones, les paysages plein d'eau, Biber, Boby Lapointe, Le Sentiment des choses (Mono no aware), le munster sans cumin, avoir beaucoup de temps, faire des choses différentes en même temps ou presque, Laurel et Hardy, les entresols, la dérive dans une ville étrangère, les passages couverts, le fromage, Venise, Jean Grémillon, Jacques Demy, le beurre salé, les arbres, le Musée archéologique de Sousse, la Tour Eiffel, les boîtes, Lolita, les fraises, les pêches de vigne, Michel Leiris, les fous rires, les atlas, « faire Philippine », Adieu Philippine, Bouvard et Pécuchet, les Marx Brothers, les fins de fêtes, le café, les noix, Dr. No, les portraits, les paradoxes, dormir, écrire, Robert Houdin, vérifier que tous les nombres dont la somme des chiffres est égale à neuf sont divisibles par neuf, la plupart des symphonies de Haydn, Sei Shonagon, les melons et les pastèques,

JE N'AIME PAS : les légumes, les montres-bracelets, Bergman, Karajan, le nylon, le « kitsch », Slavik, les lunettes de soleil, le sport, les stations de ski, les voitures, la pipe, la moustache, les Champs-Elysées, la radio, les journaux, le music-hall, le cirque, Jean-Pierre Melville, l'expression « à gogo », les fripes, Charlie Hebdo, Charlie Chaplin, les Chrétiens, les Humanistes, les Penseurs, les « Nouveaux (cuisiniers, philosophes, romantiques, etc.) », les hommes politiques, les chefs de service, les sous-chefs de service, les pastiches de Burnier et Rambaud, le merlan, les coiffeurs, la publicité, la bière en bouteille, le thé, Chabrol, Godard, la confiture, le miel, les motocyclettes, Mandiargues, le téléphone, Fischer-Dieskau, la Coupole, les cuisses de grenouille, les t-shirts, les coquilles Saint-Jacques servies dans des coquilles Saint-Jacques, la couleur bleue, Chagall, Mirô, Bradbury, le centre Georges Pompidou, James Hadley Chase, Durrell, Koestler, Graham Greene, Moravia, Chirac, Chéreau, Béjart, Soljenitsine, Saint-Laurent, Cardin et son espace, Halimi, les films un peu trop suisses, Cavanna, les manteaux, les chapeaux, les porte-feuilles, les cravates, Carmina Burana, Gault-Millau, les initiés, les astrologues, le whisky, les jus de fruits, les pommes, les objets « griffés », les perles de culture, les briquets, Léo Ferré, Claire Brétécher, le Champagne, les biscottes, le Perrier, le gin, Albert Camus, les médicaments, les crooners, Michel Cournot, Jean-Edern Hallier, les blue-jeans, les pizzas, Saint-Germain-des-Près, le couscous sauf exception, les bonbons acidulés, le chewing-gum, les gens qui cultivent le style « copain » (Salut ! Comment tu vas ?), les rasoirs électriques, les pointes Bic, Marin Karmitz, les banquets, l'abus des italiques, Bruckner, le disco, la haute-fidélité,

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Membre+, 52ans Posté(e)
chirona Membre+ 3 432 messages
Baby Forumeur‚ 52ans‚
Posté(e)

When I am dead, my dearest,

Sing no sad songs for me;

Plant thou no roses at my head,

Nor shady cypress tree:

Be the green grass above me

With showers and dewdrops wet;

And if thou wilt, remember,

And if thou wilt, forget.

I shall not see the shadows,

I shall not feel the rain;

I shall not hear the nightingale

Sing on, as if in pain;

And dreaming through the twilight

That doth not rise nor set,

Haply I may remember,

And haply may forget.

Quand je serai morte mon amour

Ne chante pas pour moi de chansons tristes

Ne plante pas de roses sur ma tombe

Ne la mets pas à l'ombre d'un cyprès

Ne laisse au dessus de moi que l'herbe verte

Mouillée de pluie et de rosée.

Et si tu veux, souviens toi....

Et si tu veux, oublie.....

Je ne verrai point les ombres,

je ne sentirai point la pluie,

je n'entendrai point le rossignol

continuer de chanter, comme s'il était douloureux :

et rêvant à travers le crépuscule

qui ni ne se lève, ni ne se couche,

heureuse, je pourrais me souvenir,

heureuse, je pourrais oublier.

Christina Rossetti (1830-1894)

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  • 2 semaines après...
Membre, ...... Phoenix ..... Une cendre déterminée, 53ans Posté(e)
Amazones Membre 13 439 messages
53ans‚ ...... Phoenix ..... Une cendre déterminée,
Posté(e)

Bonjour,

Le repos ..... Alfred de Vigny

5c5b536c.png

Une fois, par malheur, si vous avez pris terre,

Peut-être qu'un de vous, sur un lac solitaire,

Aura vu, comme moi, quelque cygne endormi,

Qui se laissait au vent balancer à demi.

Sa tête nonchalante, en arrière appuyée,

Se cache dans la plume au soleil essuyée ;

Son poitrail est lavé par le flot transparent,

Comme un écueil où l'eau se joue en expirant ;

Le duvet qu'en passant l'air dérobe à sa plume

Autour de lui s'envole et se mêle à l'écume ;

Une aile est son coussin, l'autre est son éventail ;

Il dort, et de son pied le large gouvernail

Trouble encore, en ramant, l'eau tournoyante et douce,

Tandis que sur ses flancs se forme un lit de mousse,

De feuilles et de joncs, et d'herbages errants

Qu'apportent près de lui d'invisibles courants.

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  • 2 semaines après...
Membre, ...... Phoenix ..... Une cendre déterminée, 53ans Posté(e)
Amazones Membre 13 439 messages
53ans‚ ...... Phoenix ..... Une cendre déterminée,
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Paysages de Léon-Paul Fargue

Sous le bois sérieux

Le vent s'exalte. les

Petites bêtes bleues

Se sont réfugiées.

Tout cela est d'un bleu

Qu'on ne croirait jamais.

La mer penche comme on

S'accoude après pleurer.

Qu'on accepte sans honte

Mon aumône tremblante.

Ne soyez point jaloux

Passant que je sois doux.

Qu'on aille se pencher

Boire aux comptoirs blessés.

Pour la sieste seront

Les villages dormants.

Presque intime, sans bruit

Le vent s'est assoupi.

Le chien fidèle aussi.

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Membre+, 52ans Posté(e)
chirona Membre+ 3 432 messages
Baby Forumeur‚ 52ans‚
Posté(e)

L'albatros

Souvent, pour s'amuser, les hommes d'équipage

Prennent des albatros, vastes oiseaux des mers,

Qui suivent, indolents compagnons de voyage,

Le navire glissant sur les gouffres amers.

A peine les ont-ils déposés sur les planches,

Que ces rois de l'azur, maladroits et honteux,

Laissent piteusement leurs grandes ailes blanches

Comme des avirons traîner à côté d'eux.

Ce voyageur ailé, comme il est gauche et veule !

Lui, naguère si beau, qu'il est comique et laid !

L'un agace son bec avec un brûle-gueule,

L'autre mime, en boitant, l'infirme qui volait !

Le Poète est semblable au prince des nuées

Qui hante la tempête et se rit de l'archer ;

Exilé sur le sol au milieu des huées,

Ses ailes de géant l'empêchent de marcher.

Charles Baudelaire, Les Fleurs du mal, 1859

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  • 2 semaines après...
Invité natd
Invités, Posté(e)
Invité natd
Invité natd Invités 0 message
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Ce chemin___

seule la pénombre d'automne

l'emprunte encore

Matsuo Bashô

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Invité
Invités, Posté(e)
Invité
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Tao.jpg

Après avoir médité six longues années sur le mot "rien", qui se prononce wu en Chine et mu au Japon, l'honorable Wu-Men Hui K'ai (1183-1260) écrivit enfin ce poème, qui clôt définitivement la question :

Rien, rien, rien, rien, rien,

Rien, rien, rien, rien, rien,

Rien, rien, rien, rien, rien,

Rien, rien, rien, rien, rien.

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a partir de rien ...

l’honorable Wu-Men

fait naitre de ses mains

l écho du néant

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triste monde

" Qu’as-tu fait de mon cœur...

De douleur en douleur comme de doute en doute

Semblable au voyageur perdu dans les vallons

Devrai-je de l’espoir abandonner la route ?

Puisqu’il faudra demain voir le soleil sans toi

Qu’importe que ma vie à jamais soit brisée

Un malheureux de plus dans ce monde sans foi

C’est comme dans la mer la goutte de rosée

Je m’en irai pensif m’enfoncer dans les bois

Refaire le chemin de la campagne immense

Et, peut être les échos encore chauds de ta voix

Voudront-ils me redire un peu de ta romance "

(jacques rabemananjara,poète malgache)

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Vagina dentata

Plus de track, plus de musique – party is over.

Tu t’arraches les mamelons

partout sur le dancefloor.

Tu te dandines en cadavre.

Tu t’éclates, tu t’écartes.

Ça mouille dans ton crâne

comme du sexe en sang.

La tête en fente,

Des planchers tout autour, plus d’exit.

Pendue au bout de ta peau

roulée du bout des doigts,

ta peau en grumeaux,

pichenottée sur les patients

qui te watchent les boules

en freestyle sous ta jaquette

bleue,

non,

blanc, d’la poudre,

sous ta langue,

ta langue comme une queue.

Le clitoris en comprimé

qui fond,

comme ton cerveau

baisé, bourré, porno en HD.

Avaler la pâte, le sperme en sachet.

Tu ouvres la gueule,

les doigts dans la peau des joues.

Tu tires la langue, la bouges et dis aaaahhh.

L’infirmière la tête fermée dans ton sexe

à chercher des restants.

Tu retrousses les babines, ta plote en canines.

Tu glousses comme une chienne.

Tu lui renifles l’entregent.

Sa face comme un trou de cul,

tu pourrais la laper, elle coule,

grosse graisse

qui s’essouffle à chercher des restants.

Elle pourrait aussi te gratter

la crasse pognée dans les dents,

S’arracher les ongles

crottés, poudrés.

Mettre les rognures en tupperware

et garder le buzz pour après le shift.

Les broyer et sniffer en track

ou à l’aiguille se shooter direct

ton paté chinois pogné dans les craques

et le reste du Zyprexa.

Anne-Marie Benoît

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When the body juggle over the tic tac

Whou-ou-ou-ou!

On va distribuer de faux cadavres

et des textes de crottes de nez

dans le quartier des spectacles

de Los Bolsas des Zombipiladas ! Tout est déjà rodé, croquant

cadré, cardé, lamé, ciré

sauvé par la mèche d’or de Morhange

et le cinéma récalcitrant des méchants

1989, 1920, 1900…

Mais comment se fait-il

qu’il y eût seulement

des guêpes

entre les os saccagés

à South Braintree

comme dans Sacco

et Vanzetti?

Est-ce qu’il y en a

qui vont se déguiser en Patriotes?

Pas loin

du garde-fou

de l’échafaud

au Pied-du-Courant,

il est des âmes

de rachat malabare

issues de la jungle

empilée, mouillassée

quelle balade!

au pied de la muraille de Chine, madame,

souillée du pipi des pendus

la crisis se instalo en la Costa

Debout !

Debout les morts et les mordus!

il est cinquante heures, damné!

il est cinq cent mille heures perdues

dans le décor poutronné tordu

il est des corps verraines

comme des poches de patates

sur le seuil de la banque ivre

comme des pingouins ransaqués,

rembourrés de plumes réclinantes,

restitués par les rongeurs,

les sangsues

du temps sombre

danse décharnée

christ de sort

1929, 2008, 1953

je meure

nous mourûmes

que je mousse

dans les flaques

des faux sangliers

et la vidange d’huile

des langues impostées

verum tempora de Pépinot

mi corazon

Au fait

la drogue de zombi

est en vente libre

sur Internet

manipola l’orologio

t’as pas de tendresse, viarge!

hay momento

en quoi

en que c’est

que l’horloge

est manipulée?

período de tempo

fuite entre les os

sacos empilhados

o tic-tac-toc

suspensos

entre mar et terra

de Los Pueros

entièrement consacré

dans le noir intérieur

de South Durham

Zambi Bandito : à qui profite le cuivre?

Length of time

between the stacked bags at …

of the wall,

Les fugitifs rouges

tintamarrent sur le trottoir

Mais voyons donc!

c’est la patinoire du bonheur!

Pourquoi cette douleur à la triste dent

est-elle si foncièrement supérieure

sur Microsaffe, Applepompe, la Gogoune,

chez Monsieur le Baron de Face de Plouc?

There are times, oh my gosses!

when the body juggle over the tic tac…

Il est tombé le mur de Berlin?

Au suivant!

Jacques Desmarais

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J'habite une douleur

Ne laisse pas le soin de gouverner ton cœur à ces tendresses parentes de l'automne auquel elles empruntent sa placide allure et son affable agonie.

L'oeil est précoce à se plisser.

La souffrance connaît peu de mots.

Préfère te coucher sans fardeau : tu rêveras du lendemain et ton lit te sera léger.

Tu rêveras que ta maison n'a plus de vitres.

Tu es impatient de t'unir au vent, au vent qui parcourt une année en une nuit.

D'autres chanteront l'incorporation melodieuse, les chairs qui ne personnifient plus que la sorcellerie du sablier. Tu condamneras la gratitude qui se répète .

Plus tard, on t'identifiera à quelque géant desagrégé, seigneur de l'impossible.

Pourtant.

Tu n'as fait qu'augmenter le poids de ta nuit.

Tu es retourné à la pêche aux murailles, à la canicule sans été.

Tu es furieux contre ton amour au centre d'une entente qui s'affole.

Songe à la maison parfaite que tu ne verras jamais monter.

A quand la récolte de l'abîme ?

Mais tu as crevé les yeux du lion. Tu crois voir passer la beauté au-dessus des lavandes noires...

Qu'est-ce qui t'a hissé, un peu plus haut, sans te convaincre ?

Il n'y a pas de siège pur.

René Char

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