Aller au contenu

un jour... un poème

Noter ce sujet


chirona

Messages recommandés

Invité Lowy..
Invités, Posté(e)
Invité Lowy..
Invité Lowy.. Invités 0 message
Posté(e)

Eteignez les lumières, j'viens chanter mes pogos 
Sur les rails de l'enfer, l'océan est Congo 
Bien avant ma mort, mes rimes et mes vers me dévorent 
J'enferme le monde dans mon corps jusqu'à ce que les mots me débordent 
Transforme la chair en verbe, la douleur en arme l'ombre en lumière 
J'ai traversé les mers, j'en ai pleuré des rivières 
Vous finirez seuls et vaincus dans vos délires de sang impur 
Et la haine que vos bouches écument n'aura plus prise sur nos vécus 
Ronronne l'histoire et elle cale et les cales 
Enchainés dans bateaux faits d'un bois fait d'un arbre 

Où l'on pend d'étranges fruits distillés et broyés 
Des cadavres empilés des pelletées de charniers 
Regardez les exodes papillons volent et voguent 
Regardez devant l'homme comment Dieu se dérobe 
Comme il pleure en tornades nos ruines et nos guerres 
Comme il pleure chaque soir un soleil incendiaire 

J'peux plus respirer 
Leurs genoux sur mon cou, leur permis de tuer 
Le réel est violent comme une jungle à Calais 
Un Congo-océan, tant d'offenses à laver 
J'essuie les crachats, j'arrache des murs de France les sourires Banania 
Et nos enfants qui viennent seront dignes et debout 
Debout, dignes, dignes et debout 
.........
Lien à poster
Partager sur d’autres sites

Annonces
Maintenant
  • 1 mois après...
Invité Lowy..
Invités, Posté(e)
Invité Lowy..
Invité Lowy.. Invités 0 message
Posté(e)
 
(je découvre l'artiste-poète)
 
Je n’me permettrais pas de te demander
Je n’me permettrais pas de te déranger
Je resterais là sans bouger
Et sans devoir te regarder
Si tu vois rien, ben c’est normal
Et qu'en  est-il du bien du mal?
Je n’me permettrais pas de t’avancer
De faire un pas de plus pour te serrer
J’enlacerais le monde entier
Le temps d’un furtil baiser
Si tu vois rien, ben c’est normal
Mais quand est-il du bien du mal?
Je me permettrais juste de te faire remarquer
Qu’il fait froid même en été
Et le temps file file file file
Toutes ces années
 
Si tu vois rien, c’est pas normal
Et qu'en est-il du bien du mal ?

Je n’me permettrais pas de te demander
Je n’me permettrais pas de te déranger
Je resterais là sans bouger
Et sans devoir te regarder
Si tu vois rien, ben c’est normal
Et qu'en est-il du bien du mal?
 
Lien à poster
Partager sur d’autres sites

Membre, 77ans Posté(e)
Blaquière Membre 19 162 messages
Maitre des forums‚ 77ans‚
Posté(e)
Il y a 9 heures, Lowy.. a dit :
 
(je découvre l'artiste-poète)
 
Je n’me permettrais pas de te demander
Je n’me permettrais pas de te déranger
Je resterais là sans bouger
Et sans devoir te regarder
Si tu vois rien, ben c’est normal
Et qu'en  est-il du bien du mal?
Je n’me permettrais pas de t’avancer
De faire un pas de plus pour te serrer
J’enlacerais le monde entier
Le temps d’un furtil baiser
Si tu vois rien, ben c’est normal
Mais quand est-il du bien du mal?
Je me permettrais juste de te faire remarquer
Qu’il fait froid même en été
Et le temps file file file file
Toutes ces années
 
Si tu vois rien, c’est pas normal
Et qu'en est-il du bien du mal ?

Je n’me permettrais pas de te demander
Je n’me permettrais pas de te déranger
Je resterais là sans bouger
Et sans devoir te regarder
Si tu vois rien, ben c’est normal
Et qu'en est-il du bien du mal?
 

Moi ,je trouve que c'est trop articulé : j'aurais plutôt écrit :

 

J' n’m' perm'ttrais pas d' t' d'mander
J' n’m' perm'ttrais pas d' t' déranger
J' rest'rais là sans bouger
Et sans d'voir t' r'garder???

Non : je blague ! :)

 

  • Waouh 1
Lien à poster
Partager sur d’autres sites

Membre+, Posté(e)
goods Membre+ 35 581 messages
Posté(e)

Caligula - I er chant

 

L'hiver s'enfuit ; le printemps embaumé
Revient suivi des Amours et de Flore ;
Aime demain qui n'a jamais aimé,
Qui fut amant, demain le soit encore !

Hiver était le seul maître des temps,
Lorsque Vénus sortit du sein de l'onde ;
Son premier souffle enfanta le printemps,
Et le printemps fit éclore le monde.

L'été brûlant a ses grasses moissons,
Le riche automne a ses treilles encloses,
L'hiver frileux son manteau de glaçons,
Mais le printemps a l'amour et les roses.

L'hiver s'enfuit, le printemps embaumé
Revient suivi des Amours et de Flore ;
Aime demain qui n'a jamais aimé,
Qui fut amant, demain le soit encore !
 

Gérard de Nerval (1808-1855)

  • Like 1
Lien à poster
Partager sur d’autres sites

Membre, 77ans Posté(e)
Blaquière Membre 19 162 messages
Maitre des forums‚ 77ans‚
Posté(e)

L'Eté il fait trop chaud

L'Hiver il fait trop froid

Au Printemps je m'énerve,

Et l'Automne m'ennuie :

Je suis bien quand... je dors !

Lien à poster
Partager sur d’autres sites

Invité
Invités, Posté(e)
Invité
Invité Invités 0 message
Posté(e)
il y a 5 minutes, Blaquière a dit :

L'Eté il fait trop chaud

L'Hiver il fait trop froid

Au Printemps je m'énerve,

Et l'Automne m'ennuie :

Je suis bien quand... je dors !

M’estoni pas :smile2:

Parce que quand tu dors tu rêves, et l’on sait où t’emmènent tes rêves, espèce de coquin. 

  • Haha 1
Lien à poster
Partager sur d’autres sites

Membre+, Posté(e)
goods Membre+ 35 581 messages
Posté(e)

L'homme pauvre du cœur est-il si rare, en somme !
Non. Et je suis cet homme et vous êtes cet homme,
Et tous les hommes sont cet homme ou furent lui,
Ou le seront quand l'heure opportune aura lui.
Conçus dans l'agonie épuisée et plaintive
De deux désirs que, seul, un feu brutal avive,
Sans vestige autre nôtre, à travers cet émoi,
Qu'une larme de quoi! Que pleure quoi! dans quoi !
Nés parmi la douleur, le sang et la sanie
Nus, de corps sans instinct et d'âme sans génie
Pour grandir et souffrir par l'âme et par le corps,
Vivant au jour le jour, bernés de vœux discors,
Pour mourir dans l'horreur fatale et la détresse,
Quoi de nous, dès qu'en nous la question se dresse ?
Quoi ? qu'un être capable au plus de moins que peu
En dehors du besoin d'aimer et de voir Dieu
Et quelque chose, au front, du fond du cœur te monte
Qui ressemble à la crainte et qui tient de la honte,
Quelque chose, on dirait, d'encore incomplété,
Mais dont la Charité ferait l'Humilité.
Lors, à quelqu'un vraiment de nature ingénue
Sa conscience n'a qu'à dire : continue,
Si la chair n'arrivait à son tour, en disant :
Arrête, et c'est la guerre en ce juste à présent.
Mais tout n'est pas perdu malgré le coup si rude :
Car la chair avant tout est chose d'habitude,
Elle peut se plier et doit s'acclimater
C'est son droit, son devoir, la loi de la mater
Selon les strictes lois de la bonne nature.
Or la nature est simple, elle admet la culture ;
Elle procède avec douceur, calme et lenteur.
Ton corps est un lutteur, fais-le vivre en lutteur
Sobre et chaste, abhorrant l'excès de toute sorte,
Femme qui le détourne et vin qui le transporte
Et la paresse pire encore que l'excès.
Enfin pacifié, puis apaisé, — tu sais
Quels sacrements il faut pour cette tâche intense.
Et c'est l'Eucharistie après la Pénitence, —
Ce corps allégé, libre et presque glorieux,
Dûment redevenu, dûment laborieux
Va se rompre au plutôt, s'assouplir au service
De ton esprit d'amour, d'offre et de sacrifice
Subira les saisons et les privations,
Enfin sera le temple embaumé d'actions
De grâce, d'encens pur et de vertus chrétiennes,
Et tout retentissant de psaumes et d'antiennes
Qu'habite l'Esprit-Saint et que daigne Jésus
Visiter comparable aux bons rois bien reçus.
De ce moment, toi, pauvre avec pleine assurance,
Après avoir prié pour la persévérance,
Car, docte charité tout d'abord pense à soi,
Puise au gouffre infini de la Foi — plus de foi. —
Que jamais et présente à Dieu ton vœu bien tendre,
Bien ardent, bien formel et de voir et d'entendre
Les hommes t'imiter, même te dépasser
Dans la course au salut, et pour mieux les pousser
A ces fins que le ciel en extase contemple,
Dieu humble (souviens-toi !), prêcheur, prêche d'exemple !

 

L'homme pauvre du cœur est-il si rare

Poète : Paul Verlaine (1844-1896)

Recueil : Bonheur (1891).

Lien à poster
Partager sur d’autres sites

Membre+, Posté(e)
goods Membre+ 35 581 messages
Posté(e)

Heureux qui, comme Ulysse, a fait un beau voyage

 

Heureux qui, comme Ulysse, a fait un beau voyage,

Ou comme cestuy-là qui conquit la toison,
Et puis est retourné, plein d’usage et raison,
Vivre entre ses parents le reste de son âge !

Quand reverrai-je, hélas, de mon petit village
Fumer la cheminée, et en quelle saison
Reverrai-je le clos de ma pauvre maison,
Qui m’est une province, et beaucoup davantage ?

Plus me plaît le séjour qu’ont bâti mes aïeux,
Que des palais Romains le front audacieux,
Plus que le marbre dur me plaît l’ardoise fine :

Plus mon Loir gaulois, que le Tibre latin,
Plus mon petit Liré, que le mont Palatin,
Et plus que l’air marin la doulceur angevine.

Joachim Du Bellay

  • Like 1
Lien à poster
Partager sur d’autres sites

Invité Etaine
Invités, Posté(e)
Invité Etaine
Invité Etaine Invités 0 message
Posté(e)

image.png.c20c20bb6a386b1cd5b8c968833b6b33.png

 

Silence et nuit des bois

 

Il est plus d'un silence, il est plus d'une nuit,

Car chaque solitude a son propre mystère :

Les bois ont donc aussi leur façon de se taire

Et d'être obscurs aux yeux que le rêve y conduit.

 

On sent dans leur silence errer l'âme du bruit,

Et dans leur nuit filtrer des sables de lumière.

Leur mystère est vivant : chaque homme à sa manière

Selon ses souvenirs l'éprouve et le traduit.

 

La nuit des bois fait naître une aube de pensées ;

Et, favorable au vol des strophes cadencées,

Leur silence est ailé comme un oiseau qui dort.

 

Et le cœur dans les bois se donne sans effort :

Leur nuit rend plus profonds les regards qu'on y lance,

Et les aveux d'amour se font de leur silence.

 

René-François Sully Prudhomme

 

 

Lien à poster
Partager sur d’autres sites

Membre+, Posté(e)
goods Membre+ 35 581 messages
Posté(e)

 

Un astrologue un jour se laissa choir
Au fond d'un puits. On lui dit : " Pauvre bête,
Tandis qu'à peine à tes pieds tu peux voir,
Penses-tu lire au-dessus de ta tête ? "

Cette aventure en soi, sans aller plus avant,
Peut servir de leçon à la plupart des hommes.
Parmi ce que de gens sur la terre nous sommes,
Il en est peu qui fort souvent
Ne se plaisent d'entendre dire
Qu'au livre du destin les mortels peuvent lire.
Mais ce livre, qu'Homère et les siens ont chanté,
Qu'est-ce, que le hasard parmi l'antiquité,
Et parmi nous la Providence ?
Or du hasard il n'est point de science :
S'il en était, on aurait tort
De l'appeler hasard, ni fortune, ni sort,
Toutes choses très incertaines.
Quant aux volontés souveraines
De Celui qui fait tout, et rien qu'avec dessein,
Qui les sait, que lui seul ? Comment lire en son sein ?
Aurait-il imprimé sur le front des étoiles
Ce que la nuit des temps enferme dans ses voiles ?
A quelle utilité ? Pour exercer l'esprit
De ceux qui de la sphère et du globe ont écrit ?
Pour nous faire éviter des maux inévitables ?
Nous rendre, dans les biens, de plaisir incapables ?
Et causant du dégoût pour ces biens prévenus,
Les convertir en maux devant qu'ils soient venus ?
C'est erreur, ou plutôt c'est crime de le croire.
Le firmament se meut, les astres font leur cours,
Le soleil nous luit tous les jours,
Tous les jours sa clarté succède à l'ombre noire,
Sans que nous en puissions autre chose inférer
Que la nécessité de luire et d'éclairer,
D'amener les saisons, de mûrir les semences,
De verser sur les corps certaines influences.
Du reste, en quoi répond au sort toujours divers
Ce train toujours égal dont marche l'univers ?
Charlatans, faiseurs d'horoscope,
Quittez les cours des princes de l'Europe ;
Emmenez avec vous les souffleurs tout d'un temps :
Vous ne méritez pas plus de foi que ces gens.

Je m'emporte un peu trop revenons à l'histoire
De ce spéculateur qui fut contraint de boire.
Outre la vanité de son art mensonger,
C'est l'image de ceux qui bâillent aux chimères,
Cependant qu'ils sont en danger,
Soit pour eux, soit pour leurs affaires.

L' Astrologue qui se laisse tomber dans un puits, Jean de la Fontaine.

 

téléchargement (4).jpeg

Lien à poster
Partager sur d’autres sites

  • 2 semaines après...
Invité Lowy..
Invités, Posté(e)
Invité Lowy..
Invité Lowy.. Invités 0 message
Posté(e)

Le monde est magnifique ,monstrueux et grandiose

Moi, je rassemble mon puzzle en commençant par les bords et les angles;

A quoi rime la vie assis sur son rivage autant plonger dans ses vagues qui nous avalent et nous refoulent; tout s'en va , tout s'envole dans un tour de valse et que le vaste monde poursuive sa course folle...

Chacun dans son rôle fabrique son illusion de contrôle...

 

 

 

Lien à poster
Partager sur d’autres sites

Membre+, Posté(e)
goods Membre+ 35 581 messages
Posté(e)

Pierre à pierre et pied à pied
Et cœur à cœur et tête à tête
Les beaux jours sont passés

Fil à fil et feuille à feuille
Et un à un et seul à seul
Les jours sont beaux et ne passent pas

Grain à grain corps à corps
Et côte à côte et main à main
Bien malin qui gagnera la bataille

Pierre à grain et seule à un
Et main à cœur et tête à cœur
L’amour est vaste comme le monde.

Pierre à pierre, Robert DESNOS

Recueil : "Destinée arbitraire.

Modifié par goods
  • Like 1
Lien à poster
Partager sur d’autres sites

  • 2 semaines après...
Invité Lowy..
Invités, Posté(e)
Invité Lowy..
Invité Lowy.. Invités 0 message
Posté(e)

"C'est parfois cela : une sorte de langueur,
Aux oreilles l'horloge sonne à n'en plus finir ;
Au loin les roulements du tonnerre qui se meurt.
J'entends comme des voix inconnues et captives,
Comme des plaintes et des gémissements,
Un cercle mystérieux lentement se resserre, 
Mais dans ce gouffre de murmures et de sons
Un bruit s'élève qui domine tous les autres.
Et le silence autour est si irrémédiable,
Qu'on entend l'herbe pousser dans la forêt,
Le Mal rôder sur terre en portant sa besace...
Mais voilà que soudain on distingue des mots,
Et le déclic sonore des rimes légères.
Alors je commence à comprendre,
Et les vers qu'on me dicte viennent se déposer
Sur la neige blanche du papier".

Anna Akhmatova

 

 

 

Lien à poster
Partager sur d’autres sites

  • 2 semaines après...
Membre+, Posté(e)
goods Membre+ 35 581 messages
Posté(e)

« Dis-moi les mots qui caressent l’âme pour me consoler du siècle

Dis-moi comment fuir le vacarme, pour m’exiler dans les poèmes

Et dis-moi quelle est ma place, car je crois que je suis paumé, entre le vieux sage fainéant et l’ignare diplômé.

Mon dieu, pardonne-moi, toute ma vie j’ai pêché des poissons irréels auxquels je me suis harponné 

Je ne veux pas m’aplatir, mon horizon est vertical 

Le seul Eden terrestre est un paradis fiscal 

 

L’artiste est un adulte qui crache les rêves d’un marmot 

J’ai cassé ma voix, par terre, des vers et des bris de mots

Leur nez dans la poudreuse, ces tout schuss vers l’extase 

Les soirs de mélancolie, je me tape que des lignes de basse

Pourtant, je me perds, moi, le triste clown, entre le rap de Baudelaire et les poèmes de MF DOOM.

J’ai peur d’être cynique, pessimiste ou défaitiste, d’être un chiffre, une croix, un nom sur une liste. 

J’ai peur. Mais je me soigne.

Je suis un nuage de rêves suspendu à l’orage. »

 

 

  • Like 1
Lien à poster
Partager sur d’autres sites

  • 2 semaines après...
Membre+, Posté(e)
goods Membre+ 35 581 messages
Posté(e)

Au Roi

 

Ne vous pouvant donner ces ouvrages antiques
Pour votre Saint-Germain ou pour Fontainebleau,
Je vous les donne, Sire, en ce petit tableau
Peint, le mieux que j’ai pu, de couleurs poétiques :

Qui mis sous votre nom devant les yeux publiques,
Si vous le daignez voir en son jour le plus beau,
Se pourra bien vanter d’avoir hors du tombeau
Tiré des vieux Romains les poudreuses reliques.

Que vous puissent les dieux un jour donner tant d’heur,
De rebâtir en France une telle grandeur
Que je la voudrais bien peindre en votre langage :

Et peut-être qu’alors votre grand Majesté,
Repensant à mes vers, dirait qu’ils ont été
De votre monarchie un bienheureux présage.

Joachim Du Bellay, Les antiquités de Rome

  • Like 1
Lien à poster
Partager sur d’autres sites

Invité Etaine
Invités, Posté(e)
Invité Etaine
Invité Etaine Invités 0 message
Posté(e)

Élévation 

Au-dessus des étangs, au-dessus des vallées,
Des montagnes, des bois, des nuages, des mers,
Par delà le soleil, par delà les ésthers,
Par delà les confins des sphères étoilées,

Mon esprit, tu te meus avec agilité,
Et, comme un bon nageur qui se pâme dans l'onde,
Tu sillonnes gayement l'immensité profonde
Avec une indicible et mâle volupté.

Envole-toi bien loin de ces miasmes morbides ;
Va te purifier dans l'air supérieur,
Et bois, comme une pure et divine liqueur,
Le feu clair qui remplit les espaces limpides.

Derrière les ennuis et les vastes chagrins
Qui chargent de leur poids l'existence brumeuse,
Heureux celui qui peut d'une aile vigoureuse
S'élancer vers les champs lumineux et sereins ;

Celui dont les pensers, comme des alouettes,
Vers les cieux le matin prennent un libre essor,
- Qui plane sur la vie, et comprend sans effort
Le langage des fleurs et des choses muettes !

Charles Baudelaire

 

Lien à poster
Partager sur d’autres sites

  • 1 mois après...
Invité Etaine
Invités, Posté(e)
Invité Etaine
Invité Etaine Invités 0 message
Posté(e)

Seul

Je n'ai pas su, comme les enfants,
Etre un enfant ; je n'ai pas vu
Ce qu'ils ont vu ; je n'ai pas eu
De ces passions pour les printemps.
A leur source j'ai pu goûter
Mon désespoir où je me vautre
Sans que mon cœur se joigne aux autres ;
Ce que j'aimais, seul, je l'aimais.
C'est dans l'enfance, en cette aurore
De morne vie que remontait
De tous les fonds du Beau, du Laid
Le long mystère où j'erre encore :
Dans le torrent où l'eau bourdonne,
Les crêtes chauves qui rougeoient,
Le rond soleil autour de moi,
Ses rayons blonds sous les automnes,
Dans l'éclair bleu qui fend l'été
Et qui s'échappe aux cent nuages
Dans la tempête et les orages,
Dans la nuée qui prend l'aspect
(Quand tous les cieux ne sont que bleu)
D'un démon blanc devant mes yeux.

Edgar Allan Poe

 

Lien à poster
Partager sur d’autres sites

  • 2 semaines après...
Membre, `, Posté(e)
Tequila Moor Membre 16 213 messages
`,
Posté(e)

Exhortation

Être homme ? Tu le peux. Va-t'en, guêtré de cuir,
L'arme au poing, sur les pics, dans la haute bourrasque,
Et suis le libre isard aussi loin qu'il peut fuir !

Fais-toi soldat ; le front s'assainit sous le casque.
Jeûnant pour avoir faim et peinant pour dormir,
Sois un contrebandier dans la montagne basque !

Mais, dans nos vils séjours, ne t'attends qu'à vieillir.
Les pleurs mentent ainsi que le rire est un masque ;
Tout est faux : glas du deuil et grelots du plaisir.

Et comme l'eau rechoit, par flaques, dans la vasque,
C'est notre vieux destin qu'en un lâche loisir
Se raffaisse toujours notre volonté flasque

Entre l'ennui de vivre et la peur de mourir.

Catulle Mendès

  • Like 1
Lien à poster
Partager sur d’autres sites

Membre+, Posté(e)
goods Membre+ 35 581 messages
Posté(e)

[…]

J'ai vu le reître noir foudroyer au travers

Les masures de France, et comme une tempête,

Emporter ce qu'il peut, ravager tout le reste ;

Cet amas affamé nous fit à Montmoreau

Voir la nouvelle horreur d'un spectacle nouveau.

Nous vînmes sur leurs pas, une troupe lassée

Que la terre portait, de nos pas harassée.

Là de mille maisons on ne trouva que feux,

Que charognes, que morts ou visages affreux.

La faim va devant moi, force est que je la suive.

J'ouïs d'un gosier mourant une voix demi-vive :

Le cri me sert de guide, et fait voir à l'instant

D'un homme demi-mort le chef se débattant,

Qui sur le seuil d'un huis dissipait sa cervelle.

Ce demi-vif la mort à son secours appelle

De sa mourante voix, cet esprit demi-mort

Disait en son patois (langue de Périgord) :

« Si vous êtes Français, Français, je vous adjure,

Donnez secours de mort, c'est l'aide la plus sûre

Que j'espère de vous, le moyen de guérir ;

Faites-moi d'un bon coup et promptement mourir.

Les reîtres m'ont tué par faute de viande,

Ne pouvant ni fournir ni ouïr leur demande ;

D'un coup de coutelas l'un d'eux m'a emporté

Ce bras que vous voyez près du lit à côté ;

J'ai au travers du corps deux balles de pistole. »

Il suivit, en coupant d'un grand vent sa parole :

« C'est peu de cas encor et de pitié de nous ;

Ma femme en quelque lieu grosse est morte de coups.

Il y a quatre jours qu'ayant été en fuite

Chassés à minuit, sans qu'il nous fût licite

De sauver nos enfants liés en leurs berceaux,

Leurs cris nous appelaient, et entre ces bourreaux

Pensant les secourir nous perdîmes la vie.

Hélas ! si vous avez encore quelque envie

De voir plus de malheur, vous verrez là-dedans

Le massacre piteux de nos petits enfants. »

J'entre, et n'en trouve qu'un, qui lié dans sa couche

Avait les yeux flétris, qui de sa pâle bouche

Poussait et retirait cet esprit languissant

Qui, à regret son corps par la faim délaissant,

Avait lassé sa voix bramant après sa vie.

Voici après entrer l'horrible anatomie

De la mère asséchée ; elle avait de dehors

Sur ses reins dissipés traîné, roulé son corps,

Jambes et bras rompus, une amour maternelle

L'émouvant pour autrui beaucoup plus que pour elle.

À tant elle approcha sa tête du berceau,

La releva dessus ; il ne sortait plus d'eau

De ses yeux consumés ; de ses plaies mortelles

Le sang mouillait l'enfant ; point de lait aux mamelles,

Mais des peaux sans humeur : ce corps séché, retrait,

De la France qui meurt fut un autre portrait

"

Agrippa d'Aubigné - Les Tragiques (publ. 1616), I, « Misères », v. 372 à 424.

  • Waouh 1
Lien à poster
Partager sur d’autres sites

Annonces
Maintenant

Rejoindre la conversation

Vous pouvez publier maintenant et vous inscrire plus tard. Si vous avez un compte, connectez-vous maintenant pour publier avec votre compte.

Invité
Répondre à ce sujet…

×   Collé en tant que texte enrichi.   Coller en tant que texte brut à la place

  Seulement 75 émoticônes maximum sont autorisées.

×   Votre lien a été automatiquement intégré.   Afficher plutôt comme un lien

×   Votre contenu précédent a été rétabli.   Vider l’éditeur

×   Vous ne pouvez pas directement coller des images. Envoyez-les depuis votre ordinateur ou insérez-les depuis une URL.

Chargement

×