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Quand LeMonde défend la loi Giscard


economic dream

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Membre, 32ans Posté(e)
economic dream Membre 3 028 messages
Baby Forumeur‚ 32ans‚
Posté(e)

Bonjour à tous,

Comme je m'y attendais, les médias de droite défendent la loi Giscard interdisant à l'Etat d'emprunter sans interets à la Banque Nationale.

L'Etat doit donc emprunter aux banques à des taux beaucoup plus élevés.

Le fait que l'Etat doit emprunter à des banquiers privés a pour conséquence que la dette publique est devenue exponentielle et donc cela entraine une taxation beaucoup plus forte.

http://www.societal.org/docs/interets-dette.htm

Sans les interets, on aurait déjà remboursé la dette publique originelle de Giscard.

Voilà l'article :

"

La "loi Pompidou, Giscard, Rothschild" votée en 1973 empêcherait l'Etat de battre monnaie

Point de vue | LEMONDE.FR | 29.12.11 | 10h15

par Alain Beitone, professeur de Sciences économiques et sociales Lycée Thiers Marseille

La rumeur enfle depuis quelques semaines, sur internet, dans les médias, dans les déclarations de leaders politiques : la source de tous nos maux économiques serait la "loi de 1973".C'est l'extrême droite qui est à l'origine du mouvement. D'Alain Soral à Marine Le Pen, les choses sont claires la "loi Pompidou, Giscard, Rothschild", en réformant les statuts de la Banque de France empêche l'Etat de "battre monnaie" pour se financer ce qui permet aux banques privées de s'engraisser en encaissant les intérêts de la dette. Certains n'hésitent pas à parler de "casse du siècle".

Dans ce courant politique, la lourde insistance sur les fonctions jadis exercées par G. Pompidou au sein de la banque Rothschild est loin d'être innocente. On se trouve en présence d'une rumeur complotiste traditionnelle qui désigne un bouc émissaire et apporte une explication simple à la crise de la dette. Ce discours a son correspondant aux Etats-Unis avec la campagne autour du livre de Eustace Mullins sur les secrets de la Réserve Fédérale, dont la création est attribuée à un complot de banquiers impulsé par…James de Rothschild. Mullins (décédé en 2010) était une figure marquante de l'extrême droite antisémite américaine. Il suffirait donc de rendre la Banque de France aux français et de financer les dépenses publiques par des crédits à taux nuls ou très faibles pour que la crise de la dette soit résolue.

Curieusement, la dénonciation de la "loi de 1973" fait aussi florès au sein de la gauche radicale. Un document récent sur la dette diffusé par Attac et la Fondation Copernic, fait de cette loi une des trois causes principales de la crise actuelle. Fort heureusement, la connotation antisémite est absente de ce second type de discours. Mais sur le plan économique, l'argumentation est la même : avant la loi de 1973, l'Etat pouvait se financer à des taux très faibles auprès de la Banque de France, depuis, il est devenu prisonnier des marchés financiers. Il suffirait donc d'en revenir au mode de financement ancien pour que les problèmes soient résolus et seule l'obstination de la BCE et des allemands nous empêcherait d'adopter cette solution de "bon sens".

Le fait que la loi de 1973 ait été abrogée en 1994 ne conduit apparemment pas ces innombrables blogueurs et autres auteurs de tracts à se poser la moindre question. De plus, bien avant cette loi, les banques commerciales assuraient déjà la création d'une bonne partie de la monnaie.

Par ailleurs, la loi de 1973 ne fait que confirmer la possibilité ancienne pour le Trésor d'obtenir des avances auprès de la Banque de France dans le cadre d'une convention approuvée par le parlement. Bref, une analyse économique et historique même superficielle conduit à rejeter l'explication incantatoire par " la loi de 1973 ". Comme souvent, les rumeurs, en même temps qu'elles proposent une explication simpliste, occultent les vrais problèmes. Citons en rapidement quelques uns :

- La crise des dettes souveraines dans la zone euro, n'est pas d'abord liée au niveau d'endettement (le Japon, les Etats-Unis, la Grande Bretagne sont plus endettés), il s'agit d'une crise de la gouvernance au sein de la zone euro. Quand bien même la "loi de 1973" expliquerait la montée de la dette publique en France (ce qui n'est pas le cas), elle n'explique pas la crise des dettes souveraines dans l'Union Européenne à laquelle il faut répondre ici et maintenant.

- La France est bien passée d'un financement de la dette publique très largement administré dans le cadre du "circuit du Trésor", à un financement par le marché. On peut préférer une moindre dépendance à l'égard des marchés financiers, mais sans oublier que le financement administré n'est pas sans inconvénients. Et sans oublier non plus que le passage au financement de marché était lié à la volonté d'obtenir des crédits à moindre coûts sur un marché plus profond et plus liquide.

- La crise actuelle des dettes souveraines en Europe est d'abord une crise liée à l'ampleur des mouvements spéculatifs et la régulation insuffisante du système financier. C'est de cela qu'il faudrait discuter, et non de la loi de 1973.

- L'augmentation brutale du taux d'endettement des Etats en Europe est d'abord la conséquence de la crise économique mondiale qui s'est déclenchée en 2007 à partir de l'éclatement de la bulle immobilière aux Etats-Unis. Ce qui est en jeu, c'est d'abord la relance de la croissance et l'abandon des politiques de rigueur qui ne peuvent qu'accroître la gravité de la situation économique. Sur ce dossier aussi, la dénonciation de la loi de 1973 n'est d'aucun secours.

- En invoquant la loi de 1973, on passe sous silence l'essentiel : le traité de Maastricht et la définition qu'il donne des missions de la Banque Centrale Européenne. De nombreux économistes (P. Artus, J. Pisani-Ferry, H. Rey) ont souligné que pour mettre un coup d'arrêt à la crise de la dette, il faudrait que la BCE annonce un taux d'intérêt plafond sur les dettes publiques et son intention de racheter sans limitation les titres de dette si ce taux est dépassé sur le marché. J.C. Trichet, puis M. Draghi se sont refusés jusqu'ici à une telle politique en invoquant la lettre des Traités et le statut de la BCE. C'est cela qu'il faudrait changer et non la "loi de 1973" abrogée depuis longtemps.

- Enfin, il faut rappeler que si l'on souhaite accroître la part relative des consommations collectives dans le revenu national, il faut nécessairement réduire la part relative des consommations privées.

Pour que cela se produise de façon compatible avec la justice sociale, il faut une réforme fiscale d'ampleur, donnant au système de prélèvement fiscal et social un caractère véritablement progressif. Croire que l'on peut répondre aux besoins sociaux en finançant par la création monétaire la construction d'école et d'hôpitaux ou la recherche scientifique c'est entretenir une illusion dangereuse. Certes, la science économique nous enseigne que la création de monnaie joue un rôle essentiel pour assurer la croissance en finançant par anticipation la création de richesses futures, mais cela n'est pas contradictoire avec la nécessaire prise en compte des contraintes de financement liées, notamment à la répartition plus ou moins équitable des revenus.

Ce serait l'honneur de la gauche, surtout de celle qui veut changer radicalement l'ordre du monde existant, de poser les vrais problèmes plutôt que d'alimenter la rumeur fantaisiste sur la "loi de 1973".

Vraiment, leur argumentation d'accuser ceux qui critiquent cette loi d'etre des antisémites, est pathétique et montre la faiblesse de l'argumentation pour cette loi.

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Membre+, Jeteur de pavés dans les mares, Posté(e)
latin-boy30 Membre+ 9 575 messages
Jeteur de pavés dans les mares,
Posté(e)

Vraiment, leur argumentation d'accuser ceux qui critiquent cette loi d'etre des antisémites, est pathétique et montre la faiblesse de l'argumentation pour cette loi.

:plus:

L'accusation d'antisémitisme ça me paraît excessif...

Je ne nie pas que des marginaux comme Soral soient antisémites....

Mais il n'y a pas que des marginaux qui ont évoqué cette loi.

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Membre, 62ans Posté(e)
grandfred Membre 15 741 messages
Baby Forumeur‚ 62ans‚
Posté(e)

Le fait que la loi de 1973 ait été abrogée en 1994 ne conduit apparemment pas ces innombrables blogueurs et autres auteurs de tracts à se poser la moindre question.

cette phrase est importante ! je rentre du taf et mon cerveau patine devant la lecture complète de cet article mais cette phrase est importante !

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Membre+, Jeteur de pavés dans les mares, Posté(e)
latin-boy30 Membre+ 9 575 messages
Jeteur de pavés dans les mares,
Posté(e)

Je sais que parmi ceux qui ont parlé de cette loi, il n'y a pas que le FN .......... il y a aussi Nicolas Dupont-Aignan par exemple....

Cette loi a peut être été abrogée en 94 au niveau national.... mais il se peut qu'un équivalent ait été recréé dans le Traité de Maastricht ou de Lisbonne, s'imposant ainsi derechef à la France.

La première fois que quelqu'un m'a parlé de cette loi, c'était un villepiniste, un type pas franchement du genre à soutenir l'extrême-droite...

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Membre, 39ans Posté(e)
Donny Membre 621 messages
Baby Forumeur‚ 39ans‚
Posté(e)

Vraiment, leur argumentation d'accuser ceux qui critiquent cette loi d'etre des antisémites, est pathétique et montre la faiblesse de l'argumentation pour cette loi.

:plus:

L'accusation d'antisémitisme ça me paraît excessif...

Je ne nie pas que des marginaux comme Soral soient antisémites....

Mais il n'y a pas que des marginaux qui ont évoqué cette loi.

Elle est surtout utile. L'accusation d'antisémitisme est le dernier rempart pour défendre le système obligataire, ça fait très longtemps que ça dure, particulièrement aux USA. 1919 avec la FED pour être exact.

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Membre, 44ans Posté(e)
carnifex Membre 5 710 messages
Baby Forumeur‚ 44ans‚
Posté(e)

Il suffirait donc d'en revenir au mode de financement ancien pour que les problèmes soient résolus et seule l'obstination de la BCE et des allemands nous empêcherait d'adopter cette solution de "bon sens".

Ce n’est ni « la BCE », ni (spécialement) les « allemands » qui encaissent les intérêts versés sur les obligations d’État.

C’est une classe sociale qui profite de l’endettement de la collectivité auprès d’entités privées.

De plus, bien avant cette loi, les banques commerciales assuraient déjà la création d'une bonne partie de la monnaie.

Oui, mais les deux-tiers de ces banques commerciales étaient la propriété de la collectivité. Les banques ont été privatisées après 1986.

Et sans oublier non plus que le passage au financement de marché était lié à la volonté d'obtenir des crédits à moindre coûts sur un marché plus profond et plus liquide.

Si c’était le but (rires), c’est un peu loupé.

Vraiment, leur argumentation d'accuser ceux qui critiquent cette loi d'etre des antisémites, est pathétique et montre la faiblesse de l'argumentation pour cette loi.

Alain Beitone n’accuse pas tous les critiques de cette loi d’être antisémite, mais uniquement la première de deux catégories qu’il établit de façon très légitime.

Le fait que la loi de 1973 ait été abrogée en 1994 ne conduit apparemment pas ces innombrables blogueurs et autres auteurs de tracts à se poser la moindre question.

Peu importe que la loi de 1973 ait été juridiquemnt abrogée ou non. Le problème n’est pas « la loi de 1973 » en elle-même, mais le fait, catastrophique, et injustifiable, que la collectivité, pour financer ses dépenses en dernier ressort, s’endette auprès d’entités privées, plutôt que de procéder à de la création monétaire publique.

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