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La Goutte d'Or


dihyia

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Membre, Posté(e)
dihyia Membre 9 023 messages
Baby Forumeur‚
Posté(e)

La coïncidence des dates tient du hasard, mais le hasard fait quand même bien les choses. Le mardi 5 avril, le jour même où doit se tenir le débat controversé sur la laïcité, l'Institut des cultures d'islam (ICI), situé dans le quartier parisien de la Goutte-d'Or, accueillera un vernissage un peu particulier : le Britannique Martin Parr exposera les photos qu'il a prises dans le quartier au cours d'une résidence d'une semaine au mois de janvier.

Ce n'est pas la première fois que la Goutte-d'Or, dans le 18e arrondissement de Paris, est photographiée ou fait la "une" de la presse. Et le moins qu'on puisse dire, c'est que le quartier n'a pas bonne image. Son nom évoque criminalité, insalubrité, prostitution. Et sa nombreuse population d'origine étrangère est souvent montrée du doigt. C'est à la Goutte-d'Or qu'ont été prises les photos de prière dans la rue brandies par Marine Le Pen pour dénoncer "l'occupation". C'est là aussi qu'ont été organisés les "apéros pinard-saucisson", ouvertement dirigés contre les musulmans.

Dans ce contexte miné, l'Institut des cultures d'islam, structure municipale fondée en 2006, a demandé à Martin Parr de jeter un oeil nouveau sur le quartier. Un choix audacieux quand on regarde l'oeuvre du Britannique : le photographe de l'agence Magnum est connu pour ses images ironiques, mordantes, qui auscultent sans complaisance les modes de vie contemporains.

La directrice de l'ICI, Véronique Rieffel, assume son choix : "Je voulais sortir de la crispation actuelle, avec un projet artistique qui ait du sens. Faire photographier la Goutte-d'Or par Martin Parr, c'est aussi montrer qu'il n'y a pas de sujet tabou. On peut avoir un point de vue décomplexé sur le sujet."

Quant au photographe, il a été visiblement séduit par l'ampleur du défi. Au téléphone, Martin Parr explique : "En France, il y a une vraie paranoïa autour de la photographie, il faut des permissions pour tout ! Avec en plus, cette paranoïa générale contre l'islam, ça semblait impossible. Mais je savais que l'institut m'aiderait à contacter les gens."

Quant à son français très limité et à sa méconnaissance du débat hexagonal, il les a plutôt vus comme des atouts : "Je suis arrivé sur le terrain sans idée préconçue. Je montre ce que je vois, je ne suis pas là pour défendre une cause politique."

Pour préparer le reportage, l'ICI a dû mener un long travail de sensibilisation auprès d'habitants lassés d'être photographiés au téléobjectif par des journalistes en quête d'images chocs. Et deux guides ont accompagné le photographe partout. "Dans ce quartier, le simple fait d'avoir un appareil photo est vu comme une agression", explique Véronique Rieffel.

Mais plusieurs habitants avaient aussi le désir de casser l'image négative et trop monolithique d'un quartier où se côtoient de nombreuses communautés. Eric Gelabale, charcutier rue des Poissonniers, a accepté de poser sans hésiter. Encadré par ses jambons et ses bouteilles de vin, il a donné lieu à un portrait aussi décalé qu'inattendu. "Je ne comprends pas tout ce cirque, résume-t-il. Moi ça fait des années que je vends du porc ! J'adore ce quartier ! Pourquoi on ne parle que des musulmans, qui n'embêtent personne, alors que les évangélistes prêchent dans la rue avec des propos homophobes ?"

La créatrice de mode Sakina M'sa, grande figure du quartier, s'est également prêtée au jeu. On la voit, quelques jours avant les défilés, en séance d'essayage dans son atelier où la mode sert aussi la réinsertion. "Il n'y avait que Martin Parr pour réussir à prendre un sujet sensible comme celui-ci, dit-elle, sans tomber dans le misérabilisme ou le gentillet."

Pendant une semaine, Martin Parr a arpenté tous les recoins du "village", comme l'appellent ses habitants : lieux culturels et de culte (église, mosquées, temple hindou), commerces, maison de retraite, hammam. Cet amateur de culture populaire, qui a exposé une partie de sa collection d'objets au Jeu de paume en 2009, a insisté avec humour dans ses images sur le télescopage des cultures exprimé dans l'habillement, les enseignes ou la décoration : théières en plastique bariolées, pendules en forme de Mecque, chaussettes Betty Boop, voiles islamiques au motif léopard... Les personnages dépeints contredisent les clichés simplistes : on croise un restaurateur juif, des musulmanes en foulard qui mangent la galette des Rois, des rockeuses féministes...

Mais si les images de Martin Parr donnent du quartier une vision riche, le reportage n'a pas toujours été simple. Confronté à l'agressivité des vendeurs à la sauvette ou des trafiquants, parfois juste à la méfiance générale, le photographe a connu des moments tendus. Il a failli se faire voler son appareil et a totalement renoncé à photographier dans la rue. "Je suis assez frustré, reconnaît-il. J'ai fait surtout des portraits de gens chez eux. Alors que j'aurais aimé montrer la vie incroyable près du métro Château-Rouge."

Paradoxalement, le plus facile a été de photographier la pratique de l'islam. Les différentes mosquées ont largement ouvert leurs portes, que ce soit pendant la prière du vendredi, lorsque des centaines de fidèles installent les tapis sur la chaussée, ou dans les endroits réservés aux femmes. L'imam Mustapha Hamdaoui, de la mosquée Al Fath, avait briefé ses fidèles à l'avance : "Du moment que les photographes demandent la permission, qu'ils ne le font pas en cachette, il n'y a aucun problème." Moussa Niambélé, président de l'Association des musulmans de l'ouverture, renchérit : "L'islam ne doit pas être caché. Il faut montrer que, si on prie dans la rue, c'est qu'il n'y a pas de place ailleurs."

Martin Parr a jeté sur les musulmans son habituel regard malicieux : sur ses images s'alignent les paires de fesses et les tas de chaussures. Des fidèles prient en face d'une boutique qui annonce : "Produits exotiques". Mais sous l'humour pointe toujours le documentaire. Alors que Martin Parr dépeint une mosquée bondée le vendredi, au point de déborder dans la rue, à deux pas, l'église Saint-Bernard semble quasiment vide

source

Institut des cultures d'islam, 19-23, rue Léon, Paris-18e. M° Château-Rouge ou Barbès- Rochechouart. Tél. : 01-53-09-99-80. Du 6 avril au 2 juillet.

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Membre, 112ans Posté(e)
stvi Membre 20 709 messages
Mentor‚ 112ans‚
Posté(e)
.............................................;;;

Martin Parr a jeté sur les musulmans son habituel regard malicieux : sur ses images s'alignent les paires de fesses et les tas de chaussures. Des fidèles prient en face d'une boutique qui annonce : "Produits exotiques". Mais sous l'humour pointe toujours le documentaire. Alors que Martin Parr dépeint une mosquée bondée le vendredi, au point de déborder dans la rue, à deux pas, l'église Saint-Bernard semble quasiment vide

source

Institut des cultures d'islam, 19-23, rue Léon, Paris-18e. M° Château-Rouge ou Barbès- Rochechouart. Tél. : 01-53-09-99-80. Du 6 avril au 2 juillet.

Ben ....on comprend un petit peu que l'église St Bernard soit plutôt vide ...

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Membre, In girum imus nocte et consumimur igni , 50ans Posté(e)
PASDEPARANOIA Membre 27 326 messages
50ans‚ In girum imus nocte et consumimur igni ,
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Terrible Martin Parr, sans compromis, ça va donner.

Un bel exemple de la populace vu par Parr. IL va avoir de la matière dans ce beau quartier.

martin%20parr%203.jpg

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Membre, "Contraria contrariis curantur", Posté(e)
Valtesse Membre 6 551 messages
"Contraria contrariis curantur",
Posté(e)

Je ne vois pas trop l'intérêt de s'attarder sur la populace...

Ceci dit, certains peintres (comme Degas) ou écrivains (comme Zola) aimaient s'y frotter occasionnellement. Le côté glauque a toujours fasciné...

La Goutte d'or est un quartier dont Paris pourrait aisément se passer.

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Membre, In girum imus nocte et consumimur igni , 50ans Posté(e)
PASDEPARANOIA Membre 27 326 messages
50ans‚ In girum imus nocte et consumimur igni ,
Posté(e)

Ca se boboïse à mort, la goutte d'or.

Dans dix ans, il n'y aura plus de pauvres. Il est quand même très bien situé. Pour ceux qui veulent investir.

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Invité Stahlgewittern
Invités, Posté(e)
Invité Stahlgewittern
Invité Stahlgewittern Invités 0 message
Posté(e)

De toute façon il n'y aura bientot plus de quartier populaire à Paris, que ça soit la goutte d'or ou ménilmontant ou autre...

Les propriétaire des logements de locations revendent les immeubles à des banques ou des assurances, ou je sais pas quelle combine, et les loyers explosent. Paris va devenir un gigantesque ghetto d'ultra riches et de bobos qui veulent vivre "chez le peuple" mais sans les voir de trop près, même la petite couronne ça devient n'importe quoi les loyers.

Suis curieux de les voir les photos du mec.

Barbès ça m'a l'air encore plus la zone que la Goutte d'or ! Les connaisseurs confirmeront ou me contrediront si j'ai tort... de toute façon même boboïsés, c'est bien tendu ces quartiers.

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Membre, 28ans Posté(e)
singe007 Membre 331 messages
Baby Forumeur‚ 28ans‚
Posté(e)
Ben ....on comprend un petit peu que l'église St Bernard soit plutôt vide ...

toute les eglises sont vides de toutes facon ! :cray:

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Membre, "Contraria contrariis curantur", Posté(e)
Valtesse Membre 6 551 messages
"Contraria contrariis curantur",
Posté(e)
De toute façon il n'y aura bientot plus de quartier populaire à Paris, que ça soit la goutte d'or ou ménilmontant ou autre...

Les propriétaire des logements de locations revendent les immeubles à des banques ou des assurances, ou je sais pas quelle combine, et les loyers explosent. Paris va devenir un gigantesque ghetto d'ultra riches et de bobos qui veulent vivre "chez le peuple" mais sans les voir de trop près, même la petite couronne ça devient n'importe quoi les loyers.

Suis curieux de les voir les photos du mec.

Barbès ça m'a l'air encore plus la zone que la Goutte d'or ! Les connaisseurs confirmeront ou me contrediront si j'ai tort... de toute façon même boboïsés, c'est bien tendu ces quartiers.

Les connaisseurs te diront que le quartier de Barbès est aussi crasseux que celui de la Goutte d'or.

Ceci dit, je me demande si ce dernier n'est pas plus fréquenté que le premier par les dealers et les junkies...

Quant aux "bobos", ils regrettent déjà d'avoir élu domicile aux portes des Lilas et de Montreuil : se mélanger au tout venant n'est pas chose aisée...

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VIP, Gonade Absolutrice, Posté(e)
yop! VIP 20 446 messages
Gonade Absolutrice,
Posté(e)
Les connaisseurs te diront que le quartier de Barbès est aussi crasseux que celui de la Goutte d'or.

Ceci dit, je me demande si ce dernier n'est pas plus fréquenté que le premier par les dealers et les junkies...

Si Barbès représente le cauchemar des médias : quartier populo à mort, plein d'ethnies immigrées différentes, la drogue, les putes, les bastons, l'insalubrité, les clodos, les squatts, l'alcoolisme... Et il y a un paquet de zones dans le genre.

FFF avait pourtant défendu son quartier, dans les années 90, en donnant son regard :

La vérité est, comme toujours, entre les deux.

Etrange qu'on se focalise spécialement sur la Goutte d'Or, comme si l'islam -même quand il abuse- était le problème majeur de la France d'aujourd'hui. C'est un quartier, c'est donc une préoccupation surtout locale.

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Membre, "Contraria contrariis curantur", Posté(e)
Valtesse Membre 6 551 messages
"Contraria contrariis curantur",
Posté(e)

Il est tout à fait logique que les habitants du quartier défendent ce dernier ("Home, sweet home...") : ils y vivent, y dealent, y tapinent...

Quant à ton amalgame avec l'islam, il n'est pas opportun : je ne faisais pas allusion à la religion dominante du quartier mais à l'insécurité y régnant.

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Invité Stahlgewittern
Invités, Posté(e)
Invité Stahlgewittern
Invité Stahlgewittern Invités 0 message
Posté(e)

Oui l'impression que j'ai de ce quartier, c'est que le problème est moins l'islam que la drogue, la violence et les gangs.

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VIP, Gonade Absolutrice, Posté(e)
yop! VIP 20 446 messages
Gonade Absolutrice,
Posté(e)
Il est tout à fait logique que les habitants du quartier défendent ce dernier ("Home, sweet home...") : ils y vivent, y dealent, y tapinent...

Quant à ton amalgame avec l'islam, il n'est pas opportun : je ne faisais pas allusion à la religion dominante du quartier mais à l'insécurité y régnant.

J'amalgame pas : je reviens au sujet.

Et ce que je dis est la même chose : y'a des urgences plus importantes que l'islam (sujet phare des médias sur la Goutte d'Or). Y'a plein de quartiers bien plus craignos que la Goutte d'Or et certainement pas parce qu'il y a des mecs qui prient dans la rue.

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Membre, "Contraria contrariis curantur", Posté(e)
Valtesse Membre 6 551 messages
"Contraria contrariis curantur",
Posté(e)

"Mais si les images de Martin Parr donnent du quartier une vision riche, le reportage n'a pas toujours été simple. Confronté à l'agressivité des vendeurs à la sauvette ou des trafiquants, parfois juste à la méfiance générale, le photographe a connu des moments tendus. Il a failli se faire voler son appareil et a totalement renoncé à photographier dans la rue. "Je suis assez frustré, reconnaît-il. J'ai fait surtout des portraits de gens chez eux. Alors que j'aurais aimé montrer la vie incroyable près du métro Château-Rouge."

Le problème, encore une fois, n'est pas l'islam, mais la forte délinquance (voire criminalité) qui règne dans ce quartier.

Concernant les prières dans les rues, puisque tu les mentionnes, il serait certainement plus pertinent qu'elles se pratiquent en des lieux plus adaptés...pour les concernés et les spectateurs contraints.

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Invité Stahlgewittern
Invités, Posté(e)
Invité Stahlgewittern
Invité Stahlgewittern Invités 0 message
Posté(e)

C'est pas à Barbès la prière dans la rue ?

Enfin bref d'accord avec Valtesse, la plaie à la Goutte d'Or c'est le trafic de drogue et la délinquance. L'islam franchement c'est probablement pas la préoccupation première des habitants. Par contre le deal et le proxénétisme dans les cages d'escalier...

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