Aller au contenu

Les carnets d'ordure de Kaba.

Noter ce sujet


Invité Karbomine

Messages recommandés

Invité Kaba Tsigat
Invités, Posté(e)
Invité Kaba Tsigat
Invité Kaba Tsigat Invités 0 message
Posté(e)

Ce topic fait office de blog, en quelque sorte.

C'est juste une décharge, une Géhenne. Le lieux de mes soulagements, la latrine de mes pensées, le déversoir de tous mes mauvais sangs.

Une ère nouvelle vient de s'ouvrir dans ma vie - comme toujours. Mais quel silence, dans celle-ci. Quelle stérilité proprette.. Si je n'avais plus de brouillon, de puanteur, que deviendrais-je ? Tout serait soudain si... mécanique, et froid, et rationnel que je ne serais plus personne.

Allons... parlons...

Je me disais, au début de ce que j'appelle aujourd'hui "moi" :

La vie, ça ne peut pas être que ça.

Je me le dis encore, et j'en fais à présent une devise, du moins le préambule à ces lignes. Ne vous attendez pas à des merveilles, ici ; je ne ferai que relater ce ça qui ne me suffit pas... Ce ça qui donne à la médiocrité un goût d'excellence, par défaut.

D'âme, bien sûr.

Lien à poster
Partager sur d’autres sites

Annonces
Maintenant
  • Réponses 83
  • Créé
  • Dernière réponse

Meilleurs contributeurs dans ce sujet

Meilleurs contributeurs dans ce sujet

Images postées

Invité Kaba Tsigat
Invités, Posté(e)
Invité Kaba Tsigat
Invité Kaba Tsigat Invités 0 message
Posté(e)

Pour situer : le remplacement de D. s'achève plus tôt que prévu sur un léger coup bas de ce dernier. Nous nous croisons en salle des profs.

Fin de poste au lycée ***.

J'ai rencontré ce jour M. D. C'est un nabot comme jamais je ne l'aurais imaginé. Son aspect physique m'a répugnée dès le premier coup d'¿il, autant qu'il m'a déçue ; on ne se figure jamais que ceux qui se mettent en travers de notre chemin et nous causent des problèmes avec un corps tout ridicule. Du moins on leur espère des allures au moins un peu glorieuses. Le concernant, ce n'était pas le cas ; sa petite taille ne contredisait en rien la grosseur de son derrière, au bout duquel pendaient deux petites jambes malades et néanmoins nerveuses. Elles ressemblaient à des bâtons, à des béquilles et dans l'incohérence de son corps, cela s'accordait à merveille avec sa tête de pantin de bois. Un tout petit pantin de bois, qu'un mauvais génie aurait animé en le munissant d'une agrégation de Lettres Modernes.

Quelque érudit soit-il, D. ignore tout du mensonge, et ne s'y connait guère en matière de sincérité. Volubilement, il m'a évitée, d'abord. Comment fait-on ceci ? L¿enfance de l¿art... L'art d'être lâche, j'entends. Il suffit de parler nerveusement à tout ce qui constitue l'environnement immédiat, dans la limite de la légitimité. Si cette limite n'avait pas cours, je pense qu'il se serait adressé aux murs pour mieux m'éviter. Ou à ses mains boudinées. Qu'importe, il parvenait malgré ces normes de bienséance à entretenir une conversation avec les choses, conversation tactile au moyen d'une trituration confinant à la torture.

Je suis allée vers lui en lui tendant la main, et en me présentant. J'ai pris grand soin de parler haut et clairement mais il ne m'a pas épargné la toute première feinte :

« Ah ! Mais vous êtes la vacataire qui m'a remplacé !? Mademoiselle¿ Mademoiselle¿ ? ».

Je venais tout juste de me présenter.

« S. R., oui. »

Il a commencé à bredouiller, alors je lui ai montré des papiers que je tenais et lui ai dit que je reviendrais pour lui parler en particulier. Avec un sourire pincé, retenu. Mon pas fut sec quand je quittai la pièce, froidement. Très calmement.

J'ai pris mon temps. Partout où je me rendais, on me fixait et on s'adressait à moi avec une gêne mal celée. La fin de mon remplacement devait bien arriver un jour, et quoique j'eus espéré un départ un peu moins prompt, je m'étais préparée à celui-ci. D'où venaient donc ces masques insupportablement funestes, d'où venaient ces silences moites, et pourquoi m'encombrait-on de ça ?

Je crois que je suis morte, un peu, ce jour. A leurs yeux du moins. Face à ce spectacle curieux, je me rappelai l'expérience de Freud ; prenez un enfant en bas âge, une bobine de fil, et laissez-le jouer. Il la fait disparaître sous l'armoire et tire sur le fil pour la faire revenir aussitôt. Cela l'habitue à l'idée que ce qui disparaît du champ de vision ne disparaît pas tout à fait. Ce mouvement répétitif lui apprend à se figurer le retour de ce qui est connu. Visiblement, mes anciens collègues n'avaient guère assimilé l'existence des choses hors du champ de vision - ou plutôt d'information.

Dans un lycée, tout est très stable ; on se voit tous les jours, on se côtoie depuis des années, on s'occupe de la vie des autres, on se surveille. Tout est là, bien mis à jour, bien étiqueté, bien mis en boîte. Dans un lycée, on vit ensemble, par le lycée. Mon départ, définitif, sonnait le glas de mon existence à ***. Pour eux, je disparaissais, je mourais. S'ils pouvaient, ils me rendraient hommage. éa leur a fait bizarre de me voir m'en aller au Ciel avec le sourire. J'ai dû leur sembler inconsciente, mon jeune âge m'interdisant le titre de Sage.

évidemment, personne ne m'a demandé mes coordonnées, et je n'ai demandé de numéro à personne. Je connais trop la gêne qui entache ces élans de sympathie. Puis la ronde des au revoir administratifs s'est terminée, on en a eu fini de se lancer des fleurs et des propos larmoyants juste pour s'assurer que personne ne vole personne, que tout le monde est honnête, et une fois encore, que tout va bien, que tout a suivi le plan et que l'on peut dormir tranquille.

Alors je suis rentrée dans la salle des professeurs, et j'ai guetté D. A n'en pas douter, il m'avait attendue avec appréhension. Il semblait avoir oublié le moyen de regarder quelqu'un dans les yeux, si tant est qu'il l'ait connu un jour. Je ne sais pas. Il m'a fait l'impression d'une personne qui ne s'est posée les questions importantes, et qui toujours a fui, mais fui en acceptant et en faisant. En faisant tout ce qu'on attendait de lui, et n¿importe quoi - ça va si bien ensemble.

En le voyant, j'ai ressenti un grand élan de sympathie et de dégoût tout à la fois ; ce que je nommerais de la pitié. Je ne l'ai donc pas épargné, parce que j¿avais des choses à lui dire, justement. Pas une fois, je ne l'ai lâché des yeux ; droit dans les yeux, comme il déteste. Ma voix est devenue très ferme. Je lui ai résumé ma situation. Celle que, je pense, pas une seule seconde il ne s'est figurée précédemment. Je lui ai juste reproché de m'avoir prévenue à une heure à laquelle je ne pouvais en référer à personne. En dehors de cela, je lui ai simplement conseillé de faire attention à sa santé, et puis nous avons parlé des élèves, aussi. Je lui ai expliqué ce que je leur avais montré.

Il m'a écoutée comme l'aurait fait un enfant, en baissant les yeux très souvent. En torturant ses doigts. Son porte-clefs. Le tissu de ses poches. Tout ce qui, lui passant sous la main, était passé dans son camp. J'imaginais ses yeux ; je me disais que tout ce qui me touchait, m'environnait m'appartenait, me côtoyait, à cet instant précis, devait lui sembler chose sacrée. Des cercles invisibles s'étaient formés autour de nous ; de feu pour moi, de terre pour lui. Oser ; se taire. Tout ce qui se taisait lui accordait un réconfort. Tout ce qui comme moi osait, tout ce qui même ne faisait que présenter une vague semblance avec ma personne, ces choses-là, il les regardait d'un ¿il discret, d'un ¿il craintif.

D'un côté ou de l'autre, il n'était rien qui soit dorénavant symbole de neutralité. Dans son camp, on était pacifique, poli, gentil ; et dans le mien, c'était le règne de l'agression, la barbarie de toutes les fureurs. En son for intérieur, l'enfant priait pour qu'un semblant de calme se fasse à nouveau, pour que, d'un coup, tout cela cesse, la chaîne des causalités, le moment d'assumer, la mauvaise conscience¿ et surtout que s'éteignent ses deux yeux terribles qui lui faisaient guerre tandis qu'il n'aspirait qu'à une chose : qu'on lui foute la paix !

Il cherchait la tanière de Robinson. Il cherchait la grotte. Le for intérieur ; le lieux de la pensée où se réfugient toutes les lâchetés, les laideurs, la vaste décharge à ordure.

A suivre, peut-être.

Lien à poster
Partager sur d’autres sites

Invité Kaba Tsigat
Invités, Posté(e)
Invité Kaba Tsigat
Invité Kaba Tsigat Invités 0 message
Posté(e)

La vraie vie.

J'avais bien cru qu'elle était ailleurs, mais pourquoi là, dans le bureau de quelque gratte-papier ?

Un numéro de sécu, un article indéfini et un substantif. Voilà de vrais gens, puisque sans sécu et sans travail, on s'estompe du monde jusqu'à ne plus rien être.

Dans ce système pyramidal, les puissants sont ceux qui peuvent manipuler le plus grand nombre de numéros d'immatriculation et de substantifs. Avec effroi, je me dis parfois que ce n'est pas, d'ailleurs, un article indéfini mais un adjectif numéral. Je suis une unité du savoir officiel - beurk.

Moi qui étais si heureuse d'arrêter mes études de lettres pour pouvoir à nouveau parler, écrire à ma guise... Je me suis temporairement jetée dans la gueule du loup. Et demain, moi aussi j'aurai de nouveau une place dans une pyramide.

Des listes, des noms que je n'aurai même pas le temps d'apprendre... Des petits, des gosses qui commencent à sentir leur corps changer. Des collégiens. Je n'aime pas les collégiens. Ils sont à l'âge où la dissidence est la plus sotte. On ne peut rien leur apprendre de subversif, Sade ne les intéresse pas.

En plus de ça, cette semaine dans un village de 1000 habitants, sans moyens de locomotion. éa promet d'être fun. Pas de bar, pas de ciné, pas d'amis. Rien. Je prie pour qu'il y ait au moins internet. Du coup, j'embarque un Tarot de Marseille, les Contes des mille et une nuits et des films de Pasolini, Kubrick et Mishima. Sexy Sushi à la rescousse sur mon portable.

Je hais la personne qui a eu l'idée de me parachuter dans un collège, à la cambrousse, dans un département où je n'ai jamais foutu les pieds et ne connais personne, le tout en me laissant deux jours de battement pour avoir un semblant de vie, entre deux trains. Et puis, d'abord, le mec me manque. Le poste que je demandais me permettait de le voir ; là, c'est cuit.

Au rectorat, on bouche les trous. Pour que les familles soient à peu près zen. Le travail du rectorat, pour ce qui m'intéresse, c'est de se couvrir. Le reste, on s'en fout. De route évidence, mon diplôme me sert à être la baby-sitter d'ados aux parents stressés. Comme si c'était l'absence de prof de français durant deux semaines qui serait responsable de l'échec scolaire de leur gosse... Les gens sont prêts à gober n'importe quoi. En deux semaines, on n'a pas le temps de faire apprendre quoi que ce soit à un ado, parce que le travail en cours est trop lent à cet âge. Donc il faut qu'ils travaillent seuls. Donc ceux qui disposent d'un motivation et d'un cadre propice apprendront quelque chose - mais de toute façon, ils sont bosseurs donc ils y seraient arrivé. Pour les autres, à cet âge, ça marche à l'affect et donc il faut une relation. Or en deux semaines, pas le temps de créer cette relation motivante.

Donc je pars pour rien.

CQFD.

La vraie vie... Dans mes rêves sans doute, la vraie vie ce serait avec Mme Irène. Je lui raconterais la semaine passée auprès de 18607**********, elle m'offrirait du thé et des biscuits et puis me montrerait les passages secrets d'une ville renaissante. Il y a bien du souffle, là-bas... Du Souffle et de l'Ombre.

Il faut que je retourne en Fantasmagorie.

Modifié par Kaba Tsigat
Lien à poster
Partager sur d’autres sites

Invité David Web
Invités, Posté(e)
Invité David Web
Invité David Web Invités 0 message
Posté(e)

"Whatever you do will be insignifiant, but it is very important that you do it".

Gandhi

Bise.

Modifié par David Web
Lien à poster
Partager sur d’autres sites

Invité Kaba Tsigat
Invités, Posté(e)
Invité Kaba Tsigat
Invité Kaba Tsigat Invités 0 message
Posté(e)

Hey, filou ! Merci pour ce mot sage. j'ai grand besoin de tiédir. :cray:

___________________________________

éa commence avec un B ; un B comme "Bouseux", "Bled paumé" ou encore "Bordel de merde". Et merde, ça y est, j'y suis. Dans le trou du cul de l'Aube. L'ami le plus proche est à plus de 150 km. Un réseau téléphonique douteux. Privilégier Skype.

évidemment, je loue une piaule dans laquelle je n'ai pas le droit de cloper. évidemment, les mioches ont été insupportables. évidemment aussi, j'avais envie de leur exploser la tête contre un mur, un à un avant de me jeter par la fenêtre ou bien de manger leur chair avec délectation.

Un quart d'heure pour leur expliquer la différence entre "quand", "quant" et "qu'en". J'ai l'impression de torcher d'insupportables merdeux pleins de boutons.

18:52 ; il faut que j'aille manger. WTF !

Bye.

Lien à poster
Partager sur d’autres sites

Invité hum
Invités, Posté(e)
Invité hum
Invité hum Invités 0 message
Posté(e)
éa commence avec un B ; un B comme "Bouseux", "Bled paumé" ou encore "Bordel de merde". Et merde, ça y est, j'y suis. Dans le trou du cul de l'Aube.

Hm.....B.?

Et une classe d' ados à gérer...un excellent exercice de patience je suppose. Bon courage :cray:

Lien à poster
Partager sur d’autres sites

Invité Kaba Tsigat
Invités, Posté(e)
Invité Kaba Tsigat
Invité Kaba Tsigat Invités 0 message
Posté(e)

B. comme Bingo... Mais je te serais reconnaissante de ne pas le mentionner en toutes lettres.

Faut que j'écrive un truc sur l'autochtone absolument merveilleux que j'ai rencontré hier. Si t'as envie d'une pizza ce soir, tu sais où me trouver du coup... ^^

Lien à poster
Partager sur d’autres sites

Invité hum
Invités, Posté(e)
Invité hum
Invité hum Invités 0 message
Posté(e)

Oups effectivement...apparemment on ne peut plus éditer passé un certain temps.

Faut que j'écrive un truc sur l'autochtone absolument merveilleux que j'ai rencontré hier.

héhé oui il y' en a de beaux par ici

Si t'as envie d'une pizza ce soir, tu sais où me trouver du coup... ^^

Volontiers, si j' avais un moyen de transport ^^ à moins que tu puisses bouger en ville?

Modifié par hum
Lien à poster
Partager sur d’autres sites

Invité Kaba Tsigat
Invités, Posté(e)
Invité Kaba Tsigat
Invité Kaba Tsigat Invités 0 message
Posté(e)

:cray:

1. J'ai alerté. Don't care.

2. Un gagnant comme je n'en ai pas croisé depuis longtemps, même dans les A***. Il va falloir inventer l'indice de péquenotitude... :o

3. Moi non plus, je n'ai que les transports en commun pour me déplacer. Par contre, dans les prochains jours... Chouette !

Modifié par Kaba Tsigat
Lien à poster
Partager sur d’autres sites

  • 3 semaines après...
Invité Kaba Tsigat
Invités, Posté(e)
Invité Kaba Tsigat
Invité Kaba Tsigat Invités 0 message
Posté(e)

Condensé des aberrations de B*** :

- un mec de 17 à 20 ans m'a expliqué dans un bar que l'Italie était plus large que longue, qu'elle avait une forme de rectangle étalé sur l'axe est-ouest (au cas où vous auriez un doute géographique...)

carte_italie_fr.gif

- un merdeux de 14 ans m'a adressé un salut hitlérien en plein cours. Il était raide défoncé mais au final, il n'a RIEN eu.

- un connard de 50 ans m'a invitée à migrer vers Marseille parce que "les beurettes aiment le soleil". J'ai eu beau lui expliquer que j'étais née dans l'un des départements les plus pluvieux de France et y avais vécu de nombreuses années, il n'a rien voulu savoir ; les beurettes, ça aime le soleil. Et Marseille, c'est bien pour moi. A ce même individu, j'ai dû répéter trois fois que j'étais née en France, oui, oui...

Bref ; B*** m'a laissé un souvenir atroce et je ne veux plus jamais y retourner, y penser. J'en ai parlé sans cesse et ça m'a vidée.

________________________________________________

Sans qu'il y ait de rapport immédiat ; j'aimerais que les gens apprennent à distinguer :

- arabes (maghrébins et non-maghrébins) / berbères / turcs / perses

- musulmans (sunnites et chiites, salafistes et soufis) / coptes / agnostiques / athées

Dans notre pays de raffinement et de culture, on désigne indifféremment par l'appellation "les Arabes" un Kabyle athée, un Iranien chiite, un Kurde sunnite ou un Marocain agnostique. (pour info, dans la liste ci-jointe, un seul est un Arabe). Et malheureusement pour moi, le concept d'apostasie reste étranger à beaucoup de gens... Tant pis, je remballe mes gaules et je vais me cacher pour lire tranquille et loin des cons des livres noirs.

Modifié par Kaba Tsigat
Lien à poster
Partager sur d’autres sites

Invité australometheque
Invités, Posté(e)
Invité australometheque
Invité australometheque Invités 0 message
Posté(e)
- un mec de 17 à 20 ans m'a expliqué dans un bar que l'Italie était plus large que longue, qu'elle avait une forme de rectangle étalé sur l'axe est-ouest (au cas où vous auriez un doute géographique...)

- un merdeux de 14 ans m'a adressé un salut hitlérien en plein cours. Il était raide défoncé mais au final, il n'a RIEN eu.

- un connard de 50 ans m'a invitée à migrer vers Marseille parce que "les beurettes aiment le soleil". J'ai eu beau lui expliquer que j'étais née dans l'un des départements les plus pluvieux de France et y avais vécu de nombreuses années, il n'a rien voulu savoir ; les beurettes, ça aime le soleil. Et Marseille, c'est bien pour moi. A ce même individu, j'ai dû répéter trois fois que j'étais née en France, oui, oui...

:cray::o

Lien à poster
Partager sur d’autres sites

  • 3 semaines après...
Invité Kaba Tsigat
Invités, Posté(e)
Invité Kaba Tsigat
Invité Kaba Tsigat Invités 0 message
Posté(e)

Seul tu nais,

Seul tu meurs.

Mais on ne le vit pas ainsi. La solitude apparaît comme une découverte et les plus jeunes âges sont ceux de la symbiose... C'est ça qui nous ronge, c'est ça que nous recherchons, toujours. Certains ne cernent pas tout à fait ce point, ils courent après des choses qui devraient les rendre heureux... Ils croient qu'ils ont des problèmes à résoudre alors qu'ils sont le problème. Terriblement fermés, il faudrait les briser comme des ¿ufs pour leur permettre de se rendre compte de ce qu'ils sont, de ce qui importe. D'autres se brisent, ainsi, et ne s'en remettent pas, médusés par la vision de leur absolue, indépassable solitude existentielle. Si vivre est marcher vers la mort, c'est aussi et surtout élargir sa conscience de la solitude.

Je me suis longtemps dit que j'avais grandi trop vite, sans m'arrêter, que j'avais déjà la conscience de la solitude d'une personne de cinquante ans. Parfois, la nuit, je me saisissais d'effroi ; à cinquante ans, jusqu'où aurais-je exploré le chemin de la solitude ? Comment pourrais-je assumer cela ? Que restera-t-il de moi, de mes joies, de l'innocence ? Je me sentais si vieille, si vieille que je me rongeais toute seule, à me dire que ça n'en finirait jamais d'absorber tout, comme un trou noir, ce sentiment de vide autour de moi et puis en moi aussi, de plus en plus. Ce sentiment de solitude qui prend et ne rend rien, le semeur de néant...

Quelque chose a changé, hier.

Petite découverte. La symbiose... finalement, c'est possible à partir du moment où l'on l'a décidé. Il suffit d'inciter les autres à en faire de même et ça se met en place, tout seul. Beaucoup de choses passent ainsi, même si ça ne change rien à la solitude fondamentale. J'ai l'impression qu'il n'y a que là que l'on partage.

Lien à poster
Partager sur d’autres sites

Invité Kaba Tsigat
Invités, Posté(e)
Invité Kaba Tsigat
Invité Kaba Tsigat Invités 0 message
Posté(e)

Jeff Buckley - Dream Brother

Pays sage.

Il est, là-bas, loin des conflits, des intérêts,

Loin des ranc¿urs, loin des batailles et loin des guerres

Un pays verdoyant, une très vaste plaine.

Depuis toujours elle fleurit, jamais ne fane

Elle a la force des matières diaphanes

Les Hommes s'y retrouvent et s'y retrouveront.

Ce pays-ci vit dans nos rêves chaque nuit

Ce pays-ci est le pays de ceux qui aiment

Mais on l'appelle aussi le royaume des morts.

écoute-le jour après jour chanter la Vie

Le ruisseau clair, le petit fleuve si fragile.

Sache prêter l'oreille au murmure des eaux

La source, qui tranquille y coule, recouvrira

La lune noire, sombre orpheline, reine sirène

Et chantera tout bas pour mieux porter sa croix.

J'ai proposé ce poème à une amie avec laquelle je prépare un livre. Elle l'a recalé, alors je me suis tournée vers un autre ami et collaborateur. Il l'a rejeté lui aussi. Je ne sais plus quoi en faire alors je le mets là.

Aucune de ceux deux personnes ne m'a dit que c'était mauvais, quoique nous nous autorisions ce genre de critiques franches et directes. Le motif n'était pas celui-là, non. On m'a reproché dans les deux cas d'avoir écrit quelque chose de niais, quelque chose de trop gentil. éa leur a semblé déplacé.

En création, on peut tout faire mais il vaut mieux se concentrer sur les n¿uds, les muscles tendus, les mâchoires serrées, un gros paquet de névroses, voilà ce que l'on veut. Il faut que ça gratte. Il faut que ça démange.

Je ne sais pas pourquoi les gens lisent. Je sais ce que je lis, je sais pourquoi je lis ces lignes, ces livres. Les autres, en revanche, me laissent perplexe.

Je lis essentiellement des essais et des articles, sur des sujets que je ne connais pas du tout mais qui me semblent intéressants, c'est-à dire des sujets susceptibles de m'éclairer différemment sur ce que je connais déjà (il faut que ça se raccorde et après la toile s'agrandit). Si c'est effectivement intéressant, j'approfondis et ensuite je continue avec un autre sujet connexe, sinon je me détourne. des fois, ça dure longtemps.

Ensuite, je lis aussi des choses susceptibles de m'apporter des réponses aux questions que je me pose ou du moins de mieux formuler mes problèmes pour mieux les résoudre. Mes problèmes, entendons-nous, ce sont des sujets de préoccupation, pas forcément des petits bobos psychologiques de l'ordre du bien-à-soi.

Enfin, je lis des choses qui m'aident à me concentrer. Le plus efficace dans cette veine a été récemment une anthologie de poèmes arabes classiques. C'est serein, ça parle de ce qu'on ne peut pas toucher, ça ouvre de nouveaux champs de réflexion. Une manière d'aller là où rien n'est tangible, d'y retourner plus facilement.

Une écriture qui ne parle que de ce qui est tangible, de ce qui n'a demandé aucun voyage, à quoi peut-elle bien servir ?

J'essaie de parler d'un pays que je connais un peu, mais d'un pays quiet. C'est recalé. Délit, inventer des mondes, oui, mais il faut qu'ils soient voisins de l'enfer, toujours. Le paradis ne nous intéresse pas. Le silence ne nous intéresse pas mis en mots.

Ou alors ils ont tous les deux trouvé ça mauvais et ils ont tous les deux eu peur de me le dire. Je ne sais pas.

Lien à poster
Partager sur d’autres sites

Membre, 47ans Posté(e)
wapo Membre 300 messages
Baby Forumeur‚ 47ans‚
Posté(e)

Si nous nous connaissions, si nous étions amis, si vous me disiez votre poème, je vous répondrais peut-être avec ceci que je connais par coeur :

Sois sage, ô ma Douleur, et tiens-toi plus tranquille.

Tu réclamais le Soir; il descend; le voici:

Une atmosphère obscure enveloppe la ville,

Aux uns portant la paix, aux autres le souci.

Pendant que des mortels la multitude vile,

Sous le fouet du Plaisir, ce bourreau sans merci,

Va cueillir des remords dans la fête servile,

Ma Douleur, donne-moi la main; viens par ici,

Loin d'eux. Vois se pencher les défuntes Années,

Sur les balcons du ciel, en robes surannées;

Surgir du fond des eaux le Regret souriant;

Le Soleil moribond s'endormir sous une arche,

Et, comme un long linceul traînant à l'Orient,

Entends, ma chère, entends la douce Nuit qui marche.

...

Connaissez-vous le chanteur et musicien Jean-Claude Vannier ?

Il a écrit et chanté ceci (J'écris de mémoire, les paroles sont introuvables) :

Que revienne le temps des mots

Des mots, des mots démodés

Moi qui avait de la passion, du feu

Du sang, et du sentiment

Que revienne le temps des mots

Des mots, des mots démodés

Ou tu m'envoyais des roses

Surannées, année sur année

Ah, que je regrette ces mots

Old fashion

Quand nous nous fachons

Comme des variations de Beethove

Sur le thème je t'aime

Et je t'aimais

Des mots fragiles

Comme dans les films

Chansons vinyle

Faux cils qui datent au moins d'l'an mil

Des mots démodés...

Des mots démodés...

Qu'importaient le tu, le vous

Nos aveux

C'était pour la vie

Oui mais après nos promesses

Nos serments

Vinrent les serrements d'coeur

Tu vois je peine à prononcer

les mots

C'est l'émotion

Les mots qu'on ne se dit

Qu'on ne se dit qu'a deux

Qu'a demi-mot

Des mots fragiles

Comme dans les films

Chansons vinyle

Faux cils qui datent au moins d'l'an mil

...

Je voulais partager ça avec vous, ça vous plaira peut-être.

:cray:

Lien à poster
Partager sur d’autres sites

Invité Kaba Tsigat
Invités, Posté(e)
Invité Kaba Tsigat
Invité Kaba Tsigat Invités 0 message
Posté(e)

Je ne connaissais pas. Merci beaucoup.

__________________________

Ma chère moire,

Partout où je pose mes regards, mes pas, partout où, croisant les doigts, je prie pour un peu de nouveauté, tu te joues de moi. Comment t'y es-tu prise pour assommer toutes les audaces ? Comment as-tu éteint les flammes, toutes les flammes ? Un monde dans lequel personne n'ose m'est glacial.

Espérons qu'ils hibernent, espérons le printemps, ma douce, ma chère, ma

Riche Memoria.

Lien à poster
Partager sur d’autres sites

  • 4 mois après...
Invité Kaba Tsigat
Invités, Posté(e)
Invité Kaba Tsigat
Invité Kaba Tsigat Invités 0 message
Posté(e)

Musée des horreurs...

dsc00260ol.jpg

dsc00259lu.jpg

dsc00258h.jpg

Lien à poster
Partager sur d’autres sites

Invité Kaba Tsigat
Invités, Posté(e)
Invité Kaba Tsigat
Invité Kaba Tsigat Invités 0 message
Posté(e)

f0330ncd4.jpg

Moi, je n'y croyais plus, pourtant la porte s'est rouverte. Il y eut de la lumière, d'abord, et puis une armée de bobos s'est ruée sur nous, à vouloir nous traîner dans des expos, à causer de salaire et de collègues bien connus. Et ton sujet de recherches ? Tu reprends du Champagne ? Et le programme des Quatrième ? Et patati ? Et patata !... Nous n'en avions rien à faire, vraiment ; bien d'autres préoccupations. Pourquoi faisions-nous bonne figure ? J'essayais, je l'avoue, bien plus que lui. Pour lui, rien ne comptait que de me présenter à tous ceux qu'il aimait et de bien leur montrer, aussi, qu'il n'était plus le même, voire qu'il les enculait à sec.

Alors a commencé un repli stratégique, dans des replis de notre intimité qu'encore nous ignorions. Les bleus, le sang, les engueulades scandaleuses et la famille qu'y s'en mêle, à s'inquiéter, à demander dès qu'une trace est apparue s'il a été violent... Difficile d'expliquer que nous nous abimons chacun de son côté, lui en buvant, moi en boxant avec mon ex. Mais ça ne se fait pas, mais on ne revoit pas ses ex, mais on devrait se faire tout neuf, à grands renforts d'ingratitude et de mensonges, non, ça ne se fait pas, ça ne va pas, on ne vous comprend pas.

La maman douce est devenue en quelques heures une oursonne féroce, inquiète pour la santé de son fils au point d'en prendre les mêmes travers. Indifférente au sort de son médicament de bru.

C'est peut-être bizarre mais malgré tout, je me sens bien. Tous ces cons qui protestent en nous voyant construire un îlot bien à nous ne comprendront jamais que leur opposition ne nous protège que de nous. Quelle vie mènerions-nous alors ?

Lien à poster
Partager sur d’autres sites

Invité Kaba Tsigat
Invités, Posté(e)
Invité Kaba Tsigat
Invité Kaba Tsigat Invités 0 message
Posté(e)

Tour d'horizon...

Mes parents m'en veulent et se lamentent à mon propos, notamment à cause de mon copain, qui ne va pas fort depuis sa rechute. Il est en effet alcoolique et dépressif. C'est pas facile tous les jours, d'ailleurs, de gérer ses parents : ils ont perdu toute confiance en lui et ne le supportent plus. Ça me change des parents de mon ex ; d'ailleurs je l'ai revu hier, il m'a pleuré dans les bras, en me demandant pourquoi tout le monde le trouvait si bizarre.

Fort heureusement, il y a les amis. Mon ex coloc vient de m'appeler. On s'est remémoré la fête qu'il a donnée pour son anniversaire. C'était chouette ; il y avait son meilleur ami, avec qui il partage l'alcoolisme, la schizophrénie, les tendances paranoïaques et la dépression, il y avait sa coloc dont tous les potes sont en prison pour activisme politique et son autre coloc, celle qui a été violée par son beau-père sous le regard de sa mère qui se branlait en riant et qui rêve de rencontrer son père, qu'elle n'a jamais connu. Ah, heureusement qu'ils sont là pour lui, les copains !

Oh, merde.

Lien à poster
Partager sur d’autres sites

Invité Kaba Tsigat
Invités, Posté(e)
Invité Kaba Tsigat
Invité Kaba Tsigat Invités 0 message
Posté(e)

Addenda (ou le snobisme au carré) :

- des conditions de sa génération, il infère les complexions de sa dégénérescence ; ainsi, de l'héréditaire au nécessaire, il a cru bâtir un pont logique alors que seule en lui s'est élevée la voix du pessimisme.

Quand il envie la naïveté de mes espoirs, je tâte la mollesse de mon monde et lance vers ses certitudes de languissants regards de braguette.

- Heureux l'idiot qui, sans le sou, ignore qu'on ne peut être le pauvre sans être le fragile.

Lien à poster
Partager sur d’autres sites

Annonces
Maintenant

Rejoindre la conversation

Vous pouvez publier maintenant et vous inscrire plus tard. Si vous avez un compte, connectez-vous maintenant pour publier avec votre compte.

Invité
Répondre à ce sujet…

×   Collé en tant que texte enrichi.   Coller en tant que texte brut à la place

  Seulement 75 émoticônes maximum sont autorisées.

×   Votre lien a été automatiquement intégré.   Afficher plutôt comme un lien

×   Votre contenu précédent a été rétabli.   Vider l’éditeur

×   Vous ne pouvez pas directement coller des images. Envoyez-les depuis votre ordinateur ou insérez-les depuis une URL.

Chargement

×