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La liberté dans un monde social


existence

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Membre, Posté(e)
existence Membre 5 823 messages
Forumeur activiste‚
Posté(e)

Souvent, quand on parle de la liberté, on considère l'individu comme un être social tout en niant cet attribut à ce qui l'entoure. La liberté devient alors une notion presque physique, être libre de faire des mouvements, avec des limites à ces mouvements, constitués par les murs, les policiers, etc.

Mais si l'on considère que l'on est des êtres sociaux, la question est différente. La liberté individuelle devient une notion partagée, à savoir la prérogative de décider au sujet de ce qui concerne soi-même. C'est-à-dire que cette liberté, si elle existe, se trouve autant chez l'individu libre que chez les autres individus qui considèrent que l'individu en question peut choisir son destin. La liberté se construit alors dans l'espace social. Si on ne comprend pas cela, on peut en arriver à dominer les autres pour s'assurer de sa propre liberté. Ce faisant notre liberté se fait au détriment des autres. On peut faire valoir notre liberté sans violence, simplement en étant présent et en expliquant et en demander à l'autre de nous l'accorder. Bien entendu, cela ne fonctionne pas toujours comme sur des roulettes, et il faut parfois trouver des solutions plus ou moins élégantes.

Ensuite, si on considère qu'on est interdépendant, on voit bien que la prérogative concernant soi-même a ses limites. Si deux personnes veulent s'asseoir à la même place, elles sont libres toutes les deux de choisir d'y aller, et pourtant, cela ne résout pas la question. S'il y a deux places, bien entendu, une personne peut y aller pour résoudre le dilemme. S'il n'y a qu'une place, la communication est essentielle pour déterminer les enjeux, la personne ayant le plus besoin de la place en question. Il s'agit d'un exemple trivial, mais cette interdépendance peut être plus compliquée et surtout elle est omniprésente. La résolution des problématiques alors n'est plus une question de liberté, mais de prise en compte des besoins.

On parle aussi de la liberté de penser, mais notre esprit est empli de conditionnements, alors même si personne physiquement ne nous empêche de penser ce qu'on veut, notre esprit n'est quand même pas libre tant que nous n'avons pas surmontés nos conditionnements, ce qui peut prendre beaucoup de temps. Il faut déjà se rendre compte que cette liberté est en partie illusoire du fait de schémas qui peuplent notre esprit sans que nous les ayons considérés.

Et vous, pensez-vous que la liberté peut tout résoudre ? Comment vivez-vous de devoir demander à autrui de vous accorder votre liberté ? Pouvoir suivre ses conditionnements, est-ce une preuve de liberté ?

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Membre, Artisan écriveur , 57ans Posté(e)
Bran ruz Membre 8 737 messages
57ans‚ Artisan écriveur ,
Posté(e)

Vive Spinoza...

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Membre, Filets de Sagesse Singulière à l'Orange., 57ans Posté(e)
Benjjj Membre 1 906 messages
57ans‚ Filets de Sagesse Singulière à l'Orange.,
Posté(e)

Ah liberté quand tu me tiens, je ne te demanderai que de continuer mon chemin avec toi.

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Membre, 34ans Posté(e)
Sacrebleu Membre 41 messages
Baby Forumeur‚ 34ans‚
Posté(e)
Et vous, pensez-vous que la liberté peut tout résoudre ?

Tout résoudre ? C'est vaste comme question ! Mais je pense que la liberté est un pré-requis essentiel à toute activité humaine. Comment imaginer qu'on puisse entreprendre quoique ce soit, si c'est dans l'aliénation ou sous la menace ?

Comment vivez-vous de devoir demander à autrui de vous accorder votre liberté ?

Tu le dis très justement : la liberté se construit dans l'espace social. Quel plaisir de lire cette phrase. Car oui, la liberté n'a de sens qu'au sein des hommes. Penser une liberté absolue, une liberté où tout est possible, ça revient souvent à dire : "seul, ma liberté n'aurait pas de limite". Mais quoi de plus faux que de parler encore de liberté ! Je m'explique.

Je le dis, je le répète : il n'y a qu'à l'échelle sociale que l'homme trouve toute son humanité. Il n'y a qu'à l'échelle sociale que la liberté s'éprouve vraiment. Seul, l'homme est un animal. Et qu'on ne me parle pas des ascètes, ermites et autres anachorètes, ce n'est pas pareil qu'un homme seul, c'est un homme qui a choisi la solitude. Et donc, seul, à l'état de nature, l'animal-homme n'agirait pas vraiment librement, il se noierait dans l'infini du possible, ce qui ne lui rapporterait... rien en soi. Car le monde n'a de saveur qu'avec l'idée de l'autre. C'est ce qu'on appelle affection, amour, nécessité du regard de l'autre, ou même de façon plus moderne "agir pour le genre humain". Là, je vais prendre un exemple pour éclairer. Je pense que tout ce qu'on fait, c'est dans un cadre social. Lorsque je vais travailler, c'est d'abord pour un salaire, pour de l'argent qui va me permettre d'acquérir ce dont j'ai besoin ou envie : cela suppose l'interaction avec autrui, mais avant même cette interaction, c'est accepter la valeur de l'argent, cet outil institué par la société. De plus, lorsque je vais travailler, c'est aussi pour obtenir une valeur sociale : avocat, enseignant, ouvrier, cheminot, trader, policier... Tous ces emplois véhiculent une image au sein de la société, et certains vont s'orienter vers ceux-ci rien que pour cette image. Qui n'a pas connu un ami qui a choisi une première ES parce que ses parents refusaient qu'il choisisse une filière technologique plus adaptée à ses goûts ? Par ailleurs, lorsque je vais travailler, je pense à mes collègues et amis du bureau, je pense à ma famille et à mes amis avec qui je profiterai du fruit de ce travail, ou même de ce rival que je vais rendre jaloux de ma réussite. Tout n'est question de cette relation à l'autre, cette relation affective. Enfin, lorsque je vais travailler, et c'est ce que j'entends par "agir pour le genre humain", je veux démontrer de manière distante et désintéressée mon engagement pour une cause. Je travaille dans la recherche dans la santé, pour sauver des gens que je ne connais pas et vivre dans un monde meilleur. Je travaille pour économiser de l'argent qui servira à des enfants, des petits-enfants lointains, qui n'existent pas encore, etc...

Au contraire, seul, le travail n'aurait pour but que la survie. Cette quête de survie, ne serait-ce pas simplement l'instinct ? Faire autre chose que survivre, c'est cela être humain. Et pourtant, seul, ça n'a pas d'intérêt. La solitude subie, c'est bien la fin de l'humanité.

Bilan : la liberté ne peut s'éprouver qu'en société.

Or, en société, la loi résume bien ce que tu expliques : notre liberté s'arrête là où commence celle des autres. étre libre, c'est aussi reconnaître qu'autrui doit être libre. Dès lors, la liberté trouve ses limites.

Ce que je retiens de ça, c'est que naturellement, la liberté a ses limites. On ne peut pas penser la liberté sans penser ses limites. C'est une erreur d'imaginer une liberté sans bornes. J'accepte donc volontiers qu'autrui soit nécessaire à ma liberté. Sans autrui, je ne suis pas libre. Comment en vouloir à autrui de limiter mes actes, puisque mes actes n'ont de sens que grâce à autrui ?

On parle aussi de la liberté de penser, mais notre esprit est empli de conditionnements, alors même si personne physiquement ne nous empêche de penser ce qu'on veut, notre esprit n'est quand même pas libre tant que nous n'avons pas surmontés nos conditionnements, ce qui peut prendre beaucoup de temps. Il faut déjà se rendre compte que cette liberté est en partie illusoire du fait de schémas qui peuplent notre esprit sans que nous les ayons considérés.

[...]

Pouvoir suivre ses conditionnements, est-ce une preuve de liberté ?

Tu l'as très bien dit : ces schémas sont là, et on ne peut rien y faire. Peut-être une seule chose : se rappeler que ce ne sont que des schémas, des concepts issus des hommes, et pas de la nature. Cela me rappelle le passage de la cuillère dans Matrix. Le gamin à la cuillère explique que la cuillère n'a de réalité dans notre esprit que parce qu'il y a un concept de cuillère que l'on connaît. D'ailleurs, en lisant ces mots, vous avez pensé à une cuillère, parce qu'on a tous une idée déjà bien conçue de la cuillère. Pourtant, ce concept n'existe pas dans la nature. Il n'y a que des cuillères, toutes bien différentes les unes des autres. Le concept de cuillère est différent de toutes ces cuillères : il est dans la tête. D'ailleurs, si on apprend à se défaire du concept de cuillère, on se rend compte que l'objet physique que l'on appelle cuillère n'a plus aucune essence. Il perd tout son sens donc toute son essence. C'est pour ça que le gosse tord la cuillère sans la toucher.

Je crois que pour les conditionnements et schémas préconçus, il faut raisonner de même. A chaque idée que l'on se fait, à chaque préjugé qui vient à notre esprit, à chaque décision que l'on prend (car c'est de libre-arbitre qu'il est question), il faut remettre en question les schémas préconçus.

Alors là, je sais, vivre en remettant tout en cause, c'est arrêter de vivre. "Pourquoi je souhaite la bonne année à ma voisine ? Pourquoi je m'habille en noir ce matin ? Et d'ailleurs, pourquoi je m'habille tout court ???". Il faut donc faire la part des choses entre les conventions sociales qu'il faut savoir accepter pour vivre ensemble (dire bonjour, dormir la nuit, manger avec des couverts, dire merci, ne pas insulter n'importe quel passant comme ça, etc...) et les questions qui en valent la peine (la politique dans son sens le plus large, le sens de sa vie, les responsabilités du boulot, ce qu'il faut dire ou ne pas dire à un enfant, etc...). Et c'est là tout le problème : qu'est-ce qu'il faut savoir remettre en cause ?

Et si vous voulez mon avis, c'est une question bien ardue, qui change pour chacun. Et plus le temps passe, plus je réalise qu'il y a moyen de tout repenser, de tout ré-imaginer.

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Membre, Posté(e)
existence Membre 5 823 messages
Forumeur activiste‚
Posté(e)
Tout résoudre ? C'est vaste comme question ! Mais je pense que la liberté est un pré-requis essentiel à toute activité humaine. Comment imaginer qu'on puisse entreprendre quoique ce soit, si c'est dans l'aliénation ou sous la menace ?

Ben oui, mais à partir du moment où l'on fait quelque chose à plusieurs, comment s'applique la notion de liberté ? Le groupe est libre, ok, mais qu'en est-il des rapports intragroupe ?

Je le dis, je le répète : il n'y a qu'à l'échelle sociale que l'homme trouve toute son humanité. Il n'y a qu'à l'échelle sociale que la liberté s'éprouve vraiment. Seul, l'homme est un animal. Et qu'on ne me parle pas des ascètes, ermites et autres anachorètes, ce n'est pas pareil qu'un homme seul, c'est un homme qui a choisi la solitude. Et donc, seul, à l'état de nature, l'animal-homme n'agirait pas vraiment librement, il se noierait dans l'infini du possible, ce qui ne lui rapporterait... rien en soi. Car le monde n'a de saveur qu'avec l'idée de l'autre. C'est ce qu'on appelle affection, amour, nécessité du regard de l'autre, ou même de façon plus moderne "agir pour le genre humain".

Ok. Cela dit, un personne seule peut être libre, si, sauf que d'une part c'est improbable et triste, et d'autre part, les possibilités sont réduites, parce que c'est avec des savoirs complémentaires qu'on fait de grandes choses. Mais en soi, si, une personne seule peut être libre si elle n'a pas d'entrave physiques ou mentales. Cela dit, une telle liberté n'est pas souhaitable pour les raisons évoquées.

Là, je vais prendre un exemple pour éclairer. Je pense que tout ce qu'on fait, c'est dans un cadre social. Lorsque je vais travailler, c'est d'abord pour un salaire, pour de l'argent qui va me permettre d'acquérir ce dont j'ai besoin ou envie : cela suppose l'interaction avec autrui, mais avant même cette interaction, c'est accepter la valeur de l'argent, cet outil institué par la société. De plus, lorsque je vais travailler, c'est aussi pour obtenir une valeur sociale : avocat, enseignant, ouvrier, cheminot, trader, policier... Tous ces emplois véhiculent une image au sein de la société, et certains vont s'orienter vers ceux-ci rien que pour cette image. Qui n'a pas connu un ami qui a choisi une première ES parce que ses parents refusaient qu'il choisisse une filière technologique plus adaptée à ses goûts ? Par ailleurs, lorsque je vais travailler, je pense à mes collègues et amis du bureau, je pense à ma famille et à mes amis avec qui je profiterai du fruit de ce travail, ou même de ce rival que je vais rendre jaloux de ma réussite. Tout n'est question de cette relation à l'autre, cette relation affective. Enfin, lorsque je vais travailler, et c'est ce que j'entends par "agir pour le genre humain", je veux démontrer de manière distante et désintéressée mon engagement pour une cause. Je travaille dans la recherche dans la santé, pour sauver des gens que je ne connais pas et vivre dans un monde meilleur. Je travaille pour économiser de l'argent qui servira à des enfants, des petits-enfants lointains, qui n'existent pas encore, etc...

Tout à fait d'accord. Le social est omniprésent.

Au contraire, seul, le travail n'aurait pour but que la survie.

Ce n'est pas un critère très pertinent. Une petit groupe peut aussi chercher à survivre. Un grand groupe aussi. Bien entendu, quand on cherche à survivre, on a pas la liberté au sens d'avoir du temps libre pour faire ce qu'on a envie. Pour cela, il faut non seulement être avec les autres, mais aussi avec des techniques.

Or, en société, la loi résume bien ce que tu expliques : notre liberté s'arrête là où commence celle des autres. étre libre, c'est aussi reconnaître qu'autrui doit être libre. Dès lors, la liberté trouve ses limites.

Oui, alors comment résoudre cette question ?

C'est une erreur d'imaginer une liberté sans bornes.

Une telle liberté n'existe que dans l'indétermination, c'est-à-dire en quelque sorte dans la non-existence.

J'accepte donc volontiers qu'autrui soit nécessaire à ma liberté. Sans autrui, je ne suis pas libre. Comment en vouloir à autrui de limiter mes actes, puisque mes actes n'ont de sens que grâce à autrui ?

Ce n'est pas seulement cela. Avec autrui, on peut faire plus de choses que tout seul. Donc d'une certaine façon notre liberté s'accroit avec autrui.

Je crois que pour les conditionnements et schémas préconçus, il faut raisonner de même. A chaque idée que l'on se fait, à chaque préjugé qui vient à notre esprit, à chaque décision que l'on prend (car c'est de libre-arbitre qu'il est question), il faut remettre en question les schémas préconçus.

On a pas le temps de faire cela. Il y a trop de schémas, et on en est pas conscient. On ne peut faire ce tri que plus lentement que la vitesse à laquelle on prend les décisions.

Et plus le temps passe, plus je réalise qu'il y a moyen de tout repenser, de tout ré-imaginer.

Moi plus j'y pense et plus je me rapproche d'une notion de bien "utilitariste", le souhait du bien de tous et la compassion pour tous, dans la mesure bien entendu où je me préserve moi-même. Enfin, je ne sais pas si c'est très bien formulé, mais c'est l'idée de l'interdépendance de tout et que tout est construction, et en se posant des questions, je pense qu'on peut se rapprocher d'une fluidité, où en quelque sorte, on construit selon les circonstances comme cela nous semble le plus adéquat. Il n'y a plus alors de schémas préconçus, mais d'innombrables briques qu'on assemble au gré des circonstances.

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Membre, 57ans Posté(e)
Holbach Membre 80 messages
Baby Forumeur‚ 57ans‚
Posté(e)
Vive Spinoza...

La réponse de Spinoza est simple : tout dans la nature doit être déterminé puisque la nature existe nécessairement si l'on croit malgré tout que la volonté choisit sans cause, on ne fait qu'ignorer les causes qui l'ont déterminée, car les hommes sont souvent conscients de leurs désirs sans être conscients des causes de ceux-ci. L'expérience du libre arbitre est donc une expérience aveugle, une illusion.

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