Keskya

Je ne crois pas que la haine fasse partie de l'emprise, bien au contraire.

Absolument pas. La volonté est issue de la haine et non l'inverse. On peut se libérer de l'objet de sa haine... Ça ne veut pas dire qu'on cesse de le haïr.

Au contraire je pense que la haine affûte la volonté en poussant à prendre des risques pour se libérer de l'objet haï. Pas seulement: je le hais, donc je me haïrais de lui ressembler : ma haine fonctionne alors comme une boussole indiquant le chemin à ne pas suivre. Haïr quelqu'un pour le mal qu'il m'a fait ne mène donc pas forcément à lui faire du mal en retour.

Ils ne se sont pas battus pour renverser l'ordre, mais l'ont servi pour y gagner une place. Ceux qui se battent pour le renverser, tout aussi haïssables, ne cherchent qu'à en permuter les rôles. Les haines, les mauvais instincts, les perversités, les anomalies (tout ce que la morale nous fait appeler ainsi) exigent le droit de vivre comme les fractions "normales" de mon individualité. Je ne réprimerai donc pas plus ma haine que je ne réprime mon amour. "Primaire", "aveugle"... peu importe.

Comme beaucoup, j'en ai pris plein la tronche... Comme beaucoup je pourrais tendre l'autre joue, mais je préfère la haine ! Ceux qui s'accommodent de l'ordre actuel sans enrager, je les méprise au plus haut point. J'espère t'avoir bien conforté dans ton jugement.

Le travail d'acceptation, tu l'as fait en prenant un boulot de cadre. Tu as accepté que certains se tapent le sale boulot mal payé pendant que tu posais ton cul dans ton fauteuil directorial. Tu t'en es même probablement senti fier... Cheh!

Ne vous LAMENTEZ plus sur la MISÈRE de votre VIE mais VOLEZ ou ACHETEZ un bon MIROIR il vous aidera le matin à INVENTER QUELQUES ACTIONS à votre MESURE VÉRITABLE Paul Nougé (La Publicité transfigurée)

Je me doute qu'on ne t'a pas mis un couteau sous la gorge et c'est parfaitement ton droit de fonctionner ainsi. Mais l'analogie est frappante: d'un côté, des processeurs, de l'autre, un programme... Et en musique, tu es plutôt partition ou impro ?

Entre faire vivre des machines et vivre comme une machine, y aurait-il un lien ?

Les enfants sont armés, et sont bien décidés À zigouiller toutes les autorités Berurier Noir (L'Empereur Tomato-Ketchup)

En dépit des machines et du fracas des armes Malgré leurs autoroutes et leurs aéroports Malgré leurs sonneries, leurs chantiers, leurs alarmes Les adultes se plaignent: les enfants crient trop fort! Enfants, respectez donc les désirs des plus grands: Ils aiment le silence? Brisez-leur les tympans!

Les cadres ont besoin pour exister d'une masse de gens qui se tapent le sale boulot en étant nettement moins bien payés. Ils vivent mieux et plus longtemps que la moyenne des grouillots de base. Mais être une classe favorisée n'en fait pas des individus dégueulasses... Sauf quand ils se permettent de se lamenter sur leur condition. Là oui, c'est dégueu.

Les femmes cadres s'indignent des inégalités salariales, mais elles sont quand même cadres... donc bénéficiaires et complices actives d'un tas d'inégalités aussi dégueulasses que le sexisme.

Ma mère a toujours pratiqué avec talent la récup et le DIY. Au collège j'ai commencé à chouiner pour avoir des fringues de marque : j'ai eu un superbe blouson fabriqué maison avec des vieux jeans, orné de trois crocodiles Lacoste cousus sur l'épaule gauche, plus quelques autres logos et étiquettes ici et là... Ça m'a bien calmé.

J'ai cru que si je ne mangeais pas proprement, la sorcière qui gobe les yeux des enfants en faisant "SSHLURP! SHLURRPS!" viendrait dîner à la maison.