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konvicted

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Billets posté(e)s par konvicted

  1. konvicted
    Vert concombre




    Pour retoucher l'imag' que les gens se font d'elle,


    Même clos, ses yeux sont tout verts comme un concombre,


    Et elle voit vermeil quand j'ôte les rondelles


    De cucurbitacé oblong qui les encombre.




    Elle soutient qu'il faut souffrir pour être belle,


    La divine Vénus* elle-même en coulisse


    Se raserait souvent les gambettes rebelles,


    Aujourd'hui, le 17 peine à donner la peau lisse.




    Mais pourquoi araser l'enveloppe charnelle


    Dont les aspérités sont un' ballade en braille


    Sous mes doigts vagabonds ? Dieu ! que l'originelle


    M'chante à merveille ou bien, même Polhymni' braille.




    Je maudis mordicus l'inepti' culturelle,


    Ses masques de beauté, portant bien leur nom, tâchent


    En effet de cacher la grâce naturelle


    D'imperfections flattant beaucoup plus qu'elles ne gâchent.





    *Non, ceci n'est pas un placement de produit :








  2. konvicted
    Chers camarades, chère maîtresse,
    Je vais vous parler de la petite souris et je vais vous montrer que cet animal est un imposteur, comme le facteur de petite taille de mon quartier. Un jour, je lui ai démandé s'il connaissait Passe-Partout de Fort Boyard et il m'a répondu : "Bien sûr que je le connais, c'est moi Passe-Temps !". Mais moi je sais qu'il a menti parce que Passe-temps il a un pull blanc avec des traits bleus et il porte pas de casquette.
    La petite souris est blanche avec des yeux rouges, comme le lapin de Mathilde, mais elle ne mange pas de carottes, et Mathilde non plus. Les scientifiques l'appellent Mus musculus dentibus, mais je ne sais pas ce que ça veut dire. Les avocats l'appellent le rongeur receleur de quenottes. Mon papa l'appelle la bête de "j'ai vos dents". Je comprends pas toujours ce qu'il raconte. Et ma maman l'appelle : "Ah, ah, mon Dieu ! Patrick, fais quelque chose, bon sang !" en montant sur une chaise.
    La petite souris est avec le singe le seul animal qui a de la monnaie. Quand on perd une dent, elle nous l'échange contre de l'argent pour remplacer les siennes qui sentent pas bon et qui sont toutes jaunes parce qu'elle mange du munster et qu'elle a pas de dentifrice. Mais je crois qu'elle a pas non plus de brosse à dents parce qu'une fois j'ai laissé du dentifrice près de mon lit et elle y a pas touché mais elle a pris ma dent.
    Enfin, tout ça c'est que les grands nous racontent mais je sais maintenant que la petite souris est une imposterie. Avant-hier, j'ai mangé un carambar au caramel tout dur et j'avais une dent qui bougeait et le carambar a collé à ma dent comme la colle extra-forte colle aux doigts ou comme mon papa colle à sa secrétaire. Après, j'ai tiré sur le carambar et ma dent est partie. Alors, j'ai mis la dent sous mon oreiller avant de me coucher.
    Je croyais que j'allais avoir un billet de 10 euros, mais quand je me suis réveillé, j'ai regardé sous mon oreiller, et y'avait rien qu'une pièce de 50 centimes. Donc cette fois j'ai compris que les grands se moquent de nous : en réalité, la petite souris est un rat !
  3. konvicted
    Chers rustres et autres sauvages mal-pensants qui irradiez votre manque d'éducation de vos beuglements grossiers et injurieux aux dépens des contemporains - et dans contemporains, il y a quatre syllabes dont quelques-unes de superflues - qui ont le malheur de vous croiser, ne désespérez pas, il n'est jamais trop tard pour apprendre les subtilités de l'hypocrisie populaire qui différencie les ploucs que vous êtes des modèles de raffinement que sont vos voisins qui daignent vous honorer d'un bonjour distant accompagné d'un petit geste de la main en revenant d'aller promener leurs clébards puants dont les manières sont encore plus infâmes que les vôtres, et ce même si l'intérêt qu'ils vous portent - vos voisins, pas les roquets - est aussi artificiel que cette phrase est longue.
    Comment cela se pastis ? Eh bien, c'est très simple, il vous suffit de vous exercer à user d'euphémismes en tournant sept fois votre langue autour du pot de miel pour mieux enrober vos paroles de sucre. Vous verrez alors que paraître poli auprès d'un euphémiste est un plaisir comparable à celui de passer pour un non-comprenant aux yeux d'un con. Comme je vous devine hésitants, je vais vous prodiguer quelques exemples.
    Afin de ménager l'amour propre des bonniches à ovaires et la virilité des femmes de ménage à testicules, veillez désormais à les appeler agents d'entretien, ce qui vous permettra à coup sûr de feindre un tant soit peu de respect pour ces pauvres gens qui, non contents de ne pas avoir eu la bonne d'idée d'exercer un métier estimable, se font encore traiter de femmes de ménage par des monstres d'impolitesse dont l'outrecuidance va jusqu'à appeler un animal domestique à griffes rétractiles, un chat.
    Dans notre société grisonnante, rares sont les bienheureux échappant à la corvée de devoir supporter les conseils surannés, les opinions réactionnaires et les jérémiades nostalgiques des vieux qui du haut de leur sagesse assommante regrettent le temps de leurs vingt ans, parce que c'était mieux avant. On souhaiterait bien évidemment les euthanasier mais tuer ses parents, si gâteaux soient-ils, n'est pas encore légal, alors on se contente de les mépriser et d'attendre sagement qu'ils veuillent bien calancher. Enfin, toujours est-il que les chanceux qui sont déjà orphelins sont choqués de vous entendre médire de vos ancêtres, sans doute parce qu'ils sentent que le souffle de la Mort ne tardera pas à effleurer leur propre nuque. C'est là que vous vous devez de ne plus parler des vieux mais des personnes d'un certain âge, formule des plus polies qui souligne que vous évoquez des fossiles si avancés en âge qu'eux-mêmes ont oublié le nombre de leurs printemps, mais sans rappeler explicitement qu'ils ont quelques orteils dans la tombe.
    Si d'aventure vous surprenez votre voisin avec son abruti de chien en train de pisser contre un mur de votre propriété - le cabot, pas le maître -, retenez-vous de le traiter de con fini - que ce soit le sac à puces ou l'autre bout de la laisse. N'oubliez pas d'être subtil et avec l'art de l'euphémisme opportun, qualifiez-le plutôt - le sac à morpions, pas le toutou - de femme ménopausée.
    Enfin, chers rustres, cessez d'aller aux putes comme le pantalon de Steve Urkel va aux fraises. Est-ce que les gens bien vont aux putes participer à encourager la misère de pauvres Vénus qui se voient obligées de vendre leur cul à des hommes libidineux pour qui il est devenu inconcevable de se satisfaire ou de leur femme ou de leur main ? Non, les gens bien font montre d'une grande générosité en faisant visiter des chambres d'hôtels minables à des filles de joie.
  4. konvicted
    Dix bonnes raisons d'avoir un œil de verre


    (adressé en particulier aux hommes fainéants, pervers, irresponsables, et surtout en particulier aux borgnes)




    Éros vous a crevé les yeux ?


    Faîtes-vous du souci, mon vieux,


    Mais s'il vous en a crevé qu'un,


    Ne noyez pas votre chagrin


    Dans le rhum, le vin ou la bière,


    Mieux vaut s'offrir un œil de verre.




    Et la raison numéro un,


    Jeter un œil inopportun,


    Mais sans passer pour un malpropre


    Et dorénavant au sens propre,


    Sous les robes et sous les jupes


    De souris que vous ferez dupes.




    Et la raison numéro deux,


    Rien de mieux pour vous mettre en deux


    Car avec l'organe amovible,


    Il ne sera plus impossible


    Et d'avoir un œil sur les mioches


    Et de sortir faire un cinoche.




    Et la raison numéro trois,


    Un cache-œil sur votre minois


    Peut s'avérer très ingénieux,


    Si vous êtes un paresseux,


    Cachez l'œil valide au boulot,


    Faîtes la sieste incognito.




    Et la raison numéro quatre,


    À tenter si un de ces quatre


    On vous y surprend à ronfler,


    N'allez donc pas vous dégonfler,


    Dîtes en toute bonne foi :


    "Je n'ai pas fermé l'œil du mois !"




    Et la raison numéro six,


    Et la numéro cinq, saucisse ?


    Je la zappe, la raison cinq,


    Va trouver un' rime avec cinq,


    Et la sixième, de raison ?


    Disons, faire peur aux lardons.




    Et la raison numéro sept,


    Pour qu'on vous lâche les baskets


    À propos d'une dette ou autre,


    Suivez mon conseil, mon apôtre,


    Et évitez bien des écueils,


    Feignez donc de tourner de l'œil.




    Et la raison numéro huit,


    Deux ou trois parties à la suite


    Et l'baby est exorbitant,


    N'abandonnez pas pour autant,


    En remplaçant plutôt la balle


    Par votre œil, jouez pour peau d'balle !




    Et la raison numéro neuf,


    Faîtes-vous passer pour un veuf


    En clamant d'un ton éperdu :


    "Consolez-moi car j'ai perdu,


    Sniff, la prunelle de mes yeux",


    Pas d'un seul ? forcément des deux !


    (Tant pis s'il faut mentir un peu.)




    Et la raison numéro dix,


    Personn' n'aura lu jusque là,


    Je peux dire n'importe quoi,


    On s'en battra l'œil, et le bon.


  5. konvicted
    En yacht, en barque ou en galère




    En yacht, en barque ou en galère,


    Ados, adultes, grabataires,


    Mais plus les jeunes que les vieux,


    Gagnent au grand dam des envieux


    La fameuse île de Cythère.




    En yacht, en barque ou en galère,


    Depuis tous les coins de la terre


    Et même parfois à la nage,


    Avec la vigueur du jeune âge,


    C'est l'affluence vers Cythère.




    Moi qui garde les pieds sur terre,


    Je regarde d'un œil amer


    Tous ces braves prendre la mer,


    Ou le contraire, vers Cythère


    En yacht, en barque ou en galère,




    Pris dans l'attente délétère


    Qu'une fée trouve le culot


    De vouloir me jeter à l'eau


    Pour que nous partions pour Cythère


    En bouée ou en pédalo.


  6. konvicted
    J'ai fait une petite infidélité à la poésie pour ... ce truc-là :
    .......................
    Salut, tu te souviens de moi ? Moi, je ne t'ai pas oublié, mais je pense que toi non plus. Cela dit, à voir ta tête d'ahuri, bien qu'elle ne change pas tellement de ta tête de con habituelle, j'ai l'impression que t'es surpris de me voir. Allons, tu croyais vraiment t'être débarrassé de moi comme d'un vulgaire cafard ?
    Comme tu peux le voir, j'ai ramené tout mon fourbi, j'ai bien l'intention de m'installer ici, que tu le veuilles ou non. Tu me fais faire un tour ? j'imagine que l'appart' a pas mal changé depuis la dernière fois.
    Première chose que je constate, va falloir refaire un peu la déco, c'est beaucoup trop lumineux par ici. Je parie que t'es réveillé par les rayons du soleil le matin, c'est un truc à te faire lever tôt, c'est très mauvais.
    Je vois que t'as commencé des travaux dans la salle de bains, ça fait combien de temps ? Trois mois ! très bien, je vois que t'as gardé des bonnes habitudes, j'aurai pas besoin de repartir de zéro avec toi.
    Fais-moi voir un peu ce qu'il y a dans le frigo. Ouh là là, tu manges vraiment autant ? Ça doit te coûter cher, mais ne t'inquiète pas, je vais te faire perdre l'appétit. Bon, je crois que...
    Ah, ce putain de téléphone ! Ben, vas-y, décroche ! Qui c'est ? Dis-lui que t'es fatigué, que tu sortiras pas ce soir, ni demain, ni jamais, qu'il te lâche les baskets. T'es à moi, rien qu'à moi. Nous deux, c'est à la vie, à la mort, tâche de ne pas l'oublier. Bon, allez, on se bouge, tes antidépresseurs vont pas se faire prescrire tout seuls.
  7. konvicted
    Ce qui va sans dire




    Paraît que ce qui va sans dire, ça va mieux


    Encore en le disant donc pour pas répéter


    Les silences idiots, pudiques de mes vieux,


    Je vais te balancer plein de banalités.




    Fatigué le matin d'avoir rien fait la veille,


    Pour me sortir du lit, t'es le meilleur remède,


    Tu me fais me lever, pas besoin de réveil,


    Tu gueul's comme un putois pour avoir ton lait tiède.




    Complètement gaga depuis qu'je suis papa,


    J'en viens même, c'est dire ! à être fier de toi


    Comme si j'avais fait moi-mêm' tes premiers pas,


    Mais je m'en tire bien, maman l'est plus que moi.




    Bientôt tu sauras lire et comprendras ce texte


    Débile que j'écris de peur de demeurer


    Assez con pour trouver encore des prétextes


    Pour ne pas avouer de viv' voix t'adorer.




    Peut-être sauras-tu dir' ces mots avant moi,


    D'ici là, c'est pratiqu' que tu ne parles pas,


    Quand maman va rentrer, je dirai que c'est toi


    Qu'as cassé son vase et pas préparé l'repas.


  8. konvicted
    Suite, en quelque sorte, de
    Premier pas sur la Lune :




    Un soleil aride




    Dans l'herbe à lézarder, pas pressé pour un sou,


    Je laisse libre cours à ma fantaisie sous


    Un ciel sans nuages,


    Pas même un tout petit en forme de mouton


    Mais cela ne fait rien, j'en crée un à menton,


    Calquant un visage,


    Pas n'importe lequel, celui-ci a les traits


    Ronds et doux d'une femme étonnante aux attraits


    À tomber par terre,


    Dans l'herbe à lézarder et à s'imaginer


    Marcher cœur dans la main – rêver un tantinet


    N'est pas délétère –




    Dans l'herbe à lézarder et à s'imaginer


    Notre futur ensemble, à se faire un ciné


    Mais pas une toile,


    Et à la nuit tombée, on y sera encor'


    Caressant nos espoirs et nourrissant nos corps


    À la belle étoile ;


    Pour ne rien oublier de ce grandiose âge où


    J'aurai connu la joie, j'en marquerai mes joues


    De petites rides,


    Dans l'herbe à lézarder, gai, euphorique, soûl,


    Car j'aurai mis la main sur la Lune, et ce, sous


    Un soleil aride.


  9. konvicted
    Décrocher




    Une gonzesse de perdue


    Et c'est dix copains qui reviennent *,


    C'est pas le dernier des glandus


    Çui qu'en a fait une rengaine.


    Cinq fois que le portable sonne,


    Les miens veulent pas me lâcher,


    Mais bordel ! je veux voir personne,


    J'entends ne jamais décrocher.




    Voudraient me faire prendre l'air,


    Les bougres en ont à revendre,


    Mais l'air qu'ils ont est débonnaire,


    Je suis pas près de leur en prendre.


    Et, des fois que mon âme sœur


    Par hasard y fasse un crochet,


    Voudraient que j'aille voir ailleurs,


    Leur mémoire a dû décrocher,




    Vu que la femme de ma vie,


    Je l'ai déjà rêvée, cherchée


    Et trouvée mais, pleine d'envie,


    La Camarde me l'a fauchée.


    Et devenu fou sans ma dame,


    J'ai ma came pour m'accrocher


    Et supporter mes états d'âme,


    Comment pourrais-je décrocher ?




    Je sniffe la coll' d'un album


    Comme on inhale la blanche et,


    Intoxiqué jusqu'au sébum,


    En attendant de calancher,


    Je noie mon chagrin sur la bière


    De celle qui me reprochait


    Déjà avant le cimetière


    De ne pas pouvoir décrocher


    D'elle.




    * Renaud, dans Manu :


    "Allez, déconn' pas Manu,


    Va pas t'tailler les veines,


    Un' gonzess' de perdue,


    C'est dix copains qui r'viennent."


  10. konvicted
    Trois petits mots




    Moi qui suis de ces gens stupides


    Qui ressentent trois petits mots,


    Trois petits mots et puis s'en vont,


    J'envie un peu les intrépides


    Qui prononcent trois petits mots,


    Trois petits mots et puis s'en font ;


    Sans une réponse rapide


    Répétant ces trois petits mots,


    Trois petits mots, c'est qu'ils sont cons.




    Que cet être à qui je reproche


    D'attendre ces trois petits mots


    Vienne me passer un savon,


    Oursin en bouche et langue en poche,


    Je tairai ces trois petits mots


    Résonnant dans le puits sans fond


    Qui m'aura servi de caboche


    Mais qui depuis trois petits mots


    A un fonctionnement abscons.


  11. konvicted
    Que serais-je avec toi ?




    Les honoraires du psy laissent deviner


    L'ampleur du souci de cœur du nom de légion


    Qui me pousse constamment à m'imaginer


    Ce que serait ma vie si nous la partagions.




    La nuit dernière encore, je nous ai rêvés


    Si vivement qu'au réveil m'est venue l'envie


    De retrouver instamment les bras de Morphée,


    Rouvrir les yeux dans les tiens ; espoir déconfit.




    Je me laisse alors aller à tous les fantasmes,


    Me vois mari et père, partir en voyage


    Au volant d'un monospace et d'un enthousiasme


    Inespéré supporter les embouteillages ;




    Mais réalisant avoir emprunté ce songe,


    Remets illico ces pieds dans leur chanson *, puis


    Travaille à échafauder mon propre mensonge


    Avec rien que ta photo comme point d'appui.




    Que donc serais-je avec toi ? la question m'obsède,


    Me réveille dans la nuit si jamais je dors,


    Alimente ma folie dès lors que j'y cède,


    Répétant à l'oreiller comme je t'adore.




    * Monospace de Bénabar, pour ne pas la citer


  12. konvicted
    Apprendre à vivre sans




    L'aveugle authentique est celui qui croyant voir


    Dans le noir s'en remet au sens le plus trompeur,


    Puis se cognant l'orteil est frappé de stupeur ;


    Je suis à mon grand dam bien placé pour savoir.




    Naïf ayant suivi pour seul guide l'espoir,


    Par ignorance, un peu, mais avant tout par peur,


    Ne cherchant la quiétude ailleurs qu'en la torpeur,


    Je me prends le retour de bâton dans la poir'.




    Fini mon équilibre instable, artificiel,


    Me suis cassé la gueul' sur l'une des kyrielles


    De marches entre Luna et la terre-océan ;


    Et d'ici à ce que le Graal tombe du ciel,


    Les clés de mon tourment sont tout juste plurielles,


    L'obtenir en rêve ou apprendre à vivre sans.


  13. konvicted
    Je ne saurais que vous recommander d'écouter L'Orage de Brassens, pour comprendre les références que j'y fais dans le poème qui suit, ou simplement pour le plaisir d'écouter une chanson magnifique :











    À Thor et à travers




    C'est toujours la même rengaine,


    Hélios mène son char, puis Zeus montre son nez


    Et vas-y que je tonne et vous vous étonnez


    Que le ciel change de dégaine.




    Lors que la pluie à la volée


    Vient gratter mes carreaux, c'est l'espoir que j'entends,


    "Le poète a toujours raison" 1 donc je m'attends


    À c'qu'une voisine affolée




    Coure et tambourine à ma porte


    Cherchant du réconfort, pourtant le sablier


    S'écoule, Zeus se fait déjà presque oublier


    Et j'attends toujours qu'il m'apporte




    Au moins un chat perdu 2, j'enrage


    Car j'ai dû ravaler ma fierté de travers,


    J'ai fait confiance à tort, à Thor et ses travers,


    N'a-t-on donc plus peur de l'orage ?




    1 C'est du moins ce que Jean Ferrat chante dans La Femme est l'avenir de l'homme.


    2 Référence à Putain de toi de Brassens :


    "En ce temps-là, je vivais dans la lune,


    Les bonheurs d'ici-bas m'étaient tous défendus,


    Je semais des violettes et chantais pour des prunes


    Et tendais la patte aux chats perdus.




    Ah ah ah ah putain de moi, ah ah ah ah ah ah pauvre de moi.




    Un soir de pluie v'là qu'on gratte à ma porte,


    Je m'empresse d'ouvrir, sans doute un nouveau chat,


    Nom de dieu, l'beau félin que l'orage m'apporte,


    C'était toi, c'était toi, c'était toi."


  14. konvicted
    Robot boy * (Vers le néant et en deçà)




    Andy n'aime personne et pourvu que ça dure !


    L'amour c'est du gâchis de temps et d'énergie,


    Éros grave aujourd'hui sur ton cœur l'effigie


    De celle qui demain s'perdra dans la nature.




    Andy envie un peu son collègue, bourreau


    De travail, rigoureux, docile et compétent,


    Tant qu'on y fait appel sans arrêt au bureau ;


    Le secret de l'ordi, c'est : aucun sentiment.




    Andy essaie alors de réduire au silence


    Son cœur inopportun, de le rendre impalpable ;


    La compassion, c'est bon quand on n'est pas capable


    De trouver l'affliction dans sa propre existence.




    Andy sera bientôt plus neutre qu'un robot,


    Ni larme ni rictus, visage inexpressif,


    Se désintéressant de tous sauf son cabot,


    Ne sera jamais plus heureux ou dépressif.




    *En référence
    .

  15. konvicted
    Prison intracrânienne




    Je connais la prison sans être un criminel,


    Si j'ai fait une erreur, c'est celle d'exister,


    Et je la paie un temps qui me semble éternel,


    Chronos, c'est fort probable, a dû se désister.




    Dans ce pénitencier, tout esprit rationnel


    Songeant à s'évader hésite à insister


    Devant un paradoxe au prix exceptionnel,


    Car tenter d'en sortir, c'est vouloir y rester.




    Ce n'est qu'au revolver qu'on y creuse un tunnel


    Qui donne, à ce qu'on dit sans pouvoir l'attester,


    Sur un enfer de feu pris au conditionnel,


    Ça ne peut être pis, je demande à tester.


  16. konvicted
    Tout bousillé




    Veuillez, je vous en prie, ouïr mon plaidoyer ;


    Même s'il n'est jamais trop tard pour essayer,


    Mon baptême du feu, pourquoi le dilayer ?


    Je suis bon à jeter aux flammes du foyer.




    Mes piles sont à plat, mes circuits ont grillé,


    On faillit me sécher, j'en suis toujours mouillé,


    J'ai pris l'eau si souvent que je suis tout rouillé,


    Je suis bon à jeter, je suis tout bousillé.


  17. konvicted
    Ma muse est légion




    Ma muse est semblable à l'hydre de Lerne,


    Mais c'est moi qui perds la tête avant elle,


    Ma muse est semblable à l'hydre de Lerne,


    J'ai peur qu'elle soit aussi immortelle.




    Ma muse est semblable à l'hydre de Lerne,


    Mais moi seul reçois des traits enflammés,


    Ma muse est semblable à l'hydre de Lerne,


    Ses cous se refont sitôt dégommés.




    Ma muse est légion, a mille visages,


    Si j'en oublie un, deux autres émergent


    Ma muse est légion, a mille visages,


    Moins j'y prête égard, plus ils me submergent.




    Ma muse est légion, a mille visages,


    Prompts à effeuiller mon
    cœur d'artichaut,

    Ma muse est légion, a mille visages,


    Annonçant l'heur du dernier soubresaut.


  18. konvicted
    La fleur du péché




    Le test est négatif comme à son habitude,


    Diane l'est tout autant, maintenant convaincue


    Que le rêve est fichu, ses espoirs ont vécu


    Pour laisser place aux peurs, doutes et inquiétudes.




    Ce tracas-là n'est pas des soucis qu'on enterre,


    Sa première pensée accuse le pistil


    Mais donner vie n'est pas qu'exercice de style,


    Peut-être s'agit-il d'un problème d'anthère.




    Trahissant son bourdon pour un drôle d'oiseau


    Cru apte à butiner, Diane perdra les eaux


    Quelque neuf mois plus tard, la conscience entachée.




    N'y voyant que du feu, le mari est ravi,


    Ignorant que devant ce nouveau brin de vie,


    Diane ne saura voir que la fleur du péché.


  19. konvicted
    Le cafard du lendemain de soirée bien arrosée mais pas assez pour l'avoir oubliée




    Levé tôt dans l'après-midi


    Souffrant d'une toute petite


    Encéphaloxylopathie *,


    Un pas plus près de l'hépatite,


    Soulagé de m'apercevoir


    Que j'ai pas de trous de mémoire,


    Cette fois, y'a pas de remords ;


    J'étais même pas ivre-mort.




    Pensant aux autres invités,


    Obsédé par cette idée que


    Je n'ai pas su en profiter


    De manière aussi pleine qu'eux,


    Un peu déçu de découvrir


    La fadeur de mes souvenirs,


    Cette fois, y'a quelques regrets ;


    J'étais tout juste guilleret.




    Le courage a un goût d'anis,


    De malt, d'agave mexicain,


    Mais même en prenant mon pastis,


    Mon scotch ou ma teq' à deux mains,


    L'éthanol n'aura pas suffi


    À faire pour une nuit fi


    De cette voix qui me susurre


    Que la solitude est lieu sûr.




    * Néologisme formé à partir d'encéphalopathie, maladie du cerveau d'origine toxique, et du préfixe xylo- voulant dire bois ; comprendre gueule de bois.


  20. konvicted
    Partenaire particulaire




    En électron libre, je sais


    Où je suis mais pas où je vais,


    Heisenberg m'avait prévenu 1 ;


    Je gravite autour de l'envie,


    Et, patient, jamais n'en dévie,


    De voir un beau jour la venue


    De l'idéale particule


    Avec qui l'énergie cloison


    Entre faible et forte liaisons


    Nous paraîtra bien ridicule.




    Partenaire particulier


    Cherche électron célibataire ;


    Partenaire particulaire


    Cherche électron non-apparié.




    Pourquoi prendre de grands atomes ?


    Tout ce qu'on veut, c'est être at home 2 ;


    On se content'ra d'un F2,


    Qu'on trouvera mêm' réductible 3.


    Il ne peut être indéfectible,


    Mais on fera de notre pieu


    La couche la plus concentrée


    Qu'on n'aura jamais rencontrée.




    Partenaire particulier


    Cherche électron célibataire ;


    Partenaire particulaire


    Cherche électron non-apparié.




    1 Le principe d'incertitude de Heisenberg stipule qu'on ne peut pas connaître précisément à la fois la position et la vitesse d'une particule.


    2 "Au fond, je crois que la terre est ronde Pour une seule bonne raison, Après avoir fait le tour du monde, Tout ce qu'on veut, c'est être à la maison", Orelsan dans La Terre est ronde.


    3 Le difluor symbolisée par F2 est l'une des molécules les plus petites qui soient, mais aussi la plus réactive ; elle est capable d'oxyder n'importe quelle substance à l'exception de trois gaz rares (hélium, néon et argon), autrement dit, elle est très facilement réductible.


  21. konvicted
    La rançon de la gloire




    Elle n'a pas de don mais des envies de gloire,


    Elle est assez gonflée, même au niveau des seins,


    Pour avoir bon espoir d'assouvir ses desseins


    Et sans talent aucun, être une star-mouchoir.




    Elle joue la gourde que l'audimat veut voir,


    S'abrutit et oublie combien font un plus un,


    Offrant à qui en veut un spectacle malsain,


    Ne devenant pas plus qu'une bête de foire *.




    De la réalité, cette télé futile


    Et superficielle n'a guère que le nom ;


    Car les décérébrés sont rarement ceux qu'on


    Croit à première vue, la téloche mutile


    Les boîtes crâniennes que de gré nous donnons.


    De quel côté d'l'écran sommes-nous les plus cons ?




    *"Si t'es prêt à faire n'importe quoi pour accomplir tes rêves de gloire, Tu seras jamais une graine de star, juste une bête de foire", Orelsan, Étoiles invisibles


  22. konvicted
    J'écris plus haut que ma main




    En duel à mort contre la déprime,


    Comme un chevalier qui croise l'airain,


    Ma plume se doit de croiser les rimes


    Contre tout ce qui m'en met plein les reins,


    Des calculs foireux aux espoirs infimes


    Et sans oublier les doutes sans fin,


    Les projets que moi et mon ego fimes


    Qui ne sortirent jamais du couffin.




    S'il faut ramener tous ses vers à soi,


    Cela dit, je file un mauvais coton


    Si j'en crois chaque clone que j'assois


    Sur Miss Cent Mill' Volts, envoie au p'loton,


    Jette à tout rompre du haut de mon toit,


    Vide de son sang, noie comme un poisson,


    Étouffe ou honore, en restant courtois,


    D'un trou de balle droit dans le caisson.




    Mais la Faucheuse peut se rhabiller,


    Je n' suis pas prêt à demander sa main,


    Même si j'aime à mettre des billets


    Durs sur ma tête, j' remets à demain,


    De force ou de gré, d'aller vérifier


    La couleur de l'herbe ornant le chemin


    Vers l'autre côté ; il n' faut pas se fier


    Aux textes écrits plus haut que ma main.


  23. konvicted
    Terrible chimère que de croire mes mots
    Uniques, inédits, et pour persister à
    Entretenir le songe, il faut résister à
    Susurrer les termes hantant comme un mémo
    Mon esprit remué dès lors que je te vois.
    Au risque de paraître insensible aux appas 1
    Généreux, délicieux dont Vénus te drapa,
    Ne pouvant me résoudre à prêter de ma voix
    Indocile à ces mots grossiers sonnant sans doute
    Futiles à l'oreille habituée aux miels
    Indistincts des aras 2 ne connaissant du ciel
    Qu'ils visent pleins d'espoirs, que le vent qu'ils redoutent,
    Une fois pour toutes, je tais ces mots banals
    Entendus mille fois, mais pas une de plus.
    1 Mot vieilli désignant les charmes physiques d'une femme
    2 Les aras incarnent ici de beaux parleurs (c'est ainsi que ces perroquets sont souvent définis dans les grilles de mots fléchés).
  24. konvicted
    Je suis un couple d'amoureux




    Le second principe 1 émis par Carnot aidant,


    L'appartement est un boxon sans précédent,


    Les fringues au sol s'effacent sous la poussière,


    L'évier plein déborde encore un peu plus qu'hier.


    Comme l'entropie m'insupporte au plus haut point,


    Devant ce spectacle hideux, je tape du poing


    Sur le mur, la table étant trop congestionnée :


    "'Tain ! tu n' vis plus seul, il est temps d'être ordonné !"




    J'attendrai demain pour ranger tout ce foutoir,


    Je me tiens la main en errant sur les trottoirs


    De Lille où, croisant un fleuriste, je propose


    Niais'ment de m'offrir un joli bouquet de roses.


    Mais me souvenant ensuite y être allergique,


    Je les jette, ainsi que des reproches logiques,


    Soutiens mordicus que j'aurais dû y penser ;


    Le comble, c'est que je préfère les pensées.




    En imaginant pouvoir me rabibocher,


    Je me propose d'aller faire un cinoche et


    M'invite au restau pour choisir entre dam' blanche


    Et banana split en dessert ; gourmand, je flanche.


    Mais coup de théâtre au moment de l'addition,


    Rat comme pas deux, je ne paie que ma portion ;


    La coupe est pleine, je retourne chez mes vieux,


    Ne veux plus me voir, et moi non plus, c'est tant mieux !




    Je suis un couple d'amoureux à moi tout seul 2,


    Si, si, je vous jure ! y'a qu'à voir comm' je m'engueule !


    Je suis un couple d'amoureux à moi tout seul,


    C'est pas aujourd'hui que je me fendrai la gueule.




    Si jamais Fabien était un couple, il voudrait


    Pas être le mien 3, ma vie de couple ferait


    De Confessions intimes 4 un conte de fées


    Car dans mon histoire à moi, si rien n'est crié


    Tout sonne quand même comme une remontrance 5.




    1 Le second principe de thermodynamique, ou principe de Carnot, stipule que l'entropie, grandeur caractérisant l'état de désordre d'un système thermodynamique, ne peut que croître au cours d'une transformation thermodynamique. Si je perds des gens sur cette note, je vous rassure, il n'est plus question de thermodynamique après la première strophe.


    2 Référence à Renaud dans Je suis une bande de jeunes : "Je suis une bande de jeunes à moi tout seul, je suis une bande de jeunes, je m' fends la gueule".


    3 Référence à Grand Corps Malade, Fabien de son prénom, dans Comme une évidence : "Moi si un jour j' suis un couple, j' voudrais être nous deux".


    4 Émission télévisée hautement culturelle illustrant des cas sociaux, souvent des couples dont l'un des membres est complètement déconnecté de la réalité.


    5 Référence encore une fois à Comme une évidence : "Dans notre histoire, rien n'est écrit mais tout sonne comme une évidence".


  25. konvicted
    Pour le 102e billet, rebelote :









    Entre R et L




    Ce soir, même s'il pleut comme vache qui pisse,


    Écrire des cordes ne sonne pas bandant,


    Il me faudra attendre une humeur plus propice


    Pour me pendre à des vers et rendre l'âme dans


    Des rimes croisées pour qui Jérusalem,


    Loin d'une terre sainte ou d'un champ de bataille,


    N'est qu'un ECG 1 plat qui sonne l'heure blême


    Où la Grande Faux te réduit à une entaille.




    Ce soir, je tiens à voir le verre de cyanure


    Seul'ment à moitié plein en me vidant l'esprit,


    Je mets mes écouteurs et appuie sur lecture,


    Pourvu que mon ennui m'accuse de tromp'rie,


    Fermant les paupières, lourde les deux valises


    Qui sous mes yeux essaient de me précipiter


    Dans les bras de Morphée au grand dam de l'Église,


    Prends un aller simple pour l'irréalité.




    Léger comme l'éther à survoler les terres,


    Voyageur virtuel pour un bol d'air réel ;


    Un bonheur éphémère émerge entre L et R,


    C'est l'amour mutuel vivant entre R et L.




    J'ai quitté ma piaule, bastion de solitude,


    Pour rejoindre illico un' maison de campagne


    Que chats et rejetons exemptent de quiétude,


    Et elle a que dalle de triste, ma compagne 2.


    Des parfums de lilas, saveurs de chocolat,


    Des soirs couchés sur l'herbe à scruter les étoiles,


    Le gros lot si la vie est une tombola,


    Trop beau pour être vrai, comme sur une toile.





    Retour en arrière, je mets genou à terre


    Joue mon amour propre malgré l'envie infâme


    D'enfouir mes sentiments jusque six pieds sous taire 3;


    L'honneur est sain et sauf, elle sera ma femme.


    Elle me prend la main pour me conduire au pieu,


    Le sourire coquin qui façonne ses lèvres


    L'assure, ce qui suit ne sera pas très pieux,


    Elle commence à se... Merde ! plus de batt'rie.




    1 Électrocardiogramme


    2 Référence à Triste compagne de Bénabar


    3 Référence à
    Six pieds sous taire (parce que maintenant je fais aussi référence à moi-même)

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