Zelig

C'est exactement la vision des idéologues d'extrême droite qui sévissent ici-même. Leurs discours et leurs métaphores guerrières ne sont là que pour exclure l'autre et se rassurer à peu de frais. Et pourtant, qu'ils le veuillent ou non, je me sens aussi français qu'eux bien qu'étant personnellement horrifié par ce qu'ils osent écrire. L'identité française varie donc énormément selon l'idéologie de chacun. Je préfère pour ma part militer pour une vision dynamique, productive et inclusive. Est français celui qui veut l'être et qui sait apporter ses pierres, même les plus modestes, lors de l'édification permanente de ce gigantesque édifice social.

Je crois que tu n'as pas bien lu Simplicius, ou que tu fais semblant de ne pas comprendre à qui il s'adresse, notamment questions insultes répétées et menaces directes. Mais son discours est d'une violence aussi inouïe qu'ultra-datée.

C'est quoi la prochaine étape ? S'en prendre à une caserne de pompiers ou bien à une école maternelle ?

De toutes manières, Simplicius ne fait que régurgiter une propagande vichyste digne de la fameuse "révolution nationale". Tous les codes y sont. Il a juste 70 ans de retard, et c'est bien pour cela que sa contribution à l'identité contemporaine française est nulle ou quasi nulle. Pour paraphraser Gogol, ce n'est qu'une "âme morte"... On sait tous ce que ça a donné en vrai, de façon concrète, toutes ces idées rances héritées de Péguy, Vichy ou bien l'Action française, toutes ces machines à exclure les autres. La culture et le processus d'identification qui en découle sont des systèmes dynamiques et vivants. Et je serai toujours du côté de ce qui est en vie, de ce qui naît, de ce qui est capable de se régénérer. Guattari disait d'ailleurs de la culture qu'elle était un système capable d'autopoiesis, c'est à dire qui est susceptible de se réinventer et de se régénérer constamment. Donc oui, plutôt Perec que Péguy. Plutôt Rimbaud et son "absolument moderne" que des resucées patriotiques et stériles dignes d'un Léon Daudet. J'ai fait mon choix.

Non, ça n'est pas que cela. La restreindre à cela, c'est une manière de mettre la culture sous cloche, et de tuer l'identité comme ce qui se passe dans les pays fascistes, religieux, ou ultra-conservateurs. La France est une somme de production culturelle qui se nourrit d'une accumulation historique à la fois locale et globale. C'est déjà un peu mieux. Si tu es capable de produire de la pensée qu'elle soit de nature sociale, politique, technique ou artistique, tu contribues alors à faire vivre cette idée. Ce n'est pas un processus figé, contrairement aux diatribes mortifères, haineuses et néo-maurassiennes de Simplicus.

Mais en quoi ta propre identité devrait être nécessairement définie par ta propre famille ? C'est là où je ne te suis pas. Ce qui te définit, me semble t-il, c'est d'abord ce que tu apprécies, les choix que tu fais. Et non, ces choix ne sont ni équivalents, ni uniformes, ni interchangeables, et c'est bien pour cela que la fameuse métaphore sur les "citoyens du monde" me semble à la fois démagogique et inconsistante, et que l'opposition faite avec les tenants plus ou moins affirmés du "Blut und Boden" me semble toute aussi factice.

J'avoue lire ce topic sans y comprendre grand chose compte tenu des débats que je trouve assez abscons. Chacun semble avoir une définition a soi de ce qu'est l'identité, non pas que cela signifierait pour autant qu'il y ait une multitude d'identités (Cf mise en garde de Black Cat). Certains parlent de terre, de terroir, d'autres de langue, d'ethnie ou même d'histoire. Je ne peux pas être concerné par tout cela vu que je ne suis pas né en France, je ne suis pas ethniquement français et cette langue n'est pas ma langue maternelle. Je n'ai pas d'attachement mystique à la "terre", comme ce que défendent certains maurrassiens ici-même. Pour autant, je ne suis pas non plus "de nulle part", de "cette classe errante, parasite et nomade" comme ce dont j'ai été accusé par certaines personnes ici habituées à poser leurs petites crottes fascisantes un peu partout. J'ai même été traité de "Juif" à l'occasion, ce que je trouve ironique. ---- Alors, qu'est-ce que l'identité ? Il me semble que c'est à mettre en rapport avec la production culturelle. L'identité d'un pays est toujours proportionnelle à la vivacité de sa culture, de ce qu'il est capable de produire. Une culture qui ne produit plus rien est une identité morte. En ce qui me concerne, mon attachement à la France se fait par sa culture et par sa production culturelle. Ce n'est pas le "terroir" qui m'intéresse ni le sang, c'est la beauté des villages, des paysages et des villes qui m'impressionne et dans laquelle, oui, je peux me reconnaître pour peu que je dispose des clés pour la comprendre et me l'approprier. C'est la beauté et la profondeur de sa littérature accumulée et présente. Et en ce sens, je me sens parfois bien plus français que nombre de gaulois "de souche", parce que ma connaissance de l'architecture et de la façon dont ces territoires ont été façonnés (et pourquoi) est la plupart du temps bien plus intime que nombre des indigènes du crû. Si, autre exemple, je me sens parisien, ce n'est certainement pas parce que je me sentirais "de nulle part", parce que je ferais parti de cette classe "métropolitaine, cosmopolite et internationale, nomade et sans racines"... C'est parce que je trouve qu'il n'y a pas une seule ville au monde qui atteigne la beauté de Paris, de ses perspectives, de ses immeubles, de ses cafés, places et monuments. Et qu'il n'y a aucune ville au monde qui puisse approcher la qualité de son offre culturelle. Certaines mauvaises langues d'extrême droite argueront que je suis sans doute dans la position de Walter Benjamin décrivant Paris comme la "capitale du XIXème siècle". Sauf que, bien que Benjamin était lui-même Juif, exilé et apatride à la fois, il n'y a pas plus français que son ouvrage ni plus sincère que son admiration pour cette culture. ---- Tout cela pour dire que non, je n'ai pas l'impression que la question de l'identité coince spécialement en France. La production culturelle de ce pays est toujours extrêmement forte et prégnante. Là-dessus, il n'y a pas de raisons d'être pessimiste. L'identité et la culture, ce n'est pas forcément le consensus social, cela n'exclut pas des conflits sociaux. Ce sont des questions différentes. Les conflits sont précisément et paradoxalement une preuve de la vivacité culturelle du pays et de sa réactivité. Ces conflits et ces questions posées sont même une des raisons principales pour laquelle le reste du monde continue de regarder la France, et d'y observer cet étonnant "laboratoire de la modernité" qu'est ce pays. Ma patrie à moi est morte parce qu'il ne s'y passe plus rien. Ses leaders n'ont que les mots "patrie et identité" en bouche, mais en réalité le pays est mort parce qu'ils y ont interdit toute contestation. Tout n'y est plus qu'uniformité. Poutine a tué la Russie, le tissu culturel et académique y est mort, indifférent au reste du monde, et pour avoir le droit de penser, il faut de nouveau s'exiler. La France, c'est l'opposé de tout cela.

Et mettre à la place "49 morts, 53 blessés"... ?

Hélas non. C'est prêché en toutes lettres par l'ISLAM, qu'il soit chiite ou sunnite. Tu trouveras des dizaines et des dizaines d'Imams et de clercs, issus de pays occidentaux ou pas, qui donneront systématiquement la même réponse si on leur pose la question et pour cause: la charia est on ne peut plus claire sur ce point, c'est la peine de mort. Et ce, que ces mêmes imams ou clercs soient d'accord ou pas avec son application; ils n'ont pour l'instant pas le pouvoir eux-mêmes de modifier la charia ou de toucher à la parole d'Allah. Cela n'a rien à voir avec des problèmes psychologiques, mais plus avec l'application littérale des commandements issus d'une certaine religion. D'où la nécessité de la réformer et d'être également clair si l'on tient à éviter de nourrir ces "monstres" (pour reprendre la terminologie Bidarienne). A moins de tenter un moratoire suspensif (version Ramadan ?!? )...

Article d'avril 2016 sur les invités de la mosquée d'Orlando, ici un clerc chiite (de nationalité britannique) prêchant la mort pour les gays... http://www.independe...a-a7081096.html In his 2013 lecture, Sekaleshfar said: “There is nothing to be embarrassed about this. Death is the sentence. ”Islam doesn't accept people's faith to be compromised, to be threatened and it has to be taken seriously,“ he said. ”With homosexuals it is the same.“ Sekaleshfar gave a different lecture in Orlando in March. ----- Il faut toutefois préciser le contexte: http://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2016/06/13/orlando-ce-qu-a-dit-le-predicateur-musulman-accuse-d-avoir-appele-au-meurtre-des-homosexuels_4949682_4355770.html

Sauf que Daesh est une organisation elle-même obsédée par les gays et l'homosexualité... CQFD

Ça pue quand même sérieusement l'hypocrisie de la part de l'Iran. En gros, ils veulent que l'on attaque Daesh... Tandis que eux continuent de pendre en place publique des centaines de personnes suspectées d'être homosexuelles (crime passible de la peine capitale là-bas). Peut-être qu'en réalité, ce que la république islamique d'Iran déplore, c'est le fait que l'on n'ait pas jugé puis pendu individuellement les 49 victimes d'Orlando ? Faites ce que je dis, pas ce que je fais ?

Toujours la même tactique d'esquive qui consiste, comme avec les Talibans et Boko Haram, à ethniciser le débat pour éviter de parler du contenu idéologique... Ne crois-tu pas plutôt que le problème repose en grande partie du côté des IDEES ? Ce n'est pas parce que tu nais Arabe que tu deviens automatiquement homophobe au point de justifier le meurtre de masse de gays, non ? L'homophobie n'est pas innée, elle est acquise.

Et que dirais-tu d'une phrase telle que: "Je dis que l'Islam est pourri et qu'il produit des monstres , des tarés comme ce mec, complétement fou." Note que je ne cautionne pas cette phrase ni la tienne (la prémisse est trop générale), mais qu'elle est juste le symétrique de ton mode de pensée, et qu'on touche-là un complet non dit. Alors, qu'en penses-tu ?

Juste pour information, je signale que Taib ne fait que recracher l'idéologie officielle des frappadingues à la tête de l'Iran, c'est à dire des gens qui sont persuadés qu'ils verront la fin de monde de leur vivant. Et ce sont ces mêmes malades mentaux qui sont à présent en train d'acquérir un arsenal nucléaire, tout en chantant "mort à Israël" tous les matins lors de leurs prières collectives dans les mosquées. Et quand ils disent" mort à Israël", il ne faut pas l'interpréter de façon métaphorique. Car auprès des fidèles, ils ne cachent pas leur volonté de faire usage de ces armes (Cf discours officiels), quitte à ce que leur propre pays soit rayé de la carte en retour, ils s'en foutent. Il y a toute une eschatologie chiite de la fin du monde qui est particulièrement inquiétante, et qui renvoie à des éléments sectaires particulièrement instables et dangereux parmi les Bassidjis. Imaginez en France ce qui se passerait si on confiant l'arsenal atomique aux éléments les plus intégristes de Civitas, ou bien à des sectes millénaristes-apocalyptiques suicidaires... Alors bien sûr, il ne s'agit que d'une minorité au sein de cette religion. Il existe même des Marjas et des Ayatollahs progressistes, pacifistes, des gens courageux et tolérants parmi les chiites, infiniment plus que chez leurs collègues sunnites. Sauf qu'ils n'ont pas le pouvoir, et que c'est la secte à Khamenei et à Ahmadinejad qui l'ont, et ce même si Khamenei, Ahmadinejad ou Nasrallah (mythomane pathologique élevé au rang de faux Sayyed par les services secrets iraniens) ont dû passer par de grossiers mensonges pour l'obtenir.

C'est une manière de racialiser le marxisme, c'est à dire de transformer le conflit de classe en conflit ethnique (exactement ce qu'avait fait l'aile gauche du parti nazi historique ou bien Alain Soral, juste pour rappel), transposition nécessaire dans le contexte du modèle de société communautariste anglo-saxon (ce qui en réalité affaiblit nettement la portée initiale du message de Marx en éliminant son caractère universel et collectif). C'est à dire que ces sociétés-là tentent d'exporter et de généraliser leur propre mauvaise conscience, leurs propres problématiques sur le monde entier. C'est comme s'ils nous refaisaient la guerre de sécession et le mouvement des droits civiques encore et encore ad libitum.

Impossible de ne pas penser à ce sketch lorsque je vous lis:

J'ai vécu en Afrique, et je ne suis pas d'accord du tout avec ton commentaire. Cela me semble être plutôt une espèce de cliché qu'autre chose. Même si ce n'est pas l'Afrique, le département français où les gens semblent en moyenne le plus déprimé, se plaignent le plus et où ils sourient le moins, c'est apparemment la Guadeloupe. ---- Selon ces mêmes études, le pays où en moyenne les gens semblent le plus joyeux, c'est l'Australie... et pour les gens les plus contents et satisfaits d'eux-même, c'est la Suisse. Mais cette notion reste très subjective, bien entendu.

Dans l'absolu, ce peut aussi être un trait culturel. Par exemple, le pays où apparemment les gens sourient et rigolent le moins au monde, c'est la Russie (ça a été mesuré -> https://slon.ru/posts/68737 Почему русские не улыбаются: научное объяснение ). C'est sans doute dû au fait que là-bas, les sourires ou les blagues sont systématiquement associés au fait d'être "simple d'esprit" ou au mensonge, exactement comme au Japon, en Iran ou en Corée. Ce n'est donc pas une attitude encouragée socialement.

Je n'ai nullement prétendu qu'il s'agit d'un TSA. C'est juste une hypothèse à vérifier. Les TSA sont chroniquement sous diagnostiqués en France, et j'en sais quelque chose.

Juste à titre informatif: http://les-tribulations-dune-aspergirl.com/2013/12/15/pourriez-vous-etre-un-adulte-atteint-du-syndrome-dasperger/

As-tu déjà été voir un psychiatre concernant les troubles du spectre autistique (TSA) ? Beaucoup de personnes atteintes du syndrome d'Asperger ou d'autisme de haut niveau sont capables d'un humour assez sophistiqué -quoique très particulier-, mais une bonne partie des autres cas ressemblent à ce que tu en décris, notamment l'aspect "prendre tout au sérieux et au premier degré". Ce n'est qu'une piste.