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yagmort

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Tout ce qui a été posté par yagmort

  1. A mon humble avis, on n'en a jamais été vraiment là. Il y a toujours eu autre chose, pas évident à repérer. Des gens (dont Anne Gaillard pour ceux qui ont connu cette époque https://fr.wikipedia.org/wiki/Anne_Gaillard) ont fait le test de reproposer des grands classiques, des prix Goncourt de quelques années avant, en changeant des trucs pour que ça ne se voie pas trop. Refus systématique, sans que la supercherie ait été détectée a priori. Cela posé, il a plus de quarante ans qu'une fois j'ai trouvé que Gallimard tardait à répondre (je n'étais pas à mon coup d'essai). Je téléphone, on me dit que c'est en deuxième lecture, un barrage de passé. Quelques semaines encore, un autre barrage passé, c'est chez Robert Gallimard en personne. Refus pour finir, signé de sa main, mais assorti de quelques conseils pour améliorer. Sauf que je venais de retrouver un emploi, et il n'y avait pas de traitement de texte à l'époque. Je n'avais pas la force de tout récrire, j'ai arrangé des choses par-ci par-là. Sa deuxième et dernière lettre a été cinglante. Bon, j'ai mis en ligne un morceau de plus, qui serait le début si l'ordre était chronologique : https://bouquinsblog.blog4ever.com/la-fraternite-cannibale-roman-4-1 (qu'est-ce que ça m'énerve, ces 1 qui s'ajoutent à la fin...).
  2. Et miel ! Ce fichu système a encore ajouté un -1 selon une logique qui m'échappe. https://bouquinsblog.blog4ever.com/martyre-et-totalitarisme-allende-1
  3. Je ne préfère rien du tout, de toute façon c'est passé. J'essaie d'être objectif. Cette eau est un problème local, il me semble. Tu n'es pas allé voir mon lien.
  4. Je pense qu'avec le recul les Cambodgiens auraient préféré une intervention américaine plus efficace. Il y avait déjà des fosses communes sous Allende, voir le témoignage de Clostermann que j'ai cité. Je n'ai rien vu qui le contredise. Enfin, le refrain de l'hymne du Frente Popular dit : Porque esta vez no se trata De cambiar un presidente Será el pueblo quien construya Un Chile bien diferente Ca doit se comprendre sans traduction avec la proximité des langues, et l'intention est bien marquée.
  5. Et il s'est fait offrir une mitraillette par Fidel Castro. Et des militants armés accouraient de toute l'Amérique Latine. Elu démocratiquement, jusqu'à un certain point. Il ne l'aurait pas été si ses deux adversaires s'était entendus. Il était minoritaire (il avait même obtenu plus de voix à l'élection précédente). Il était légitime pour gouverner, pas pour lancer une politique de rupture totale. Or, c'est bien ce qu'il a fait. Il est vrai que le chaos économique qu'il n'a pas pu gérer était largement imputable à la malveillance US. Mais on était en pleine guerre froide, les Américains commençaient à plier au Vietnam. Après, choisis ton camp, camarade, mais on a vu ailleurs où peut conduire le rêve du Grand Soir.
  6. Merci, je me le suis passé en boucle pendant des décennies (enfin, plutôt avec Quilapayún), et je continue à me passer Violeta Parra ou Victor Jara. Ce nonobstant je suis tombé sur le témoignage de Clostermann, d'autres éléments encore, qui m'ont fait réfléchir. Ce sont finalement ces chants, leur simplisme, leur manichéisme, qui m'ont convaincu que le Chili allait vraiment vers une dictature marxiste implacable. https://bouquinsblog.blog4ever.com/martyre-et-totalitarisme-allende
  7. yagmort

    Où est Alésia ?

    Publier quoi ? Tout a été dit. J'ai trouvé ce fil, je n'ai pas résisté. Je ne peux même pas croire que Michel Reddé et les siens ne sachent pas qu'ils défendent l'indéfendable en piétinant bien souvent le plus élémentaire bon sens. Mais il y a d'autres enjeux que la vérité historique, et après tout ils ne sont pas méprisables. Mais on doit au moins avoir le droit de le dire.
  8. J'en vois personnellement deux, sauf que dans les deux cas il y a de bonnes raisons de penser que la prédiction et sa réalisation ont été racontées par la même personne. Isaïe est supposé prédire le nom et l'action de Cyrus, désigné expressément comme messie en 45:1, qui interviendra deux siècles après Isaïe. Sauf qu'il est assez largement admis (depuis le moyen-âge pour certains érudits juifs) qu'à partir du chapitre 40 c'est quelqu'un qui a fait un "à la manière d'Isaïe" à l'époque de Cyrus et pour le soutenir. Sinon, il faudrait admettre qu'Isaïe aurait subitement cessé de parler de lui-même et de son temps pour ne plus traiter que de ce qui allait se passer deux siècles après, en ignorant tout ce qui allait arriver dans l'intervalle (et il s'en est passé, des choses...). On appelle classiquement ce deuxième auteur le Deutéro-Isaïe. Dans 1 Rois 13:2 un prophète est supposé annoncer le nom et le rôle de Josias qui viendra deux siècles après (2 Rois 22). Mais il est assez largement admis (Spinoza le disait déjà) que 1 Rois et 2 Rois sont de la même main.
  9. Une recherche basique donne : https://fr.search.yahoo.com/search;_ylt=AwrIfG3mj2Vo_AEAqt4k24lQ;_ylc=X1MDMTM1MTIxMTgxMgRfcgMyBGZyA21jYWZlZQRmcjIDc2ItdG9wBGdwcmlkAwRuX3JzbHQDMARuX3N1Z2cDMARvcmlnaW4DZnIuc2VhcmNoLnlhaG9vLmNvbQRwb3MDMARwcXN0cgMEcHFzdHJsAzAEcXN0cmwDMjIEcXVlcnkDcGVydmVyc2lvbiUyMG5hcmNpc3NpcXVlBHRfc3RtcAMxNzUxNDg2NDQy?p=perversion+narcissique&fr=mcafee&type=E210FR91082G0&fr2=sb-top On n'est plus vraiment dans le sujet.
  10. Ce n'est pas parce que c'est utilisé à tort et à travers que ça n'a pas un sens précis : en bref, une personne qui tend à conforter son estime de soi en détruisant celle des autres. Si on veut aller plus loin https://fr.wikipedia.org/wiki/Perversion_narcissique
  11. yagmort

    Où est Alésia ?

    Ils l'ont assez étudié pour pouvoir affirmer qu'une carte comme celle que je viens de reporter est un tissu d'aberrations en tant que reconstitution d'un dispositif de siège, et que rien ne colle avec le texte de César. J'ai dit pourquoi et je n'ai même pas besoin de leur faire confiance. Alors que pour toutes les trouvailles d'Alise j'en suis réduit à faire confiance à quelqu'un, sachant qu'il y a eu des bidonnages au moins au dix-neuvième siècle. Sachant aussi que des gens qui prétendent que TLABI (avec les yeux de la foi) sur un projectile ne saurait signifier autre chose que "Titus Labienus" (lieutenant et futur ennemi de César), il est difficile de les prendre au sérieux. Parce que la base, c'est quand même le De Bello Gallico, éventuellement complété par Diodore, Plutarque, etc. Si ce qu'ils disent n'est pas un minimum fiable, qu'est-ce qui permet d'affirmer qu'il y a eu un siège d'Alésia ?
  12. Il ne faudrait pas généraliser ce que j'ai dit ! Je ne serais d'ailleurs pas ici si je pensais que tel y est le cas.
  13. yagmort

    Où est Alésia ?

    Comment ça, tous ceux ? André Berthier, https://www.alesiajura.fr/andreberthier.html ou Danielle Porte et bien d'autres, ou tous ceux du dix-neuvième siècle, ça ne vaut rien ? Autre extrait de Quicherat, de 1865 : "En 1862, M. Delacroix, le père de la question d’Alésia, dégagea du texte des Commentaires soixante-quatre conditions de topographie nécessaires pour fixer le site de la ville assiégée par César, et dont aucune ne convient à Alise-Sainte-Reine. Il ne lui fut pas répondu. En 1863, M. Auguste Castan, rapportant devant la Société d’émulation du Doubs l’état des fouilles continuées autour d’Alise-Sainte-Reine, donna des preuves invincibles de l’âge postérieur auquel se rapportaient les ouvrages d’investissement, ainsi que les objets nouvellement découverts. Son rapport, publié et distribué dans le monde savant, ne reçut pas de réponse. La même année, M. Léon Fallue dénonça, dans l’article de la Revue française que j’ai précédemment cité, le caractère mérovingien des armes apportées d’Alise. Il ne lui fut pas répondu…"
  14. yagmort

    Où est Alésia ?

    Il n'y a pas besoin d'être hypercritique pour repérer les aberrations (très évolutives d'ailleurs) d'une carte comme celle-ci https://fr.wikipedia.org/wiki/Siège_d'Alésia : L'extension ahurissante du camp gaulois dans la plaine est récente (on a dû finir par admettre l'insuffisance des sources sur le Mont Auxois). L'extension des lignes romaines vers le sud aussi. Je regrette de n'avoir pas copié les versions précédentes. Au nord ça ne rime à rien, le camp de Réginus et Rébilus n'étant pas adossé à un relief et n'ayant rien à faire là. Mais à l'ouest on s'accroche à cette largeur des lignes que dénonçait déjà Quicherat. Il n'y avait aucune raison d'aller aussi loin, c'était du travail en plus et facilitait la tâche à l'armée de secours, qui pouvait opérer toutes les diversions qu'elle voulait de tous les côtés.
  15. "Toutes [les villes du Chili] se sont ralliées dans les vingt-quatre heures, et non seulement les syndicats n’ont pas réagi mais encore ils ont rejoint la révolution avec enthousiasme. J’ai compris cette attitude des syndicats quand Antonio m’a raconté comment son fils avait été arrêté et torturé par la police spéciale après une manifestation des ouvriers des nitrates – son corps jeté dans un de ces charniers découverts récemment, attribués par les bonnes âmes à Pinochet (…). "La plus grande mine à ciel ouvert du monde, El Teniente de Chuquicamata, produisant 25% du cuivre mondial, où travaillent cinquante mille ouvriers appartenant au plus dur des syndicats, fut occupée par un jeune capitaine accompagné d’une dizaine de soldats sous les vivats des ouvriers…" C'est de Pierre Clostermann (L'Histoire vécue, Flammarion, 1998). Il se trouvait au Chili pour pratiquer la pêche au gros, Antonio était son prestataire et ami. Cela posé, Pinochet a aussi permis que son pays devienne comme un cobaye de l'ultralibéralisme, et là ça s'est un peu gâté. Les mineurs de Chuquicamata se sont mis en grève (ça s'est soldé civilement autant que je sache).
  16. Les techniques de manipulation sont innombrables, et on ne voit que celles qu'on a percées à jour. J'ai pu voir, il y a un bail, les animateurs lancer des piques inacceptables à un contradicteurs qu'ils ne voulaient pas censurer directement, le laisser réagir avec vigueur, puis effacer ce à quoi il avait réagi. Il avait l'air de quoi ? Indépendamment des idées et idéologies, il faut quand même dire que les rôles de modération tendent à attirer les pervers narcissiques et autres malades de pouvoir.
  17. yagmort

    Où est Alésia ?

    Un peu vague. Des exemples concrets ? C'est quand même bien une lecture au plus près qui a permis de retrouver Numance. L'archéologie a confirmé in fine.
  18. yagmort

    Où est Alésia ?

    Tiens, le masque tombe. Et non seulement Jules Quicherat mais aussi André Berthier et bien d'autres, ça ne vaut rien. Ce ne sont pas eux mais César qui décrit une plaine fermée de 3000 pas de longueur (qui revient trois fois), ou qui dit que les Gaulois assiégés comme ceux de l'armée de secours on pu passer par des reliefs qu'il avait crus infranchissables. C'est Polybe qui a laissé la description la plus précise des camps romains, etc. etc. Et rien à faire, je ne peux pas prendre au sérieux des gens qui ne voient rien d'anormal à ce que la circonvallation romaine aille aussi loin à l'ouest, ou qui peuvent situer l'embuscade préalable par la cavalerie gauloise à plus de 60kms d'Alésia. Etc. etc. Voir tout ce qui a été dit.
  19. yagmort

    Où est Alésia ?

    Il n'est peut-être pas inutile de rappeler le contexte des fouilles du Second Empire. Les Espagnols venaient de retrouver Numance, leur Alésia à eux, et il n'y avait pas, il n'y a toujours pas, de contestation autant que je sache, les restes archéologiques étant probants. Faut-il rappeler que l'impératrice Eugénie était née espagnole ? Mais on n'avait pas cherché d'après le nom ou une quelconque légende. On avait scruté au plus près les textes antiques les plus proches de l'événement, Appien en l'occurrence, qui recopiait Polybe (témoin direct mais dont cette partie ne nous est pas parvenue).
  20. yagmort

    Où est Alésia ?

    Qu'est-ce qui se passe ? Il me semblait avoir donné une réponse qui a disparu. Quoi qu'il en soit, je répète que ce qui me gêne c'est l'argument d'autorité pur, qui ne permet pas la discussion (typiquement, un livre qu'il faudrait avoir sous la main dont on ne dit rien de plus). Je répète que j'ai donné un lien qui détaillait les arguments de Quicherat : https://daruc.fr/divers/alesia.htm (vers la fin... j'avais copié-collé, ça a disparu ou j'ai fait une fausse manip). Un extrait : "On multiplie les voyages au Mont Auxois pour constater des découvertes d'antiquités gallo-romaines qui ne font rien à la question, pour en rapporter une broche de fer et de la monnaie gauloise qui fait rire les connaisseurs en numismatique, pour y découvrir, à une distance impossible, les vestiges d'une prétendue circonvallation répondant à une montagne dont la disposition est telle, que la sottise du général qui l'aurait investie de la sorte ne serait surpassée que par celle de l'ennemi qui s'y serait laissé enfermer...". Et encore aujourd'hui n'importe qui peut constater, sur les reconstitutions qu'on trouve de partout, l'étirement inexplicable des lignes romaines à l'ouest. Mais les raccourcir serait admettre que les fouilles du dix-neuvième siècle ont été bidonnées.
  21. Une emprise sur un forum, à mon sens, c'est quand des gens arrivent à le contrôler (au niveau de la modération) et l'infléchir, sans que ça saute forcément aux yeux, dans un sens qui n'est pas celui d'origine ou celui affiché par le forum. J'ai donné un exemple extrême.
  22. yagmort

    Où est Alésia ?

    Sérieux ? Parce que j'ai vu, sur d'autres fora (on peut bien utiliser le pluriel latin sur ce sujet) des gens bien plus arc-boutés sur la thèse officielle, et des arguments assez soufflants. Les meilleurs à ce jour, présentés sérieusement autant que j'aie pu en juger : - pour pallier au manque d'eau sur le Mont Auxois, les Gaulois assiégés, étant pourvus de nombreux troupeaux selon César, pouvaient boire le lait de leurs vaches... il est bien connu en effet que ces bonnes bêtes n'ont jamais soif... - pour résoudre le problème de l'introuvable plaine fermée de 3000 pas, quelqu'un m'a soutenu que "planitiem intermissam collibus" signifie non pas que la plaine est entourée de hauteurs, comme on le traduit en général, mais que les hauteurs sont dans la plaine. Il est vrai que "collibus" peut être datif pluriel comme ablatif pluriel, et mon latin est trop loin pour approfondir. Mais ce n'est plus une plaine, on ne sait plus ce qui la limite, et le problème n'est même pas résolu...
  23. yagmort

    Où est Alésia ?

    Non. Il n'y a pas que lui soit dit en passant, il a surtout médiatisé. Jules Quicherat, le "père de l'archéologie française", dénonçait déjà de multiples impossibilités donc une supercherie dans les années 1860. https://daruc.fr/divers/alesia.htm
  24. Sans même prendre parti, on peut constater qu'il y a dans le monde des dizaines de millions de gens qui adhèrent fanatiquement à un projet suprémaciste fondé sur un texte qui s'appelle le Coran, et qui déploient une gamme de moyens qui va de la séduction la plus suave au terrorisme le plus féroce avec tous les intermédiaires possibles (intimidation, corruption, manipulation...), tout ça étant complémentaire. Et comme tout projet totalitaire conséquent il a trouvé ses idiots utiles (se plaindre à Lénine si l'expression consacrée est désobligeante), donc des gens qui n'y adhèrent pas mais le soutiennent par mauvaise conscience ou bons sentiments. Une telle volonté collective ne peut être contrée que par une volonté collective au moins de même niveau. Si à chaque fois qu'elle se manifeste (plus ou moins judicieusement certes) elle est stigmatisée à vue comme "islamophobe" (terme piégé), facho (idem) ou je ne sais quoi, ce n'est pas gagné.
  25. Bon, vu que j'ai foiré la première présentation (je n'en fais jamais d'autres), autant donner la suite de ce commencement après "ne sachant pas si...". ― J’aimerais te dire ce qui m’a fait flancher, mais peut-être que tu ne veux pas le savoir… ― Si, maintenant je veux le savoir, et ma volonté est sacrée. ― La première fois, le matin même, une fille est venue pour me dissuader… ― C’est une faute très grave !! Il se raidit : ― Rose, excuse-moi, ta volonté a beau être sacrée je ne te dirai pas qui c’est ! ― Denis, il m’est arrivé une fois, il y a plusieurs mois, alors que j’étais déjà pressentie, que des gars essaient ouvertement de me dissuader ! Je n’ai pas dénoncé. Mais soit, ne me dis pas qui c’est. Je ne veux pas le savoir. Par contre, maintenant que tu as allumé ma curiosité, je veux savoir ce qu’elle t’a dit. ― Heu, tu ne vas pas considérer que j’essaie, moi aussi, de te dissuader ? ― Non, Denis, je te le promets. D’une manière générale, je répète que je ne dénonce que ce qui peut représenter un danger grave. J’ai aussi entendu, de loin, des gens dire que le cannibalisme est un crime, ou qu’ils cherchent une solution pour s’enfuir. Je n’ai pas non plus dénoncé. Néanmoins, je veux savoir, non pas qui mais quoi. ― Elle m’a fait remarquer, entre autres, qu’il y a de moins en moins de volontaires, que le moment approche où on ne mangera plus personne. ― C’était il y a deux mois, et on a mangé quelqu’un chaque vendredi depuis. Ce jour-là, d’ailleurs, tu as bien dû voir que trois personnes se sont proposées, David, Stella, et moi-même. On a choisi et mangé David… Je m’interromps. L’argument est mauvais, et il le sait. Quand Denis a flanché pour la deuxième fois un mois après, il n’y avait plus que Stella et moi. Nous nous sommes tenues embrassées le temps qu’on choisisse. C’est elle qui a été désignée, elle est allée au bout, à la mort. Et puis vendredi dernier Maéva a aussi flanché. Il n’y avait plus que moi. On m’aurait mangée si elle ne s’était pas reprise. J’arrive à dire : ― Maintenant, je ne t’ai pas attendu pour y penser quand même. À la limite, est-ce que je ne serai pas la dernière à être mangée ? Je peux te dire que ça ne change rien à ma détermination. ― Après toi le déluge ? Je hausse le ton : ― Denis, je ne suis pas comme ça ! J’essaie de faire du bien pour après, par exemple de réconcilier ceux qui ont besoin de se réconcilier. Je t’ai fait venir ici pour essayer de te redonner un peu de sérénité. Enfin, peut-être que je m’y prends mal, mais c’est sincère. Et je réfléchis, très sérieusement, à mes dernières volontés. Je te convoquerai peut-être encore pour te demander conseil. Mais j’estime n’avoir absolument pas à dire qui on doit manger, et même si on doit manger quelqu’un ou pas, en-dehors de moi. Si je suis la dernière, je suis la dernière… la chair humaine ne devrait pas me manquer puisque je serai morte. Et la deuxième fois où tu as flanché ? Je me souviens que tu as jeté le bol encore plus nerveusement. ― J’ai repensé, subitement, à cette histoire qu’on raconte. Le poison est en fait un somnifère, et on emmène les gens ailleurs par un souterrain… et c’est de cet ailleurs, pas de la mort, que j’ai eu peur, d’un seul coup. ― C’est ridicule, enfin ! Tu n’as donc pas vu au moins des vidéos de dépeçage ? ― Oui, au début, et même que ça m’avait convaincu. Et puis il y a eu Cécile. Elle m’a demandé de lui tenir la main pendant son agonie. Et il m’a bien semblé que cette agonie, cette mort, ce n’était pas vrai. Je la voyais respirer comme je te vois respirer. Elle aussi était nue. Des fois elle ouvrait les yeux, elle me regardait, et il me semblait qu’elle se retenait de rire. J’ai demandé à assister à un dépeçage, on me l’a refusé. Enfin, je n’y ai plus autrement pensé… jusqu’à ce deuxième sacrifice… ― Très bien ! Je vais exiger que tu assistes à mon dépeçage à moi, vendredi. Pour le coup, je dois te prévenir, et tu le garderas pour toi. J’ai demandé à ce qu’on renforce le poison pour me faire mourir plus vite. ― Attention à ne pas faire comme Sylvain… ― Il a voulu se déshabiller après avoir bu, et il n’a pas pu finir. Mais pour moi, c’est déjà fait. Je n’aurai qu’à m’allonger. ― Tu le demandes pourquoi ? Tu as peur de l’agonie ? ― Non, je n’ai pas peur de l’agonie. Ce n’est pas pour moi que je demande qu’on l’abrège. Je suis dépeceuse, donc il y aura une dépeceuse de moins. Il convient d’en former d’autres, et pour ça il vaut mieux disposer un peu plus longtemps du corps. Tu profiteras de la leçon, c’est ma volonté sacrée. Tu verras comment on m’ouvre, comment on pompe mon sang, comment on me découpe, comment on détache ma tête. Je t’aime bien, tu sais. Surtout, on ne peut se sacrifier valablement qu’en sachant qu’on va mourir. ― Je crois bien que, dans ceux qui se sont sacrifiés, il y en avait qui ne le savaient pas. ― Ne dis pas de sottise. Et donc, tu pourras alors décider en connaissance de cause, dans un sens ou dans l’autre. Je dirai même que c’était ton devoir de flancher si tu en doutais. Et puis quel mal y avait-il ? On a mangé quelqu’un d’autre et c’est tout. Stella était quelqu’un de bien, mais toi aussi tu es quelqu’un de bien. Bon, maintenant, je te libère. Et je vais t’accompagner comme promis pour te donner un coup de main. ― En fait, je ne crois pas en avoir besoin, merci. ― Comme tu voudras. Je devine que ma présence continue à le gêner. Je pourrais la lui imposer, mais je ne veux plus insister. Il m’embrasse encore à ma demande et me laisse. Voici qu’un TVM, un très vénéré maitre, vient à moi. Je ne l’aime pas, ce Rémi, c’est plus fort que moi. Et puis mon chemin est tracé, il va bientôt s’arrêter. Je n’ai pas besoin d’autres directives. ― Rose, toujours déterminée ? ― Toujours. Je ne vois pas pourquoi tu me le demandes. Si jamais je change d’avis je suis assez grande pour prévenir. ― Et donc tu garderas jusqu’au bout ce sale caractère… ― Avec toi, certainement ! Je te trouve méchant et faux, c’est comme ça. Vendredi, je ne veux pas te voir au premier rang. Maintenant, je t’ai assez vu et ma volonté est sacrée ! ― Rose, tu t’es engagée, sans qu’on te le demande, à bien mourir… ― Si c’est tout ce que tu as à me dire… Je lui tourne ostensiblement le dos et les fesses, mais il me rappelle. ― Rose, je suis surtout venu t’annoncer quelque chose… ― Quoi donc ? ― Tu sais que tu as été désignée parce que tu étais la seule à te proposer… ― Oui, et alors ? ― Maintenant il y a quelqu’un d’autre… ― Peut-être, mais moi seule peut annuler ma désignation. Je n’en ai pas l’intention. À toutes fins utiles, je me suis juré que, si on ne mangeait personne un vendredi en m’ayant refusée, moi, je me tuerais. Et puis enfin, ma volonté est sacrée et je t’ai assez vu ! Cette sacralité a des limites. Il ose m’interrompre : ― Rose, il y a des choses que tu dois savoir même si tu n’as pas envie de les savoir. Le Centre Suprême souhaite que tu vives. Je lui fais de nouveau face, mais sans changer de discours. ― Je suis au courant, merci. Ça m’ennuie plus qu’autre chose. Pour le moment je suis désignée, je l’accepte, je suis prête à mourir. On doit me manger. ― Je dois au moins t’expliquer, je suis mandaté pour cela. Et donc le Centre Suprême m’a autorisé, moi, à me sacrifier. Tu dois savoir que pour nous il faut son autorisation. Et moi aussi je suis prêt à mourir… je suis même formellement désigné, au moins pour le vendredi d’après, donc ma volonté est un peu sacrée aussi. Je le trouve odieux. Je me dis un instant, autant qu’il y passe avant moi. Une semaine de plus à vivre, si pesante que soit cette vie, ce n’est pas le bout du monde. Je pourrais me délecter encore de chair humaine, et pour une fois sans aucun regret de la personne. Car je dois bien admettre que Sylvain, David, Stella, Maéva et beaucoup d’autres me manquent. Peut-être bien que s’il m’avait laissée réfléchir, à ce moment, j’en serais venue à penser que le Centre Suprême doit savoir ce qu’il fait, en m’épargnant comme en débarrassant la communauté de ce type. Peut-être même que l’envie de vivre et la peur de la mort auraient fait leur trou en moi. Mais il ne m’a pas vraiment laissée réfléchir. Non pas qu’il ait repris la parole, mais il s’est mis à me regarder, de haut en bas. Je ne suis pas comme la déesse Diane. Quand je suis nue je me laisse regarder de bon cœur, pourvu qu’on ne me touche pas. Mais dans les yeux de Rémi, il y a autre chose. Et d’un seul coup plus question de me désister. Me voici qui éclate brusquement… ― Félicitations ! Tu peux donc te taper toutes les filles que tu veux ! Sauf moi puisque ma volonté est plus sacrée que la tienne ! Il n’avait pas attendu cette désignation pour conquérir les cœurs et les corps, avec pour le moins certaines pressions d’un niveau inacceptable à mes yeux. Et j’avais besoin de libérer ma rage. Lui doit se dire qu’il est décidément temps de manger cette hystérique, tant qu’elle le veut bien. C’était un peu aussi le but. Le Centre Suprême n’a pas à supporter mes sautes d’humeur, lui. Il ne se trouve pas sur l’ile. Rémi me laisse. Et pour le coup voici Charlotte, ta sœur, qui déboule. Elle n’attendait que ça. Je sais déjà que c’est une rebelle à la limite du tolérable. Et néanmoins nous sommes amies, c’est ainsi. De suite elle m’interpelle. ― Rose, que tu te promènes toute nue… ― Charlotte, veux-tu bien d’abord m’embrasser ! Elle s’exécute, mais reprend de suite : ― Enfin, ça ne me gêne pas personnellement. Je me rince l’œil moi aussi. Mais tu devrais penser à après… ― Mais enfin, qu’est-ce que tu racontes ? Après quoi ? ― Que tu veuilles te donner du bon temps, te défouler, et cetera, je n’ai rien contre. Mais si tu ne veux pas mourir… Je comprends subitement. Elle pense que je vais renoncer, comme Denis, à m’offrir en nourriture. Donc je devrais penser, moi, que toutes mes transgressions, même si on m’y a encouragée comme pour la nudité, seront utilisées contre moi, afin de me pousser à me sacrifier pour de bon. Je proteste : ― Charlotte, je n’ai aucune intention de me désister ! Enfin, tu as bien vu ce qui s’est passé au dernier sacrifice ! ― Ben non. J’avais réussi à me planquer. J’y arrive une fois sur trois. Mais même quand je n’y arrive pas je ne regarde pas, et j’écoute le moins possible. ― Enfin, Maéva, c’était une fille bien, même si elle ne savait pas toujours ce qu’elle voulait. Je pense d’ailleurs qu’il aurait mieux valu me manger, moi, dans l’intérêt de la communauté. Et puis elle est arrivée avec nous, elle a été intégrée avec nous. Il n’y a plus que nous deux, et bientôt il n’y aura plus que toi. Elle est morte aussi pour toi. Je vais mourir aussi pour toi. Mon sacrifice à moi, tu vas le bouder aussi ?? ― Enfin, tu voulais m’expliquer quoi ? Il s’est passé quoi, vendredi dernier ? J’ai entendu des choses, mais rien de cohérent. ― Elle a flanché au dernier moment. Elle a jeté le bol le plus loin qu’elle a pu, en évitant juste de toucher quelqu’un. On a fait appel aux volontaires. Déjà, c’était surtout moi qu’on regardait. Je me suis présentée, moi seule. Je l’avais prévu. J’avais bien vu que sa résolution était branlante. Elle était terriblement nerveuse et pourtant elle ne faisait rien de répréhensible. Elle restait habillée alors qu’il faisait chaud, c’est aussi un signe. Ce n’est pas pour rien que je suis nue. Je voyais aussi qu’il n’y aurait personne d’autre. J’avais pris mes dispositions, j’étais prête. On me désigne, forcément. J’embrasse Maéva, d’autorité. J’aimerais embrasser tout le monde, mais ce serait trop long. On a perdu du temps et je veux que ma viande soit servie à l’heure. Et donc je lui confie, à elle, la mission de le faire pour moi quand on m’aura mangée. Je me mets nue, on déroule le rituel. J’arrive à mes dernières volontés. Je dis entre autres qu’on ne doit pas ennuyer Maéva. Tu sais que c’est classique quand on prend la place de quelqu’un qui a flanché au dernier moment. Mais alors, subitement, elle se reprend. Elle demande pardon, elle veut vraiment donner sa vie et sa chair. Et à ma grande surprise c’est accepté. Je te jure qu’à ce moment je me sentais contrariée. Un instant, j’ai même eu envie de la frapper. C’aurait été une faute gravissime. Pourtant je l’aimais bien. Et elle s’est déshabillée, et elle est allée jusqu’au bout. Charlotte ouvre de grands yeux. Pour le coup, je m’en veux d’avoir détaillé cet épisode et je conclus sèchement : ― Enfin, bref, cette fois c’est bien moi qui suis désignée. On va me manger ! Tu te planqueras si tu y tiens, mais j’ose espérer que tu ne cracheras pas sur ta part ! ― C’est bien ce que je craignais. Tu en as tellement marre de la vie ?? ― Pardon ? Sais-tu que c’est absolument interdit, ce que tu fais ? Au moins, parle plus bas. J’aurai donc appris, plus vite que je ne le pensais, à qui Denis a fait allusion. Je me souviens qu’ils ont de bonnes relations en général. Je ne voudrais pas qu’elle ait d’ennuis, et je ne suis pas absolument sûre que personne n’écoute. Je voudrais même m’en assurer… et de fait j’aurais mieux fait, encore que personne ne puisse dire ce qui se serait passé alors. Mais elle reprend, plus bas en effet : ― Tu veux vraiment mourir ? ― C’est indispensable pour qu’on puisse me manger. ― Rose, c’est… c’est un cauchemar ! ― Mais enfin, qu’est-ce qui te prend encore ? Pourquoi serais-je venue ici si ce n’est pour être mangée un jour ? ― Tu y es venue de ton plein gré ? J’ai déjà entendu cette question, d’elle et d’autres. Elle m’a longtemps déconcertée. Et puis j’ai pris l’habitude de confirmer : ― Bien sûr, Charlotte ! Pas toi ?? Enfin, je ne sais jamais vraiment ce qui vient de moi ou ce qui est prédéterminé dans ce que je crois décider. Est-ce que tu le sais, toi ? Mais cette intention de m’offrir en nourriture, elle m’est venue, de moi ou d’ailleurs, mais en tout cas avant de connaitre la Fraternité Cannibale ! ― Rose, tu es, tu es… un phénomène ! ― Alors chaque vendredi il se trouve un phénomène. Dis, je savais que tu étais un peu rebelle, mais pas à ce point ! Elle me regarde bien dans les yeux et prononce : ― Tu vas me dénoncer ? Je soutiens son regard, je réponds : ― Tu sais très bien que je ne dénonce que les mauvaises actions ou intentions et je n’en vois pas. Enfin, si tu en as, garde-le pour toi. Et si vraiment tu te rebelles ouvertement je préfère ne pas le savoir. Surtout maintenant. Je me fais suppliante : ― Charlotte, je n’ai plus que quatre jours à vivre… ― Il ne tient qu’à toi de… Je me crispe à nouveau : ― Maintenant, ça suffit. Je veux que tu me laisses ! Elle ose ignorer ma volonté sacrée. Elle tente une autre approche : ― Rose, est-ce que tu sais qu’ils prennent des photos et vidéos de toi en douce ? ― Bien sûr que je le sais ! Et on me les montrera et je sélectionnerai. Je suis très contente de celles d’hier. Elle insiste encore. Je pourrais la dénoncer en effet et elle le payerait cher. On ne doit pas, au moins en principe, inciter qui que ce soit à se sacrifier. Mais on doit encore bien moins, et pas seulement en principe, inciter à flancher, donc à reprendre sa vie après l’avoir promise. À moins d’en avoir reçu l’autorisation du Centre Suprême. ― Rose, tu crois vraiment qu’en te tuant à vingt-cinq ans tu vas faire « du bien à l’humanité » ?? ― Oui. En tout cas je fais le pari. Tu ne m’en détourneras pas. Et c’est d’elle que je me suis détournée. Elle n’a quand même pas osé me poursuivre, peut-être parce que des gens commençaient à nous observer. C’en est donc resté là. Elle m’a ensuite évitée comme elle évitait tout le monde. Je ne pourrai donc rien répondre à ta question sur comment elle a pu arriver sur cette ile. En dépit de nos très bonnes relations, jamais nous n’avons parlé de nos passés respectifs. Je dirai même que je compte à présent sur toi pour en apprendre plus. Il ne serait d’ailleurs pas simple de t’expliquer comment j’y suis venue moi-même, à manger autrui et vouloir être mangée. La suite demain, sans garantie, si tu veux bien. J’ai beaucoup de souvenirs à remettre en ordre, et d’émotions à maitriser. Amicalement, Rose. (Bon, maintenant, il faut me décider, ou pas. Est-ce que j’envoie ? Tel quel ? Est-ce que je ne vais pas lui faire plus de mal que de bien ? A-t-il vraiment les intentions qu’il dit ? Voici que me revient cette phrase : « Ce que j’ai écrit, je l’ai écrit ». Et même en latin : « Quod scripsi, scripsi ». Bien sûr, Ponce Pilate. Après s’être lavé les mains comme on sait, après avoir fait inscrire « Roi des Juifs » sur la croix comme motif de la condamnation de Jésus, il refuse de changer pour « prétendu Roi des Juifs ». Bref, je me lave les mains par avance de ce que j’ai pu écrire. Quoi qu’il en soit, j’envoie, advienne que pourra…). Et quand même, je suis têtu, la suite en ligne https://bouquinsblog.blog4ever.com/la-fraternite-cannibale-roman-2
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