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Anachel

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Tout ce qui a été posté par Anachel

  1. Dans un monde aux ressources illimitées, idéal, où même leur exploitation serait sans conséquences sur l'environnement je dirais bien sûr, pourquoi pas ? Dans le monde dans lequel nous vivons, réel et où les lois de la physique prévalent sur les idéaux ainsi que les désirs de justice et d'égalité, nous devons composer avec cette réalité et vivre en perpétuelle tension entre idéalisme et pragmatisme. Dans un contexte de récession inexorable dû à la raréfaction des ressources et à la dérive climatique, les combats à venir vont bien plus être menés afin de garder des droits et avantages qu'à en obtenir de nouveaux. Aussi mon avis est que nous devrions concentrer nos efforts et notre intérêt sur des projets plus réalistes et à même de préserver un peu plus longtemps cette démocratie vouée à une extinction prochaine.
  2. Parce que l'humain anthropomorphise le concept de dieu et que les sociétés ayant développé ces notions étaient très largement patridominantes. Mais le simple fait de sexualiser un être incréé lui même à l'origine de tout est ridicule.
  3. Et vous ne confondez pas mépris des religions avec haine des croyants. Les religions sont des idées et les idées n'ont pas de droits. On devrait pouvoir les critiquer, et à plus forte raison se contenter de rappeler ce qui est écrit dans un livre saint, sans qu'un shérif de la foi ne vienne faire l'amalgame entre critique et intolérance. Déformer les propos de son interlocuteur ou lui prêter des intentions ou sentiments qu'il n'a pas formulés est un moyen commode pour couper court à tout dialogue et immuniser ses idées à la critique. Quant à la forme de respect qu'un croyant peut attendre de moi, c'est de le croire assez adulte et intelligent pour mener un débat courtois lors duquel il ne prendra pas tout reproche formulé envers ses croyances comme une attaque personnelle.
  4. C'est tout de même étonnant que dès qu'un passage heurte les mœurs actuelles, il faut alors l'interpréter et avoir recours à la science des oulemas. Par contre quand dieu ordonne le bien il faut alors le lire littéralement. Vous ne trouvez pas ça très commode ? Etrangement lorsque c'était dans les mœurs du temps on ne remettait pas en question le mariage des fillettes ou les appels au meurtre, ce qui est d'ailleurs vérifiable dans les pays guidés par la charia actuellement. Eux ne font guère la fine bouche sur ce que vous trouvez choquant et niez qu'il faille le lire tel que c'est écrit. Mais sans doute avez vous raison, ce sont les musulmans aux mœurs européanisées qui ont découvert la vraie signification du Coran 1400 ans après qu'il ait été écrit.
  5. Un petit florilège: Sourate VIII, verset 7 : «Le Seigneur cependant a voulu prouver la vérité de ses paroles, et exterminer jusqu'au dernier des infidèles.» Sourate XLVII, verset 4 : «Quand vous rencontrerez les infidèles, tuez-les jusqu'à en faire un grand carnage.» Et je ne parle même pas des dizaines de passages décrivant comment la peau des incroyants repoussera en enfer après avoir été brûlée afin que leur châtiment recommence éternellement simplement pour ne pas avoir cru.
  6. Ni l'un ni l'autre, la nature recèle des dangers inattendus:
  7. La philosophie classique, aussi appelée philosophie continentale, se caractérise par une approche très littéraire et généraliste. Ses grandes figures sont généralement des érudits, certains même étaient des polymathes, mais leurs œuvres sont généralement accessibles au public profane bien qu'il faille parfois acquérir un jargon propre à la philosophie pour rendre leur lecture plus fluide. La philosophie analytique est une philosophie d'experts qui va généralement aborder des questions très pointues. Elle se distingue par son attachement aux sciences et à l'analyse logique à travers une approche plus méthodique. Si elle est massivement prédominante dans le monde anglophone, elle reste presque anecdotique en Europe ; cette rareté associée à son caractère plus spécialisé contribue largement à la rendre moins populaire chez nous. Les auteurs modernes de la philosophie continentale sont assez peu cités car le peu qui sont réellement talentueux pour penser sont éclipsés par des bêtes de foire médiatiques au brio incontestable mais dont la pensée reste relativement banale. Or nous sommes ici sur un forum généraliste et si chacun connait Onfray, Comte-Sponville, Kant ou Nietzsche, tout le monde n'est pas nécessairement familier d'auteurs moins "grand public" tels que Ruwen Ogien ou Peter Singer (qui du coup est très connu dans le monde anglophone mais beaucoup moins ici). De plus la France valorise une culture très littéraire aussi il est chez nous parfaitement admis de ne rien connaître à la théorie de la relativité mais on est le dernier des rustres si on ne connait pas Guernica. Cela n'a rien de spécifique à la philosophie mais cela impacte grandement la connaissance que nous en avons. La culture philosophique du grand public provient essentiellement des médias et du système éducatif. Les premiers promeuvent les artisans du prêt-à-penser cités plus haut quand l'autre n'enseigne que ceux dont le nom à été lentement ennobli par le temps, aussi il n'est guère étonnant que ce sont principalement ceux qui cités sur un forum de profanes.
  8. Pourquoi diable devraient ils être différents pour un athée et un croyant ?
  9. A mon humble avis mettre dos à dos la science d'un côté avec la spiritualité et les valeurs d'un autre côté est une erreur. C'est une erreur commune, c'est une erreur compréhensible mais c'est une énorme erreur. Je suis ce qu'on appelle communément un littéraire et lorsque j'étais jeune j'avais la conviction que la science, de par son désenchantement du monde, contribuait à vider le monde de son sens et les hommes de leurs valeurs. Puis vers 20 ans j'ai commencé à m'intéresser à l'histoire des idées. Je voulais comprendre comment les hommes avaient appréhendé le monde au cours des époques et comment ils en étaient arrivés à émettre telles théories ou à découvrir tel principe régissant le monde, ce qui m'a amené à m'intéresser à la philosophie et à l'histoire des sciences. Je vous épargne les détails car je tombe de fatigue et car je compte ouvrir un sujet dédié à ce propos mais j'en suis venu à être ébloui par la beauté des sciences, par leur richesse et leur beauté. Elles ne désenchantent le monde que pour qui ne les connait pas, je vous assure. Certes elle le dépeuplent d'êtres féériques, de récits fantastiques et de façon plus générale de ce qui donne du sens et qui réchauffe le cœur. Mais celui qui les étudie connait de nouveaux éblouissements dont le merveilleux n'a rien à envier à la magie. Je ne pourrai jamais apprécier l'élégance d'une équation mais je peux vous dire que comprendre, ne serait-ce que conceptuellement, la théorie de la relativité d'Einstein a eu sur moi un impact aussi profond et durable que lorsque j'ai entendu pour la première fois le concerto pour flute et harpe de Mozart ou lorsque j'ai découvert les alexandrins de Molière. Je ne nie pas qu'il y ai de froids techniciens dont les âmes grises ne s'émeuvent pas plus devant un sonnet ou la mort d'un enfant qu'ils ne s'interrogent sur les minces interstices de la réalité où pourraient se dissimuler des incertitudes métaphysiques. Mais la plupart des scientifiques dont j'ai lu les ouvrages, que j'ai visionnés ou dont j'ai étudié la vie ne sont pas de ces automates aux idées bornées et au cœurs desséchés. Bien au contraire. Certains sont aimables et bons vivants (George Gamov, Isaac Asimov ou Richard Feynman) quand d'autres sont solitaires ou désagréables (Isaac Newton, Paul Dirac) mais tous ont en commun une même passion. L'ouverture d'esprit que l'on prête aisément aux gens de lettres et plus facilement encore aux gens se réclamant de la spiritualité, je ne l'ai jamais autant rencontrée que chez ces esprits débordants d'idées et en effervescence permanente que sont beaucoup de scientifiques. Je gage que les préjugés que vous avez à leur encontre proviennent d'un manque d'informations. Je ne peux en être certain, d'autant qu'il me semble assuré que chacun se défendrait d'en avoir, mais moi j'ai entretenu ces idées préconçues et il m'a fallu faire un certain parcours pour m'en détacher.
  10. Une fois explicités, je ne peux qu'être d'accord avec vos propos. Féru de psychologie cognitive et porté à l'introspection, je ne sais que trop bien comment les points aveugles de notre pensée nous confortent dans nos idées et nous mettent à l'abri de toute remise en question. Et même la douloureuse conscience de l'existence des biais cognitifs ne nous prémunis pas contre eux, tout juste cela nous permet-il d'y échapper un peu plus souvent que la moyenne.
  11. Sans doute aurais-je dû dire "de type bayésien" car bien entendu notre façon de traiter naturellement l'information n'est pas parfaitement bayésienne mais elle s'en rapproche suffisamment pour que cette qualification ne me semble pas saugrenue. Si, regardant le ciel et ses lourds nuages gris, j'estime à 50% qu'il pleuvra cet après midi, je peux très bien réviser mon jugement à la hausse ou à la baisse en voyant le bulletin météo. Mettre à jour nos croyances en fonction de nouvelles informations est tout à fait courant et relève du raisonnement de type bayésien. Enfin me semble-t-il.
  12. Alors là, j'avoue que vous piquez ma curiosité. Je suis matérialiste mais cela tient pour moi plus du constat que de l'idéologie et je serais curieux de savoir en quoi le matérialisme vous semble mener à la déchéance. Certainement mais le raisonnement Bayésien est la façon dont nous traitons naturellement l'information, même de façon impensée. Y recourir pour statuer sur la question de dieu est non seulement normal, mais rationnel et adéquat. Si je souscris pleinement au fait qu'il y a certainement des vérités indémontrables dans notre univers, nous ne savons pas à priori celles qui sont démontrables et celles qui ne le sont pas, ce qui nous oblige à les tester quand même ou à se résoudre à ne rien connaître. J'ajouterai qu'exporter le théorème d'incomplétude de Gödel hors des mathématiques est aussi périlleux que de faire de même avec la physique quantique hors de l'échelle microcosmique. Ainsi une vérité mathématique démontrable est absolument démontrable, j'entends par là qu'une vérité mathématique est absolue et non contestable. Dans le monde réel aucune connaissance n'est absolue ou parfaite, nous savons que nous n'avons accès qu'aux choses phénoménales et non à leur en-soi. Connaître un objet, aussi simple soit-il, se fait par le truchement d'intermédiaires (généralement des ondes électromagnétiques ou des particules) qui ne donnent qu'un aperçu tronqué d'un objet parfois lui-même modifié par l'action desdits intermédiaires. De même, les meilleures preuves auxquelles nous avons accès dans le monde physique, c'est échouer de façon répétitive à prouver qu'une hypothèse est fausse, chaque échec successif confortant un peu plus notre confiance en ladite hypothèse. Dieu étant supposé intervenir dans les affaires du monde pour répondre aux prières, faire des miracles ou exercer sa colère, on ne saurait dire de l'univers qu'il serait alors un système fermé puisque son étanchéité d'avec la transcendance ne serait pas unilatérale.
  13. Bonjour Zenalpha, Cela faisait longtemps que nous n'avions pas devisé (j'intervenais alors sous le pseudonyme d' @épixès). Cette position qui est également celle Luc Ferry et bien d'autres me semble s'opposer aux efforts déployés depuis des siècles afin de prouver l'existence de dieu. Simples croyants, philosophes et savants docteurs de l'église n'ont eut de cesse de mettre en évidence le caractère nécessaire de l'existence de dieu et pourtant je n'en ai jamais vu aucun renier le concept de foi. Si le terme de foi vient en effet de fides, il a évolué depuis lors et a acquit en chemin une définition plus vaste que la seule confiance. Nombre de croyants veulent justifier rationnellement leur foi et je ne vois pas qu'il y ait à expulser quelqu'un de ceux qui ont la foi pour la raison que sa confiance n'est pas aveugle et qu'il souhaite l'étayer. Au demeurant cela ferait de st Thomas D'Aquin quelqu'un qui n'a pas la foi et je pense que cela embarrasserait bien des croyants. Je ne nierai pas que l'argument des réglages fins est troublant. Cependant si vous le connaissez je suppose que vous connaissez également les critiques et alternatives qui lui sont adressées, comme son caractère tautologique ou l'existence d'un multivers. Mais pour ma part je ferai simplement remarquer que même si on accepte cet argument, celui-ci ne prouve absolument pas l'existence de dieu. Il suggère simplement l'existence d'une forme de conscience intelligente qui serait l'artisan de ces ajustements fins et probablement de l'univers lui-même. Mais dans ce cas notre univers pourrait tout à fait être une simulation programmée par une espèce supérieurement intelligente ou le résultat d'une création artificielle réalisée par cette même espèce hypothétique. Bien que souvent invoqué, cet argument ne dit rien de dieu.
  14. Eh bien les preuves en faveur de l'existence de Dieu sont de deux types: testimoniales et philosophiques. Les témoignages, après la rumeur, constituent le degré zéro de la preuve. Les témoins peuvent mentir ou se tromper de bonne foi, leurs sens et leur mémoire sont faillibles, ils peuvent mal interpréter ce qu'ils perçoivent et sont soumis à des biais cognitifs. L'existence d'un texte sacré et d'une collection d'anecdotes rapportées ne constituent pas le moins du monde une preuve qui ait valeur de démonstration. Les preuves philosophiques n'en sont tout simplement pas. Outre qu'elles sont largement rejetées par la communauté philosophique, elles s'appuient sur une casuistique fallacieuse en faisant appel à des prémisses fausses et des conclusions abusives. Elles partagent également le défaut de ne rien dire d'un dieu spécifique, même si elles prouvaient quoique ce soit ce ne serait toujours pas un argument pour prouver l'existence d'un dieu en particulier. Non seulement les preuves en faveur de l'existence de dieu sont aisément réfutables mais celles en sa défaveur sont plus convaincantes ou en tout cas elles ne postulent pas d'entités immatérielles qui échappent à la vérification empirique. Afin de se faire un avis sur une question, la méthode à peu près universellement employée est d'estimer la vraisemblance d'une affirmation à l'aune des connaissances acquises et d'exiger des preuves proportionnées à son étrangeté. Si une explication sollicite l'intervention d'êtres ou de pouvoirs surnaturels, le principe de parcimonie exige d'envisager des propositions plus simples et vraisemblables en priorité. Plus une affirmation est extraordinaire, plus les preuves devant la soutenir doivent l'être également et l'affirmation qu'un dieu existe est on ne peut plus extraordinaire. Une seule preuve suffirait à prouver son existence si elle était de qualité mais non seulement il n'en existe aucune de convaincante mais il serait charitable de qualifier de médiocres celles qui existent. S'il est vrai que l'immense majorité des athées sont matérialistes, on ne peut cependant se contenter d'écarter d'un revers de main ceux qui adhèrent à une philosophie spirituelle, idéaliste ou existentialiste. Je ne saurais me prononcer pour tous les athées mais à titre personnel je suis athée et matérialiste, cependant je vous assure que pendant longtemps j'aurais préféré qu'une forme de transcendance existe, dieu ou autre chose, afin de donner un sens à toute la souffrance qui existe ainsi qu'à la vacuité et à la brièveté de nos existences. J'ai sincèrement cherché des preuves pouvant soutenir une forme d'espérance car vivre face au néant n'est pas aussi facile que vous semblez le croire. Cependant mon désir d'être rassuré étant moins fort que celui de connaitre la vérité, j'ai dû me résoudre à croire ce que les preuves tendaient à soutenir.
  15. L'agnosticisme n'est pas tant la position de celui qui doute mais de celui qui considère que la question de l'existence de Dieu est indécidable puisque relevant de la transcendance, et donc de l'inaccessible. C'est moins une position particulière à l'égard de l'existence de Dieu qu'une considération épistémologique générale sur l'impossibilité de connaître, réduite à la question du divin. L'agnosticisme est une position qui reconnait les limites de notre capacité à connaître et comprendre le monde et à statuer sur les questions métaphysiques et transcendantales. L'athéisme faible est la position de celui qui n'accepte pas l'affirmation selon laquelle Dieu existe. Cet athée là ne pense pas que la question de Dieu est indécidable, il a examiné les preuves et arguments en faveur de l'existence de Dieu et il n'a pas été convaincu par ces dernières. En réalité le nœud du problème relève encore de l'épistémologie puisque l'agnosticisme concerne la connaissance (ou l'absence de connaissance) tandis que l'athéisme concerne la croyance (ou l'absence de croyance). Les deux se rejoignent en quelque sorte puisque la connaissance EST une croyance mais c'est une croyance qui à un statut particulier, tellement particulier qu'il justifie qu'on en fasse une catégorie à part.
  16. D'aucun vous répondraient que l'athéisme est une croyance comme chauve est une couleur de cheveux. Mais en réalité tout dépend à quelle acception précise de l'athéisme on se réfère. Car comme la plupart des mots il est polysémique et désigne aussi bien la négation de l'existence de dieu (l'athéisme fort) que l'absence de croyance en celui-ci (l'athéisme faible). Cette dernière définition n'est pas une affirmation positive mais plutôt une position par défaut en l'absence de preuves convaincantes. Ce n'est donc pas une croyance, au contraire de l'athéisme fort qui est une affirmation positive. Et ces deux positions ne sont pas mutuellement exclusives. En réalité l'athéisme fort requiert l'athéisme faible, il faut nécessairement ne pas croire en dieu pour nier son existence.
  17. Je me souviens de votre réponse dans ce sujet que j'ai ouvert. Vous avez affirmé "sans aucun doute" à la question de savoir si vous auriez quitté Omelas. Et pourtant je ne peux que constater que votre réponse m'apparait comme en contradiction avec son support numérique qui implique l'exploitation d'enfants travaillant dans les mines du Congo pour en extraire les métaux rares, celle éhontée de millions d'ouvriers asiatiques besognant dans des conditions scandaleuses ou tout simplement le pillage des ressources des pays du tiers-monde pour le bénéfice des pays développés. Je pourrais multiplier les exemples à l'envi mais ce serait superflu et n'y voyez pas là un jugement de ma part. Nous faisons partie de ceux qui restent à Omelas et à titre personnel je l'assume complètement. Je n'ai pas choisi l'ordre du monde et crier mon indignation en une vaine démonstration de vertu ne révélerait que mon peu d'entendement de son fonctionnement. L'histoire montre qu'un lent travail de fourmi pratiqué de l'intérieur, que la négociation et les compromis résolvent des problèmes infiniment plus souvent qu'un acte isolé et dicté par un sens moral intraitable. Pour répondre à votre question de savoir s'il resterait quelque chose à sauver, je vous ferai remarquer que -reprenant mon exemple précédent- nous sommes précisément les descendants de ceux qui ont abandonnés des enfants et des vieillards, qui ont massacré sans pitié leurs adversaires et qui se sont occasionnellement livré à l'anthropophagie. Et cela à donné naissance aux symphonies de Mozart, aux équations d'Einstein, à la déclaration universelle des droits de l'Homme et accessoirement à votre femme et vos enfants (si vous en avez). Cela valait-il le coup ? Je vous en laisse juge.
  18. Je ne "juge" pas l'esprit cartésien supérieur à l'évidence morale mais le premier est apte à avancer des opinions qu'il saura remettre en question si des preuves viennent les réfuter, il sait se conformer à la réalité quand l'évidence morale, elle, s'en moque et est aveugle aux conséquences. S'il nous semble moralement évident que livrer un enfant ou un vieillard à la mort est mal, ne pas le faire dans un contexte d'extrême raréfaction des ressources revient à signer l'arrêt de mort de toute sa communauté. Si les tribus primitives ne s'étaient pas résolues à faire le nécessaire pour la survie du plus grand nombre, nous ne serions pas ici à deviser respectueusement. Si nous devions toujours obéir aux injonctions de notre conscience sans les questionner, prendre du recul et évaluer les répercussions de nos actes, je gage qu'aucune forme de société pérenne n'aurait pu se maintenir. La rationalité n'est pas nécessairement l'ennemie des émotions et de l'éthique mais elle à pour fonction d'en juguler les excès. Si les sentiments sont un moteur puissant, il lui faut un volant pour en gouverner la direction.
  19. Je ne saurais être plus en accord avec vous sur le fait que savoir identifier des objectifs atteignables et propices à notre épanouissement puis établir une démarche rationnelle pour y parvenir est essentiel. Cependant que certains bonheurs soient plus essentiels que d'autres me semble sujet à débat. Si je souscris émotionnellement à cette thèse, mon esprit renâcle à la valider aussi facilement. Il existe en effet des vérités objectives qui peuvent être vérifiées empiriquement et possèdent un caractère absolu qui les rend indépendantes de nos croyances et sentiments personnels. Les idées, préférences et opinions relèvent de la pure subjectivité et varient d'un individu à l'autre. J'ai un goût prononcé pour la musique classique et une aversion tout aussi profonde pour le R&B et si je pourrais arguer de la noblesse de la première, de son élévation spirituelle, de sa richesse harmonique ou de ses qualités esthétiques, ce ne seraient en réalité que des mots creux dissimulant mal la vacuité de mon argumentation qui n'exprimerait en l'occurrence que mon sentiment personnel, incapable de mettre objectivement en évidence la supériorité d'un style musical sur un autre. Je ne désire rien tant que pouvoir prouver cette supériorité que chaque fibres de mon être me hurle -elle s'impose à moi avec toute la force d'une évidence morale- et cependant mon esprit aussi rationnel que relativiste sait que ce désir est vain. J'en pleurerais mais Mozart et Aya Nakamura se dissolvent dans la même insignifiance devant le silence buté de l'univers.
  20. Il faut distinguer le sentiment amoureux de son expression. Nul doute que la numérisation galopante de la société permet de connecter plus d'individus entre eux mais au prix de la qualité de ces relations. Nos habitudes de consommateurs effrénés encouragées par des injonctions sociales permanentes nous permettent de zapper l'interlocuteur qui ne nous plait pas au premier regard ou aux premiers mots échangés, nous exonérant d'approfondir les rapports interpersonnels que nous jugeons superflus ou voués à l'échec sur de simples impressions mais ce faisant ils nous condamnent également à être moins surpris et à ne pas accorder de second regard à celui qui ne nous à pas immédiatement plu. D'autres habitudes apprises de consommateurs viennent perturber le processus amoureux. A l'ère où nous ne prenons plus le temps de réparer ce qui est endommagé, où tout ce qui est imparfait doit être immédiatement remplacé plutôt que consolidé, le terrain des relations romantiques est devenu un marché comme les autres. S'il n'est pas satisfait, le client aura tout loisir d'échanger son partenaire défectueux contre un exemplaire plus conforme à ses goûts. Mais ces processus, et bien d'autres encore, n'affectent pas le sentiment amoureux lui même, seulement son expression. Ils l'encouragent ou le briment, le raccourcissent ou le prolongent mais n'en perturbent pas la nature profonde.
  21. L'amour est une stratégie sexuelle reproductive mise en place par l'évolution dont l'histoire remonte probablement aux cynodontes. Toute évolution d'une espèce se fait sur des temps longs et même si un évènement aussi majeur que celui que vous postulez arrivait, le sentiment amoureux n'en serait pas affecté avant des dizaines de milliers d'années au strict minimum.
  22. Anachel

    La charge raciale

    Ce concept de charge raciale me semble symptomatique de l'état de la sociologie contemporaine. Ou plus une notion est victimaire et énoncée dans un sabir Lacanien, plus elle serait crédible à défaut d'être prouvée selon les méthodes rigoureuses d'une épistémologie naturaliste. Comme beaucoup de concepts récents issus de la sociologie, le ressenti prime sur les données empiriques. On va même jusqu'à convoquer la psychanalyse (qui est une pseudo science), l'art (qui n'a rien à voir avec la science) ou les témoignages (qui après la rumeur, constitue le degré zéro de la preuve) pour tenter d'en appuyer le bien fondé.
  23. Considérer qu'un message ordonnant à x de tuer y n'à rien à voir avec le meurtre de ce dernier par le premier (s'étant bien assuré que tout le monde sache qu'il l'a tué au nom d'un désaccord concernant ledit message) est en effet parfaitement votre droit, bien que je vous avoue que le raisonnement aboutissant à cette conclusion me reste parfaitement obscur ou excède mon entendement. Cependant on ne peut nier la nature agonistique de certains des messages contenus dans les livres saints, et en l'occurrence le Coran. L'appel au meurtre des infidèles y est répété des dizaines de fois. C'est écrit dedans. Littéralement. Ca ce n'est pas une opinion, c'est un fait.
  24. Qu'un extrémiste soit d'abord et avant tout responsable de ses actes est en effet une évidence. Et on pourrait dire également que l'idéologie, religieuse ou séculière, dont il s'inspire n'a pas grand chose à voir avec ses actes criminels. Ainsi, suivant cette logique, on ne pourrait pas reprocher au communisme les purges staliniennes car ce sont les excès d'un homme et la complicité d'une administration qui en sont responsables. Cependant il resterait fondé de lui reprocher les conséquences directes de la révolution pour la bonne raison que le communisme (dans ses textes fondateurs) promeut activement la lutte armée à travers la révolution du prolétariat. De la même façon il me semble fondé de dire que les religions ne sont pas tout à fait exemptes de responsabilités dans les actes terroristes lorsque dans leur livre de référence on trouve plusieurs incitations à massacrer les infidèles. Je sais que c'est désormais courant et conforme à l'orthodoxie bien-pensante mais dire le contraire relève du déni de réalité.
  25. La sagesse ne recherche pas le bonheur, elle le laisse venir.
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