

tison2feu
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Tout ce qui a été posté par tison2feu
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Pour ce qui est de l'origine géographique de la rose trémière, l'étymologie du mot semble être une altération de "rose d'Outremer"
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Titenath vient de donner la réponse. A l'heure actuelle, ce sont les infirmier(e)s qui manquent.
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En tant qu'ORL, ses consultations à l'Hôpital européen Georges-Pompidou (Paris XV) avaient été annulées. Mais il faisait partie de la réserve sanitaire.
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Par "donner son aval", j'entends : donner le feu vert pour la mise en vente d'un nouveau médicament si, et seulement si, sont satisfaits tous les critères d'évaluation du protocole expérimental. L'ensemble de communauté scientifique ne donnera son aval qu'après s'être s'assurée de la qualité scientifique dudit protocole de recherche. Voilà pourquoi, aujourd'hui même, en France, le Directeur de la Santé, J. Salomon, en a appelé à l'urgence de l'évaluation du protocole. Au sujet des tests réalisés à Marseille, on peut lire dans International Journal of Antimicrobial Agents : "Au départ, vingt-six patients ont été enrôlés. Six n’ont pas pu poursuivre l’essai : trois ont été admis en soins intensifs au 2e, 3e et 4e jour de traitement ; un autre est mort le troisième jour alors qu’il avait été testé négatif la veille ; un patient a quitté l’hôpital ; le dernier a abandonné en raison de nausées." (Prépublication en ligne de ces travaux, à paraître https://www.mediterranee-infection.com/wp-content/uploads/2020/03/Hydroxychloroquine_final_DOI_IJAA.pdf )
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Avant de lancer un nouveau médicament sur le marché, des tests sur le long terme sont absolument nécessaires afin de réduire au maximim les risques d'effets secondaires pouvant être catastrophiques. Les travaux de Raoult, testés sur des rats et quelques humains, est une piste jugée intéressante et encourageante, mais elle nécessite de satisfaire à tout un protocole méthodologique permettant d'évaluer de façon sûr, étapes après étapes, risques et précautions - ce qui n'est pas le cas pour l'instant. Ton sentiment de "temps perdu" repose sur la prise en compte du travail d'un seul scientifique n'ayant pas l'aval de la communauté scientifique. Ces tests doivent être multipliés sur davantage d'humains et vérifiés sur le long terme.
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Salut Pascou ! Si l'on a la chance d'avoir un petit coin de jardin, et que l'on cherche tout naturellement à éviter le contact physique des bipèdes sans plumes, que demander de plus ?! Le confinement, c'est pour moi un art de vivre ! Mais je conçois très bien que ce soit dur pour beaucoup de personnes vivant en appart ou studio, et n'ayant jamais appris à vivre de façon autonome. Et pour toi ?
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J'avais donné une indication à propos du sens à donner au verbe "penser" selon Heidegger : " : "...dans l'optique de Heidegger, le scientifique ne "pense" pas car sa pensée ne se meut pas dans la dimension métaphysique de la philosophie pré-socratique (avec son questionnement sur l'essence du monde dans son ensemble)". Rien à voir donc avec le fait que les sciences dures manient un langage abstrait, des équations, donc ne parleraient pas et ne penseraient pas. Je ne sais qui est l'auteur de ce raisonnement farfelu, assurément pas un philosophe. Je suis le premier à regretter de ne pouvoir te proposer une analyse détaillée de Qu'appelle-t-on penser ?, car je réponds toujours volontiers à ce genre de requête. Mais je n'ai plus le temps de m'investir à fond dans ce genre de travail, d'autant que j'aurais dû quitter ce forum déjà depuis plusieurs semaines (il se trouve que beaucoup de topics étaient particulièrement intéressants ces derniers temps et j'ai à peine fini de les archiver) ; sinon, je continuerai de lire les intervenants les plus intéressants. Je comprends ta colère. D'un autre côté, si l'on s'intéresse sérieusement à l'histoire de la philosophie, il n'est même pas envisageable de faire l'impasse sur Heidegger. Libre à chacun de se positionner en son âme et conscience. Pour aborder l'étude de ce philosophe, j'ai donc cherché à connaître d'abord le sens de trois mot-clés : penser, être, métaphysique. D'où ma lecture (et relecture) de Qu'appelle-t-on penser ? Quant aux mots "métaphysique" et "être", leur sens en est amplement donné dans Introduction à la métaphysique. Voilà où j'en suis actuellement. Cela ne me permet pas du tout d'entâmer une discussion à partir des éléments critiques que tu me donnes : Beaufret, que je ne connais pas, et cet extrait de texte qui m'est incompréhensible à mon niveau, puisque je procède par paliers, à mon rythme. Le plus important étant à mes yeux de commencer d'abord par lire consciencieusement un philosophe dans le texte, avant de lire des textes de vulgarisation ou des critiques. (J'ai écouté néanmoins avec beaucoup d'intérêt l'une des vidéos enregistrées à l'occasion du Colloque "Heidegger et "les Juifs"", en particulier l'intervention de Jean-Claude Milner). Très bonne continuation à toi.
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Toute la question est de savoir ce que Heidegger entend par "penser". Il semble que lorsque tu emploies ce mot "penser", Zenalpha, tu l'emploies dans son sens courant, alors que Heidegger en donne un sens très différent qu'il a exposé en 11 heures de cours, lesquels ont fait l'objet d'une publication intitulée Qu'appelle-t-on penser ? (P.U.F, Quadrige, 262 pages). Or, si l'on accepte de chercher à comprendre un philosophe, cela ne peut se faire que par un profond travail analytique de ses écrits, afin de ne jamais trahir sa pensée. Un philosophe a la particularité de toujours donner un sens extrêmement précis et riche aux concepts qu'il emploie, et qui parfois seront fort éloignés du sens donné par le commun (Le Dictionnaire technique et critique de la philosophie, par Lalande, est un outil fort utile permettant de mieux appréhender le sens précis donné aux concepts utilisés par les philosophes depuis deux millénaires). Comment résumer 262 pages ?.................. Pour Heidegger, penser c'est penser l'essentiel, c'est-à-dire penser l'essence des choses, l'essence du monde dans son ensemble. Et lorsqu'il écrit "La science ne pense pas", il ajoute aussitôt : "Voilà une phrase choquante. Laissons à cette phrase son caractère choquant, même si nous la complétons aussitôt par cette autre : que la science, cependant, a toujours quelque chose à voir – à sa manière particulière – avec la pensée " (p. 28) Bien sûr que le scientifique "pense", à condition d'employer ce verbe "penser" dans son acception courante. Mais, dans l'optique de Heidegger, le scientifique ne "pense" pas car sa pensée ne se meut pas dans la dimension métaphysique de la philosophie pré-socratique (avec son questionnement sur l'essence du monde dans son ensemble). Et c'est un point de vue que je partage, malgré tout le respect et l'affection que je puisse avoir pour la recherche scientifique, sa rigueur, sa méthodologie, son innovation et son efficience.
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Comme toi, le sentiment d'angoisse (ou d'ennui) m'est étranger, comme je l'avais indiqué dans des posts précédents. Mais dans ce cas-là, n'est-ce pas l'occasion de nous interroger sur les plus profonds sentiments qui puissent nous habiter ? Pour ma part, j'ai tenté de décrire dans un autre topic ce sentiment assez indéfinissable de sublimité (ou d'émerveillement, si l'on veut faire simple) qui peut me submerger, mais qui a toujours un objet déterminé ; je me laisse alors envahir par une impression plus générale de mystère du monde dans son ensemble. L'objet musical peut m'atteindre au plus haut point. Mais ce sentiment peut naître à la simple vue d'un arbre en pleine ville que des milliers de personnes vont contourner sans même le voir. Bref, cela se rapproche peut-être de sentiments qui habitent plus particulièrement l'âme du poète qui, lui, parvient à voir ce que le sens commun met entre parenthèses. Annalavine avait proposé de lire un magnifique extrait d'Einstein, où il est question précisément de sublimité et de sensation de mystère : "La plus belle chose que nous puissions éprouver, c'est le côté mystérieux de la vie. C'est le sentiment profond qui se trouve au berceau de l'art et de la science véritables. Celui qui ne peut plus éprouver ni étonnement ni surprise est pour ainsi dire mort ; ses yeux sont éteints. L'impression du mystérieux, même mêlée de crainte, a créé aussi la religion. Savoir qu'il existe quelque chose qui nous est impénétrable, connaître les manifestations de l'entendement le plus profond et de la beauté la plus éclatante, qui ne sont accessibles à notre raison que dans leurs formes les plus primitives, cette connaissance et ce sentiment, voilà ce qui constitue la vraie dévotion en ce sens, et seulement en ce sens, je compte parmi les hommes les plus profondément religieux. Je ne puis pas me faire l'illusion d'un Dieu qui récompense et qui punisse l'objet de sa création, qui surtout exerce sa volonté de la manière que nous l'exerçons sur nous-même. Je ne veux pas et ne puis pas non plus me figurer un individu qui survive à sa mort corporelle : que des âmes faibles, par peur ou par égoïsme ridicule, se nourrissent de pareilles idées ! il me suffit d'éprouver le sentiment du mystère de l'éternité de la vie, d'avoir la conscience et le pressentiment de la construction admirable de tout ce qui est, de lutter activement pour saisir une parcelle, si minime soit-elle, de la raison qui se manifeste dans la nature." (Einstein) Dans la traduction sans doute plus fidèle proposée par Annalevine, le mot "sublime" fait son apparition à deux reprises : « L’expérience la plus belle et la plus profonde que puisse faire l’homme est celle du mystère. Sentir que derrière tout ce que nous pouvons découvrir il y a quelque chose qui échappe à notre compréhension, et dont la beauté, la sublimité ne peuvent nous parvenir qu’indirectement, voilà ce que c’est que le sentiment du sacré. Et il me suffit de pouvoir m’émerveiller devant ces secrets et de tenter humblement de saisir par l’esprit une image pâlie de la sublime structure de tout ce qui est. » (Einstein) Comme tu es sensible à la musique, Blaquière, je ne résiste pas à la tentation de livrer ce lien musical qui, à mes yeux, incarne doublement la sublimité : celle de la musique qui est jouée, bien sûr, mais plus encore les émotions intenses qui semblent animer de bout en bout cet interpète inspiré (Sheku Kanneh-Mason) et qui se manifestent par d'émouvantes torsions du visage, un regard tellement énigmatique, etc. (il y aurait de quoi écrire un livre sur cette seule video !) : PS : Le lien ci-dessus renvoie malheureusement à une version différente de celle que je voulais proposer. Pour trouver cette autre version sublime, qui dure 3.54 minutes (et où Shika porte un vêtement de couleur beige clair), il doit falloir faire une recherche sur Google en tapant "Sheku Kanneh-Mason - Elgar: Nimrod".
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Le sentiment d'angoisse dont il était question jusqu'à présent (dans ce topic) est le sentiment d'angoisse ressenti par Heidegger, c'est-à-dire un sentiment qui n'a aucun objet déterminé. L'angoisse te submerge au plus profond de ton être ; elle t'ôte la parole et te vide de toutes tes croyances, convictions, connaissances, représentations (les idoles que chacun porte en soi). Tu es en situation d'impuissance totale vis-à-vis de l'étant dans son ensemble. En obligeant ta volonté à lâcher prise et à se laisser gagner au rien/vide, cette angoisse va finir par répandre en toi un "calme singulier", un "repos fasciné"(dixit Heidegger). Tu te trouves alors dans un état de réceptivité exceptionnel : l'étant s'ouvre à toi "comme tel, à savoir qu'il est étant - et non pas rien". Tu vas pouvoir remonter à la question fondamentale de la métaphysique, qui va droit au rien lui-même : pourquoi est-il en somme de l'étant et non pas plutôt rien ? Donc, pour illustrer le propos d'Annalevine (et sauf erreur de ma part), nous voyons très bien la différence entre d'une part, un exercice de pensée mu par la volonté de tout maîtriser et, d'autre part un exercice du sentiment - en l'occurrence, l'angoisse heideggerienne (voire d'autres sentiments sans objet déterminé, tel l'ennui) qui, par la force des choses, oblige à un complet lâcher-prise, lui-même vecteur de réceptivité/disponibilité/écoute des possibles manifestations de l'être du monde dans son ensemble. Cette angoisse originelle, dès lors, va se tenir "dans une alliance secrète avec la sérénité et la douceur de l'aspiration créatrice".
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Y a t-il une autre réalité derrière le monde sensible ?
tison2feu a répondu à un sujet dans Philosophie
En effet, en tant que puissance de choix, ma volonté semble différer en tous points de cet effort continuel et aveugle du Vouloir-vivre schopenhaurien. Ma volonté est volonté de quelque chose. Le Vouloir-vivre, lui, serait un effort continuel et aveugle, une certaine espèce de désir ininterrompu, sans but déterminé, nous vouant donc à l'insatisfaction perpétuelle, à la souffrance ou à l'ennui. Par exemple, dans l'amour sexuel, chacun d'entre nous se soumet non pas à sa volonté mais à l'intérêt de l'espèce plutôt plutôt qu'au sien propre. Je ne parviens pas à adhérer à la vision du monde de ce philosophe, que je ne me suis d'ailleurs toujours pas décidé à lire. Si je me base sur cet extrait célèbre, je découvre une conception du vouloir assimilé à un désir, un besoin et un manque (souligné par moi dans l'extrait), qui me laisse perplexe : « Déjà en considérant la nature brute, nous avons reconnu pour son essence intime l'effort, un effort continu, sans but, sans repos ; mais chez la bête et chez l'homme, la même vérité éclate bien plus évidemment. Vouloir, s'efforcer, voilà tout leur être ; c'est comme une soif inextinguible. Or tout vouloir a pour principe un besoin, un manque, donc une douleur ; c'est par nature, nécessairement, qu'ils doivent devenir la proie de la douleur. Mais que la volonté vienne à manquer d'objet, qu'une prompte satisfaction vienne à lui enlever tout motif de désirer, et les voilà tombés dans un vide épouvantable, dans l'ennui ; leur nature, leur existence leur pèse d'un poids intolérable. La vie donc oscille, comme un pendule, de droite à gauche, de la souffrance à l'ennui ; ce sont là les deux éléments dont elle est faite, en somme. [...] Quand le désir et la satisfaction se suivent à des intervalles qui ne sont ni trop longs, ni trop courts, la souffrance, résultat commun de l'un et de l'autre, descend à son minimum ; et c'est là la plus heureuse vie. [Cependant] il est bien d'autres moments, qu'on nommerait les plus beaux de la vie, des joies qu'on appellerait les plus pures ; mais elles nous enlèvent au monde réel et nous transforment en spectateurs désintéressés de ce monde ; c'est la connaissance pure, pure de tout vouloir, la jouissance du beau, le vrai plaisir artistique ; encore ces joies, pour être senties, demandent-elles des aptitudes bien rares ; elles sont donc permises à bien peu, et, pour ceux-là même, elles sont comme un rêve qui passe. » (Shopenhauer) On note un flou artistique entretenu entre vouloir et désirer. Le désir, par surcroît, y est défini négativement, puisque réduit à un manque. Alors que le concept de volonté, me semble-t-il, suggère au contraire une idée de puissance en acte, ou d'acte en puissance. Au reste, contrairement à Schopenhauer et à Platon, je puis définir le désir positivement, non plus comme un manque ou un vide mais comme un trop-plein. Dans le cas de l'appétit ou de la soif, nous voyons bien que ces désirs sont des forces/puissances, et déjà, des plaisirs. Le désir, conscient ou inconscient, est une force qui ne manque de rien. C'est le fait de mourir de faim ou de soif qui nous ramène au manque, à l'impuissance d'agir et à la souffrance. Il convient seulement de différencier "appétit" et "faim". J'ai l'impression qu'il y a quelque chose de biaisé dans cette vision du monde. Décidément, la conception chinoise d'un monde en devenir m'a toujours semblé autrement plus solide et puissante, avec ses principes premiers de YIN -YANG, opposés ET complémentaires (désir et non-désir, agir et non-agir, etc.) qui semblent animer le monde dans son ensemble. Lorsque le désir s'actualise, le non-désir se potentialise. Lorsque la vie s'actualise, la mort se potentialise. Lorsque le plein s'actualise, le vide se potentialise. Etc. L'un ne va jamais sans l'autre. Le Chinois n'isole jamais un concept ou un sentiment, contrairement à nous autres. Il pense par paires de concepts opposés et complémentaires. Le vouloir ne fait sens que parce qu'existe le concept de non-vouloir. -
Bonjour Ambre, Même si vos messages ne me sont pas adressés, j'aurais aimé vous apporter un petit quelque chose de positif (avant de quitter ce forum), ne serait-ce qu'en vous indiquant une piste de lecture d'un ouvrage important, véritable outil de référence consacré entièrement aux émotions et aux sentiments. Il s'agit du Traité de psychologie des émotions, 2009, collection Psycho Sup, Dunod, 42 euros, (utilisé par des étudiants en master de psychologie, mais tout à fait abordable pour des non spécialistes). Pour un aperçu de l'ouvrage : https://www.cairn.info/traite-de-psychologie-des-emotions--9782100705344.htm Le chapître VII, rédigé par Elise Dan Glauser, est entièrement consacré aux sentiments : "Le sentiment subjectif. Intégration et représentation centrale consciente des composantes émotionnelles". Cet ouvrage ne remplace en rien notre propre expériementation des sentiments, notre propre ressenti, mais peut-être pourrait-il vous apporter quelques éclairages nouveaux sur les questions abordées par ce collectif d'universitaires, hommes et femmes (université de Genève). Bien à vous
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Dans ton énonciation, il n'y a pas de place pour ceux qui s'appuient sur leur expérience de la vie ET qui ont fait l'effort d'avoir une culture livresque. La lecture permet d'améliorer l'expression écrite, de mieux se faire comprendre, etc. L'un des problèmes que je trouve récurrent sur notre forum, c'est précisément l'impossibilité pour certains intervenants de s'exprimer dans une langue claire et distincte. Combien de fois ai-je découvert des auteurs qui parvenaient à exprimer des idées que je ne parvenais à mettre en mots, et dont les thèmes abordés étaient en rapport direct avec ma propre expérience de la vie.
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Y a t-il une autre réalité derrière le monde sensible ?
tison2feu a répondu à un sujet dans Philosophie
La question de la solitude, dans le monde antique, ne devait pas avoir grand sens parce que l'homme est alors avant tout un être social qui ne vit que dans le groupe, par le groupe et pour le groupe. Sinon, je ne peux pas répondre hélas à ta question à la place de Platon. Pour ma part, je ne peux concevoir ces concepts de beauté, vérité, etc., que sous l'angle d'une quête de beautés ou/et vérités partielles, en étant animé par ce que j'appelle le sentiment du sublime (le sublime n'étant lui aussi qu'une quête), qui suffit à donner un humble sens à ma vie. Ce sentiment est assorti d'émotions multiples qui sont autant de moteurs poussant à agir, à créer, à innover, dans le domaine où l'on se sent le plus compétent. A quoi bon cette quête ?, me diras-tu. Par goût et pour le plaisir de découvrir et de s'ouvrir au monde, de partager les découvertes d'autrui, d'en apprendre chaque jour davantage sur le monde dans son ensemble. -
Y a t-il une autre réalité derrière le monde sensible ?
tison2feu a répondu à un sujet dans Philosophie
Dans le cas de Platon, notre monde - qui n'a par lui-même aucun sens - reçoit/tire sa signification d'un monde autre (le monde suprasensible des Idées). Notre monde (le réel immédiat) se trouverait être seulement une trompeuse doublure du vrai monde suprasensible. Bien sûr, nous pouvons considérer qu'il y a inversion du réel, et que le monde suprasensible de Platon n'est en réalité qu'une trompeuse doublure du réel immédiat, avec la sensation d'avoir été "doublé" par Platon ! Mais dans ce cas, reste entière la question du sens à donner à ce réel immédiat, apparemment privé de sens/absurde. Il me semble que la prérogative du réel, c'est de n'avoir pas à rendre compte de lui-même. Le réel se suffit à lui-même et il a toujours le dernier mot. La vie se suffit à elle même, et c'est notre vie seulement qui peut souffrir de l'insuffisance du réel à rendre compte du sens à donner à cette vie qui est la notre. En me référent au sentiment du sublime, j'évoque pour ma part l'idée d'une quête simultanée du beau, du vrai, du bon, etc. Et dans l'expérimentation de ce sentiment (aisthetikos) pourrait bien résider le sens le plus profond que je puisse donner à ma vie, sans tomber pour autant dans l'illusion métaphysique platonicienne du monde et son double. -
Y a t-il une autre réalité derrière le monde sensible ?
tison2feu a répondu à un sujet dans Philosophie
Nous pouvons imaginer que le monde de la caverne est celui où tout est limité, fini, déterminé. La beauté y est toujours beauté d'un objet déterminé, beauté de quelqu'un ou de quelque chose. Idem pour la vérité, toujours vérité d'un objet déterminé ; ainsi, les vérités scientifiques accumulées depuis 2000 ans ne se limitent qu'à des objets finis du monde, jamais à l'ensemble infini de l'objet-monde (à moins de poser le monde comme étant fini dans le temps, l'espace, et le devenir). Dans le monde de la caverne, nous en sommes réduits à déplacer les limites du beau, du vrai, du bon, du bien, sans jamais atteindre de beauté absolue, de vérité absolue, etc. Malgré les contingences de ce monde, où pullulent laideurs, faussetés et erreurs en tout genre, le dévoilement de vérités et de beautés, si limitées soient-elles, est pourtant rendu possible à tous ceux qui, savants ou artistes ou philosophes, sont animés par un même sentiment du beau et du vrai, par un même amour du beau et du vrai. Et puisque ce sentiment les transporte vers des territoires toujours plus beaux et vrais, ne peut-on parler de sentiment du sublime ?, dans la mesure où le sentiment du sublime est précisément le sentiment du beau, du vrai, etc. transporté à l’infini, élargi au-delà de toutes limites jusqu'au monde dans son ensemble. En recourant à la puissance de mes sentiments - et en renonçant aux ressources bornées de mon intelligence - je puis donc entretenir ce sentiment enthousiasmant du sublime qui me permette d'éprouver le monde dans son ensemble. Le sentiment du sublime est un sentiment sans objet déterminé (sentiment an-objectal), ou encore, ce qui revient au même, un sentiment d'existence d'un monde illimité, infini, indéterminé. Dit autrement, un sentiment d'une réalité supérieure pouvant se manifester à travers les sentiments de tous ceux qui cultivent et qui ont le sens prononcé du beau, du vrai, etc. Pour ma part, je n'ai pas de raison de penser que cette réalité supérieure serait hors de l'ensemble du monde. Elle peut très bien, sous un voile mystérieux, faire partie de l'ensemble du monde illimité, infini, indéterminé. Elle ne demande qu'à être dévoilée. La seule question qui me vient à l'esprit, c'est de savoir si ce sentiment du sublime, qui peut m'habiter parfois intensément, ne pourrait pas être contrecarré chez autrui par un sentiment inversé de sublimation de l'horreur, du faux et de l'erreur, du chaos, etc., en un mot, d'une réalité supérieure pouvant se manifester à travers les sentiments de ceux qui cultivent et qui ont un sens prononcé du laid, du faux, etc. Mais dans ce cas, comment expliquer l'existence de lois de la physique qui attestent bien l'existence du monde structuré, et non chaotique, de notre caverne limitée ? Le sentiment du sublime a en outre l'avantage de procurer bien-être et amour de la vie, contrairement à ce sentiment inversé vecteur de haine de la vie. -
(Post plus complet, par rapport au post précédent)
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Lorsque Heidegger écrit : "Ce nous appelons ainsi "sentiments" n'est ni un épiphénomène fugitif du comportement de notre pensée (...) ni une simple impulsion (...) ni un état seulement donné (...)", il est à noter que ce mot "sentiment" est mis entre parenthèses afin de le distinguer des autres sens qui sont généralement attribués à ce terme. Nous savons en effet que le philosophe fait référence uniquement au sentiment qui n'a pas d'objet déterminé, à un sentiment qui se situe exclusivement au pôle anobjectal (comme disent les psychologues). Donc, Heidegger aborde la question du sentiment sous le seul angle anobjectal. De même que Descartes ou Spinoza n'aborderont la question du sentiment que sous l'angle de la passion (sans doute parce que, à leur décharge, le mot "sentiment", au XVIIe s., avait de multiples sens, et non pas le sens actuel que nous pouvons lui donner). Je me méfie de ce genre de généralisations consistant à mettre chaque culture dans une petite case, quand on sait que les exceptions à la règle sont de taille - l'exemple de Kant venant à point nommé. Qui plus est, au moment où la raison triomphe avec Kant, d'autres en France arrivent à la réalité du sentiment avec Rousseau (certes, né en Suisse, comme Jung, pourra-t-on m'objecter). Par conséquent, mieux vaut avancer avec un nuancier. En effet.
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Tout à fait d'accord avec vous sur ce point.
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Les mots basques sont en effet souvent sujets à de nombreuses variations phonétiques (variantes lexicales) comme celles que vous mentionnez, mais cela ne change rien à ce que j'ai essayé de vous expliquer. Pour la seule raison que le sens de toutes ces variantes lexicales, lui, est resté stable ; quelle que soit la variante lexicale utilisée dans telle ou telle vallée du Pays Basque, on retrouve ce double sens de "genou" et "génération". Or, c'est de cette analogie sémantique dont je parlais en précisant qu'elle est le fruit d'un peuple entier, voire de plusieurs peuples parlant des langues différentes, et que cette analogie n'est en rien issue d'une prétendue langue des oiseaux inventée, elle, par un seul individu. Puisque vous parlez de notre mot français "genou", eh bien précisément il se trouve qu'il a la même étymologie que le mot "génération" (racine gen-) indiquant de ce fait que les peuples indo-européens pratiquaient également le rite de la reconnaissance filiale. Vous proposez un hypothétique *je-nous, en rapport phonique avec le français "genou" (en vous inspirant de l'analogie sémantique ci-dessus !), mais cette analogie basée sur une ressemblance phonique n'est plus valable pour son voisin espagnol (qui dira *yo-nosotros, sans rapport phonique avec rodilla "genou"), ni pour son voisin basque (qui dira *ni-gu, sans rapport phonique avec belaun "genou"), etc. Voyez-vous la différence ? Dès que vous passez dans une nouvelle langue, le rapport que vous avez établi astucieusement entre sons et sens de mots dans votre langue (tel que "genou" et *je-nous), sera aussitôt invalidé, parce qu'il n'est le résultat que de votre seule subjectivité. Pour que vos analogies soit valides, scientifiquement parlant, il faudrait que vous trouviez d'autres langues du monde où il existe un mot signifiant "genou" qui ait un rapport à la fois phonique et sémantique avec une construction de type *je-nous. Pour illustrer mon propos, prenons l'exemple du vocabulaire employé par Jacques Lacan. Il a inventé ce même type d'analogies sémantiques et phoniques, créant ainsi un ingénieux langage des oiseaux en langue française, mais dont la traduction en langue étrangère est devenue extrêmement difficile, voire impossible. Pour les raisons exposées à l'instant. PS : Pour faciliter la lecture de ce post : sémantique = relatif au sens du mot phonique = relatif au son du mot * = hypothétique
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Ce langage des oiseaux n'est qu'un jeu associatif - entre le sens et les sons des mots - purement subjectif. Ce jeu de langage n'a rien à voir avec les associations d'idées et de sons opérées collectivement dans les vraie langues il y a des millénaires de cela. Je te donne un seul exemple : en basque, il existe un seul mot belhaun pour dire "genou" et "degré de filiation, génération"; cela ne résulte non pas d'une association d'idées jaillie dans la cervelle d'un seul individu imaginatif mais de l'observance d'un rite ancestral commun à une population : le rite de reconnaissance filiale suivant lequel le fils, à sa naissance, est porté sur les genoux du père, et par ce geste se trouve scellé le degré de filliation (que l'enfant soit ou non l'enfant naturel de la mère). Mais chacun est libre de s'intéresser ou non à la véritable étymologie des mots. (A propos du langage des oiseaux, mes petites tourterelles sont très limitées en langage. Mais je peux communiquer un peu avec elles par geste : losque je penche la tête en les regardant, elles penchent également leur petite tête en me regardant. Je trouve ça merveilleux !)
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Dans une autre video, H. Reeves disait "Je pense que je suis croyant". Eh bien, je dirai quant à moi, que certains jours "je pense que je suis croyant", d'autres jours "je pense que je suis athée", et d'autres jours encore "je pense que je suis agnostique". J'ai été secrété par la vie, qui elle même a été secrétée par l'univers. J'ai conscience à la fois de mon insignifiance tout en éprouvant aussi un immense sentiment de reconnaissance et d'humilité à l'égard de cet univers qui m'a donné la vie. J'aime la vie. J'aime cet univers que je ne parviens pourtant pas à appréhender. Je sais que ma façon assez particulière d'appréhender et d'éprouver le monde de la sorte a l'inconvénient de contrarier les personnes qui aiment tout cataloguer, comme si tout devait être blanc ou noir. Il en est ainsi pour moi parce que je DOUTERAI jusqu'à la fin de ma vie. Parce que tout petit, ma vie a commencé par des questionnements ("Dis-moi pourquoi, maman ? Pourquoi ? pourquoi ?....") mus par l'envie de savoir, de savoir toujours davantage. Et cet envie de savoir aujourd'hui est aussi intense qu'elle ne l'était à mon enfance. Je suis capable de passer par des moments de certitudes, puis de doute, puis de suspension totale de tout jugement. Je n'y peux rien, c'est ainsi. Cela me permet en tout cas de respecter les convictions de chaque être humain, qu'il soit croyant, athée ou agnostique.
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Sur la question de la tonalité-sentiment, l'explication pourrait se trouver dans l'usage même de la langue allemande puisque, avec Heidegger, nous sommes souvent confrontés à des problèmes de traduction. Nous avions déjà rencontré un autre mot "disposition" (affective) dont le sens n'était pas évident. D'après une note explicative figurant à la suite du texte, j'ai lu que l'allemand Stimmung est un mot-clé qui, sur proposition de Heidegger en personne, a été traduit en français par "disposition". Or, le mot français n'épouse pas du tout les harmoniques de Stimmung, dont la racine stimmen indique l'accord, la juste correspondance ou consonance : la Stimmung de l'angoisse est disposition accordée, en consonance avec le rien. On se rend compte que l'emploi du mot Stimmung vient éclairer la présence d'un autre mot allemand traduit cette fois par "tonalité" (Je ne suis pas germaniste, hélas, et je crains de ne pas être clair !). Bon, laissons un peu la Stimmung de l'angoisse ou celle de l'ennui heideggerien, cet "ennui profond, s'étirant comme un brouillard silencieux dans les abîmes de l'être-là, [qui] confond toutes chose, les hommes et nous-même avec eux, dans une étrange indifférence." Ah ! "Le degré zéro de l'angoisse" par Dompteur (https://dompteurdemots.com/2018/05/21/le-degre-zero-de-langoisse/), rien de tel pour nous sortir du gris et froid heideggeriens ! "Toute théorie est grise, mais vert florissant est l'arbre de la vie". J'aime ton fragment philosophique où flirtent sentiment profond et poésie, tant le style est soigné. Le problème avec toi, Dompteur, c'est que chaque fois que je termine de te lire, je me trouve sans mots, comme si tout avait été dit par toi, et sans qu'il y ait à "redire". Ou alors juste un mot, peut-être, au sujet de cette "surabondance" vécue comme un trop-plein angoissant, laquelle me fait penser à la présence du Désir en nous - non pas éprouvé comme "manque" au sens platonicien, mais Désir surabondant. C'est noté pour Bataille, à ajouter sur ma pile de lectures en attente, qui touche désormais le plafond de ma chambre
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Désolé, cher Zenalpha, si je suis passé à côté de ce que tu voulais signifier à propos de cette "certaine philosophie" pompeuse voire trompeuse. Tu visais donc particulièrement Heidegger... J'avais fait l'impasse sur Heidegger, dans ma réponse précédente, n'ayant pas une connaissance suffisamment approfondie de sa philosophie. Je suis parfaitement aux courant de ses errances politiques mais aussi du contexte socio-politique de l'Allemagne de l'époque (le rêve d'une grande Allemagne...). Et de son intérêt pour les philosophes grecs qui, eux, pratiquaient en exercice et visaient une certaine sagesse... Néanmoins, j'ai besoin de comprendre par moi-même où la philosophie de Heidegger peut nous conduire. J'avoue avoir été littéralement subjugué en lisant et relisant Qu'appelle-t-on penser ? (cours universitaires hebdomadaires donnés par Heidegger), puis des extraits de Introduction à la métaphysique. Je n'y ai jamais trouvé Heidegger pompeux, dans les écrits en question, mais au contraire étonnamment accessible, compte tenu de sa manière fascinante d'exposer sa pensée, de la synthétiser par moments, de la répéter si nécessaire mais toujours d'une façon légèrement différente, puis de la redéployer ensuite vers de nouveaux horizons selon des enchaînements logiques. Alors "fascination" ? "manipulation"? Pour l'instant, je ne sais...
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Salut Zenalpha, Bien que ton intervention s'adresse à notre ami Dompteur, je te fais part bien volontiers de quelques observations qui me viennent à l'esprit. Je partage avec toi le même intérêt pour l'histoire des idées, même si je me suis rendu-compte autrefois (il y a plus de deux ans lorsque j'intervenais régulièrement sur ce forum ou ailleurs, en section philo) que je ne faisais que parler de philo et non pas philosopher... Qui plus est, parler de philosophie suppose d'avoir un très bon bagage philosophique que ne possèdent hélas pas la plupart des intervenants sur un forum généraliste (parler de tel ou tel philosophe suppose en effet de parler en totale connaissance de cause, c'est-à-dire d'avoir lu, analysé minutieusement, etc. au moins un ouvrage philosophique en son entier si nous le citons, ou à défaut d'avoir lu les oeuvres principales de ce philosophe, avant de se risquer à le critiquer). Un forum généraliste ne se prête pas vraiment, sauf exception, à ce type de discussion sur l'histoire des idées. Au sujet du blog de Dompteur, contrairement à toi, j'y vois une philosophie riche et vivante, nullement idéaliste, en rupture avec la philosophie académique et autres modes de "pensée géométrique". Cela me fait penser vaguement aux mots de Frédéric Schiffter, dans Philosophie sentimentale : "Un philosophe peut m'instruire ou m'éclairer, mais son oeuvre n'exerce sur moi aucun charme si en filigrame de ses concepts, de ses thèses, de ses arguments, je ne perçois pas le récit d'un chagrin personnel. Sous le masque du cérébral, j'aime deviner l'orphelin, l'amoureux, l'abandonné, le déclassé, le décalé - l'"animal malade"." Je pense que le rapport à la vérité d'un philosophe (petites vérités subjectives : morales, éthiques, métaphysiques, esthétiques, psychologiques, politiques, épistémologiques) n'est pas, et n'a pas prétention, à être identique à celui d'un scientifique (petites vérités objectives). Je ne partage pas, moi non plus les réflexions de Bruce, exemple parfait du contre-sens philosophique consistant à juger des philosophes avec un regard contemporain. J'ai zappé immédiatement, sans doute trop conscient de la portée des écrits d'Aristote, tellement en avance sur son temps..., premier philosophe à avoir étudié l'ordre de la pensée indépendamment de son contenu, et selon sa forme (logique formelle). Sur le divorce entre philosophie contemporaine et philosophie analytique, j'entends bien tes préférences et celles de Rovelli pour cette dernière. Mais dans la mesure où le philosophe est en droit de s'intéresser aussi à l'essence des choses et du monde, je n'ai aucune raison quant à moi d'écarter ni la métaphysique, ni encore moins la philosophie "sentimentale", aux cheminements de pensée intimes, pénétrants, puissants (la force des sentiments), tellement vivants et humains, de certains philosophes contemporains moins connus du grand public.