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Tout ce qui a été posté par Scénon
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Dans le domaine philosophico-religieux, il a aussi été question très souvent, sur internet, du «paradoxe de Xénon». La première fois que j'ai rencontrée cette expression, elle m'a poussé à faire des recherches infructueuses. Car, d'après mes lectures, la Grèce antique ne connaissait aucun philosophe du nom de Xénon. Peu à peu, je suis parvenu à voir clair dans la confusion: Il existe un élément chimique, un gaz, appelé «xénon». Ce gaz ayant parfois, semble-t-il, un comportement insolite, on parle du «paradoxe du xénon». D'autre part, l'Antiquité a connu plusieurs philosophes du nom de Zénon. Le plus célèbre d'entre eux, Zénon d'Élée, a formulé des problèmes mathématico-philosophiques qui ont fait fortune, et qui ont été regroupés sous le nom de «paradoxes de Zénon». Inutile de dire que le «paradoxe de Xénon» n'a jamais existé. Mais quelle ne fut pas ma perplexité de voir avec quelle vitesse prodigieuse s'était répandue un peu partout cette formulation inouïe! Les internautes se recopient les uns les autres pour parler plus ou moins intelligemment du paradoxe d'un inexistant Xénon, ce qui prouve incontestablement qu'ils ne sont jamais remontés à la source. C'est un peu comme si les noms des philosophes Platon, Plotin et Pléthon désignaient tous la même personne. «À force de tout voir, l'on finit par tout supporter.»
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Les nouvelles du front ne sont pas meilleures: Une recherche systématisée dans l'œuvre écrite d'Augustin ne s'avère pas facile. Celle-ci est immense, et de plus, la citation partout reproduite en français ne permet pas de déterminer exactement quels mots auraient été employés en latin («supporter», p. ex., peut se dire ferre, sustinere, etc.). En désespoir de cause, je suis revenu aux sites qui la reproduisent... Le phénomène est absolument incroyable: on la trouve, non sur des dizaines, mais sur des centaines de sites, chaque fois accompagnée de la fameuse signature (con)sacrée: «Saint Augustin» ou «Augustin d'Hippone», mais sans qu'on donne jamais aucune référence précise (alors que cela ne devrait poser aucun problème, si on l'avait lue directement dans un ouvrage). Même dans les homélies, ou autres textes d'inspiration catholique, on la donne pour augustinienne sans plus. Cela me rappelle un cas comparable: une fameuse phrase que tous les internautes reprenaient (et reprennent encore) en boucle, en lui attachant chaque fois le nom prestigieux de Voltaire. Un savant internaute m'en signalait un jour la source précise: il ne s'agissait point du fleuron de la langue française, mais d'une femme de lettres anglaise du début du XXe siècle. «À force de tout voir, l'on finit par tout accepter.»
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Mauvaise nouvelle pour tous ceux qui se passionnent pour ce qui fait ici débat : La citation ne provient pas non plus de La Cité de Dieu, l'ouvrage le plus volumineux et le plus intéressant d'Augustin. Ne désespérons pas ! Pascou va probablement bientôt répondre à la question que nous lui avons soumise.
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Tant mieux. Cela ne nous éclaire pas sur l'origine de la phrase partout attribuée à Augustin, plus particulièrement à ses Confessions. L'initiateur du topic, Pascou, pourrait-il en dire un peu plus? Le premier à la citer et à la lui attribuer sur le net est, si je ne m'abuse, Olivier Leclerc, en 2009, dans L'Histoire de la grenouille chauffée lentement. Il n'en donne pas les références. Pour rester dans le sujet du topic («À force de tout voir, on finit par tout accepter»): on répète alors cette phrase indéfiniment sur d'autres sites, jusqu'à ce qu'un internaute, n'en sachant rien mais voulant montrer en savoir plus, ajoute qu'elle est tirée des Confessions, ouvrage de loin le plus connu d'Augustin; puis, d'autres répètent cette même erreur après lui. Ce que j'ai trouvé de plus extrême: en reprenant l'histoire intégrale de Leclerc, un site va jusqu'à affirmer que celle-ci (l'histoire de la grenouille, et non seulement la citation) remonte «sans doute» jusqu'à Augustin lui-même – ce qui est, si possible, encore plus faux! Non, saint Augustin, ou du moins la phrase que tous se plaisent à lui attribuer, ne se démode pas.
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C'est pourquoi j'ai écrit plus haut qu'elle s'applique avant tout, non à la lâcheté, mais à l'ignorance. Sur le net, comme dans le présent topic, elle est attribuée à Augustin, et cela ad nauseam, par des personnes qui n'ont jamais ouvert aucun de ses livres. Par contre, ceux qui ont pris la peine (ou le plaisir) de lire les Confessions, diront qu'elle ne se trouve très certainement nulle part dans cet ouvrage.
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Dans la catégorie, vous n'êtes pas mal non plus: vous n'avez manifestement pas cru un mot de ce que j'ai écrit. :cool:
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Interprétation valable. Mais la phrase d'Augustin est vraie surtout par référence aux ignorants.
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Pour ceux qui n'auraient pas suivi cette discussion depuis le début: c'est donc tout compte fait saint Augustin, source d'inspiration de Luther, qui a amené la Révolution française... :blush:
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Aurais-je donc eu tort de l'affirmer aussi péremptoirement?
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Non, Hitler est mort depuis 70 ans; mais après «Augustin né avant J.-C.», chronologiquement plus rien ne paraît impossible dans ce topic.
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Aussi n'ai-je pas critiqué cette réponse mais abondé en son sens, en signalant que la citation d'Augustin est encore aujourd'hui manifestement justifiée; et en ajoutant pourquoi.
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Pour le fond de cette remarque, je serais en principe assez d'accord. Seulement, à partir du moment où, en intitulant votre sujet «Saint Augustin ne se démode pas», vous faites implicitement référence à son ancienneté; où, à la définition d'un autre internaute («intemporelle citation»), vous répondez explicitement qu'elle date en effet d'«avant Jésus-Christ»; où l'erreur, pendant un certain temps, ne fait sourciller aucun internaute; voire où, discrètement signalée à plus d'une reprise, elle ne suscite toujours aucune réaction; enfin, où la citation même d'Augustin, c'est-à-dire «à force de tout voir, l'on finit par tout accepter», est clairement illustrée par ce qui se passe dans la discussion, c'est-à-dire par une erreur grossière (je n'ai pas dit: impardonnable, et sur laquelle il faille dans la suite continuer à peser lourdement) ne suscitant aucune réaction – en vertu de l'ensemble de ces considérations, j'estime que, bien au contraire, ma première intervention concernait pleinement le sujet de ce topic.
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... ajoute-t-on fièrement sans jamais avoir ouvert un seul de ses livres, et tout en spéculant sur la probabilité que les autres, ici, ne les aient pas lus non plus.
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Il est certes inutile d'en faire un drame, car situer chronologiquement avant Jésus-Christ un chrétien notoire, c'est déjà suffisamment dramatique.
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J'aurais pu et dû parier gros que le premier à réagir, ce serait vous.
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Déjà sept intervenants pour quatorze messages, et tous voient, supportent, acceptent, approuvent...
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Et de cinq intervenants pour dix messages...
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«On finit par tout supporter, tout tolérer, tout accepter, tout approuver». C'est tellement vrai, hélas. Déjà quatre intervenants pour huit messages, et aucun ne bronche...
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Ha ! c'est vous, Maroudiji ! J'aimais bien votre ancien topic sur les conceptions de l'âme (et les dauphins...) !
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En effet, c'est pourquoi les premiers chrétiens n'ont pas manqué de voir en ceux qui célébraient les mystères d'Éleusis des confrères: avant que Cérès ne vînt, il n'y avait pas de pain dans le monde.
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«Depuis que le Christ est venu, le monde est créé» (Évangile selon Philippe). Mais comme je vous sais très idolâtre dans votre manière de lire, vous allez encore vous imaginer que cet évangéliste prétend que le monde qui nous entoure a été créé il y a (aujourd'hui) deux mille ans...
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Amusante, surtout la fin!
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Je le signale parce que, dans les discussions entre juifs et chrétiens, ces derniers rappellent souvent aux premiers la prophétie d'Ésaïe, en ignorant que pour un juif, almah («jeune fille», «demoiselle»), ce n'est pas la même chose que betoulah («vierge»).