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Tout ce qui a été posté par Jedino
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Un Français enraciné dans ses croyances, sans doute.
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Parce que le costard vous permet d'être mieux assis qu'un jean ou qu'un short ? Vous voulez rire. Vous en ririez si bien qu'un mec qui viendrait vous parler de votre prêt en tong, vous lui demanderiez d'aller voir ailleurs. C'est donc pas qu'un simple vêtement : vous y donnez de la valeur, du crédit. Tout comme toutes les autres tenues qui n'ont absolument aucune fonction autre que de donner l'impression (symbolique) de quelque chose. C'est vrai du curé, c'est vrai du banquier. La seule différence, c'est que vous ne l'acceptez pas. Et entre nous, si la République a pour devoir de faire respecter ma liberté propre, pourquoi suis-je contraint socialement par le fait de devoir être, je cite le terme, "présentable" ? Faut arrêter les fixettes sur la religion. Qu'on fasse le nécessaire pour la sécurité, ça va de soi. Ca ne justifie pour autant pas de faire n'importe quoi à l'égard de gens qui n'ont rien demandé et rien fait, ce qui est l'essentiel des personnes concernées par la religion dont on parle. Pour ce qui est des extrêmistes, peu importe lesquels, c'est le travail de l'Etat, en effet. Je ne vois cependant pas en quoi je serai plus en sécurité si cette personne ne porte pas de voile (le dernier que j'ai vu, à vrai dire, c'est celui d'une bonne soeur, et pourtant je suis en ville). Entre nous, je ne vois pas ce qu'est un "vrai" Français. En tous les cas, je n'ai jamais eu vent des faux. Et faites attention quand vous traverserez la rue demain : c'est le meilleur moyen de vous protéger, en effet. Le problème, c'est qu'on apprend rien alors qu'on nous le martèle des années et des années. C'est pourtant pas bien difficile de voir qu'on fait une fixette à l'égard de gens qui ne demandent qu'une chose : qu'on leur foute royalement la paix histoire de pouvoir vivre tranquille comme tous les autres Français. Ma réaction n'est qu'une réponse à la réaction d'une autre personne qui délirait elle-même sur la jeunesse, son pathos exacerbé et son inculture infinie. D'où la citation à chaque fois de la personne concernée. Pour le reste, l'affaire ne m'intéresse pas. C'est de l'actualité, ça ne mérite pas un débat. Je ne vous oblige nullement à les lire.
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Que vous préfériez vivre dans votre coin et seul est votre droit. N'allez pas pour autant mépriser ceux qui se pensent capable de se supporter autrement qu'avec des yeux de hyènes, s'attendant à une menace et ne se sentant rassuré qu'avec un fusil sur l'épaule. J'ai pas connu l'époque des "prolos", c'est un concept parfaitement vide de sens puisque je ne le mets dans aucun contexte propre. Vous usez de concepts qui ne me concernent nullement. Bref, vous ergotez. Hahaha ! Mais nous pouvons discuter Histoire si vous le souhaitez. Je vous en prie, lancez-vous. A moins de croire à l'une, elles se valent toutes, si. Sauf s'il existe une jauge que j'ignore permettant de juger objectivement de la valeur d'une religion par rapport à une autre. Que ce soit le texte, l'intention ou les actes, toutes les religions sont globalement semblables, toute proportion gardée selon l'influence historique par rapport à la masse de la population. Car il est vrai que la religion du canton de machin aura, espérons-le, moins eu le temps de rêver de gloire et de puissance (un pêché bien humain) par rapport à une religion millénaire dans sa durée et large dans son influence. Je suis étonné de votre connaissance de mon propre mode de vie : je trouve ça assez admirable. Mais si là encore, nous en sommes à un conflit intergénérationnel, je n'irais pas dire que nous sommes les premiers à abuser d'un système qui est ce que l'on hérite de VOUS. Car, jusqu'à preuve du contraire, je ne l'ai effectivement pas encore influencé autant que vous. Bref, encore une quête de division. Mis à part ça, j'attends les arguments explicitant les amalgames. Soyez concrets, nous ne sommes pas dans un cours de latin. Admirable ! Vous savez ce que j'ignore, aussi. Ce qui est plus beau encore, c'est que vous faites de l'Histoire sur des "si" : "si untel avait eu ceci ou cela, il aurait fait ça". J'appelle ça de la spéculation, non de la science. Mais je n'ai prétendu nul part, sinon, que le monde oriental est un monde de bisounours. J'ai uniquement dit que nous n'en étions pas non plus. Qu'importe la situation du Juif ailleurs dans le monde. Je vous parle du Juif chez nous. Je doute qu'un Chrétien français soit le Chrétien d'ailleurs dans le monde. Mais donc, vous estimez que les musulmans ont découvert l'Europe de là voilà un siècle ? J'ai quelques doutes sur l'estimation. Certes, il a fallu qu'on se promène partout dans le monde pendant un temps certain pour que ça vienne par chez nous plus intensément, bien que ce ne soit pas le premier flux migratoire qu'on ait connu. Concernant l'antisémitisme et le concept de race, ce n'est pas une question de science mais de croyance, et vous le savez. Quand on veut croire en quelque chose, on est prêt à refuser une croyance par la démonstration/observation qu'est la science. Et, enfin, pour le nationalisme, on a quand même pas découvert ça au XXeme siècle non plus. La seule chose qu'il fait, c'est qu'il évolue. Ou alors "la Nation une et indivisible" n'est plus un concept inventé fin XVIIIeme, je peux bien évidemment me tromper. Un territoire n'existe pas, je ne le conçois en effet pas. Une personne existe, un groupe de personnes existe, pas un territoire. Sauf si vous pensez être la terre que vous foulez, mais là, je ne peux rien pour vous. Autrement dit, le territoire n'accepte ou ne refuse rien à la population : seule la population décide de ce qui est bonne ou mauvaise pour elle. Et cette population dépendant d'un monde qui n'accepte que les formes adaptées à son environnement, si vous n'évoluez pas, vous finissez par mourir. Votre "territoire", votre "culture", peut mourir, et elle le peut par l'isolement, qu'il soit voulu ou non. Nous serions dans la naissance d'une culture chez nous, j'aurais compris. Mais là, on parle de quelque chose qui existe depuis un certain temps et, surtout, qui n'a de cesse d'avoir des influences venant de l'extérieur. Que ce soit par les gens, que ce soit par le mode de vie apporté d'ailleurs comme ce fut le cas pendant et après la deuxième Guerre mondiale par les Américains, que ce soit par les produits "exotiques" que nous injectons dans notre façon de se vêtir ou, plus encore, de se nourrir. Bref, on vivrait cloisonné, hors de toute influence, on s’appellerait Corée du Nord. Encore que même elle se laisse influencer, très légèrement, ici et là, par des entrées et sorties, quand bien même elles sont cadrées. Une culture n'est pas une statuette figée dans le sol et qui a vocation à y rester. Elle n'est pas un chaos non plus, ou alors je vous plains sincèrement. En tous les cas, je n'ai nullement le ressenti d'un chaos culturel chez nous. La seule chose que je vois, c'est la peur que des lignes évoluent par pur traditionalisme (et ça, peu importe l'âge ou la croyance, on en trouve partout des gens comme cela). Ce n'est pas parce que je ne bois pas d'alcool que je suis dans le juste et les autres dans le faux. Ce n'est pas pour ça non plus que je crains leur façon d'être. Or, vous m'expliquez ici que la venue de personnes ayant connu une autre culture chamboulent nécessairement la "nôtre". Vous m'excuserez, mais c'est que compte tenu de son ancienneté, elle est bien fragile alors, et donc trop peu adaptée à son époque. Et ce qui n'est pas adapté finit par mourir sans évolution. C'est aussi simple que ça, aussi niais et simpliste qu'un dinosaure, trop volumineux, à côté d'un petit rien ressemblant à un hamster. Et, finalement, si les choses ne parviennent pas à évoluer d'elles-même, ça finit, en effet, par finir mal. Le "normalement" n'évoque pas un doute, seulement une incertitude sur le concept en lui-même : il est tellement déformé, bafoué, tiré dans tous les sens qu'au fond, il en perd du sens. Tel qu'entendu dans la loi de 1905, il n'a pas voeu à diviser mais à égaliser tout le monde a même niveau. Il n'y a pas la ligne "sous prétexte que nous sommes dans un pays historiquement chrétien, il sera fait exception de". Sauf que, et vous le savez si vous avez les connaissances que vous prétendez, il n'est pas question de se radicaliser (mis à part quelques situations exceptionnelles, notamment dans les années qui entourent son vote), mais d'arriver à une paix sociale. Là, c'est plutôt une arme pour tirer en face. Donc en effet, le concept de laïcité qu'on met en avant actuellement n'est pas celui que je partage. D'où le "normalement". Vous me faites sourire doucement, sincèrement. Entre nous, qu'importe ce que veulent ces gens que je ne magnifie pas, ce n'est en tous les cas pas à moi de juger ce qu'ils souhaitent s'ils ne font rien pour m'empêcher de vivre en paix. Vous savez, je préfère de loin un indifférent qui laisse son monde tranquille qu'un engagé qui ne cesse de vouloir monter les uns contre les autres pour des raisons fallacieuses. Mais je vous l'accorde, la pression sociale, qui est d'autant plus forte que le milieu est conservateur (du style faut s'habiller ainsi, faut penser cela, faut éviter ces gens-là parce qu'ils peuvent être dangereux et qu'ils sont pas comme nous, etc.), a une influence certaine sur ma personne, et il m'est difficile de comprendre en quoi un banquier paraît plus sérieux et sympathique s'il a une cravate bien nouée. En général, ma réaction à la symbolique des vêtements tient à cela : "ce n'est que du tissu". Pour le reste, mettez-y les croyances que vous voulez tant que, vous m'excuserez du terme, me faites pas chier. Car ce qui affligeant, ce n'est pas de croire en quelque chose, c'est de vouloir à tout prix l'imposer à l'autre. A vrai dire, je ne fais aucune différence entre porter un voile et mettre une cravate pour faire bien au mariage ou devant le patron. La seule différence, c'est que l'un semble anormal pour certains, l'autre paraît évident pour tout le monde. Mais dans les deux cas, ce n'est que de la symbolique attachée à un truc qui brûle pas trop mal. Mais bien évidemment, cela n'a aucun rapport, le social étant dénué de croyances et de principes implicites, n'est-ce pas ?
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Au vu de l'analyse, je suis rassuré d'être ce jeune crédule et idiot. Sinon, en effet, on se dit que pour qu'un mec nous respecte un minimum, eh bien, il faut que ça aille dans les deux sens, indépendamment de l'origine qui semble être un paramètre essentiel pour considérer la "valeur" d'une personne et de l'égard qu'on lui doit. Quant au fait qu'on met sur le même pied les religions, c'est en effet le cas : on rappelle aisément que ça commet des horreurs au nom d'une religion, mais on balaie rapidement un passé (?) qui a duré quand même un certain temps. Mais en effet, on voit une constante : peu importe l'extrême dont on parle, qu'il soit politique, religieux ou n'importe quoi d'autres, ça a une fin qui est rarement heureuse, quand bien même l'idée est bonne au départ. Donc ouai, ce n'est pas une affaire de religion "bonne" ou "mauvaise", comme on aimerait nous le faire penser parce que ici les écrits seraient plus violents que là, parce que ça porte de la barbe ou non (tic). Non, le problème, c'est qu'on a des gens qui finissent par gober au point d'y donner crédit et foi des conneries énormes (on appelle ça des fanatiques), et plus encore, on en a qui apprécie le fait de les faire gober, que ce soient pour des raisons de fanatisme ici aussi, ou par simple calcul froid. Et donc, quand on voit qu'un parti nationaliste progresse autant, parti qui n'a pas la réputation d'être le parti le plus au centre du pays, on se pose en effet des questions. Pourquoi se pose-t-on des questions ? Parce qu'on a peut-être moins tendance à oublier encore à cet âge-là que le nationalisme n'a que rarement une fin joyeuse au bout du compte. Ce n'est pas une question d'être "mal vu" ou "bien vu", c'est juste qu'on considère que c'est très con de penser qu'un mec qui aurait pas le même teint ou pas les mêmes croyances devraient être moins chez lui que nous. Parce que ouai, on a tendance à penser que la connerie n'est pas une affaire d'origine, qu'elle soit ethnique ou sociale d'ailleurs. Pour le reste, on est toujours dans le même débat ridicule que cherche à alimenter quotidiennement le FN. Quand quelqu'un demande à bouffer un truc, c'est un drame national. Quand t'as une connerie symbolique en mairie ou non, c'est un drame national. Bref, c'est un débat aussi élevé que de parler du nouveau veston de François ou même de son scooter : en fait, il est inexistant. Entre nous, la culture, je ne vois pas où elle est quand il s'agit de dire un "ici, c'est chez moi", sous prétexte de l'artillerie argumentaire de l'histoire et de la culture. C'est dramatique de croire que les problèmes viennent d'ailleurs : un tel manque de culture historique est gravissime. Regardez cent ans en arrière, les gens pensaient déjà la même chose, mais pour le Juif. Sauf que ce dernier, pour l'essentiel, on l'a balayés après qu'un type s'est mis à pousser à l'extrême ces conneries. Et seulement à ce moment-là ça s'est dit : "quand même, j'ai été un peu con sur ce coup". Parce que non, les types qui viennent nous envahir, qui viennent voler notre argent, qui viennent je ne sais quelle autre idiotie pas possible, c'est du déjà vu et revu. Sauf que c'est le genre de choses dont on se rappelle le moins, curieusement. Préférant (tic) la grandeur de la France ! Ô toi ma belle France ! Il serait temps de se questionner un peu sur notre passé, y compris récent, avant d'aller faire les malins. Parce qu'il serait bien facile de jeter la faute sur "eux" les immigrés venant investir nos quartiers (tic) et qui mettent à mal notre si beau pays qui allait si bien sans eux. Bien trop facile. Mais face à un échec, il est "normal" de faire un déplacement sur une personne extérieure car il est difficile d'admettre ses propres torts. Et le premier est de croire que l'adoration naïve d'un concept, la Nation, justifie tout. Le deuxième étant sans doute de ne pas oublier qu'un concept n'a ni couleur ni origine : s'il est bien construit, sous couvert de symbolisme, il peut rassembler beaucoup de monde, pour le meilleur ou pour le pire. Mais le concept n'est qu'une construction. Le reste est une affaire d'homme. Il ne suffit pas de brandir des idées ou des croyances en un concept (Dieu, la Nation, ou celui qu'on préfère) pour rassembler. Il faut non seulement y croire, mais accepter qu'un autre le puisse aussi. Bref, ouai, on a tendance à penser que l'essentiel réside moins dans l'idée que dans l'humain, l'idée n'étant qu'un vecteur pour atteindre le réel but : la cohésion (sociale). Faire de cette idée une barrière est une façon de rejeter l'autre, et cela influe négativement. D'où notre méfiance à l'égard de la Nation qui, dans le discours de ceux qui la portent, est un vecteur de division. La façon d'en parler compte. Il n'y a donc aucune honte de "notre" culture, il y a simplement son ouverture à d'autres pour l'enrichir. La culture n'a pas pour rôle d'être un cloisonnement. D'où la laïcité qui, par retrait de l'Etat, souhaite ouvrir le champ des possibles à tous. Ce n'est normalement pas un vecteur de division, comme cela devient que trop le cas dans le discours. Sous couvert de crainte par manque d'ouverture parce que, ô tristesse, une femme ne se promène pas en jupon et, l'homme, lui, ne se permet pas un costard et un menton bien rasé. Faudra m'excuser, mais ce type de "raisonnement", je les trouve, mais ça ne tient qu'à moi, assez primaires. Mais je ne doute pas un instant que vous saurez fustiger mon point de vue, m'expliquant que je ne comprends rien. Sous couvert de dangers grandiloquents, sous couvert de justifications qui devraient me convaincre que, finalement, rien ne vaut un bon Français. Parce qu'il est bien connu qu'un Français (blanc et chrétien, un non immigré bactérien quoi) ne va jamais massacrer des gens hors de chez lui. Qu'il est toujours le premier à protéger son prochain. Qu'il est, en somme, le porteur d'une universalité, mais seulement si cette universalité reste bien chez elle, dans "son" pays qui n'est pas le "nôtre". Ma parole, que je reste aussi con qu'en ma jeunesse, empoisonné à ces idées anti-racistes et par mon inculture évidente.
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J'ai très bien compris en effet. Et la réflexion est intéressante, bien évidemment, mais elle part du présupposé qu'il existerait une bonne manière de faire, ce en quoi je doute. C'est bien pour cette raison que le fait d'affirmer posséder la bonne méthode me gêne, par le fait d'être philosophe. Et si chacun possède la sienne, alors nous le sommes tous, ce qui rend l'affirmation sans intérêt. Peu m'importe qu'il se pense ou non philosophe : ce qui m'intéresse, ce n'est pas lui, mais la pertinence de son discours. Et en effet, je ne comprends pas ce besoin de se mettre en avant. La morale et l'éthique sont des questions importantes et de longue date, effectivement. Toutefois, philosopher peut se faire sans morale ou éthique, tout comme on peut faire de la science sans se préoccuper plus que ça des questions éthiques. Cela ne veut pas dire pour autant que ma manière de faire est immorale. Cela signifie simplement que je peux faire mon travail, quel qu'il soit, sans être un monstre et sans être un saint. Je me méfie autant de l'indifférence totale que de la réflexion constante sur la question, pour la simple raison qu'elle peut mener à des chemins qui ne sont pas forcément les meilleurs. Voilà, tu as tout dit dans la dernière phrase de ton premier paragraphe : s'affirmer, dans un débat, "je suis un philosophe", c'est une façon de chercher un argument d'autorité (injustifié selon moi) face à son interlocuteur, comme si le fait même de faire la philosophie rendait nos raisonnements parfaits en chaque instant. Grave erreur que de ne pas considérer l'erreur. C'est aussi dangereux que de brandir des concepts, certes très beaux et très dignes, comme ligne de vie. Il faut de la nuance, toujours, y compris en éthique et morale. Ce qui est intéressant, c'est que ta première réflexion pourrait très bien s'accorder aussi avec ce que certains poètes ont pu écrire ou penser. Typiquement, c'est l'Albatros baudelairien. Notre discours n'est pas bien différent, en effet. On pourrait discuter sur le détail et vérifier que c'est le cas, ce serait un travail normal en philosophie. Mais je préfère répondre à ta surprise de départ en essayant d'être plus clair : Quelqu'un faisant de la philosophie publiquement ne me gêne pas. C'est là très intéressant, un peu dans les habitudes grecques. En revanche, son rôle n'est pas, tôt ou tard, de brandir la pancarte du "Je suis un philosophe", et comprenez par là que vous non. Qu'il soit philosophe ou non, on s'en fout, ce n'est pas la question. Qu'il soit ingénieur, mathématicien, ceci ou cela, dans un débat philosophique, ça n'a strictement aucun intérêt. Le débat est un échange fondé sur des idées/opinions, et quand bien même notre profession en détermine certaines, l'objectif n'est pas de savoir à quelle profession ses lieux communs mais de faire progresser chacun. Si quelqu'un ne progresse pas, le débat n'est qu'un semblant de mauvais monologues. Bref, c'est pour ces raisons-là que je considère comme sans intérêt l'affirmation de son appartenance (réelle ou non) à un groupe qui serait plus apte à. Et si j'étais d'humeur méchante, j'irais jusqu'à dire que le faire démontre au moins que nous en sommes un mauvais, dans la mesure où il tombe précisément dans les mêmes travers que quiconque, à savoir se penser expert, donc infaillible ou meilleur. Pour terminer, je prendrai l'idée (qui n'est pas mienne, elle vient de Kip Thorne) que contrairement aux vieux physiciens rodés sur les concepts et théories existantes, c'est bien souvent les plus jeunes, les "nouveaux", ceux-là même qui ne maîtrisent pas encore profondément les concepts en jeu, qui apportent la nouveauté permettant de faire avancer la science (ici, la physique), en particulier quand elle devient contre-intuitive ou contraire à ce qui se manipule depuis cent ans.
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Pourquoi le sont-ils ? Sinon parce que la vie ne se résume pas à un raisonnement logique ou mathématiques. Surtout, je trouve dommage de réduire le raisonnement à une démonstration cadrée et formalisée car, si nous la pratiquons plus ou moins fréquemment dans nos vies, nous raisonnons beaucoup, pour ne pas dire essentiellement, sans se préoccuper de toute démonstration logique et mathématiques. Finalement, on en revient toujours au même problème : qu'est-ce que la philosophie ? Et le fait est que, selon l'époque dans laquelle on se place, la réponse n'est pas la même. Ce qui m'étonne le plus dans ton propos ici, c'est que tu rattaches la morale essentiellement à la religion. Pourtant, on ne compte plus les philosophes qui ont questionnés ce concept-là. Mais là où je suis en parfait accord avec toi, c'est bien sur la singularité du cheminement de chacun sur la question. Mais en religion aussi, le chemin spirituel est personnel, quand bien même la religion a une prétention universelle (et la philosophie n'est pas si loin de ça non plus vu qu'elle cherche à comprendre dans sa profondeur l'homme et son monde, il me semble).
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De manière générale, j'ai tendance à répondre que non parce que ça le regarde et, qu'au fond, on s'en tape assez. Même si ça permet de nourrir des discussions croustillantes par la suite en la pimentant de deux ou trois anecdotes. Mais je vais te répondre tout de même en mon âme et conscience. Si la philosophie est un métier à part entière, il n'est pas choquant de gagner de l'argent avec. De façon plus générale, toute personne écrivant un livre peut prétendre gagner sa part sur la vente d'un livre. De même pour un diplôme, que ce soit parce qu'il fait autre chose ou parce qu'il prétend l'enseigner. Il faut un point de départ, l'enseigner ne me choque pas. Pour la notoriété, comme tu le sais, j'ai plus de mal sur certains points. Mais en soi, être reconnu pour son travail n'est pas un souci. En tous les cas, si sa fin est de gloire ou d'or, il manque le but réel de la philosophie. D'autant plus s'il en vient à se montrer et s'affirmer comme philosophe à tout va. Comment une planète, bien figée dans sa trajectoire autour d'un autre astre plus gros qui l'attire juste assez pour le posséder en son système (stellaire), peut-il se détacher de lui ? Il existe la méthode douce et lente : le temps, à savoir l'usure des astres pouvant mener à des fins non souhaitées. Il existe aussi le dérèglement d'origine extérieur : un astre, plus ou moins gros, vient vous frapper violemment et vous sort de votre trajectoire. Enfin, il existe le dérèglement interne, mais il est plus incertain et plus complexe. C'est là la vision classique du philosophe ermite (du poète albatros, curieusement aussi), laissant penser que la pensée véritable ne se trouve qu'à la marge du monde, comme s'il fallait s'y asseoir pour pouvoir enfin voir sans bornes. Si c'est une observation simple, cela convient parfaitement et permet en effet d'être objectif. Mais cela me fait penser à la sociologie : face à la sociologie théorique, une autre est apparue, prétendant elle aller justement se mêler à l'univers qu'elle voulait décrire. Par mêler, j'entends expérimenter et participer véritablement à cette vie. On pourrait se dire que, de fait, on perd l'objectivité. Personnellement, c'est la seule sociologie qui permet d'attirer vraiment mon attention : elle ne prétend pas construire un système, elle témoigne par un oeil scientifique une situation. Elle reste dans le concret pour parler du concret, en somme. C'est pareil pour la philosophie ici : si nous ne sommes pas capables de se mettre en retrait, le retrait du monde est l'unique solution. Mais si nous pouvons prendre du recul sur notre propre vécu, alors rester dans le monde est la meilleure solution. Sartre est plutôt un bon exemple. En principe, il n'a pas besoin de les appliquer vu qu'ils viennent directement de lui et, espérons-le, de ses convictions profondes. Sinon il ne fait qu'ergoter, et c'est dommage. Si être philosophe est un métier comme un autre, pas plus qu'un autre non. S'il est davantage que cela, si la philosophie possède une certaine, disons, "grandeur", on peut supposer qu'une excellence morale (même si personne ne l'est jamais tout le temps et parfaitement) est un bon départ pour donner valeur à son propos.
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Je suis un philosophe
Jedino a commenté un(e) billet du blog de Jedino dans Blog de Jedino le bouleau
deja-utilise : J'ai écrit ça après avoir vu un "débat" avec Onfray où il a prononcé la phrase telle qu'elle est, ce qui est la seule chose qui m'a marqué. zera : je me reconnais plus aisément dans ton propos. En revanche, la science a un avantage tout de même, c'est qu'elle avance en confirmant par l'expérience : c'est parce qu'on arrive à comprendre et agir sur la réalité des choses qu'on valide ou non un concept scientifique. C'est tout de même pas la même chose que simplement imaginer un système cohérent qu'on suppose proche de ce que nous sommes, quand bien même on s'y reconnaît. Et pour l'amour, c'est une définition qui est assez propre à chacun souvent, en effet ! Pas de soucis, merci du passage -
Je suis un philosophe
Jedino a commenté un(e) billet du blog de Jedino dans Blog de Jedino le bouleau
Je te l'ai dit, aucun souci avec les développements. Je mets simplement plus de temps à répondre ^^<br><br>Si nous nous comprenons bien, je suis d'accord avec ce que tu me racontes là. Si je suis exigeant avec la philosophie, ce n'est que parce que je l'estime. Et si je la questionne, c'est uniquement parce qu'elle m'a dit qu'il fallait se questionner sur chaque chose. Je n'en renie pas l'intérêt et la nécessité, loin s'en faut. <br><br>Par contre, je me méfie particulièrement, parmi ceux qui sont censés se questionner, de ceux qui affirment si indiscutablement de pareilles choses. Cela me paraît aussi ahurissant que de se prétendre être un sage. Sauf à se penser dans l'excellence, ce qui est possible, mais est trahi par le fait même de le dire. C'est une conception du philosophe que j'ai, elle est sûrement toute personnelle.<br><br>Pour le reste, j'ai l'esprit relativement scientifique, du coup oui, je ne cours personnellement pas après les croyances et j'aime mieux comprendre le monde, peu importe en quel sens. Donc en effet, tout travail permettant d'aller plus loin dans la compréhension me paraît louable. <br><br>Mais je crois que, comme pas mal de sujets, on va rester dans un désaccord de nuances. Ce n'est pas vraiment sans raison que je suis davantage attiré par les philosophes qui ont pu remettre en question la discipline et ses hommes : ils ont justement attaqué la prétention parfois excessive de la philosophie. Parfois de façon fallacieuse aussi. Mais ils l'ont fait. <br><br>Je dois t'avouer que conceptuellement parlant, j'ai du mal à concevoir qu'on puisse savoir qui nous sommes au sens philosophique du terme. C'est là un des "blocages" que j'ai face à ça. Et tu noteras que jusque-là, mis à part si ça m'a échappé, nous n'avons toujours pas défini ce qu'est un philosophe. Pourtant, nous discutons de gens qui ont prétendu l'être. Bien entendu que, tout comme toi, je sais "reconnaître" quelqu'un qui peut l'être de quelqu'un qui ne le serait pas. J'en ai lu pas mal pour m'en faire une idée. Seulement, je me demande s'ils sont vraiment si à part que ça. Suffit-il d'avoir la volonté d'y prétendre, d'oeuvrer vers cela pour pouvoir affirmer l'être ? <br><br>Si je peux me permettre une image que tu as déjà évoqué plus tôt pour défendre l'intention il me semble, il y a bien une différence entre celui qui est sur le chemin et celui qui arrive à la destination. Peut-être le chemin en vaut-il davantage la peine, je l'ignore et ce n'est pas mon point ici. En revanche, il faut être arrivé à cette destination pour pouvoir dire que nous y sommes (ou que nous le sommes, dans notre cas). Autrement dit, si tu oeuvres à être philosophe, tu n'es par définition pas philosophe, seulement en voie de (à considérer que tu es sur le bon chemin). En cela, cela me paraît bien absurde de le dire. <br><br>Maintenant, si être philosophe se résume à une profession comme le mathématicien, mes raisons semblent globalement ridicules. A condition de savoir ce qu'est la philosophie, ce qui n'est pas forcément simple.<br> -
Je suis un philosophe
Jedino a commenté un(e) billet du blog de Jedino dans Blog de Jedino le bouleau
Je vois très bien ce que tu veux dire. Pour ma part, j'ai mis du temps à le devenir, mais je suis devenu extrêmement critique envers la philosophie et les philosophes. Tu l'auras compris, je le suis particulièrement à l'égard de ceux qui ont la prétention de l'être. Ne serait-ce que pour la raison simple qu'on ne se connaît jamais assez pour pouvoir le prétendre, et que si on le dit devant quelqu'un, rien ne nous dit qu'au fond il le soit davantage que nous. Peu importe la définition de ce qu'est le philosophe, d'ailleurs. Sauf que dire "je suis" n'est pas dire "J'apprends à être", et c'est là le problème. Le premier cas signifie bien ce qu'est l'être que j'incarne, de la même manière que je m'attribue un prénom quand je dis "Je suis ce prénom". Si le sens de cette phrase voulait vraiment dire ceci, une personne qui passe son temps à raisonner et nuancer son propos serait parfaitement capable, je suppose, de nuancer la phrase en question. Ou alors il l'ignore, ce qui est pire, car il a tort sur sa personne. Le pire étant à mes yeux, bien entendu, d'en avoir conscience et de croire que nous le sommes. En fait, je ne l'admets pas pour la raison simple qui est que je ne vois pas sur quel(s) critère(s) on peut dissocier le "bon" du "mauvais" philosophe, ou même le philosophe d'une autre personne. Il n'est pas un mathématicien qui démontre un théorème ardu un beau jour, et il n'est pas un sportif qui bat un record du monde. Au mieux il construit un système qui prétendra être meilleur que celui d'un prédécesseur, mais jamais on ne le saura : on ne pourra qu'y croire. Pour être peut-être plus clair, ce qui me dérange profondément, c'est de remplir notre ignorance par des croyances qui deviennent parfois une foi au lieu de la remplir de savoirs. Autrement dit, je déteste (mais c'est pas nouveau) la métaphysique et sa prétention de décrire logiquement la réalité. Ce n'est pas parce qu'il existe un système théorique qu'il fonctionne, bien au contraire. L'économie nous le démontre tous les jours. Donc le philosophe ne se rapproche pas vraiment du mathématicien. Il pourrait l'être pour le sportif, si on entend par là qu'il va dans un dépassement de lui-même. Mais si ce dépassement est une quête métaphysique pour donner sens à ce que nous ignorons, c'est davantage de la religion que du sportif qu'il faut rapprocher cela. -
Je suis un philosophe
Jedino a commenté un(e) billet du blog de Jedino dans Blog de Jedino le bouleau
J'ai aucun souci avec la longueur, je ne complexe pas devant les pavés ! Sauf que les intentions ne font pas tout. L'acte a davantage d'importance que l'intention : si l'action est mauvaise, l'intention pouvait être bonne, cela ne changera pas l'action mauvaise. Au mieux, l'autre en face sera tolérant, par compassion ou compréhension, mais il subira malgré tout l'effet de l'action. Autrement dit, j'ai beau vouloir, j'ai beau avoir l'intention et l'envie d'être ceci ou cela, je ne le suis pas parce que je le crois mais parce que je le démontre. Et quelqu'un qui le démontre n'a, généralement, pas besoin de le dire : cela se voit et est confirmé par les autres. Pour ce qui est des philosophes grecs, le cas est différent car ce n'est pas entendu de la même manière actuellement. C'était davantage le synonyme de "je suis en quête de la sagesse", ce que je ne trouve pas choquant. En fait, dit brièvement, je ne dis pas davantage que "nul besoin de dire ce qu'on est si on est vraiment ce qu'on prétend être". Maintenant, si le philosophe est une profession comme le serait un mathématicien, soit. Mais on perd ce que la philosophie prétend justement apporter depuis l'Antiquité, à savoir en partie une modestie (de pensée) : "Je sais que je ne sais pas" est somme toute évocateur. Et quand je dis "Je suis un philosophe", le "Je suis" affirme clairement que "Je sais" qui je suis. Ce qui me paraît bien vite dit. -
Je suis un philosophe
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Oui et non. Je peux concevoir ça pour un artiste, moins pour un sportif (où l'objectif est compétitif pour ceux que l'on considère comme "sportifs professionnels"). Mais en effet, la question se pose aussi pour l'artiste. Et la différence est souvent faite entre l'artiste, qui pratique simplement un art, et un artiste de "génie", à savoir quelqu'un qui est classé comme au-dessus des autres selon certains critères. Nous sommes bien d'accord. Sauf qu'en philosophie, tu as le philosophe, et l'autre. Tu n'as pas le philosophe du quotidien, celui qui suit une philosophie de vie, et le philosophe de "génie", celui qui se range aux côtés d'un Bergson ou d'un Platon. Le problème, c'est que la philosophie de vie peut aussi faire d'un philosophe quelqu'un qui restera dans l'histoire : il suffit de prendre le cas de l'école cynique pour le voir. Là, nous sommes clairement dans une philosophie de vie, philosophie de vie qui a toute sa place dans la philosophie et à quoi nous rattachons des philosophes ayant certaines idées. Donc, la question que je pose est : être philosophe, donc faire de la philosophie, est-ce vraiment écrire des traités jargonneux, ou n'est-ce pas plutôt (ou aussi) justement l'aspect "philosophie de vie" ? Autrement dit, est-ce qu'un philosophe est uniquement celui qui pense par les lettres, ou bien couple-t-il sa pensée par l'action, transformant son action en agir ? Pour ma part, je suis davantage sur la dernière des positions, mais j'ai bien conscience que je n'ai pas forcément celle de pas mal de passionnés de la question. Mais plus encore que cette question, c'est le fait même de s'affirmer philosophe qui me dérange tant j'attache une forme de modestie et de discrétion à un tel personnage. Le rôle du philosophe n'est pas d'affirmer sa position en le proclamant haut, il est plutôt de le démontrer par ses talents propres. On est jamais aussi peu philosophe qu'au moment où on prétend l'être. Et je te retourne la question par analogie : est-ce que dire "je suis un scientifique" fait de la personne un véritable scientifique, et non pas une caricature ou simplement un "mauvais" scientifique ? S'en convaincre ne suffit pas toujours, ou alors seulement dans son coin pour soi. -
Je suis un philosophe
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Peace, man. -
En fait, de tout le "débat" que j'ai eu le courage de finir, le plus sensé de tous restait celui qui était assis à côté et intervenait de temps en temps (je n'ai pas retenu son nom et ai la flemme, là). Parce que franchement, c'était à se demander si le débat consistait à voir qui serait capable de lancer le plus d'invectives et de banalités. Je ne connaissais pas spécialement Onfray avant ça (enfin de nom), et j'ai que moyennement envie d'en apprendre davantage. Cultivé ou non. Parce que savoir des choses ne fait pas tout.
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Je ne sais pas pour vous, mais l'affirmation "Je suis un philosophe" à tendance à me déconcerter. En effet, à quel moment peut-on dire, sait-on, en fait, que nous sommes, au sens fort du terme, un philosophe ? Est-ce parce que nous sommes parvenus à écrire une oeuvre à teneur philosophique, ou bien plutôt plusieurs ? Est-ce plutôt davantage un ressentiment, une sorte d'accomplissement qu'on estime avoir atteint et qui correspondrait à une définition plus ou moins claire de ce qu'il est ? Il faut déjà définir ce qu'il est. Il n'est pas un sage, ou plutôt celui qui est en quête de sagesse, en tout cas en son sens moderne. Il est plutôt du côté de celui qui parvient à raisonner et conceptualiser selon une certaine rigueur. Autrement dit, un scientifique. Et il est vrai que nombreux sont ceux qui ont eu cette double étiquette. Je ne fais pas apparaître tous le champ des possibles, mais on comprend vite que le problème est de savoir ce qu'est être philosophe (pour cette personne). Mais plus encore, ce qui me gêne, c'est cela : "Chacun est capable de philosopher, mais tout le monde n'est pas philosophe". Il y aurait donc différents degrés dans la manière de philosopher : celui qui, apparemment, fait de la philosophie basse, commune et banale. Bref, l'homme du quotidien qui se demande s'il est heureux un beau matin d'hiver, sujet à une petite dépression saisonnière. De l'autre côté, on peut trouver celui qui philosophe "à la dur", le spécialiste, l'homme capable de jongler avec des concepts des plus abstraits et métaphysiques. Bref, un homme qui tel un albatros voit le monde de loin et le décrit tel qu'il est. En allant plus loin, on nous dit que la vraie philosophie, la sérieuse, est la deuxième, celle-là même qui est la plus éloignée de la vie et de ses événements. N'oublions pas ce principe d'objectivité qui est proportionnel à la distance prise avec la situation. Autrement dit, ce personnage exceptionnel, indépendant de toute situation, est plus à même de ne pas impliquer ses passions dans un exercice qui demande la raison. On voit là que ça ne tient pas : le fait même de se prétendre philosophe, en opposition à d'autres, est une auto-exclusion (pour ne pas parler d'un mépris sourd) de tous ceux qui sont en face. "Moi, je suis capable de raisonner (justement). Et donc c'est moi qu'il faut écouter". Pourtant, quelqu'un qui est capable de prendre avec hauteur, avec philosophie, un drame de la vie ou que sais-je d'autres, n'est-il pas lui aussi un philosophe ? Parce qu'il a justement su prendre de la meilleure des façons ce qui pouvait l'être autrement, moins "heureusement". Certes, il n'aura pas écrit une "Critique de la raison pure". Certes, il n'aura pas davantage discuté longuement sur des concepts allant de la monade à la liberté. Et certes, il n'aura pas été débattre avec d'autres grands philosophes de toutes ces questions (?) là. Mais si je peux me permettre un avis, philosopher ne consiste pas à se poser des questions sur tout. Non, c'est se poser les bonnes questions sur chaque chose, et seulement si elles se posent. Douter est le meilleur des ciments pour qui cherche à s'endurcir droitement. Il faut cependant veiller à ne pas y être excessivement d'eau, sinon l'oeuvre à construire ne tiendra jamais. Par mes lectures, par mes conversations, je me rends compte que nous aimons les concepts globaux, les idées, en un mot : l'abstrait. Pourtant, il me semble que le but premier de la philosophie n'est pas d'enfumer un sujet par d'autres concepts nouveaux, mais bien d'éclaircir ou de corriger ceux qui existent déjà. Autrement dit, c'est avoir une démarche utile et constructive devant mener non pas à savoir quel terme abstrait décrira le moins mal ce qu'on connaît, mais qu'est-ce qui, dans cette description, est vrai, c'est-à-dire au plus proche de ce qui est. Et c'est par cette recherche de l'être, et uniquement de celle-ci, que j'apprends sur qui je suis ou peux être, et non pas en discutant sur ce que pourrait être le monde, chose qui correspondrait à rêver de ce que j'aurais pu être si j'avais été, paraît-il, parfait. Enfin bon ! Ne lisez pas trop sérieusement toutes ces choses, je ne suis pas un philosophe.
