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Jedino

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Tout ce qui a été posté par Jedino

  1. Et dans laquelle la méfiance est présente et grandissante, en effet. Sans parler des préjugés. C'est aussi le symptôme, comme tu le dis à propos de tes exemples, d'un défaut bien souvent de culture (même si le savoir n'est pas le garant d'une pensée tolérante à l'égard de tous). Il y a en effet, comme tu le soulèves, la force du conformisme qui amène tant à se méfier des dits extrêmes que de se méfier de ce qui est différent ou vu comme étranger car justement "non conforme". Les choses sont plus claires quand elles sont lisses, comme un gazon parfaitement tondu où aucune brindille ne dépasse. Plus encore, et historiquement, dès lors que des problèmes se posent, et particulièrement les économiques et sociétaux, un bouc-émissaire est souvent donné. Il en était ainsi du banquier juif complotant pour dominer le monde, il en est aujourd'hui du musulman venant envahir l'Europe pour prendre notre argent qu'on leur donnerait grassement. Bref, nous simplifions la réalité, par essence complexe, pour pouvoir se rassurer et mieux l'appréhender. Avec les risques que l'on connaît et peut imaginer. JMLP est sans doute cultivé mais cela ne l'empêcherait pas d'être xénophobe, négationniste ou raciste (qu'il le soit ou non, je ne connais pas cette personne, mais certaines de ses sorties sont loin d'être modérées à ces sujets). Que ce soit lui ou un autre, le savoir n'interdit en rien ces convictions. Il suffit de voir Goebbels qui était loin d'être un abruti si l'on en croit ses diplômes. Au contraire, il est assez aisé d'être victime d'un biais de confirmation, assez commun, et de finalement voir ce qui arrange ce que nous pensons comme vrai.
  2. Ah mon but n'était pas de tirer sur ta tentative, mais il ne faut pas s'aveugler sur le constat pour aller de l'avant ! Il n'y a aucun lien de cause à effet entre le trait de caractère et la position politique, et il s'est vu des gens sauter du coq à l'âne sans aucun souci. Je partage ton non-fatalisme et, si j'en ai donné l'impression, c'est que je me suis mal exprimé. Tout ce miroitement autour de la personne est un constat que je fais, j'ai profondément en horreur tout ceci, et je me scandalise des scandales vestimentaires que l'on peut faire. Je me rappelle encore de la remarque de BFM sur la tenue de Poutou au débat qui était somme toute normale. Il n'est pas suffisant d'être "élégant" pour qu'on le croit, mais c'est assez souvent nécessaire, sans quoi nous aurions des gens habillés normalement et non pas en costards comme candidats. Il y a justement, si, un souci à associer les deux car tu peux penser que tu sauras faire la part des choses, et c'est sans doute vrai : mais dès lors que tu mélanges les patates et les carottes, tu finiras tôt ou tard par te tromper. C'est dans la clarté que le débat peut s'élever. Si tu ne fais pas cette distinction entre la personne et son discours, il n'est pas scandaleux de boycotter certaines voix dès lors qu'elles expriment de l'intolérable, l'intolérable étant défini par la loi. Si tu fais cette distinction, cette voix peut intervenir, à la condition toutefois de respecter les règles (je ne suis pas partisan d'une libre-expression totale et débridée dès lors que cela n'est pas respectueux). Quelqu'un de mauvaise foi, ou transgressant les lois, ne peut pas se plaindre sans une once de mensonge à soi d'être mis à l'écart par la suite et d'être mal écouté. Mais il est anormal, également, d'exclure quelqu'un, d'autant plus que l'isolement n'amène généralement pas à une intégration véritable aux règles de la majorité. Autrement dit, il est anormal qu'une majorité tyrannise une minorité et ne l'écoute pas (sauf prétexte précis car je reste persuadé que la tolérance ne doit pas être naïve, et il est anormal de laisser quelqu'un exprimer sa haine à l'égard de personnes publiquement à mes yeux), mais il est anormal aussi qu'une minorité abuse de son droit de s'exprimer et vienne ensuite se plaindre d'une exclusion. Tout ceci est à double sens, tout comme le dialogue. Et si l'association est inévitable, ce que tu trouves normal finalement, la minorité est prise au piège par son identité : l'étiquette mise, il est difficile de s'en débarrasser. Par exemple, il ne suffit pas de changer le nom d'un parti pour que ce parti soit considéré autrement, surtout si les personnes restent les mêmes. C'est une conséquence inévitable de la l'association que de faire des deux une seule chose, sans aucune distinction.
  3. Ce que tu m'évoques ressemble à du conformisme qui est effectivement un biais cognitif. Ce que tu m'évoques me fait penser également au péril d'une démocratie qui est que la majorité tyrannise une minorité par manque de conformisme. Donc, objectivement, le péril est intrinsèque aussi à la démocratie. Maintenant, concernant les questions que peuvent soulever cette minorité, je pourrais éluder le problème en te disant qu'une minorité inaudible est effectivement inaudible. Certaines questions ne sont-elles pas bonnes à poser pour autant ? Probablement : il est rare de croiser une personne, un parti, un groupe, qui ne pose aucune vraie question. Pour préciser encore ma pensée, je te dirais que pour être audible, il faut déjà se rendre audible. Par exemple, si historiquement je suis un parti réputé pour ses sorties xénophobes, il ne suffit pas de prétendre avoir changé pour paraître, aux yeux de tous, un autre. La réputation, et donc le risque d'être déformé, est un phénomène complexe, comme tu le sais. Le débat politique n'étant pas un débat d'idée mais un lieu de provocations et d'image, et dès lors que tu participes ou es figé dans une image particulière, tu deviens nécessairement inaudible pour partie ou tous des personnes. Le fond est important, mais dans notre société, la forme est (malheureusement) essentielle. Il est donc difficile, par exemple, de prétendre poser la question de l'immigration après des sorties passées très limites, quand bien même ce sont des autres personnes. Un parti a une identité dans notre logique, il va donc de soi dans cette même logique de donner une continuité à son histoire. Cela ne signifie pas que le problème ne se pose pas, en effet. La manipulation d'opinion pourrait être une explication, celle en quelque sorte du bouc-émissaire. Mais cela est rarement si simple. Lorsqu'on cultive une image, on finit par être associé à cela. L'être humain a cela qu'il aime simplifier, et donc catégorise. Une fois rangé, il est difficile d'en changer. C'est pourquoi il ne suffit pas de dire "Je suis un autre" pour être effectivement considéré comme tel, même si cela peut être vrai. Les personnalités politiques ne sont pas, je pense, dupes de ces choses-là et elles jouent largement dessus. Lorsqu'on préfère politiser les passions que les raisons, il est difficile d'être audible en le reprochant par la suite. C'est une question de continuité, de cohérence, qui est nécessaire lorsqu'on souhaite participer au débat politique. Maintenant, je suis en accord avec toi, il est dommage d'associer nécessairement la personne et son discours dans un débat. Mais les choses sont ainsi faites aujourd'hui. C'est pourquoi, pour qu'une question puisse être entendue, il faut d'abord que l'image que les autres ont de nous soient celle de quelqu'un qui peut l'être. Ceci est artificiel mais, malheureusement, nécessaire. En effet, le débat démocratique ressemble bien plus à des monologues qu'à un dialogue, et ce n'est effectivement pas que je/nous faisons de la chose. En effet aussi, la politique, celle médiatisée, tient plus de la rhétorique, de la joute verbale, que de la réflexion. D'où une culture de l'image, d'où le fait que le débat politique des dernières élections fût si pauvre. Ce n'est pas ce que nous semblons attendre de cela, mais c'est ce qui nous est vendus pour faire nos choix politiques au moment des votes. Et, à moins d'une volonté d'aller soi-même s'informer, nous en restons là. Parler d'un débat politique me semble du coup abusif, oui. Typiquement, les "débats" organisés pour la présidentielle étaient amusants, mais assez peu constructifs. C'était un monologue contre un autre, à celui qui taclera le mieux l'autre pour paraître le petit chef de la classe le plus apte à commander le pays. Une logique de cours d'école qui n'est pas digne d'un débat démocratique. D'ailleurs, le dernier fût explicitement de la présentation et correspondait finalement à ce qu'étaient tous ces "débats". En cela, je crois que nous sommes d'accord. Reste que le débat démocratique peut être un débat porté par quelques candidats ou partis, et c'est une façon de le concevoir. Mais dans démocratie, il y a "demos", et cela signifie en réalité que ce soit à tout un chacun de faire en sorte que ce débat soit ce qu'il doit être et non pas ce qu'il est actuellement. Il ne tient qu'à nous, en somme. Pour finir, je rebondis sur l'idée du "seul courant de pensée" qui, en effet, me semble avoir toujours été une chose dangereuse lorsque la conviction devient idéologie, fermeture à toute contradiction ou toute réflexion. La logique de parti ne me semble pas être la bonne, la force du conformisme (ou de l'opportunisme) pouvant dès lors faire tout son travail. Le sérieux d'une discussion dépend davantage de ses interlocuteurs que de la thématique en elle-même. Il ne tient qu'à nous de faire en sorte que
  4. Quand, dans un débat d'arguments, objectif, se mêle les passions, subjectives, il ne peut qu'y avoir un biais dans l'analyse qui en est faite. C'est un biais cognitif assez commun de se penser capable de lire les intentions derrière les lignes ou les paroles de l'autre, parfois avec réussite (ce qui le renforce), souvent à tort. De fait, il suffit de se penser en mesure d'y parvenir et donc d'y croire pour se fermer à tout débat. C'est là le défaut de ceux qui voient un débat comme un échange entre deux personnes au lieu de le voir comme une confrontation d'idées. Dans un domaine comme la politique, où la passion est d'autant plus forte que ce sont souvent des convictions qui sont mises en avant et où ce sont davantage des personnalités qui s'affrontent que des idées (comme on peut le voir sur la scène politique), rien de surprenant à ce que chacun prétend comprendre qui est son adversaire, tantôt l'ultra-libéral, tantôt le communiste ou fasciste. De manière générale, toutes activités de l'ordre de la raison est menacée par l'ensemble des biais cognitifs. Est-ce que la démocratie est menacée par cela ? Toute discussion de cet ordre est parasitée, très probablement. Mais ceci n'a rien de nouveau et est profondément humain. De là à menacer la démocratie ? Je n'en suis pas convaincu. Mais on peut noter qu'en politique la passion dominant bien souvent la raison, l'objectif étant d'élire davantage un chef, le débat raisonné d'idées n'a que peu de sens puisqu'il est inaudible. L'est-il par les personnes ? Je ne pense pas, mais ce n'est pas ce qu'il a été appris. Les médias sont le relai du débat politique : si celui-ci est de raison, donc autour de débats politiques construits et raisonnés, les personnes apprendront à raisonner de cette manière ; si, au contraire, celui-ci est de passion, les personnes que nous sommes apprendront à juger la personne en face pour décrédibiliser ses idées, l'idée étant consubstantielle ici à la personne. De fait, critiquer l'un revient à critiquer l'autre, et il est plus facile d'attaquer la personne puisqu'elle est plus vulnérable et bien rarement parfaite, sauf dans l'aveuglement. C'est donc la culture politique que nous avons qui veut que nos débats soient pourris par le jugement d'autrui. Cela ne menace pas la démocratie tant que la raison parvient à encadrer malgré tout les passions, mais elle peut très bien dégénérer dès lors qu'un chef, plus vicieux que les précédents, aura suffisamment manipulé l'opinion pour parvenir à ses fins. Mais cela ne veut pas dire que l'inverse n'est pas possible, à savoir tomber sur celui qui cultivera le contraire et fera tendre, lentement, vers un débat plus raisonné. Cela ne veut pas dire non plus que les biais cognitifs seront absents, que le psychologisme dont tu parles disparaîtra, mais il ne sera plus aussi prégnant. Car, je tiens à le souligner, l'un des biais que nous avons est de croire que la menace est constamment imminente, de par nos peurs qui ne sont pas illégitimes mais nous détournent toutefois de ce qui est vraiment. L'Histoire humaine est ponctuée de périodes où la fin du monde était attendue. Il suffit donc, pour éviter le psychologisme, d'apprendre mutuellement à changer de paradigme. Le but d'un débat, politique ou non, n'est pas d'attaquer la personne mais ses idées, comme tu le dis. Le problème est en réalité double : la personne peut associer dans ses attaques la personne, mais les idées attaquées peuvent aussi être prises personnellement par la personne dans l'autre sens. Il est difficile de se détacher dès lors que ce sont nos convictions qui sont mises en jeu et meurtries. Donc, pour conclure, je dirais qu'il est nécessaire d'être capable d'un certain détachement, en politique plus qu'ailleurs, pour pouvoir atteindre un débat raisonné plutôt que passionné.
  5. Si par "utile" tu entends cela comme une étape souvent inévitable te permettant de passer d'une période de joie/plaisir à une autre, différente, de joie/plaisir, alors oui elle est. D'autre part, n'est-ce pas aller trop loin que de considérer que le temps heureux passé avec quelqu'un, quand bien même cela finit en divorce, fût un temps "gâché" ? Les mauvaises expériences sont aussi le lot de notre existence, il faut savoir passer outre. Il y a problème dès lors qu'elles sont trop nombreuses ou que le sentiment qu'elles le sont s'installe. Pour le reste, il est illusoire de penser que ta vie peut ne pas être ponctuée de moments plus tragiques : c'est un rêve que notre monde de consommation nous a vendu, mais il est bien loin de la réalité.
  6. En quoi sommes-nous métaphysiques ? En quoi notre pensée, notre conscience du monde et de nous, est-elle métaphysique ? En quoi, d'autre part, notre tentative de compréhension de ce qu'est la conscience ou la pensée est métaphysique ? Si je peux concevoir une démarche qui puisse être de ce type, je conçois bien moins facilement que les objets d'étude sont, eux, métaphysiques, sauf à faire des postulats que je ne fais pas pour ma part. Donc en effet, cela "peut être envisagé sous l'angle de la métaphysique", mais je vois mal en quoi la moindre expérience est, elle, nécessairement de l'ordre du métaphysique.
  7. Pourriez-vous donner des cas où les sciences procèdent de la métaphysique, de façon à en discuter plus précisément ? Car, à vous répondre de façon abstraite, là, je prendrais plus volontiers la position contraire de celle de Quasi-modo. Il y a en effet des conséquences que nous pourrions qualifier de métaphysique en sciences, et c'est typiquement, je crois, le concept de multivers. Quant à savoir si la métaphysique a besoin de la science, il ne me semble pas non plus puisqu'elle s'est développée en parallèle d'elle davantage que conjointement.
  8. Vous conviendrez du fait que poser une question à laquelle nous savons pertinemment qu'aucune réponse n'existe est un paradoxe des plus notables. Cela revient à poser une question à quelqu'un sans en attendre de réponse, comme si le plaisir se trouvait dans le fait de lui poser la question et non pas dans le fait de recevoir sa réponse. C'est une vision assez commune, que je ne partage pas mais que je respecte tout autant que vous. Par ailleurs, je n'ai pas dit qu'il ne fallait pas répondre personnellement à ces questions, j'ai dit que personnellement (et c'est en un sens ma façon d'y répondre) je considérais qu'il n'était pas possible de répondre autrement que pour soi à ces questions, ce qui de fait en annulait tout l'intérêt à mes yeux. Donc, oui, je suis d'accord avec vous, si cela peut faire du bien à certains, cela est très bien. Mais il ne s'agirait pas de penser que ces questions, sans réponses par essence, possèdent une réponse qui puisse être universelle. Je ne dis rien de plus et ne juge personne à ce sujet. Il serait faux, d'ailleurs, de dire que jamais je ne me les suis posées.
  9. Ce n'est pas parce qu'il ne l'est pas pour tout le monde qu'il n'est pas concret, sachant que par concret j'entends la question du "comment" et non du "pourquoi". L'état de notre connaissance personnelle ne détermine pas de la nature du problème auquel nous faisons face, il ne fait que déterminer notre capacité à pouvoir l'appréhender. Par la science, nous pouvons répondre au "comment", aussi complexe et inaccessible peut paraître aujourd'hui la réponse. Des outils théoriques qui ne s'appuient pas sur du pur raisonnement existent, même si ça restera nécessairement imparfait. Se demander "pourquoi les trous noirs", en revanche, nous ne pourrons pas y répondre. Je ne dis pas par là qu'il est anormal de se poser ces questions-là, je dis simplement qu'elles sont sans espoir de véritable réponse qui soit admise et admissible de tous. Mais je ne suis pas certain, là, de te/vous répondre parfaitement en fait. Lorsqu'ils sont véritablement universels, ils en ont. Lorsqu'ils ne le sont pas, ils en ont, mais uniquement pour les personnes qui sont portées par ceci. Mais le fait de satisfaire quelques personnes ne suffit pas, en revanche, à démontrer que ces questions se posent réellement. Avec la logique et l'imagination, nous pouvons créer mille systèmes justifiant nos rêveries et fantasmes. Un questionnement moral ou éthique est, à mes yeux, moral ou éthique. Je ne vois pas bien ce que viendrait faire la métaphysique dans des questions de droit, des questions de l'ordre du consensus social, voire dans des choix comportementaux strictement personnels si l'on pense pouvoir s'autodéterminer sur le sujet. Mais la réponse formulée est du même ordre, en effet : un compromis porté à l'universalité mais qui ne l'est jamais, et c'est bien pour cela que celles-ci sont transgressées et qu'elles appellent à chasser ceux qui, moralement, n'agissent pas convenablement. Pour le dire autrement, l'éthique ou la morale sont souvent portés par des croyances et principes que nous imaginons comme supérieurs, choses que nous appelons souvent d'ailleurs nos "principes" ou "lois", mais ces principes philosophiques (et non métaphysiques) ne sont jamais que des démarcations pouvant être sautées et déplacées à tout moment. Que nous enrobions cela de spiritualité ou métaphysique ne le rend pas spirituel ou métaphysique pour autant. Comme tu veux ! Il n'est pas impossible d'en parler dans un sous-paragraphe ici et de diverger en partie sur une partie des réponses. Si par valorisation tu entends l'unique moyen aujourd'hui de parvenir à une vérité qui soit vraie pour tous, y compris ceux qui la refusent, en effet. Je n'irais cependant pas restreindre les questionnements existentiels à la religion, pour ma part. C'est bien pour cela que j'ai préféré le terme de croyance. Au fond, nous revenons ici sur un sujet passé où je défendais déjà l'idée que la science reste le moins mauvais moyen d'accéder à la vérité. Je ne partage donc pas vraiment le point de vue de Max Planck sur son sujet, et par là-même le tien. A mes yeux, le problème que tu as soulevé n'est pas de savoir quelles sont les réponses aux questions que nous nous posons, mais il est de savoir si les questions que nous nous posons amènent à des réponses qui soient convenables, le convenable étant dans ma tête quelque chose qui tend à ne pas être la référence d'une personne ou d'un groupe mais celui (idéalement) de tout le monde. Or, sur le sujet, le constat que je fais est que le savoir tend à davantage convaincre que le croire, et c'est bien pour cela que davantage de monde refuse aujourd'hui l'idée "classique" de Dieu que l'idée de la gravité. C'est bien pour cela, aussi, qu'il est plus facile de quitter la Terre en fusée que de rencontrer notre créateur. Et, enfin, c'est bien pour cette raison que la question du "comment" appelle davantage à des réponses universelles, non métaphysiques, que le "pourquoi", quasi-nécessairement dans le croire. Aussi logique puisse-t-il être, à l'image de ceux qui ont avancé des arguments devant démontrer que l'existence de Dieu est une nécessité.
  10. Tu as raison, dans l'absolu, toute question peut avoir une réponse. Dans l'absolu, donc, tout questionnement peut atteindre sa fin, à savoir être élucidé par quelques raisons ou raisonnements. Mais dans les faits, toutes nos questions ne le sont pas, et c'est là que je vois la différence qui peut être faite entre, d'une part, la question à un problème observé, relativement concret et, d'autre part, un problème supposé et relativement abstrait. Autrement dit, et il est sans doute plus juste de le dire ainsi, ce n'est pas que les questions sont sans réponses, c'est que les moyens pour y apporter une réponse (positive ou négative) sont au mieux inconnus, au pire inexistants. Nos seules armes sur ces problèmes restent notre raisonnement, mais notre raisonnement pur, métaphysique, ne suffit pas à apporter une réponse qui puisse faire consensus. Pour être plus clair : lorsque nous nous demandons si une énergie noire existe, c'est là une spéculation faite sur le constat très simple que nous avons un problème irrésolu et que rien en l'état de nos connaissances ne permet de l'expliquer. Le problème est ici concret, à savoir qu'il est observable/observé ou, éventuellement, déductible d'une théorie (typiquement, les questions qui se posent sur ce qui se passe dans un trou noir) et, surtout, sa réponse sera tout aussi concrète. Un problème abstrait, que j'appellerais plus volontiers questionnement, au contraire, est davantage de l'ordre de l'existentiel : pourquoi la vie est-elle apparue ? Pourquoi l'humanité est-elle apparue ? Quel est son rôle ? Quel est mon rôle en son sein ? Toutes ces questions, ce sont en effet des constats, observables, généralement sans le moindre fondement théorique et dont la réponse ne pourra pas être concrète. Que je le justifie par une quelconque croyance personnelle ou collective, le degré de vérité de cette réponse n'atteindra jamais celle à laquelle la science prétend lorsqu'elle étudie le monde physique. Après, et je m'exprime peut-être mal, la pensée sauvage, comme tu l'appelles, n'est pas illégitime et a tout à fait sa place dans nos existences puisqu'elle semble y être nécessaire. Toutefois, il n'est pas correct de penser que la réponse que nous formulons à de telles questions peut être aussi exacte, c'est-à-dire universellement vraie, qu'une réponse plus "froide" que la science pourrait formuler sur des problèmes plus "froids". D'autre part, avoir des questions existentielles ne signifie pas qu'elles soient correctes car, en réalité, elles sont infinies. Elles sont infinies pour la raison simple qu'elles font des constats et questionnent ces constats, et ne s'appuient en rien sur des problèmes résolubles, le fameux "comment." Le "pourquoi" entend donner du sens à une question qui n'en a peut-être pas, et il entend un problème qui n'en est peut-être pas un. C'est toute la différence que j'y vois, mais je ne sais pas si je suis clair.
  11. Et je suis d'accord avec toi. Je rappelle simplement que le fait de se poser la question ne veut pas dire qu'une réponse existe, trop persuadés que nous sommes qu'il doit y en avoir, sans quoi tout ceci perdrait le sens que nous aimerions que cela ait. Or, toute question dont la réponse n'existe pas ou à laquelle il n'est pas possible de répondre tend à en faire une fausse question, quand bien même nous construisons, en effet, une réponse qui tend à nous convenir personnellement.
  12. Je vois davantage ici le caractère profond de notre curiosité et, par là-même, de notre besoin de comprendre, davantage que celui de la métaphysique.
  13. En un sens, oui, et c'est pourquoi je me suis permis de jouer dessus. Mais là où dompteur de mots a sans doute raison, c'est qu'il est préférable de ne pas tout mélanger, et donc de bien distinguer l'une de l'autre, la métaphysique ayant un sens bien précis et une Histoire bien précise. Le sens d'une vie, tu peux en effet le définir pour toi, mais il ne vaudra jamais pour tout le monde. Pourquoi ? Car la réponse n'est en rien universelle et chacun pourrait en donner une très différente. En cela, personne n'est en mesure d'y répondre et personne n'est en mesure de dire pourquoi nous sommes là, cette phrase étant entendu comme le fait que personne ne peut, sans être de mauvaise foi, dire qu'il sait pourquoi l'humanité est en ce bas monde. Au mieux peut-il formuler une réponse qui lui conviendra, à lui, ce que tu sembles avoir fait.
  14. En quoi tenter d'y répondre ne serait-ce pas, pour toi, de la métaphysique ? Et, sauf mauvaise lecture de ma part, je ne suis pas en désaccord avec tout ceci. Maintenant, en effet, l'emploi du terme est abusif pour caractériser le travail mené en science et jamais je ne l'aurai employé par ailleurs. Il n'empêche que, hdbecon, dont l'idée me venait, semblait ne pas l'évoquer forcément à tort puisque le terme, pris très naïvement, peut amener à considérer que ce qui n'est pas encore un fait avéré en science (l'hypothèse, la conjecture) est en soi méta-physique, dans le sens où il n'est pas encore considéré comme tel et peut très bien ne pas l'être. De fait, ce n'est pas une spéculation hors de la science, mais hors d'un paradigme, cela est certain. Et aller au-delà du paradigme dans lequel nous pouvons être, n'est-ce pas aller au-delà de la physique que nous connaissons ?
  15. Deux définitions existent pour la métaphysique. Parlons-nous de celle qui consiste à poser, finalement, des questions existentielles, du type pourquoi la vie, l'Univers, etc. ? Ou bien parlons-nous de la spéculation théorique (conjectures, hypothèses) propre à toute science cherchant à comprendre un problème qu'elle a pu observer ? Dans le deuxième cas, c'est assez inévitable, en effet, pour pouvoir expliquer ce qui est observé ou ce qui est incorrect par rapport à l'état de nos connaissances. Dans le premier cas, nous n'y sommes pas, et celle-ci n'a rien à faire en science puisqu'elle répond à un "comment" et non à un "pourquoi". Bien évidemment, cela n'empêche pas une même personne, scientifique, de penser l'au-delà de la physique, que ce soit à l'appui de théories ou non. Au contraire, la croyance répond davantage à la première définition et permet de faire "sens" à des questions auxquelles nous ne pouvons pas véritablement répondre, à considérer évidemment qu'une telle question a du sens puisque le fait que nous ne soyons pas là par hasard (ou au contraire, que oui) est affaire de croyance. Doit-on s'en débarrasser ? Personnellement, j'ai tendance à considérer qu'une question dont la réponse ne peut être apportée n'est pas une question qui mérite intérêt, sauf à vouloir me rassurer ou me désespérer. Ainsi, la première définition du terme, et les questions qu'elle suppose, me paraissent intéressantes mais à la fois "humain, trop humain", comme dirait l'autre. Car, en effet, la question de savoir "pourquoi la vie, pourquoi la mort, pourquoi l'univers ?", qui pourra la trancher ? Personne. Pourquoi ne le peuvent-elles pas ? Car elles sont trop imprécises et portent en elles déjà un biais dès le départ, à savoir celle du sens. C'est pour cela que le "comment" est bien plus simple et pertinent, au grand damne du besoin humain de savoir pourquoi nous sommes là. Donc, au contraire, je suis plus radical sur la question : je ne considère pas comme de véritables questions les questionnements en lien avec la première définition, celles-ci étant en l'état de faux questionnements puisque les réponses ne peuvent être apportées et leurs fondements ne sont pas même certains. Pour la deuxième définition, en effet, la science en use au besoin, mais ce n'est pas du tout la même chose puisque cela revient à spéculer sur un "comment" qui n'est pas clair et non sur un "pourquoi" qui nous échappe.
  16. Tout pareil ! Et les vrais savent. #LaVraiVie
  17. Jedino

    AqME - A chaque seconde

    Ne le sois pas, ils jouent encore !
  18. J'aime bien ! Trop de culture en toi.
  19. Il transpire l'autoritarisme, cela ne m'étonne pas !
  20. Jedino

    L’édito... N°3 – avril 2017

    Je t'ai oublié hier, toi, alors que tu es le chef d'orchestre !
  21. Merci Noisettes. Voilà un moment que j'avais lu le livre, sans être forcément transporté (ce n'est pas mon préféré de Zola).
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