Criterium

Même avant qu'il y ait eu cet enfant, elle t'a quitté : c'était mettre un point final à votre relation (à moins que ça ne soit une fille du genre à mettre un point virgule, mais ce n'est pas évident que ce soit le cas). Déjà là, il n'y avait pas de philtre magique pour revenir en arrière comme si de rien n'était. Mais maintenant, tu veux non seulement la reconquérir, mais lui imposer la charge de ton enfant... ne fais-tu pas ça parce que tu recherches désespérément une sorte de stabilité? Si tu te mets à sa place, comment penserais-tu réagir si non seulement ton ex voulait te reconquérir, mais en plus en tant que mère de son enfant? Te rends-tu compte de ce que tu essayes d'exiger d'elle alors que maintenant que votre relation fait partie du passé, elle ne te doit pour ainsi dire rien? :blush:

J'aime beaucoup Baudelaire ; ses traductions de Poe sont fantastiques et ont permis qu'en français également, la forme soit aussi réussie que le fond. Il était fasciné par Poe justement, je crois qu'on lui attribue un mot d'esprit qui ressemblait à "j'ai alors découvert que l'on m'avait copié, moi, mon monde, mes idées... des années à l'avance, avant même que je les aie eues!". :blush: Quand on pense Baudelaire, on pense Fleurs du Mal, mais c'est à mon avis donner une place injuste pour ses petits poèmes en prose - que je lis avec délice en ce moment-même - Le Spleen de Paris. Une succession de tableaux et de métaphores, très parlants, un peu sombre et désabusés ; certains de ces textes sont de vraies perles! Par exemple l'Horloge : les Chinois voient l'heure dans l'¿il des chats, (...). Ou encore Les Tentations - Eros, Ploutos et la Gloire... C'est peut-même dans cette prose que l'on voit le plus de poésie (à notre époque où l'on qualifie promptement de "poésie" n'importe quelle suite de mots dès lors qu'elle est disposée en vers, et tant pis si les images sont des poncifs éculés et les mots malmenés). A découvrir absolument alors.

Je ne considère pas Poe ni Lovecraft comme des auteurs de SF à proprement parler - et tu as fait mouche, ce sont deux de mes auteurs préférés, je dois avoir tout Poe en français et des ouvrages inédits de lui, en anglais, et j'ai même de la correspondance de Lovecraft qui siège fièrement dans ma bibliothèque. J'avoue que quand je dis "toute la SF, toute la fantasy", cela dépasse ma pensée : bien que je ne les ai pas lus, je ne doute pas une seule seconde que Hobb, Jordan, Tolkien, Asimov et Bradbury méritent droit de cité et soient de bons écrivains autant sur le fond que sur la forme. Je rétablis donc, moi comme d'autres avons eu tendance à déborder du sujet "les mauvais écrivains" pour commenter sur "les écrivains que l'on n'aime pas". Cependant, je reste de l'opinion que certaines ¿uvres soient intrinsèquement moins bonnes que d'autres, peu importe que l'on les apprécie ou pas ; même un fan de Lévy pourra admettre qu'on ne peut pas mettre sur un pied d'égalité Gavalda et Sade (alors que les deux parlent d'amour et de promesses défaites par le destin - et j'en profite pour signale que Sade est très loin d'être l'auteur "porno" que l'on croit si on n'a lu que Justine ou la Philosophie dans le Boudoir), ou pour prendre un autre exemple qui me vient en tête, que les deux pièces les moins réussies de Racine soient sans doute Les Plaideurs et Esther (moins réussies ne voulant pas dire mauvaises). Les pires écrits sont sans doute ceux de nos journaux intimes en pleine crise d'adolescence, et ceux-là ne se publieront pas :blush:

Mamidu67, j'aurais peut-être du nuancer mon propos ; cependant, je pense qu'il y a effectivement beaucoup d'ouvrages objectivement très mauvais dans le roman moderne. Après, l'on peut parfaitement apprécier un livre mauvais, d'aucuns le font : mais pourquoi toujours vouloir tout mettre à égalité, et faire de cela une affaire totalement subjective propre aux goûts de chacun? Ne peut-on pas imaginer qu'il y a des choses plus mauvaises que d'autres, intrinsèquement? Notre envie que tout soit égal mais que ce soit l'individualité de chacun qui au final, conditionne nos goûts et ce qui est considéré "bon" et "mauvais", n'est-elle pas excessive et ne dénature-t-elle pas des chefs-d'¿uvre en disant, en substance, qu'ils ne valent pas "plus" que n'importe quel Harlequin ou Anna Gavalda qui traîne? Peut-on dire que ce n'est qu'une affaire de goût qui différencie Anatole France et Marc Lévy? A mon avis, non, et je pense que dans cinquante ans, on se souviendra d'Harry Potter (que je n'aime pas du tout) et des romans d'Umberto Eco (que j'adore), mais pas du tout de l'Elégance du Hérisson ni des romans de Bertrand Giraudeau. Nous verrons.

On m'a parlé d'une librairie, en Belgique je crois, qui conservait soigneusement les romans de chaque nouvelle rentrée littéraire, en particulier ceux qui n'ont pas marché. Ce sont des centaines et des centaines d'auteurs inconnus, de romans inconnus ; l'ami qui y était allé en a acheté quelques-uns au hasard. Malgré quelques perles, la plupart sont à l'image du roman moderne : très mauvais. Mes dé-conseils: Dan Brown et tous les conspirationnistes, sérieux ou surfant sur la vague. A peu près tout ce qui se fait en fantasy. A peu près tout ce qui se fait en SF. A peu près tout ce qui se fait en Harlequin & la littérature à l'eau de rose apparentée (Gavalda...) Une grande partie du "nouveau roman" (dernier lu en date, Bertrand Giraudeau) Beaucoup de thrillers ("Fatherland" et "Qumran" sont très mauvais) ... Mais parlons de classiques. J'aime bien G¿the, mais il est quand même à l'origine d'un livre assez soporifique, qui est Les souffrances du jeune Werther ; un peu de romantisme allemand qui vieillit mal, une traduction de MacPherson (poèmes d'Ossian) est même livrée en fin du bouquin. Le livre est sauvé par sa dédicace hilarante, et le fait que des milliers et des milliers de jeunes gens se sont suicidés après l'avoir lu, pour faire comme Werther. Houellebecq a beau avoir des opinions particulières et un style franchement pas exceptionnel, je trouve que certains de ses romans ne sont pas forcément pour autant à jeter à la poubelle ; Extension du domaine de la lutte donne à réfléchir, de façon crue certes, mais cela vaut mieux que beaucoup des livres sus-cités. Je m'étonne aussi de voir Perez-Reverte mentionné ; il faut dire qu'il a fait de la soupe (et de plus en plus, je pense que ce sont des impératifs de production) - mais il a un style plutôt bon et certains de ses livres sont mieux ("Le Club Dumas"). (d'autres sont nuls: "La peau du tambour" ou "Le maître d'escrime"). (il y en aurait sans doute tant d'autres à nommer)