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Affichage du contenu avec la meilleure réputation le 24/11/2013 dans Billets
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Chacun le mît sur la table, bien en face. Nous tenions tous deux un poignard dans la main droite, brandis en l'attente du duel. Tout l'art consistait à être vif et précis. Ne pas rater sa cible. Nous allions en découdre. L'instant tardait. Comment en étions-nous arrivés là, je ne le savais plus. Sans doute avions-nous sauté quelques étapes essentielles. Il n'y avait que ça pour expliquer qu'un amour devienne haine. D'ailleurs, ton regard m'avait déjà tué. Je le voyais en toi. Ta rage, sourde, criait ma mort. Tu me vomissais. Moi, et tout ce que j'étais. Tout ce que nous avions été. Mais, étais-je la seule faute? Avais-je vraiment égorgé le chantre de notre bonheur? Peut-être. Je l'ignorais. Fallait-il vraiment que cette histoire termine ainsi? Dans le regret et l'oubli? Dans la destruction de l'autre? L'autre qui était pourtant soi. Pourquoi devions-nous nous assassiner nous-mêmes? Je me sentais hargneux, impatient. Ma volonté ne tergiversait pas. Mon amour non plus. J'oscillais entre la colère et le désespoir. Pouvais-je seulement le faire, aller au bout de mon geste de menace? Le pouvais-tu, toi? Tant de questions se bousculaient en un temps qui s'arrêtait. C'était sûrement dû à ça, la sueur : le chaos des pensées qui ne parvenaient pas à s'échapper, passant d'un présent interminable au passé. Comment en étions-nous arrivés là? Peu importait. La fracture grandissait à mesure que l'intensité s'intensifiait. Encore un peu, et les larmes apparaîtraient sans nul doute sur l'un de nos visages. Nous devions l'éviter. Ne pas risquer de flancher. En finir avec cette velléité. Nous avions chacun notre bras gauche dans le dos. En direction d'hier. A l'abri de nos vues. Nos coeurs battaient difficilement sur le bois. Ils semblaient déjà mourir, ne plus nous appartenir. L'ultime mouvement. Deux saignées. J'avais manqué mon dernier souffle.1 point
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Pur-sang croisé bourricot Chassez-le, il reviendra au galop, Comme le prolo las va au boulot, Au bord du suicide, au bout du rouleau, Comme le pochtron retourne au goulot, Chez lui, dans les bars, dans le caniveau ; Putain de pur-sang croisé bourricot ! Pour t'coller au cul, il est au niveau, Champion du 100 mètres sur haricot. Chassez-le, il reviendra au galop, On n'transforme pas un fieffé salaud En princ' charmant d'un baiser, c'est ballot, Les sombres poltrons manquant de culot Ne risquent pas de briller de sitôt ; Putain de pur-sang croisé bourricot ! Que quelqu'un aille chercher un véto, Faut piquer le naturel illico.1 point
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La vie est un navet dont on connait la fin Pas d'aventure, pas d'action Dans la triste réalité, Ce simulacre de fiction Incapable de l'imiter, Contrainte de se limiter À de telles aberrations Que la loi de la gravité Et la fatale imperfection. L'existence est un cinéma, Tant de bassesse que d'auteur, Et, derrière la caméra En tant que réalisateur, Comme dans le rôle d'acteur, Chacun avec ses petits bras Essaye d'être à la hauteur De ce navet qui le tuera. Dans celui qui aura ma peau, Qui a tout au plus l'intérêt D'être d'un genre tout nouveau, Tragico-comico-navet, Moi le benêt invétéré Ne me fais pas jouer le héros, Accroch'-toi pour me repérer, Mon rôle est juste un caméo. Je n'en peux plus de ce bouzin, L'est si ennuyant et stupide ! Le scénariste est un crétin, Si je le vois, je le lapide ; Les navets me sont insipides, Et c'est pas faute d'avoir faim, Je veux faire avance rapide Jusqu'au générique de fin.1 point
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