La France est-elle une social-démocratie ?
C'est une question légitime et on peut se la poser après la signature de l'accord entre syndicats de salariés et syndicat patronal attendu comme
'historique'
. Cet accord sans faire de démagogie n'est ni un accord historique ni un accord de pacotille mais là n’est pas la question de mon propos. Ce qui est intéressant d’observer c'est qu’à cette occasion on a pu voir la social-démocratie enfin à l’œuvre
(depuis le temps que l'on attendait)
.
Quèsaco la social-démocratie ?
A l'origine la social-démocratie se pose comme une alternative au courant révolutionnaire de gauche : c'est avec l'économie sociale de marché une tentative de concilier deux courants de pensées économiques avec d'un coté la logique de l'économie de marché régissant les aspects économiques et sociaux dans le cadre d'un état minimal ,et de l'autre coté, la logique marxiste de la révolution prolétarienne et d'un État planificateur . Ainsi la discussion rend
ue
possible par la loi va permettre de trouver un équilibre autrement que par l'intervention de l’État en matière de législation du doit du travail.
C'est une belle histoire
(dans le sens noble, si j'avais voulu être ironique
j’emploierais l'expression
'conte de fée')
puisque dans ce cas a peu près tout le monde semble trouver son compte : l'état a un domaine d'intervention restreint et la lutte des classes se trouve transcrite dans une lutte des négociations.
La social-démocratie, un modèle ?
Dit comme cela, la social-démocratie apparait comme un exemple de démocratie représentative : les composantes de la société (regroupées en organismes collectifs) négociant directement entre-elles pour arriver à un compromis. Les citoyens régissent leurs règles sans le politique (et notamment le législateur d’une certaine manière), que demande le peuple !
De même, ce mode d'organisation très poussé en Allemagne et dans les pays scandinaves a permis aux économies de ces pays de très vite s’adapter à la crise et permettre une relance de l'activité économique comme celle de l'Allemagne qui avait dépasser tous les pronostiques de l'époque. Alors la mode en Europe était de transposer ce modèle à d'autres pays.
Mais ou la belle histoire prend fin ?
En même temps si ça marche pourquoi s'en priver alors ?
en plus nous avons au pouvoir des sociaux-démocrates convaincus (
convainquant là c’est une autre question...
), pour preuve le comportement du gouvernement après la publication du rapport du Conseil d'Orientation des Retraites (
COR
) qui ne joue qu’un rôle de transmetteur (de courroie), et franchement la France aurait beaucoup à gagner au vue de ce que la social-démocratie a apporté dans d'autres pays. La France est donc social-démocrate à sa tête (qui a vraiment envie de jouer le jeu), elle agit comme tel avec ces discussions entre partenaires sociaux, mais les signes ne trompent pas et la méfiance était de mise dans les discussions de l'exemple que nous avions pris en introduction.
Et en plus comme autre preuve d'une France social-démocrate, la réforme Larcher de janvier 2007 avait tant promis pour développer le dialogue social.
A quand la France à l'Allemande si ce n'est pas déjà fait ?
Le très gros problème de la France c'est qu'elle n'a pas la culture de la négociation
,
ce qui est vous l’avouerez est un problème en l’espèce !
L'
histoire nous
renseigne lorsque l'on veut comparer
la construction administrative
de la France et de l'Allemagne :
la France est un pays qui depuis longtemps se caractérise par une forte centralisation qui date de Louis XIV
( et
Richelieu)
avec l'application sur le plan
politique
de l'absolutisme royal
et sur
le plan économique
du
colbertisme (adaptation de la doctrine
mercantiliste
en France)
, à l'inverse la culture Allemande est beaucoup plus fédérale situation la aussi hérité de l’histoire avec le Saint Empire Romain Germanique et a du composer avec la multitude des petit
s états allemands
.
Conclusion
, on se trouve face
à
deux lames de fond historique tout simplement contraire !
Et en France au XX
ème
siècle on a développé l’État providence (qui pourrait faire l'objet d'un billet avec la lecture de François Ewald qui mérite d'être connu) parangon d'un état très large qui s'immisce dans beaucoup de replis de la société.
Après l’élément culturel et historique passons à l'état des forces en présence : même si c'est un chiffre à relativiser le taux de syndicalisation permet au moins d'avoir une idée sur la culture syndicale et l’intérêt qu'il représente pour les salariés :
Taux de syndicalisation en France
(
2008) : 7.6 % | Taux de syndicalisation en Allemagne
(2008)
: 19.1 % (Source OCDE).
Cet élément est important
:
la social-démocratie
ayant
tendance à traiter syndicats de salariés et syndicat patronal de manière égale (
évidemment
pour ne pas influencer les négociations) et à négliger la position de faiblesse des salariés (et par voie de conséquence les syndicats de salariés) vis-à-vis du patron (du fait de lien de subordination présent dans le contrat de travail) qui est normalement admise par le droit
social
(
mais aussi par le droit privé en général
)
.
Dernier point qui traduit peut être mon intérêt pour la philosophie marxiste
(et vous pouviez le voir dans le fait que je mettais syndicats salariés au pluriel et syndicat patronal au singulier)
: dans la philosophie marxiste il y a bien l'idée que les capitalistes (celui qui possède l'outil de production)
sont
beaucoup plus 'coalisés' que les prolétaires (syndicats de salariés). Le rapport de force qui influence directement le résultat de la négociation est faussé : face à un patronat uni, les syndicats de salariés sont divisés et réduisent en même temps leur pouvoir de négociation.
La social-démocratie, une impasse en France ?
Répondre à cette question n'est pas facile mais il est clair que la réponse toute simple visant à copier le modèle allemand et
faire
semblant que la France peut l
'
adapter sans sourcilier est un peu curieuse.
Appliquer les pratiques de la social-démocratie allemande sans avoir une société adaptée serait contre-produc
tif et créateur d'une instabilité social
e et économique
contraire à la philosophie social-démocrate
, mais ainsi sous
couvert
de faciliter le dialogue,
l’État
se déga
ge de ses responsabilités laissant un déséquilibre dans les négociations ayant
pour conséquence peut être une précarisation du salari
at
.
Finalement, bien que je ne puisse trancher, il me semble à mon humble avis que faire référence à un système
o
ù
nombre de points ne peu
vent être adapter en France n'est peut-être pas une grande idée
. A
insi
diriger la France vers une social-démocratie à l'Allemande semble être une impasse
.
Il semble alors nécessaire encore de réfléchir et ne pas éluder cette question qui appar
emment a
trouvé
une réponse bien trop facilement
sans véritable réflexion de fond.
Voici qui conclut mon premier
véritable billet,
j’espère
que
s
a lecture ser
a
intéressante.
Maintenant il me reste qu'à trouver d'autres
sujets
: j'aimerais vous parler aussi du protectionnisme et d
e l'histoir
e
de cette
doctrine économique qui
revient
à la mode
,
j'aimerais aussi aborder la décroissance a
vec un
analyse du livre de Nicholas Georgescu-Roegen
, enfin vous l'aurez compris sortir un peu des sentiers b
attu
s.
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