Mes mots interdits
Je n'ai pas de scrupule à parler de ma personne,
Et pourtant, dire mes sentiments n'est pas mon fort ;
Toute ma tendresse, je la cache en métaphores,
A la manière de propositions polissonnes.
Il y a ainsi des mots que je ne dis jamais,
Même communs, comme si je devais blasphémer,
Et des verbes que je n'ai jamais su conjuguer.
Mais il n'y a pas une âme au monde à déléguer
Afin que ces interdits recouvrent la parole ;
Il te serait dès lors vain d'effeuiller la corolle,
S'ils étaient loquaces, d'un crocus ou d'un muguet.
Nul doute pourtant que derrière mes euphémismes
Et mes litotes flamboie la moins frêle des flammes,
Scintillant seulement pour la plus belle des femmes,
Autant par l'esprit épicurien à l'humanisme
Inimité que par son enveloppe charnelle
Somptueuse et enivrante devant l'éternel.
Les mots me manquent, comme toi bientôt ta patience
En attendant de m'entendre les souffler un jour.
Désolé de n' pas savoir tenir ma langue à jour,
Il est des choses que mon cœur comme ma conscience
Refusent de céder, jusqu'à ce qu'il soit trop tard,
Emmurées dans mon esprit muet comme au mitard.
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