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Chapitre Premier - Le Voyage


latin-boy30

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3 Septembre 2057

Hans Sorensen et Lars Rasmussen se levèrent aux aurores. Il était environ six heures du matin dans l'appartement de Hans. Ils n'avaient que le contenu d'un sac à dos chacun à prendre. Ils quittaient le pays, probablement de manière définitive. Plus rien ne les retenait ici. Hans avait laissé un mot à son travail pour expliquer à ses collègues qu'il voulait en finir, sous-entendant un suicide. Il l'avait déposé hier soir, tard dans la soirée, quand il était sorti le dernier. Il espérait ainsi qu'on ne trouverait le mot que ce matin vers huit heures. Le croyant mort, on ne chercherait pas immédiatement à retrouver son corps... mais on découvrirait bien son mensonge un jour. L'importance de cette feinte était toutefois non négligeable, il ne fallait surtout pas qu'on les suive, lui et Lars.

Concordia Island était la raison de leur fuite. Il ne fallait surtout pas que cet endroit soit révélé à davantage de gens. Les deux amis repensèrent à leur vie passée, avant la révolution... Hans était né en 2026 dans un Danemark florissant et performant. Il avait grandi dans ce pays et en avait été heureux. Même chose pour Lars. Le Danemark pré-révolutionnaire était un petit royaume nordique agréable. La révolution avait tout démoli. Pourtant les danois n'étaient favorables à la révolution qu'à 30 % de la population. Mais ces 30 % furent aidés par leurs camarades allemands, russes, polonais et français, très virulents. Le gouvernement avait du se faire silencieux et démissionner sur le champ. Seuls deux ministres furent assassinés, ce qui était peu comparé aux gouvernements français et allemands, qui avaient été décimés entièrement. Les ministres restants ainsi que le chef du gouvernement furent soupçonnés de se cacher quelque part en Islande ou dans les Féroé... Les choses s'étaient compliquées pour la famille royale. Embarquant en catastrophe dans un avion privé, elle put être sauvée en fonçant vers l'Arctique. Des rumeurs folles circulent comme quoi elle aurait rejoint des élites de l'Ancien Système quelque part dans une base secrète du Yukon. Là-bas se trouveraient également d'anciens présidents américains, un ancien président français et l'Ex-Empereur du Japon.

Hans et Lars prirent un taxi robotisé pour la gare centrale. Ils savaient par Internet que le seul train matinal pour Hambourg partirait vers sept heure. Hans avait juste fermé son appartement à clef et conservé la clef sur lui. Il avait coupé toute l'électricité et déposé son excédent de nourriture et boisson dans le couloir pour les autres habitants.

Ils prirent le train solaire à sept heure. Se déplaçant à seulement cent kilomètres heure, ils ne seraient à Hambourg que vers midi. Une fois là-bas, ils pensaient prendre un autre train pour Munich, puis suivre le trajet de l'ancien Orient-Express jusqu'à Istanbul. Là-bas, ils songeaient prendre un avion solaire pour Mascate. A Mascate, un long trajet en bateau devrait les conduire jusqu'à Perth. Puis, un assez long trajet en train de Perth à Brisbane. Puis à partir de Brisbane, ce serait l'inconnu et la débrouillardise.

Céline Dumont alias Sainte-Myrtille devait les rejoindre à Istanbul. Elle serait accompagnée de Romain, son fiancé. Ils étaient français, elle de Montpellier et lui de Bordeaux.

Ils s'étaient endormis assez profondément durant le trajet entre Copenhague et Hambourg. Ils furent réveillés par un officier d'humanité à l'arrivée dans la ville allemande. Il n'y avait plus de douanes, cette profession s'était définitivement envolée en Europe avec la révolution. On considérait que tout le monde pouvait circuler où il voulait.

Il n'en allait pas de même aux Etats-Unis. Régime militaire implacable du Général Nicholson, ses frontières étaient gardées par des androïdes dernier cri programmés pour tuer. Durant près de trois siècles, les Etats-Unis avaient été une destination attirante pour l'humanité. C'était même the place to be il y a encore quelques décennies. Mais la révolution avait tout fait capoter. Elle était même partie de ce pays, avec l'action violente de sept syndicalistes, dirigée contre une banque à Detroit. Des manifestations avaient embrasé le pays, dégénérant en émeutes violentes et en pillages. L'armée avait renoncé à faire feu, estimant que ce n'était plus démocratique, compte tenu de la part importante de la population soutenant l'insurrection. Les classes populaires, paupérisées, alliées à une frange intellectuelle des classes moyennes, étaient incitées par les syndicats et les théoriciens anticapitalistes. Un jour de 2054, l'armée, qui avait rallié les manifestants depuis au moins trois ans, eut à sa tête un dénommé Ralph Nicholson. Partisan d'une approche ultra-violente de la révolution, il avait en quelques mois convaincu ses subordonnés d'instaurer une dictature militaire. Une fois la population satisfaite par quelques mesures bien populaires, il put asseoir son pouvoir et s'auto-proclama "Généralissime des États-Unis d'Amérique, pour la Dignité des plus humbles." Ce qui le distinguait de la plupart des autres leaders révolutionnaires était sa conception autoritaire du pouvoir. Des historiens le comparaient à Robespierre, Napoléon ou Staline. Nicholson admirait Staline, il ne s'en cachait point. Par sa faute, les États-Unis étaient passés en quelques années d'un endroit à la réputation plus ou moins convenable à l'endroit à éviter à tout prix !

Hans et Lars avaient choisi de passer par l'Océan Indien pour éviter d'avoir à s'approcher du territoire étasunien. Leur hantise, et ils supposaient la hantise des concordians, était que Nicholson découvre l'existence de l'île et la fasse raser, purement et simplement. Il était assez fou pour cela et son armée restait la deuxième au monde, après l'armée chinoise, toujours en activité, réquisitionnée par les insurgés chinois pour "persévérer dans l'égalisation de la société". Des intellectuels asiatiques avaient critiqué le déroulement des évènements en Chine, d'une violence extrême. Certaines personnes âgées, dans tout le pays, étaient nées sous Mao, et allaient peut-être mourir sous les insurgés de Jeng, tout aussi violents. Finalement la Chine n'aura jamais connu la démocratie...

Les paysages allemands défilaient à vitesse moyenne quant ils mangèrent vers treize heures, des sandwiches plus ou moins bons proposés dans le train. Ils étaient tous les deux célibataires. Hans avait trente et un an, et Lars, trente six. Leurs parents respectifs vivaient à Copenhague et avaient renoncé à les suivre jusqu'à Concordia, s'estimant trop âgés.

A suivre...

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