Quand on parle de Dieu vivant, ce n'est pas un hasard. Mais comment le comprendre d'un point de vue athée ?
EDIT : ce billet parle de Dieu dans son acception usuelle, c'est-à-dire celle du monothéisme, le Dieu du christianisme, du judaïsme et de l'Islam. Le Dieu panthéiste, immanent, peut être une conception philosophique très différente, malgré l'utilisation du même terme "Dieu".
Les parents élèvent souvent leurs enfants en faisant appel à des agents extérieurs imaginaires menaçants (ou gratifiants). Cela peut être le père qui n'est pas là (fais attention sinon j'appelle papa) ou bien un prétendu monstre dans la mer qui avale les enfants. Les adultes peuvent se mettre d'accord pour faire peur aux enfants avec un agent imaginaire particulier, comme par exemple le père Noël qui donne des cadeaux ou bien le père fouettard qui punit les enfants désobéissants. Si ces exemples peuvent faire sourire, ils sont construit sur le même principe que la croyance dans des divinités ou des esprits.
En effet, il peut y avoir une collusion sociale à considérer qu'il y a un agent extérieur menaçant (Satan, ou bien Dieu qui punit, ce qui est la même chose en fait) ou bien un agent extérieur gratifiant (Dieu qui récompense). Transmettre la présence d'un agent est quelque chose d'instinctif. On est sensible à la peur d'autrui et on stocke spontanément les menaces normatives (par exemple un lieu où il ne faut pas aller).
Une petite remarque sur l'identité de Satan et de Dieu qui punit. Il n'aura échappé à personne que c'est Dieu qui envoie les gens en enfer s'ils ne l'ont pas loué ou bien pas obéi. En d'autres termes Satan est le prolongement de la colère de Dieu. Il est Dieu. De même, quand on agit mal, c'est-à-dire qu'on ne suit pas les instructions supposées de Dieu dans le texte supposé sacré de son choix, on est puni. Or celui qui fait le Mal sur Terre est censé être Satan. Encore une fois, Satan et Dieu sont deux faces de la même chose. Pour les chrétiens donc, la trinité au complet est un quadruplet : Le Créateur, le Fils, le Saint-Esprit et Satan. Satan est simplement l'attitude punitive de Dieu. Cela est nié par les croyants, bien entendu, puisque Dieu est censé être le Bien. Mais en même temps, Dieu nous punit. Comprenez, la punition, notamment quand elle est éternelle, suppose que le Mal fait partie du Bien. D'où l'image du feu dans toute son ambivalence, tantôt feu de camp pour se réchauffer (Saint Esprit), tantôt Géhenne. L'attitude des croyants invitant à la religion sera donc tantôt de vous inviter mielleusement à les rejoindre, tantôt de vous menacer violemment par la souffrance éternelle. Dieu et Satan, sont donc deux faces d'une double personalité, et cet agent imaginaire a une réalité sociale, entretenue par les croyants et par les conditionnements monothéistes habituels. Cela n'est pas appelé de la schizophrénie, simplement parce que beaucoup de personnes sont affectées, y compris de gens se disant non croyants, qui craignent de démonter les croyances religieuses. Accessoirement, c'est aussi un menace bien concrète de la part des croyants qui peut les refroidir.
Dieu a donc une réalité sociale, transmise par l'empathie et le conditionnement. Tout comme le Père Noël et le père fouettard ont pour but de contrôler le comportement des enfants, la croyance en Dieu, ou plutôt Dieu/Satan a pour but de contrôler les adultes. Une motivation fondamentale de la croyance est donc l'avidité de toute puissance. Explicitons en quoi cela consiste.
Nous avons en nous, dans notre esprit, une représentation des autres. Ce sont des êtres imaginaires, avec lesquels nous parlons, avec qui nous sommes sympathiques ou bien antipathiques, que nous punissons ou bien récompensons, que nous dominons ou à qui nous nous soumettons, avec qui nous avons des relations sexuelles etc. La plupart du temps, les gens concernés ne le savent pas. Cela est du domaine du privé, et on choisi ou pas d'en parler à autrui. L'avidité de toute puissance consiste à vouloir la réalisation de cet espace social imaginaire. C'est une confusion de cet espace mental privé avec l'espace public. Or les principaux leviers pour arriver à forcer autrui à faire ce que l'on imagine est de le récompenser ou de le punir, ou bien de lui promettre une récompense qu'on ne lui donnera pas (le Paradis) ou bien de le menacer avec une punition que l'on ne mettra pas en pratique (l'Enfer). Le Paradis et l'Enfer ont donc aussi une existence sociale dans le sens où ce sont des comportements, des phrases qui leur donnent de la consistance.
La dualité de l'Enfer et du Paradis est censé s'appliquer après la mort. Évidemment, si on ne croit pas à la vie après la mort, cela ne signifie rien. Mais émotionnellement on peut être affecté par ces idées. Presque personne n'aime l'idée de la mort, alors la religion promet qu'on peut vivre éternellement. C'est de la démagogie au carré. Mais si on ne se soumet pas ou on obéit pas, on nous promet l'Enfer. Or les tortures en Enfer sont censées être telles qu'on ne peut qu'en mourir. Donc mourir après la mort. L'Enfer est donc une mort répétée à l'infini. Cela fait froid dans le dos. La dualité Enfer/Paradis repose donc sur la peur de la mort et la promesse saugrenue de la vie éternelle. Cela démultiplie la peur de la mort, parce qu'on nous menace non pas de mourir une fois, mais de mourir un nombre infini de fois. Armé de cette massue mentale, on est armé pour dominer psychologiquement autrui, et ainsi se rapprocher de Dieu, c'est-à-dire de la toute puissance.
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