Cœur d'artichaut
Peut-être qu'il me trouve être une bonne pomme
Quand il tâte de son arc pour la viser tel
Que ferait à l'arbalète un Guillaume Tell ;
Quoi qu'il en soit, Cupidon, ce vil semblant d'homme
Par son manque d'adresse n'atteint que mon cœur
Et comme un mauvais perdant finira vainqueur
Ou pas du tout, j'en ai peur.
Pointant dans la direction d'une demoiselle
Délicieuse s'il en est, le tout premier trait
Au mur de ma mémoire cloua son portrait ;
Mais lorsque la malheureuse avec bien du zèle
Me soulagea de la flèche en travers du tronc,
Elle sortit de ma vie et de mon citron,
J'eus recouvré la raison.
Depuis, les projectiles d'Éros se succèdent,
Se partageant son carquois puis le même sort,
Chacun d'entre eux arrachant sitôt qu'il en sort
Une feuille de mon cœur d'artichaut qu'il cède
Contre une simple promesse ou même un espoir
De dire à la solitude enfin au revoir,
Mais qu'on laisse toujours choir.
Sitôt la page tournée, une feuille neuve
Supporte l'encre amère d'un énième amour
Pris comme une boutade d'un mauvais humour ;
Mais si ces sursauts d'humeur mettent à l'épreuve
Mon cœur risquant tantôt de finir tout nu,
Je veux quand même croire qu'au-dessus des nues
La lune ne roule que vers du jamais vu,
Un vrai bonheur imprévu.
3 Commentaires
Commentaires recommandés