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Tu n'es pas lui.

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Naluue

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Membre, 23ans Posté(e)
Naluue Membre 1 152 messages
Mentor‚ 23ans‚
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(Il s'agit bien d'une situation intime et réelle, néanmoins, écrite avec le coeur et quelque peu travaillée, je décide de la déposer dans la section littérature. Libre à vous d'apprécier.)

 

Je ne sais pas aimer un autre que lui. Je ne sais plus aimer. Peut-on réinventer l'amour ? Page blanche, tout recommencer, ailleurs, autrement.

Une nouvelle idylle. Encore, encore une. Particulière, cette fois. Des sensations que je n'avais pas croisé depuis... longtemps. Combien d'années maintenant ? Ce que je sais, c'est que tous espoirs furent étouffé il y a deux ans. Oui, c'est ça, deux années. Deux années ? Déjà.

Une nouvelle idylle, je le désir, il me désir. Séparer nos corps paraît aussi difficile que d'abandonner pour plus tard un travail inachevé. Ses traits, les reliefs de son dos, les toutes innocentes ridules qui habillent ses yeux quand il sourit, me charment. Oh, sans doute qu'il restera charmant en vieillissant. Doux, attendrissant et parfois impassible mais non pas désintéressé, c'est une idylle. Hum. Factice ? Vaine ? Stupide ? C'est tout ce qui me vient à l'esprit, quand je réfléchis à la situation ; ai-je une pique de bonheur tintée d'une naïveté certaine, comme un vaccin inné, une goutte dans mon sang encore présente ? Qui sait.

Ce matin, je parlais avec cette émergente idylle, encore au creux de nos mains, comme les premiers pas d'une course à deux, où les pieds de l'un pourraient percuter ceux de l'autre, comme ça. Nous parlions de son ami, qui de deux ans mon aîné, et d'un an son cadet, avait d'ores et déjà promis son amour jusqu'à la mort, devant Dieu, à sa mariée. Gâté d'un fils, attendant son second, j'ai pensé "alors ils se sont rencontrés au lycée ?", "Oui.".

A cette réponse, une fissure entaille mon cœur, une fissure qui ne se ferme jamais, qui respire au grès de mes réminiscences. Coulent, coulent les larmes et noient mon cœur, mon esprit qui ne distingue plus rien, le temps ? Le passé, le futur, où est-il, lui ?

Alors, il rajoute, simplement, d'une apparente gaieté, ou, presque gai, que son frère cadet, est lui aussi promis à un avenir radieux, tendrement baigné d'amour depuis... "Sept ans alors ?", "Oui.". Mon sourire qui ne s'éteint que rarement désormais, et mon énergie inépuisable, ont quitté mon corps. J'ai senti leurs pas timidement se retirer à mesure que mon chagrin et le poids de mes regrets s’immisçaient comme une brume venimeuse, dangereuse, dans ma cage thoracique. Étouffant d'une peine immense chaque parcelle de mon corps. D'un subtil mouvement, d'une caresse sous mes orteils, jusqu'à la pointe de mes oreilles, mon visage se crispe dans un sourire. Ne s'agit-il pas d'une conversation joyeuse et appréciable ? Non ? Je ne sais plus. Je ne veux que partir, je tourne le visage dans un soupir écrasé, ce serait... comme une tentative, non effective, de soulagement. Mais il n'y a plus rien à expier, c'est bien ça l'ironie, c'est qu'on ne peut expulser le vide.

Ce jeune homme séduisant avait déjà animé en moi des émotions amers. Je pensais, "Je ne peux pas t'aimer, je ne te connais pas", "Je ne peux pas t'aimer, tu n'es pas lui, d'ailleurs, comment puis-je oser être dans tes bras ?". Parfois, je veux lui faire plaisir, l'amuser, je pense à une bêtise, une bêtise déjà faite, déjà entendue, une bêtise qui glisse sur mon palais comme un bonbon que l'on ne voulait pas vraiment. Ou bien... comme un visage tordu et désagréablement perturbant tant est si bien que l'on n'évite à tout prix de lui adresser un regard. Tu n'es pas lui. Ces mots lui appartiennent. Même si je veux te les donner, mes phrases sont le miroir de ce que j'ai laissé derrière moi. Non, que j'ai perdu, loin, si loin que la route ne me permet plus un regard en arrière, le sentier se réduit à mesure que j'avance, et je ne vois plus rien de ce que j'aimerais ne serait-ce qu'effleurer. 

Hum. Peut-être y a-t-il plus de renards et de Petit Prince qu'on ne le croit.

Ces mots, d'ailleurs, ne m'appartiennent pas non plus. Ils appartiennent à des morts, oui, finalement ce sont des morts. Ces mots sont les échos sacrés de deux amoureux anéantis par les vicissitudes de la vie. Je ne suis plus elle, il n'est plus lui, nous sommes morts. Les pétales sont tombés, ils n'ont plus de couleur, et leur taille semble de jour en jour les rendre plus imperceptibles à mes yeux.

"Hugo ! Hugo !", "Enlève ta main j'ai dit." son visage me regarde les sourcils froncés, l'air faussement agacée, "Pourquoi ? Mais pourquoi ?", Dis-je en riant, "Je veux aller là", et je le libère, il se faufile contre mon ventre, remue le visage comme s'il trouvait là tout le réconfort du monde, toute ça beauté. Allongée, je laisse mes doigts chérir la moitié de mon âme, je remue délicatement ses cheveux. J'aime quand il repose le poids de sa tête sur mon estomac, peut-être perçoit-il mon cœur ? Hugo... Hugo.

Parfois, je ne pense plus à lui, j'en ai fini de pleurer, je crois, non, en fait, je pleure déjà. J'ai peur d'oublier les détails. C'est plutôt que j'ai peur à l'idée d'être la seule à m'en souvenir, et de les porter contre moi, jusqu'à ce que la terre avale mon corps. 

Tu n'es pas lui. Il n'y a personne que je puisse aimer, parce que je ne connais personne d'autre si bien que lui. Je sais déjà quel canapé nous aurions choisi. En fait, je sais ce que nous aimions, mais par dessus tout, je savais qui céderait à l'autre, et dans quelle mesure. Puis, si je dois apaiser mes larmes d'un sourire mélancolique, comme ravivé timidement par un bon rêve, je sais aussi qu'il n'en aurait pas eu grand chose à faire de la couleur de notre canapé. Toute de même, il aurait été gris, pas trop clair, j'aurais rajouté une couverture de couleur et des cousins oranges et roses. Oui, c'est ça. Probablement que certaines des peluches dans notre lit, auraient migrées sur le canapé. Elles ne l'ont pas fait, ne le feront jamais, notre canapé n'existe pas. 

Dans notre amour, nous n'avons pas laissé de haine, mais la porte de notre foyer est fermée. C'est mieux je crois, Il y empestait des marques de maladie et de souffrance sur les murs, des peines qui ont entaillé, broyé, rongé les jeunes amoureux dévoués que nous étions. Si seulement. Si seulement je t'avais parlé plus tôt, si seulement je n'étais jamais tombée malade, si seulement je n'étais pas... moi ? L'idée que nous n'étions pas fait pour mourir ensemble est une réalité qui me fait mal à la gorge, déglutir en devient pénible, c'est une trop large boule à avaler. Mais soit, on se sera aimé, et quelque par, nous nous aimons toujours, loin l'un de l'autre, nous aimons nos souvenirs, nous aimons la personne dont le visage nous les rappellera. Du moins, certains de ces souvenirs.

Ainsi, il n'est pas lui. J'aimerais trouver ce livre d'or dans lequel on me dit de quoi est fait l'amour, que je puisse savoir si je dois le réinventer, si je le peux, ou si chaque baisé aura le goût de celui qui fut mon premier, mon seul, mon précieux amour. La moitié de mon âme, envolée. Si je regardais le ciel, même les avions qui rasent les nuages sembleraient plus proches de mon coeur.

Chaque aventure où je laisse des traces d'espoir sonne creux. J'ai tant d'amour à donner, mais je ne sais plus le donner et je me jette dans celui qui le prendra, mais finalement personne n'en veut vraiment ; je ne veus pas le donner. Comme on ouvre une unique carte fatiguée et brunie par le café, je plonge dans un schéma qui ne guidera jamais plus vers la bonne voie : personne n'est lui. Dans ses yeux, je ne le trouverai pas non plus. Je m’écœure et me lasse de donner de l'amour au désir en espérant qu'il se change en amour. Je me lasse de vouloir changer l'eau en huile et de chercher le rectangle dans un triangle.

Réinventer l'amour. Réinventer l'amour. Abandonner, et ne jamais laisser flétrir mes souvenirs ? Mes précieux souvenirs. Mes petits souvenirs. Mes petits sourires et mes chaudes et lentes larmes. 

J'aurais voulu que nous soyons ces jeunes mariés.

Modifié par Naluue
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Membre, 23ans Posté(e)
Naluue Membre 1 152 messages
Mentor‚ 23ans‚
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il y a 56 minutes, Talon 1 a dit :

Bientôt le tome II ?

Qui sait ? ;) 

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Membre, 46ans Posté(e)
moi et pas moi Membre 1 679 messages
Forumeur vétéran‚ 46ans‚
Posté(e)

J'ai pas fini ma lecture, et je pense, lorsque je l'aurai finie, je commenterai pas, cela restera un peu quelque part.

Là tout de suite, faut m'excuser, j'ai l'esprit à blagues :

A cette réponse, une fissure entaille mon cœur, une fissure qui ne se ferme jamais, qui respire au grès de mes réminiscences. Coulent, coulent les larmes et noient mon cœur, mon esprit qui ne distingue plus rien, le temps ? Le passé, le futur, où est-il, lui ?

Alors, il rajoute, simplement, d'une apparente gaieté, ou, presque gai, que son frère cadet, est lui aussi promis à un avenir radieux, tendrement baigné d'amour depuis... "Sept ans alors ?", "Oui.". Mon sourire qui ne s'éteint que rarement désormais, et mon énergie inépuisable, ont quitté mon corps. J'ai senti leurs pas timidement se retirer à mesure que mon chagrin et le poids de mes regrets s’immisçaient comme une brume venimeuse, dangereuse, dans ma cage thoracique. Étouffant d'une peine immense chaque parcelle de mon corps. D'un subtil mouvement, d'une caresse sous mes orteils, jusqu'à la pointe de mes oreilles, mon visage se crispe dans un sourire. Ne s'agit-il pas d'une conversation joyeuse et appréciable ? Non ? Je ne sais plus. Je ne veux que partir, je tourne le visage dans un soupir écrasé, ce serait... comme une tentative, non effective, de soulagement. Mais il n'y a plus rien à expier, c'est bien ça l'ironie, c'est qu'on ne peut expulser le vide.

 

Euh, vous avez essayé Sept ans au Tibet. Non je rigole. Ok je-----------------

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Membre, 58ans Posté(e)
Témoudjine Membre 1 709 messages
Forumeur vétéran‚ 58ans‚
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Il y a 3 heures, Naluue a dit :

Réinventer l'amour. Réinventer l'amour. Abandonner, et ne jamais laisser flétrir mes souvenirs ? Mes précieux souvenirs. Mes petits souvenirs. Mes petits sourires et mes chaudes et lentes larmes. 

Je ne suis pas professeur de littérature ni éditeur, et il ne faut considérer mon post que pour ce qu’il est. De simples remarques d’un lecteur occasionnel qui par hasard est tombé sur ta prose.

J’ai déjà eu l’occasion il y a quelques temps de te faire quelques remarques relatives à un précédent texte que tu avais affiché sur le Forum. Et qui était excellent.

Mais l’on ne croirait pas que celui-là provient de la même main. En provient-il, d’ailleurs ?

L’autre était original, léger, coulant naturellement, et, mais sans en avoir l’air, très bien construit bien que relativement court.

Quant au style, l’on croirait que celui-ci est simplement une tentative d’imitation du précédent. Mais une tentative visant à délayer la sauce, à l’étirer, et non à la perfectionner.

Par rapport à ton remarquable texte précédent, celui-là semble être un devoir contraint, le résultat d’une obligation de rendre tant de lignes. Mais au dépend de ton style habituel.

Crois bien que je préfèrerais féliciter que critiquer de cette manière.  

Mais je suis persuadé que le prochain sera un modèle de style maîtrisé.

Dépêches toi de l’écrire.

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Membre, 23ans Posté(e)
Naluue Membre 1 152 messages
Mentor‚ 23ans‚
Posté(e)
Il y a 2 heures, Témoudjine a dit :

Je ne suis pas professeur de littérature ni éditeur, et il ne faut considérer mon post que pour ce qu’il est. De simples remarques d’un lecteur occasionnel qui par hasard est tombé sur ta prose.

 

J’ai déjà eu l’occasion il y a quelques temps de te faire quelques remarques relatives à un précédent texte que tu avais affiché sur le Forum. Et qui était excellent.

 

Mais l’on ne croirait pas que celui-là provient de la même main. En provient-il, d’ailleurs ?

 

L’autre était original, léger, coulant naturellement, et, mais sans en avoir l’air, très bien construit bien que relativement court.

 

Quant au style, l’on croirait que celui-ci est simplement une tentative d’imitation du précédent. Mais une tentative visant à délayer la sauce, à l’étirer, et non à la perfectionner.

 

Par rapport à ton remarquable texte précédent, celui-là semble être un devoir contraint, le résultat d’une obligation de rendre tant de lignes. Mais au dépend de ton style habituel.

 

Crois bien que je préfèrerais féliciter que critiquer de cette manière.  

 

Mais je suis persuadé que le prochain sera un modèle de style maîtrisé.

 

Dépêches toi de l’écrire.

 

J'apprécie la critique.

A vrai dire il m'est impossible décricre quoi que ce soit de forcé sans que je trouve ça immonde.

Ce texte provient bien d'une émotion intense, qu'il soit moins bon ou meilleur m'importe peu, il est sincère et j'y ai laissé un bout de moi. Quoi qu'il en soit, bien que ces thématiques m'intérèssent, j'ai écris ce matin, parce que l'émotion était si profonde que les mots grouillaient dans ma tête.

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Membre, 23ans Posté(e)
Naluue Membre 1 152 messages
Mentor‚ 23ans‚
Posté(e)

@Témoudjine

J'ajouterai que mon inconsistance vient du fait que je n'ai, en fait, jamais appris à écrire. Je dois au hasard la qualité de mes textes. C'est tout de même un métier, on ne sais pas dessiner parce qu'on a un crayon et un coeur. 

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Membre, 58ans Posté(e)
Témoudjine Membre 1 709 messages
Forumeur vétéran‚ 58ans‚
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Il y a 14 heures, Leric a dit :

Moi, je  suis  moi; et  toi, t'es  toi.

Excellent adage. Mais qui veut dire quoi dans ce contexte ? 

A moins que ce ne soit pour le jeu de mot ?

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Membre, 1ans Posté(e)
Engardin Membre 1 529 messages
Forumeur vétéran‚ 1ans‚
Posté(e)
Il y a 19 heures, Naluue a dit :

@Témoudjine

J'ajouterai que mon inconsistance vient du fait que je n'ai, en fait, jamais appris à écrire. Je dois au hasard la qualité de mes textes. C'est tout de même un métier, on ne sais pas dessiner parce qu'on a un crayon et un coeur. 

D'un autre côté, je me souviens d'une remarque de Picasso  (de mémoire) : "J'ai passé toute ma vie à désapprendre à dessiner"...

Je le comprends très bien ça... 

C'est en rapport avec "le (faux) geste professionnel" qui m'horripile : " l'écriture professionnelle " ? Rien à voir avec l'émotion : de l'émotion programmée, en "coupe réglée". Je l'ai vaguement ressenti récemment chez Henri Troyat. ("La tête sur les épaules").

Là je lis du Graham Green (l'Agent secret) -mais en traduction- et ça part (mieux !) dans tous les sens !!! Je suis plus perdu, et je préfère.

Une bonne écriture (celle qui me plaît en tout cas) ne serait-elle pas signalée par... "certaines" maladresses ? Moins de composition ?

Bon après il faut juger sur pièces.  Déjà j'entrevois, je prévois, j'imagine de "fausses maladresses" ! :wink:

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