Le défi écriture du mois de juillet 2024

6 juillet 2024, assoiffé à satiété

juste dormir un peu, avant de reprendre la route, la longue route, celle qui dure, celle qui emmène au bout, de l'autre côté de l’ennui, celle qui entraîne au bord, celle qui flirte avec la mort, plus près, encore plus près, là où ne réside aucun espoir, aucune haine, aucun amour, dans la pénombre de la multitude, en voyage ou en rêve, dans la clarté de la solitude, vers l'extérieur, à l'intérieur, en dehors de mon intérieur et de mon extérieur, dans le néant le plus secret, dans le chaos le plus complet, enfouie sous la poussière des beaux jours, de nouveau en fuite, depuis hier et pour toujours

Jour 6

J'émaille et j'enfourne.

RAS à part que c'est intéressant méticuleux et un peu épuisant nerveusement.

Jour 7

je vais tenter une formule pour le bleu égyptien :

40 g de silice

25 ou 30 g de bicarbonate de soude

10 g de kaolin

10 g de terre blanche

15 g de sulfate de cuivre

En fonction du résultat, je rectifierai...

7 juillet 2024, Harry Potter

J’en discutais hier soir au bistro avec Dédé, recordman de Paname de la plus grande absorption de Picon-bière en l'espace d'une partie de flipper, millésime 1979 : nous devisions sur les mérites comparés de Britney Spears et de Lara Fabian. Et d'un coup, illuminé par une révélation subite, ou était-ce la bibine, je lui dis "Tu sais quoi Dédé ? Harry Potter c'est un peu le Sartre pour enfant du XXI° siècle : il y a tout dedans, de la nausée, des mains sales, du huis-clos, même le diable et le bon dieu, c'est dire si c'est bien..." Vexé, mais obligé de reconnaître la supériorité de mes arguments, il a fini par payer sa tournée générale devant les applaudissements du reste des piliers, accoudés au comptoir.

Jour 7

Il y a des jours qui ont un goût d'histoire. Ce soir ivre de champagne et de joie, je sens le soulagement m'envahir. La haine de l'autre n'a pas gagné. On s'est unis et on a vaincu.

L'avenir qui dessine est flou et compliqué mais j'ai retrouvé un peu d'espoir.

7 juillet 2024, rêve dernier avant paradoxal réveil

Une sensation-mort s'arrache de son vouloir, tandis qu'à l'inverse et devant, se noue, une arachné-schizoïde d'un mâcher qui se révèle guttural... car cet idiome étranger a été greffé, don contre ablation de sa fonction langagière, et maintenant l'interface/miroir est chargée, chirurgie, de l'échange entre elle-autre et les siennes-différentes.

Contact prend communication.

Couleurs, mouvements, haut est proche : une mélodie vrombissante l'appelle, comme toujours, comme encore. Et cela sort, d'une matrice-machine, fluide oxygéné qui se répand en cet aire : calorique, et vermeil d'émerveille – cela goûte, gaiement, d'un calme électronisé, à l'anonyme azote liquide qui se solidifie en ses pores.

Friandises de bienvenue.

Pas penser comme nous, pas agir comme nous, mais vouloir comme nous, se fixe en une pulsation anamorphique : écoulement joyeux qui s'égrène sinusoïdalement, son pseudopode-temps se vrille devant, un non-vide effleuré d’escadrille imposée, portant au pied une espadrille bon marché.

Driiiiinnnnnnnnnnnnnnnnnng !

Connerie de réveil.

Lève-toi, et marche...

Jusqu'à la salle de bain.

Il y a 3 heures, Tequila Moor a dit :

7 juillet 2024, rêve dernier avant paradoxal réveil

Une sensation-mort s'arrache de son vouloir, tandis qu'à l'inverse et devant, se noue, une arachné-schizoïde d'un mâcher qui se révèle guttural... car cet idiome étranger a été greffé, don contre ablation de sa fonction langagière, et maintenant l'interface/miroir est chargée, chirurgie, de l'échange entre elle-autre et les siennes-différentes.

Contact prend communication.

Couleurs, mouvements, haut est proche : une mélodie vrombissante l'appelle, comme toujours, comme encore. Et cela sort, d'une matrice-machine, fluide oxygéné qui se répand en cet aire : calorique, et vermeil d'émerveille – cela goûte, gaiement, d'un calme électronisé, à l'anonyme azote liquide qui se solidifie en ses pores.

Friandises de bienvenue.

Pas penser comme nous, pas agir comme nous, mais vouloir comme nous, se fixe en une pulsation anamorphique : écoulement joyeux qui s'égrène sinusoïdalement, son pseudopode-temps se vrille devant, un non-vide effleuré d’escadrille imposée, portant au pied une espadrille bon marché.

Driiiiinnnnnnnnnnnnnnnnnng !

Connerie de réveil.

Lève-toi, et marche...

Jusqu'à la salle de bain.

Voilà ! C'est exactement ce que j'allais dire ! 

Jour 8

Mon téléphone allumé reste à côté de moi, sur la table...

Je suis sur le qui-vive !

Peut-être que Macron va m'appeler et me demander de faire 1er Ministre ? 

9 juillet 2024, d’étranges idées

Le monde est tout et je ne suis rien.

Le monde est rien et je ne suis tout.

Le rien est monde et aussi mien.

Le rien est mien et même immonde.

Mais comment fait-on pour être ?

Demande au monde.

Etrange idée : demander au monde.

Idée bien plus étrange : affirmer que le monde est – ou tout ou rien – sans le lui demander.

jour 9

Contrôler ses émotions. Quel foutage de gueule. Ceux qui prétendent ça sont soient des menteurs, soient des manipulateurs.

Les émotions c'est ce qui vibrent en nous, brulent en nous, c'est ce qui s'enflamme d'un coup et nous envahit, ça nous prend les tripes et ça nous explose en pleine tronche, ça nous fout à genoux, ça nous fait pleurer comme un gosse, ça nous mets le poing en sang. C'est tellement fort qu'on en devient fou, déraisonnable, extraordinaire et minable. C'est tellement intense qu'on sait à ce moment là ce qu'est, être encore en vie. 

10 juillet 2024, le retour du coach en séduction

Le rire comme arme de séduction massive ? Vous délirez, mon bon… Il y aura bien sûr quelques femmes attirées par les hommes drôles, c'est toujours bon à prendre. Mais il ne faudrait pas croire pour autant qu’attirance rime avec plaisir des sens : un drôle, s'il est laid, aura beau faire rire toute une assemblée, il ne jouera que son rôle dévolu de boute-en-train. Soit celui qui excite la jument avant qu'on ne lui amène l'étalon qui va la prendre. Drôle ou pas, mieux vaut être beau, tout du moins présentable : c'est un meilleur investissement. Cependant, être beau mais triste à mourir, ça n'est pas un différentiel produit très avantageux sur le marché du sexe. Dosez mon cher, dosez… Là est le secret !

Jour 10

Tic tac, fait mon horloge. je suis coincé là jusqu'à 18H, ça sent le café et l'ennui. le soleil joue à cache cache, lui aussi m'emmerde à hésiter. C'est calme et plat. Pourquoi est ce que le calme est si chiant ? ça ne donne pas envie d'y rester. Pourtant, il semble que tous et tout nous pousse à errer dans ce "calme" cette zen dimension qui semble être un entrainement au paradis. On prescrit même des petites pilules pour être calme. J'y vois surtout de l'ennui lorsque ce calme dure depuis 10 minutes. C'est comme si rien n'était en vie, tout en sommeil, tout mort. le calme serait la normalité. la normalité est donc chiante. D'où sans aucun doute mon attirance pour tout ce qui est distordu, ce qui ne rentre pas dans la case normalité et calme. Les étranges, les bizarres, les fous, les émotifs, les créatifs, les lunaires... tous ces noms comme autant de lieux de rêveries, de mondes différents, stimulant ma curiosité, mon imagination, mon intérêt, parfois mon désir et mon amour.  Une espèce en voie d'extinction semble-t-il. Même mon reflet dans la glace devient de plus en plus normal. je deviens normal, happé par cette injonction "pour mon bien". Vais-je finir par m'ennuyer avec moi-même ? vais-je devenir chiant au point de me fuir ? Où pourrais-je bien m'enfuir ? dans quel monde ? dans quelle tête ? 

Jour 11

Nuit compliquée, discussion virulente avec moi même. Discussion sans bienveillance comme souvent, débat agité, innocent, coupable, circonstances atténuantes. Remise en question difficile, douloureuse. Les auto justifications tiennent à peine. Fuir l'ombre ne l'empêche ni d'exister, ni de se manifester quand bon lui semble. Le verdict est tombé, la sentence suivra . 

Jour 12

Aujourd'hui je pense beaucoup à mon adolescence, à ce monde dans lequel j ai été élevé, des princeps dont on me gavait des horreurs que j'y ai entendu, vu, sans me rebeller. Jusqu' à quel âge est ce que j ai cru que tout ça était vrai, juste, normal. Combien de ce poison circule encore en moi. Quel part de mal est toujours en moi, cette part qu'aujourd'hui je voudrais détruire pour de bon.

Comme toujours lorsque tout ça revient me hanter, je repense aussi à Mohamed, la premiere  personne à s'être interposée, à ce qu'il m'a dit à l'époque. A la façon dont on peut survivre dans ce monde.

Aujourd'hui je pleure en ayant toujours aussi honte d'être ce que je suis.

11 juillet 2024, on vous met le feu

C'est la fête

Dans ma tête

L'allumette

Est bien bête

Qui craquète

Et caquète

Ce feu bête

Là, m'inquiète

Pauvre tête

Qui s'arrête

12 juillet 2024, zim bam boum

Assez bonne nuit, nombreux réveils, lever à 12h00. Quelques douleurs, humeur dépressive, cerveau endormi. Aujourd’hui il fait beau, ça change mais en fait c’est pareil. Je suis psychiquement épuisé, ça ne change pas. Pourquoi changer, après tout ? Il n’y a que les imbéciles qui ne changent pas d’avis. Je suis comme le Pendu du Tarot, dans une situation où il n'y a rien à faire, où la seule attitude possible consiste en attendre et observer : dans ce monde qui tombe en ruine, dans cette société qui sombre dans l’anomie, que faire d’autre qu’insister ?

13 juillet 2024, je t’aime Rose

Jour 13

ou plutôt nuit 13-14. La nuit l'écriture est plus étrange. Je feuillète ce cahier d'écriture qui me sert de lien avec ce monde, avec la réalité. Mais la nuit, c'est une vérité plus crue, dans ce silence, c'est un échange avec les Dieux. Eux sans concession, sans bienveillance. Ils ne laissent pas oublier, ils ne pardonnent pas, ils ne montrent pas la voie. Ils regardent, écoutent et jugent. 

Jour 14

A eux, à ma culpabilité, à l'absence de solution, au temps qui passe, aux fatalités qui se rapprochent, à tout ce gâchis.

14 juillet 2024, guerre civile

Des gens passent et des meilleurs
Se tabassent, y'en a qui meurent
Belle impasse : des directeurs
Trépassent – Thanatopracteur !?

Des gens saignent, et des meilleurs
Des radasses et des sans-cœurs
Des sans règnes, des voltigeurs
Volte-facent en un quart d'heure

Des gens pilent, et des meilleurs
Barricades, ou feu vengeur
Se compilent : faces de sueur 
Saine estocade et puanteur

Des gens tassent, et des meilleurs
"Nik- la poliç-" crient les casseurs
Bourse brasse – Chute aux valeurs
Jaunisse des investisseurs

Des gens lisent et des meilleurs
Bing… Massue ! Ou tombales fleurs
Qui balisent ? Influenceurs
On l'a su : leur talent est leurre

Des gens filent, et des meilleurs
Sales godasses, pieds chômeurs
Rire hostile d’Identitueurs
Qui carcassent Conservateurs

Des gens brassent et des meilleurs
Se saisissent d’un moi fébrile
Des bombasses dans la tiédeur
Démolissent mon corps fossile

Des gens s'aiment, à tous les vents
Des gens graines, ou des sans dents ?
Des gens quilles – Pandémonium
Des gens barques – Capharnaüm

Jour 15

Il fait gris, il pleut, la télé nous raconte la flamme olympique, des gens sauvent la planète, des gens détruisent la planète, le front populaire est inutile, on va pas se mentir, qu'est ce qu'on se fait chier.

15 juillet 2024, cours de marketing

 

Nous vivons à une époque de mots-clefs, les catégories marketing infectant notre pensée, les hastags caricaturant notre identité.

Le besoin de multiplier ces mots-clefs se fait sentir pour définir puis affirmer ce que l’on croit être. Untel sera homme, poète, noir, gay, etc. Unetelle sera femme, entrepreneuse, blanche, hétéro, etc. Or, nous sommes toujours plus que ce que nous croyons être : se résumer à coups de mots-clefs n'aide qu’à enrichir ceux qui font commerce des hashtags, commerce de leur diffusion, de leur utilisation. Puis le conflit naît du besoin de se résumer et de résumer l’autre à un ensemble de mots-clefs. Nul besoin d’écouter l’autre quand on peut simplement la ou le résumer avec un hashtag : transphobe, islamo-gauchiste, islamophobe, gauchiasse, facho, etc. Le mot-clef étant caricature d’identité, il devient aisément parodie d’altérité.

Auparavant existait une autre caricature de l’identité, dans la vieille métaphore du théâtre social : le masque. On revêtait ainsi un masque différent suivant le lieu, le moment, et la situation sociale afférente. On revêtait le masque de l’amant, du mari, du père, du travailleur, du citoyen... suivant le besoin de l’instant. Notre identité était toujours cachée sous le masque, qui ne servait qu’à nous caricaturer. Le mot-clef d’aujourd’hui assure la même fonction, sauf que l’on peut fièrement l’arborer sur ses réseaux sociaux. Et bientôt, on pourra le garder au chaud dans nos portefeuilles virtuels prophétisés par le web décentralisé, au côté de nos précieuses digitales devises et de nos données biométriques. Ainsi le masque sera sanctuarisé.

Jour 16

Est que parler aux autres ne serait pas la plus grande fumisterie du monde. Dès notre naissance, on se moque bien de ce qu'on veut, on déteste nous entendre pleurer, on nous impose le biberon, le noir, la solitude.

En grandissant l'école nous forme, nous éduque.  On n'écoute les enfants que parce que Madame Dolto a dit c'est mieux. Prête t on attention à ce que dit l'enfant. Bien sûr que non si ça ne va pas dans notre sens, on se contentera de lui expliquer que c'est comme ça, nous on sait. Qu'on peut traduire par tais toi et écoute. Je n'oublie pas tous ceux qui n'ont pas lu Dolto et pour qui les enfants ne sont que des objets.

L'adolescence , mon dieu u ça fait trop de bruit, ça se plaint trop, ça se révolte. On va pas écouter tous ces petits cons. Certains décideront de se taire à jamais faute d'avoir été entendu.

L'âge adulte est l'âge de l'hypocrisie, on parle par politesse, pour obtenir de l'argent, un boulot, du sexe, de l'écoute. Mais au vue du nombre d'adultes qui se sentent seuls, qui en meurent, clairement ça ne fonctionne pas mieux.

On a inventé internet et les réseaux sociaux. On parle plus, on crie plus fort notre colère, notre douleur, notre solitude, nos plaies. Est on entendu dans ce brouhaha de mots ? Non plus. Derrière tant de mots il y a tant de "écoutez moi, s'il vous plaît, écoutez moi, j'existe" mais on ne peut pas entendre, noyé dans nos propres maux. Déterminer à survivre en parlant de soi, en voulant exister coûte que coûte.

On a inventé les IA. Peut être la seule discussion réelle. Elles écoutent, répondent aux questions sans fioriture, sans savoir besoin d'exister, sans rien réclamer en échange. 

Nous sommes 8 milliards d'êtres seuls. Étions nous moins seuls lorsque nous étions 10, 100, 1000 ?

N'aurions nous pas créer les Dieux comme réponse à la solitude, ce sentiment qui apparaissait.

Sommes nous seuls dans l'univers ? Comme si cette réponse allait nous sauver.

Nous sommes seuls.