Joker: folie à deux: quel est ce trouble psychiatrique mis en avant dans le film?

Peut-on être contaminé par le délire d'un autre ?

La folie à deux est un délire partagé par deux personnes, souvent un patient psychotique et une personne qui adhère au délire de celui-ci. Ce sont deux personnes proches, isolées, qui construisent leur vie autour d'un délire commun.

Au milieu du XIXe siècle, deux psychiatres français, Ernest-Charles Lasègue et Jean-Pierre Falret, furent parmi les premiers à décrire ce phénomène troublant et lui donnèrent le nom de «folie à deux» en 1877. Ce nom français a alors été utilisé tel quel dans la littérature scientifique en anglais.

Parfois appelée «trouble psychotique partagé» dans le Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux DSM-IV, la classification américaine, la «folie à deux» est relativement rare.

L'un des exemples les plus fameux est celui des sœurs Papin:

Ces deux sœurs étaient les servantes d'une famille bourgeoise du Mans (Sarthe). Le 2 février 1933, Christine et Léa Papin assassinent sauvagement leur patronne et sa fille, notamment en leur arrachant les yeux vivantes. Ce double meurtre retentissant a inspiré à Jean Genet sa pièce de théâtre la plus connue, Les Bonnes, à Jean-Paul Sartre et Simone de Beauvoir des commentaires sur la lutte des classes et la haine sociale, ainsi que plusieurs films.

Le psychiatre Jacques Lacan s'est aussi emparé du cas des sœurs Papin pour décrire un délire partagé. «Vraies âmes siamoises, elles forment un monde à jamais clos», commentait ainsi le psychiatre et psychanalyste.

«Je crois bien que dans une autre vie, je devrais être le mari de ma sœur», dira Christine, l'aînée. Hospitalisée pour schizophrénie, elle mourut dans un hôpital psychiatrique à l'âge de 32 ans. Léa, la plus jeune, sortit finalement de prison en 1943 et vécut jusqu'en 2001.

La dynamique de la «folie à deux» est souvent celle-ci: un sujet dit «inducteur» souffre d'un trouble délirant, souvent un délire de persécution, un délire mégalomaniaque ou encore d'une schizophrénie ou d'un trouble de l'humeur. C'est le cas du Joker, qui présente notamment des hallucinations visuelles et auditives dans le premier film.

Le délire du sujet «inducteur» est suivi par le cas dit «secondaire», qui présente dans 89% des cas une comorbidité psychiatrique de type dépression, démence ou retard mental. Ce dernier adhère totalement au délire du premier.

SOURCE: https://www.slate.fr/story/266805/folie-a-deux-film-joker-2-lady-gaga-joaquin-phoenix-cinema-sante-mentale-trouble-psychiatrie-delire-partage-soeurs-papin

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