Les mimes de bogota

À la fin des années 1990, Antanas Mockus, ancien professeur de mathématiques puis maire de Bogotá, en Colombie, a trouvé un moyen astucieux de faire en sorte que la peur de l'embarras social profite au bien public. Lorsque Mockus est arrivé au pouvoir, Bogotá avait l'un des taux de mortalité routière les plus élevés de Colombie, et les décès dus à des accidents de la route avaient augmenté de 22 % entre 1991 et 1995, les piétons représentaient plus de la moitié de tous les décès dus aux accidents de la route en Colombie. À l'époque, Mockus décrivait la circulation de la ville comme « chaotique et dangereuse », une situation qui n'a été qu'aggravée par la police de la circulation corrompue de la ville.  Il a donc décidé de franchir une étape radicale.  Il a supprimé les agents de la circulation et les a remplacés par une troupe de mimes.

Vêtus de pantalons bouffants et de nœuds papillon aux couleurs vives, vingt mimes professionnels applaudissaient en silence les piétons qui respectaient les règles de passage à niveau et se moquaient de ceux qui ne les respectaient pas.  Avec leurs gestes exagérés et leurs visages expressifs peints en blanc, ils exhortent les motocyclistes à serrer leur casque et à rester dans leur voie. En faisant un show public des transgressions des gens, les mimes attisent notre aversion naturelle à être pointés du doigt. Mockus estimait que cet inconfort public pourrait s'avérer encore plus convaincant que les amendes de la circulation que les gens payaient en privé. Il avait raison.

Étant donné le choix entre un projecteur solo de honte ou suivre la foule, la grande majorité des Bogotanais ont choisi la foule.  Bientôt, certains anciens agents de la circulation ont été reconvertis en mimes de la circulation. Un énorme succès, le programme s'est envolé jusqu'à quatre cents clowns. « Sans mots ni armes, les mimes étaient doublement désarmés », a commenté Mockus. Leur pouvoir résidait dans leur capacité à mobiliser l'influence sociale pour modifier les comportements populaires et dangereux. Utilisés en tandem avec d'autres programmes visant à améliorer la sécurité routière, les mimes accomplissaient un véritable tour de magie. En l'espace de dix ans, le nombre de tués sur les routes à Bogotá a chuté de plus de 50%.

Une solution élégante à un problème mortel. 

Magique !!

Pourrait-on le faire en France où beaucoup d'automobilistes ont si mauvais caractère ? Je crois qu'à la première mimique ne resterait plus que le nœud papillon flottant au milieu d'une flaque de sang sur l'asphalte.