Il faut lire

Poitiers Limoges, 110 kilomètres en train, pas loin de trois heures en 1970, 2 heures 15 environ aujourd'hui. C'était mon premier voyage en train. Tout seul, comme un grand, à 17 ans, j'étais parti pour entrer dans la vie active. Trois heures c'est long et à cette époque, il n'y avait pas de smartphone pour mater un film ou jouer à n'importe quoi. Pour passer le temps il n'y avait guère que la lecture. Livre ou revue, j'avais opté pour le livre. Dans les gares, ça a toujours été facile d'avoir des livres. Ça a commencé avec les bibliothèques de gare Hachette, qui sont devenues les Relais H puis les Relay. Les bouquins que l'ont trouvait là-dedans, c'était plutôt de la littérature facile. Pas la peine de chercher Proust, Hugo ou Balzac, ce n'est pas le genre de la maison. On trouvait pas mal de polars et d'espionnage avec des personnages comme SAS (Son Altesse Sérénissime Malko Linge), plus de 200 titres à ce jour ou bien Coplan ou le fameux San Antonio de Frédéric Dard. Celui là, c'était mon préféré car il se distinguait des romans noirs par son vocabulaire quasi Rabelaisien. 175 bouquins entre 1949 et 1999, ce n'est pas rien. Dans le tout premier roman, j'ai noté un jeu de mots d'une nullité confondante. Il parle de je ne sais quoi et en arrive à parler des Comanches (voyous) et il met entre parenthèses (à balai).

Dans ces boutiques, on ne peut passer sous silence la collection Harlequin, romans d'amour avec une pointe d'érotisme. C'est un cas particulier car ce sont plus de 700 titres par an qui sortent. La littérature à l'eau de rose semble se porter à merveille. Un auteur qui fait partie de cette littérature de gare comme on l'appelle, c'est Guy des Cars, Guy Augustin Marie Jean de Pérusse des Cars excusez du peu ! Il a publié de nombreux titres jusqu'à sa mort en 1993. Sans doute son plus gros titre est La brute qui a eu un succès énorme. On surnommait le bonhomme Guy des Gares. Sa particularité était de mettre en évidence la misère humaine. Ambiance petite maison dans la prairie garantie.

Habituellement, un livre va sortir chez un éditeur et, en fonction de son succès en librairie, va sortir dans une collection en format de poche qui est un format dit populaire. La particularité de la littérature de gare, c'est de sortir directement au format de poche. Ne cherchez pas un Harlequin imprimé sur vélin relié pleine peau, vous risquez de perdre votre temps.

Un avantage indéniable de cette littérature, c'est que c'est un bon début pour un non lecteur. Il y en a manifestement quelques-uns ici et ils devraient essayer. Ce sont les premières lignes qui sont les plus difficiles, ensuite, on se plonge vite dans l'histoire.

Le sketch Il faut lire Dany Boon

Beaucoup lu , il y très longtemps aussi et si je ne confond pas avec un autre , des crimes en lieu clos ..