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Erotissimo ! (le quart d'heure occitan 5 !)

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Blaquière

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Membre, 77ans Posté(e)
Blaquière Membre 19 162 messages
Maitre des forums‚ 77ans‚
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Erotissimo ! (le quart d'heure occitan !)

 

Je me souviens d'avoir lu chez Nikos Kazantzahis ("élefthéria i thanatos" = "la liberté ou la mort") que pour les Crétoises ce serait considéré comme une honte d'avoir froid ! Comprenez que leur honneur est d'avoir "le sang chaud" et dans tous les sens du terme...

Il semblerait que les "Provençales" n'aient pas grand chose à leur envier... Même si les "prudes félibres Mistraliens" tenaient à n'en faire que de bonnes ménagères...

En témoigne cette femme --qui habitait la rue de la Calade-- réputée avoir la cuisse légère et qui se justifiait comme ça :

 

-- An aqueleï houménaillo(s)... Si li poou pas diré noun !

(-- à tous ces bonshommes... ce n'est pas possible de leur dire non !)

C'était une sorte de charité qu'elle exerçait à leur endroit !

 

Ou cette tante à qui mon balourd de grand père avait reproché de faire "un peu trop virer'"... Et qui lui avait répondu :

-- Moun cuou es miou n'èn faou cé qué vouèli !

(--Mon cul est à moi, j'en fais ce que j'en veux !)

 

Mais il est aussi des exceptions. Peut-être issues de l'immigration ? ;)

"Pécaïré ! Pareis qu'a la fifouleto que martcho pas !"

(Peuchère ! il parait que sa "fifolette" ne "marche" pas !)

(Fifolette : quel joli mot, vraiment !)

 

 

Et le vieux Calès, (Clément) ? Qui venait parfois s'asseoir dans mon atelier pour un peu discuter mais aussi pour regarder les jolies touristes...

Entre une "belle plante" en short !!! Et un short particulièrement court !... Et de très longues jambes...

Là, Calès me chuchote :

 

-- Aquéllo a leï cuèissos qué mountoun djusqu'oou cuou !

(-- celle-là elle a les cuisses qui montent jusqu'au cul !)

 

Ce qui ne disait rien... mais pourtant disait tout !

 

Et, métaphore vigneronne, il avait rajouté :

-- Aquo s'ensertarié bèn !

(-- Ca, ça se "grefferait" bien !

 

Vous savez comment ça se fait une greffe ?

 

1162622089_carr-Copie.thumb.jpg.ba27a35a74ac2bd8e61bce438adcb315.jpg

 

:laugh:

 

Marrant ce mot de "greffer"...

 

Provençal : "ènserta(r)"

Portugais : "enxertar"

Espagnol : "injertar"

Italien : "innestare"

 

Français ; "greffer"!

Anglais ; "to graft"

 

 

C'est bien le portugais et l'espagnol qui sont les plus proches du provençal !

Pour le latin on donne : "inserere"

Qui a tout de même donné en français : "insérer"...

Lequel par intellectualisation (insérer un paragraphe, une photo... DANS UN TEXTE !) a beaucoup perdu de son érotisme !

 

Bon dimanche à tous !

 

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Membre, 77ans Posté(e)
Blaquière Membre 19 162 messages
Maitre des forums‚ 77ans‚
Posté(e)

érotissimo, 2...

 Tonton Camille avait eu une femme... "ün tron dé l'air !"

(Un tonnerre l'air !).  Et ils ont on fini par divorcer...

Un jour il tombe sur son second mari Dont elle avait aussi divorcé...

Et voilà que celui-là lui raconte :

-- e MA frémo eïci, é MA frémo eïla..."

(Et MA femme par-ci et MA femme par là !...)

Au bout d'un moment, Tonton, il en a eu marre et il lui fait :

- Mi diguès plus MA frémo ! Digo mi pulèou NOUESTRO FREMO !"

(Ne me dis plus MA femme ! Dis moi plutôt "NOTRE FEMME" !)

Et il était content Tonton,  de sa répartie !

 

Et mon grand père, balourd, (je l'ai déjà dit !) qui se présentait toujours comme très subtil...

Il nous racontait la journée de travail dans les vignes, au cabanon avec ma grand mère...

-- Et le midi, quand nous avions mangé, on se reposait un moment...

puis... --et sur un ton grandiloquent-- NOUS NOUS AIMIONS DANS LES CHAMPS !"

Alors, Grand Mère, rougissante :

 -- Tchu ! Andrê ! Qué l'a leï dros !

(-- Chut ! André ! Qu'il y a les enfants !)

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Membre, Créateur de la marionnette, 80ans Posté(e)
Gepetto Membre 11 242 messages
Maitre des forums‚ 80ans‚ Créateur de la marionnette,
Posté(e)

Ah ! on va se régaler , mais c'est dur à la traduction :)

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Membre, 77ans Posté(e)
Blaquière Membre 19 162 messages
Maitre des forums‚ 77ans‚
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il y a 19 minutes, Gepetto a dit :

Ah ! on va se régaler , mais c'est dur à la traduction :)

What do you mean ? ;)

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Membre, 77ans Posté(e)
Blaquière Membre 19 162 messages
Maitre des forums‚ 77ans‚
Posté(e)
il y a une heure, G2LLOQ a dit :

1/4 d'heure Occitan ou 1/4 d'heure excitant............

C'est pareil ! Grâce à mon titre racoleur ! :)

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Membre, 68ans Posté(e)
pic et repic Membre 17 376 messages
Maitre des forums‚ 68ans‚
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Il y a 22 heures, Blaquière a dit :

Erotissimo ! (le quart d'heure occitan !)

bonjour,

... où comment partir d'un point A pour arriver à un point Z !

c'est tortueux à souhait mais néanmoins instructif .

bonne journée ( après un dimanche finalement pas si mauvais ( en matière de météo ) que ça .....).

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Membre, 77ans Posté(e)
Blaquière Membre 19 162 messages
Maitre des forums‚ 77ans‚
Posté(e)
il y a 3 minutes, pic et repic a dit :

bonjour,

... où comment partir d'un point A pour arriver à un point Z !

c'est tortueux à souhait mais néanmoins instructif .

bonne journée ( après un dimanche finalement pas si mauvais ( en matière de météo ) que ça .....).

Je comprends pas tout mis à part le relatif beau temps d'hier ! :)

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Membre, 77ans Posté(e)
Blaquière Membre 19 162 messages
Maitre des forums‚ 77ans‚
Posté(e)
il y a une heure, pic et repic a dit :

bonjour,

... où comment partir d'un point A pour arriver à un point Z !

c'est tortueux à souhait mais néanmoins instructif .

bonne journée ( après un dimanche finalement pas si mauvais ( en matière de météo ) que ça .....).

Je crois avoir compris !

Tortueux ?  Mais c'est que je voulais en arriver à la conclusion une phrase exacte (en provençal) "dans son jus" dont je me souviens exactement. Ce qui précède c'est le préambule, la mise en place de la situation, des évènements qui ont entrainé cette conclusion.

Ces phrases sont pour moi comme des modèles d'un dialecte absolument vécu.

(Rien à voir avec ce que j'appellerais le "néo-provençal" par exemple comme il a pu être appris par des "non-locuteurs". Je pense (mais je ne suis pas sûr) qu'il doit en être de même pour le Breton, par exemple. Et toutes nos langues régionales... Il s'agit de petits  fragments d'une langue réelle, réellement utilisée par nos devanciers.

La démarche des "néo-locuteurs" de ces langues régionales est tout-à-fait respectable. Je l'imagine comme étant le désir sinon de restaurer, au moins de perpétuer à minima le langage de nos devanciers. Mais on en arrive par exemple dans ce cas du néo-provençal à parler une langue que nos ancêtres n'ont jamais parlée !!! 

L'exemple type, je le dois au... "Vieux Calès" justement dont j'ai parlé plus haut...

 Un jour en partant pour rentrer chez lui, il m'a dit

-- Ah dins lou tems l'avié uno grando amitié !" (Ah dans le temps "régnait" une grande amitié")

Bien sûr, "amitié" est un mot français et pas provençal ! Mais c'est un emprunt.  Un mot français employé tel quel.

Les néo-locuteurs vont employer à la place le mot "amistat" soi disant parfaitement provençal mais que personne n'a jamais employé de mémoire d'homme. Dans quel but ? Parler une langue plus "pure" alors que nous ne la parlons plus du tout ?

Voilà le sens de mes petites phrases "en modèles" !

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Membre, 77ans Posté(e)
Blaquière Membre 19 162 messages
Maitre des forums‚ 77ans‚
Posté(e)

Et ce fameux mot "amistat" se décline !

En "amistadousamènt" sensé dire "amicalement" ! Un mot extraterrestre !

En tout cas pour moi....

Parce qu'ici on a "conjugué" le mot "d'amitié" et ses dérivés français comme "amicalement' en : "amicalamènt" !

ça c'est compréhensible ! :laugh:

Mais aussi je ne suis pas blanc blanc ! Et je ne sais pas tout ! Loin de là. 

Ainsi le mot "vertadier" (véritableà employé abondamment (aboundamènt !) par les néo-locuteurs... Il me paraissait bien étrange, vu que depuis belle lurette, je n'ai jamais entendu que le mot français de "véritable". Certes prononcé "à la provençale" en , "vé-itablé" (puisque le "r" entre deux consonnes a tendance ici à disparaitre) !

Jusqu'à ce que je trouve ce mot de "vertadier" (véritable) dans Bellaud de la Bellaudière :

 

"Et puis  l'home  de sens, en my legent dira,
Bellaud qu'a  fach  eysso, tous-tens  meritara
d'aver  entre  la gent uno glory eternallo.
Sous  escrits sont passas  au  burin  vertadier,"

Et puis, l'homme de sens en me lisant dira :
Bellaud qui a fait cela, toujours méritera
D'avoir parmi les gens une gloire éternelle
Ses écrits sont passés au burin véritable

Modeste, le mec ! Mais c'est sur le ton de la plaisanterie, c'est l'époque baroque (XVI ème)

 

 

Encore que Bellaud n'hésitera pas pour les besoin de la rime d'employer le "véritable" français !!!

Beat qui n’ausís lo son espoventable

D’aqueu DON-DON, messagier veritable

De páur, d’esfrai, de plors, de brams, d’ailàs !

 

Béat qui n’entend pas le son épouvantable

De ce "don-don", messager véritable

De peur, d’effroi, de pleurs, de cris, de « hélas ! »

(Il s'agit de la cloche de la prison.)

 

 

 
 
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Membre, 68ans Posté(e)
pic et repic Membre 17 376 messages
Maitre des forums‚ 68ans‚
Posté(e)
Il y a 23 heures, Blaquière a dit :

Je comprends pas tout

bonjour,

c'était la façon de partir sur une idée ... pour en arriver sur une autre ! ( je ne suis pas toujours bien clair dans mes idées ( on me le dit souvent ) et passe du coq à l'âne assez rapidement en suivant le fil de mes pensées ....).

cela étant dit, j'ai bien aimé ce cours d'érotisme occitan ( ça me change du breton ... ) .

bonne journée.

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Membre, Posté(e)
tison2feu Membre 3 108 messages
Forumeur alchimiste ‚
Posté(e)
Le 24/04/2023 à 09:31, Blaquière a dit :

Je crois avoir compris !

Tortueux ?  Mais c'est que je voulais en arriver à la conclusion une phrase exacte (en provençal) "dans son jus" dont je me souviens exactement. Ce qui précède c'est le préambule, la mise en place de la situation, des évènements qui ont entrainé cette conclusion.

Ces phrases sont pour moi comme des modèles d'un dialecte absolument vécu.

(Rien à voir avec ce que j'appellerais le "néo-provençal" par exemple comme il a pu être appris par des "non-locuteurs". Je pense (mais je ne suis pas sûr) qu'il doit en être de même pour le Breton, par exemple. Et toutes nos langues régionales... Il s'agit de petits  fragments d'une langue réelle, réellement utilisée par nos devanciers.

La démarche des "néo-locuteurs" de ces langues régionales est tout-à-fait respectable. Je l'imagine comme étant le désir sinon de restaurer, au moins de perpétuer à minima le langage de nos devanciers. Mais on en arrive par exemple dans ce cas du néo-provençal à parler une langue que nos ancêtres n'ont jamais parlée !!! 

L'exemple type, je le dois au... "Vieux Calès" justement dont j'ai parlé plus haut...

 Un jour en partant pour rentrer chez lui, il m'a dit

-- Ah dins lou tems l'avié uno grando amitié !" (Ah dans le temps "régnait" une grande amitié")

Bien sûr, "amitié" est un mot français et pas provençal ! Mais c'est un emprunt.  Un mot français employé tel quel.

Les néo-locuteurs vont employer à la place le mot "amistat" soi disant parfaitement provençal mais que personne n'a jamais employé de mémoire d'homme. Dans quel but ? Parler une langue plus "pure" alors que nous ne la parlons plus du tout ?

Voilà le sens de mes petites phrases "en modèles" !

Tu soulèves là un sacré problème linguistique. J'ai bien l'impression que pour qu'une langue parvienne à s'imposer, elle doit avoir subi l'épreuve de la standardisation, de l'uniformisation lexicale et grammaticale, etc. sans laquelle il ne pourrait y avoir de véritable éclosion et diffusion littéraires. On parlera de langue "littéraire" ou langue "classique", c'est-à-dire une langue écrite fixée une fois pour toute par des grammaires et dictionnaires. C'est ce qui s'est passé en effet pour la forme rhodanienne du provençal (et pour le français). Et je comprends tout à fait ton souci de préserver la langue "régionale" qui, elle seule, est garante d'authenticité.

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Membre, 77ans Posté(e)
Blaquière Membre 19 162 messages
Maitre des forums‚ 77ans‚
Posté(e)
Il y a 2 heures, tison2feu a dit :

Tu soulèves là un sacré problème linguistique. J'ai bien l'impression que pour qu'une langue parvienne à s'imposer, elle doit avoir subi l'épreuve de la standardisation, de l'uniformisation lexicale et grammaticale, etc. sans laquelle il ne pourrait y avoir de véritable éclosion et diffusion littéraires. On parlera de langue "littéraire" ou langue "classique", c'est-à-dire une langue écrite fixée une fois pour toute par des grammaires et dictionnaires. C'est ce qui s'est passé en effet pour la forme rhodanienne du provençal (et pour le français). Et je comprends tout à fait ton souci de préserver la langue "régionale" qui, elle seule, est garante d'authenticité.

"elle doit avoir subi l'épreuve de la standardisation, de l'uniformisation lexicale et grammaticale, etc."

C'est certain qu'il y a un phénomène de standardisation. Mais ne vient-il pas par la suite ? Par nécessité ? Par besoin d'homogénéité ?

Et peut-être que ce qui impose une langue en premier c'est ... le pouvoir ? Que ce soit un pouvoir politique ou un pouvoir économique. Comme les Etats Unis qui imposent l'anglais ? En conséquence, ce sont ceux qui cherchent à s'immiscer dans ce pouvoir à collaborer (le vilain mot !) avec lui qui en seront les vecteurs... et les défenseurs.

Macron : "Il n'y a pas de civilisation française !"

A Toute petite échelle, c'est le cas des félibres pour le provençal. Ce n'est quasiment QUE des notables qui on mené le mouvement. Et encore aujourd'hui ! C'est quand on pense être un peu au dessus du vulgaire qu'on est félibre ! "Moi je connais le vrai Provençal !" Le plus flagrant c'est quand on dit ou écrit "li" (l'article "les") au lieu de "lei" !!! C'est comme si on te disait "je parle provençal, mais attention JE NE SUIS PAS UN PAYSAN !

Mais bon, à part Mistral et un peu Aubanel, (qui avaient quelque chose à exprimer)  en plus d'un siècle, c'est circulez y'a rien à voir !

Le peuple, pourtant locuteur de la langue l'a totalement laissée tomber. On les a convaincus que ce n'était pas le vrai provençal qu'ils parlaient ! Alors que le Rhodanien qui s'est imposé grâce au génie de Mistral et au militantisme de Roumanille est extrêmement minoritaire. Le peuple ne s'est plus reconnu dans cette langue qu'il ne parlait pas. En tout cas pas comme ça. J'ai pu faire l'expérience : de Vallauris à Istres, de partout on parle à de très faibles nuances près la même langue, celle qu'on nomme "le provençal maritime" mais pas autour d'Avignon. Dans le haut var on peut pas dire qu'ils sont très maritimes ni à Aix ! Pourtant la langue est largement la même.  (A de très fines nuances près, je l'ai dit)

C'est stupéfiant !

Du coup le peuple est passé comme un seul homme au français ! Bien joué ! :laugh:

 

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Membre, Posté(e)
tison2feu Membre 3 108 messages
Forumeur alchimiste ‚
Posté(e)
Il y a 6 heures, Blaquière a dit :

"elle doit avoir subi l'épreuve de la standardisation, de l'uniformisation lexicale et grammaticale, etc."

C'est certain qu'il y a un phénomène de standardisation. Mais ne vient-il pas par la suite ? Par nécessité ? Par besoin d'homogénéité ?

Et peut-être que ce qui impose une langue en premier c'est ... le pouvoir ? Que ce soit un pouvoir politique ou un pouvoir économique. Comme les Etats Unis qui imposent l'anglais ? En conséquence, ce sont ceux qui cherchent à s'immiscer dans ce pouvoir à collaborer (le vilain mot !) avec lui qui en seront les vecteurs... et les défenseurs.

Macron : "Il n'y a pas de civilisation française !"

A Toute petite échelle, c'est le cas des félibres pour le provençal. Ce n'est quasiment QUE des notables qui on mené le mouvement. Et encore aujourd'hui ! C'est quand on pense être un peu au dessus du vulgaire qu'on est félibre ! "Moi je connais le vrai Provençal !" Le plus flagrant c'est quand on dit ou écrit "li" (l'article "les") au lieu de "lei" !!! C'est comme si on te disait "je parle provençal, mais attention JE NE SUIS PAS UN PAYSAN !

Mais bon, à part Mistral et un peu Aubanel, (qui avaient quelque chose à exprimer)  en plus d'un siècle, c'est circulez y'a rien à voir !

Le peuple, pourtant locuteur de la langue l'a totalement laissée tomber. On les a convaincus que ce n'était pas le vrai provençal qu'ils parlaient ! Alors que le Rhodanien qui s'est imposé grâce au génie de Mistral et au militantisme de Roumanille est extrêmement minoritaire. Le peuple ne s'est plus reconnu dans cette langue qu'il ne parlait pas. En tout cas pas comme ça. J'ai pu faire l'expérience : de Vallauris à Istres, de partout on parle à de très faibles nuances près la même langue, celle qu'on nomme "le provençal maritime" mais pas autour d'Avignon. Dans le haut var on peut pas dire qu'ils sont très maritimes ni à Aix ! Pourtant la langue est largement la même.  (A de très fines nuances près, je l'ai dit)

C'est stupéfiant !

Du coup le peuple est passé comme un seul homme au français ! Bien joué ! :laugh:

 

Il me semble que cette nécessité de standardisation d'une langue répond, selon les circonstances, à la nécessité de la promouvoir, de la défendre et de tout faire pour sa survie.

Je ne faisais que souligner l'aspect paradoxal de toute tentative de standardisation (comment fixer une langue qui, par définition, ne cesse d'évoluer phonétiquement, grammaticalement et sémantiquement ?).

Sinon, bien sûr, ce sont les élites politiques et administratives qui vont imposer une langue nationale. C'est le politique qui a droit de vie et de mort sur une langue et sur les "patois". 

Rien d'étonnant que le "peuple" ne s'y retrouve pas. Mais au fait, qu'a-t-il à proposer de mieux ce peuple rural à part singer les classes moyennes (lesquelles classes moyennes ont toujours cherché à singer les classes aristocratiques) ? 

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Membre, 77ans Posté(e)
Blaquière Membre 19 162 messages
Maitre des forums‚ 77ans‚
Posté(e)
Il y a 16 heures, tison2feu a dit :

Il me semble que cette nécessité de standardisation d'une langue répond, selon les circonstances, à la nécessité de la promouvoir, de la défendre et de tout faire pour sa survie.

Je ne faisais que souligner l'aspect paradoxal de toute tentative de standardisation (comment fixer une langue qui, par définition, ne cesse d'évoluer phonétiquement, grammaticalement et sémantiquement ?).

Sinon, bien sûr, ce sont les élites politiques et administratives qui vont imposer une langue nationale. C'est le politique qui a droit de vie et de mort sur une langue et sur les "patois". 

Rien d'étonnant que le "peuple" ne s'y retrouve pas. Mais au fait, qu'a-t-il à proposer de mieux ce peuple rural à part singer les classes moyennes (lesquelles classes moyennes ont toujours cherché à singer les classes aristocratiques) ? 

Exact !

Après avoir longtemps 'travaillé" sur les archives du XVIème de nos villages écrites souvent en provençal, j'en suis arrivé à la conclusion que l'Edit de Villers-Cotterêts de 1539 aurait bien pu être inspiré à François Premier quand il a constaté lors du traité (trêve) de Nice  en 1538 que les provençaux se comprenaient mieux avec les espagnols (et sans doute les italiens, qu'avec les français... Il suffit de prendre un texte d'archives de cette époque pour s'en convaincre...

Il aurait donc plus manifesté une intention de luter contre la langue d'oc en général que contre le latin... C'est une hypothèse... Les dates sont à remarquer...

Un petit morceau de 1538 je relève à vue de nez ce qui me semble plus proche de l'espagnol que du français.... :

 

Ha espausat Mr. Loys Bosc Hobrier de Nostro Damo que las cabros e autres aves boin guaston las figuieros dal Castel e guaston los camins que es grant daumage e henteres per so, reqer que y sio provesit.

Entendudo l-esposession subred(icho), an hordenat que deguno persono non ause metre degun aver de ramo al Castel ni en los camins sus la peno de 5 P.(Patacs?)

 

Mr Louis Bosc ouvrier de Notre Dame a exposé que les chèvres et autres bétails bovins "gâtent" les figuiers du château et "gâtent" les chemins ce qui est grand dommage et intérêt, pour cela il requiert qu'il y soit pourvu.

Entendue l'exposition susdite  ils ont ordonné qu'aucune personne n'ose mettre aucun "bétail de ramée" au château ni dans les chemins sous la peine de 5... €uro !

...

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Membre, Posté(e)
tison2feu Membre 3 108 messages
Forumeur alchimiste ‚
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Le 26/04/2023 à 09:41, Blaquière a dit :

Exact !

Après avoir longtemps 'travaillé" sur les archives du XVIème de nos villages écrites souvent en provençal, j'en suis arrivé à la conclusion que l'Edit de Villers-Cotterêts de 1539 aurait bien pu être inspiré à François Premier quand il a constaté lors du traité (trêve) de Nice  en 1538 que les provençaux se comprenaient mieux avec les espagnols (et sans doute les italiens, qu'avec les français... Il suffit de prendre un texte d'archives de cette époque pour s'en convaincre...

Il aurait donc plus manifesté une intention de luter contre la langue d'oc en général que contre le latin... C'est une hypothèse... Les dates sont à remarquer...

Un petit morceau de 1538 je relève à vue de nez ce qui me semble plus proche de l'espagnol que du français.... :

 

Ha espausat Mr. Loys Bosc Hobrier de Nostro Damo que las cabros e autres aves boin guaston las figuieros dal Castel e guaston los camins que es grant daumage e henteres per so, reqer que y sio provesit.

Entendudo l-esposession subred(icho), an hordenat que deguno persono non ause metre degun aver de ramo al Castel ni en los camins sus la peno de 5 P.(Patacs?)

 

Mr Louis Bosc ouvrier de Notre Dame a exposé que les chèvres et autres bétails bovins "gâtent" les figuiers du château et "gâtent" les chemins ce qui est grand dommage et intérêt, pour cela il requiert qu'il y soit pourvu.

Entendue l'exposition susdite  ils ont ordonné qu'aucune personne n'ose mettre aucun "bétail de ramée" au château ni dans les chemins sous la peine de 5... €uro !

...

Hypothèse intéressante qui me fait penser au surnom "langues de si" (si = "oui") donné par Dante aux nombreuses langues régionales italiennes. On pourrait y ajouter l'espagnol et le catalan. 

Au sujet des causes du déclin des langues régionales, je ne pense pas que cet Edit de Villers-Cotterêts ait été une cause déterminante. 

Le déclin s'est accéléré considérablement seulement 3 siècles après cet Edit, à partir de la moitié du XIXe siècle. D'après les chiffres donnés par Wikipédia, en 1860 les locuteurs occitans natifs représentaient encore plus de 39% de l'ensemble de la population française, contre 52% de francophones à proprement parler; à la fin des années 1920 ils ne représentaient plus que 26-36% de la population; depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, cette proportion a connu une autre forte baisse, jusqu'à atteindre moins de 7% en 1993.

La politique scolaire initié par Jules Ferry en 1880 a forcément contribué à affaiblir les langues régionales, mais plus grave encore me semble être une loi relative à l'enseignement en français qui avait été votée dès 1851 (article 31) et qui mentionnait « Il est strictement interdit de parler patois pendant les cours ou les pauses. » (Cité dans Wikipédia, mais je ne suis pas parvenu à retrouver le texte officiel, et j'aurais voulu savoir si cet article de loi avait été abrogé, en quel année, etc.).

A l'école de la liberté, les enfants locuteurs d'une langue régionale ont fait l'expérience amère de l'interdit et de la honte de leur langue maternelle, avec tout son lot de brimades infligées au enfants récalcitrants (par exemple la pratique du "symbole"). 

On peut lire avec intérêt, sur le site monoccitania, un article très fouillé consacré à la vergonha, la honte de sa propre langue : http://monoccitania.50webs.com/vergonhafr.html (en latin verecundia signifiait "pudeur, retenue, modestie", et a pris le sens de timidité et de honte dans les langues d'oc comme l'atteste le provençal vergougno, ou encore desvergougna "faire honte"; cf. aussi le français dévergondé et vergogne).

Je ne sais pas quel impact a eu ce sentiment de honte en poésie et chansons provençales, mais du côté languedocien on en trouve des traces dans plusieurs chansons et même chez le poète Yves Rouquette (je l'ai connu un peu, sa leçon de vie était "Tiens-toi droit !") :

Roge

Lo Febrièr de 2003 per còla Ives Roqueta
 
[TALHIÈR D’ESCRITURA
Consigna : 
La color: causir una color e escriure çò que volètz, un pichon tèxt, una poesia... ]

Lo roge me revoluma dins l’esperit, 
soi roge de colèra, roja es ma revòlta. 
Soi roge, lo vin rajat 
Sus ieu, suls camins de las Corbièras. 
Lo roge m’empresona lo cervèl, 
Soi roge de vergonha : parli occitan. 
Soi roge, roge de sang que me monta, 
Desrevelha-te, ont es la sang dels papets (...)
(Le rouge tourbillonne dans mon esprit, je suis rouge de honte, rouge est ma rebellion. Je suis rouge, le vin renversé sur moi, sur les chemins des Corbières. Le rouge confine mon esprit, je suis rouge de honte: je parle occitan. Je suis rouge, rouge du sang de mon visage. Debout! Où est le sang de nos pères? 

 

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  • 4 semaines après...
Membre, 77ans Posté(e)
Blaquière Membre 19 162 messages
Maitre des forums‚ 77ans‚
Posté(e)
Il y a 15 heures, Sexophone a dit :

@Blaquière, comment traduirais-tu la phrase : il le lui avait dit ? Est-ce que tu emploierais va/vou dans ce contexte ?

li aviè digo ? li aviè vou digo ? li va aviè digo ?

Je dirais : "li v'avié di(ch)" pour  'il le lui avait dit'...

Je te le dis ; "ti va diu"(prononcer "diou")   (ou "ti va disi",  ti lo disi")...

Et "dis-le lui" : "digo li vo" ! ("vo" se prononce bien "vo" et pas 'vou' !)    "Digo li lo" (lo=lou) ça passerait aussi.

"Ne le lui dis pas !" = Li va digues pas !" 

(Dans la forme négative, l'impératif est remplacé par un subjonctif : digo > digues, comme si au lieu de dire "ne le lui dis pas !" on disait "que tu ne le lui dises pas !"... plus un conseil, un souhait qu'une interdiction ! J'adore cette particularité du provençal : comme s'il était interdit d'interdire ! :))

Plus généralement dans la langue d'oc, ces "v' ", "va", "vo" sont dit "lo" (le pronom neutre). 

Ce qui est sûr c'est que la phrase fréquente dans les discussions "je le sais !" se dira "va sabi ! "

"Je te le dis" = Ti va diu !"

"Je te l'ai dit !" =  "Ti v'ai dich"

(J'essaie de me repasser toutes les possibilités ! :))

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tison2feu Membre 3 108 messages
Forumeur alchimiste ‚
Posté(e)
Le 21/05/2023 à 08:06, Blaquière a dit :

Je dirais : "li v'avié di(ch)" pour  'il le lui avait dit'...

Je te le dis ; "ti va diu"(prononcer "diou")   (ou "ti va disi",  ti lo disi")...

Et "dis-le lui" : "digo li vo" ! ("vo" se prononce bien "vo" et pas 'vou' !)    "Digo li lo" (lo=lou) ça passerait aussi.

"Ne le lui dis pas !" = Li va digues pas !" 

(Dans la forme négative, l'impératif est remplacé par un subjonctif : digo > digues, comme si au lieu de dire "ne le lui dis pas !" on disait "que tu ne le lui dises pas !"... plus un conseil, un souhait qu'une interdiction ! J'adore cette particularité du provençal : comme s'il était interdit d'interdire ! :))

Plus généralement dans la langue d'oc, ces "v' ", "va", "vo" sont dit "lo" (le pronom neutre). 

Ce qui est sûr c'est que la phrase fréquente dans les discussions "je le sais !" se dira "va sabi ! "

"Je te le dis" = Ti va diu !"

"Je te l'ai dit !" =  "Ti v'ai dich"

(J'essaie de me repasser toutes les possibilités ! :))

Suite à cet échange entre toi et Saxophone, j'en suis venu à me demander (pour des raisons étymologiques) comment se traduit "où" en provençal. En provençal, le dictionnaire donne ont, onte, mais aussi un curieux monte, ou encore l'existence d'un vont attesté dans d'anciens écrits provençaux. J'aimerais connaître ton avis. 

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