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La guerre de Crimée (1854 - 1856).


Exo7

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La guerre de Crimée (1854 - 1856)

 

Au début du XIXème siècle, l'Empire turc était encore immense ; il comprenait toute l'Asie occidentale jusqu'à la Perse, en Afrique l'Egypte et la Tripolitaine, la suzeraineté de l'Algérie et de la Tunisie, en Europe toute la presqu'île des Balkans. 

Puissant et redouté pour sa force militaire jusqu'au XVIIème siècle, il était depuis lors en pleine décadence. Il n'y avait pas de souverain plus mal obéi que le Sultan, ni de gouvernement plus mal organisé que le sien. Les gouverneurs de provinces ou pachas cherchaient à se tailler des royaumes indépendants. L'armée formait une féodalité pillarde qui exploitait tout l'Empire et s'opposait aux réformes.

Cette décadence avait éveillé depuis longtemps les convoitises des puissances voisines, la Russie et l'Autriche. Mais comme l'Empire turc gardait les principales routes d'Europe en Asie, les puissances commerçantes étaient intéressées à son sort, surtout l'Angleterre à cause de l'Inde, et la France à cause de sa situation privilégiée (privilèges religieux et économiques) dans le Levant. 

La Question d'Orient se compliqua singulièrement au XIXème siècle par suite du réveil des nationalités balkaniques. Depuis la conquête turque, il n'y avait eu aucune fusion entre les Turcs musulmans et les populations chrétiennes des Balkans. Ces populations, exploitées et tyrannisées par les garnisons turques, essayèrent de secouer le joug : ce fut l'origine de presque toutes les crises orientales.

 

Le Tsar Nicolas Ier n'avait pas renoncé à ses projets ambitieux. Brusquement en 1853, il exigea du sultan un droit de protection sur tous les chrétiens orthodoxes de l'Empire turc. Sur le refus du sultan, il occupa les provinces roumaines. Mais le tsar se heurta à l'hostilité de l'Angleterre et de la France qui ne voulaient pas laisser les Russes s'établir à Constantinople.

La guerre éclata (1854). On l'a appelée guerre de Crimée parce que les Alliés - France, Angleterre, Turquie, puis Piémont - décidèrent de porter la guerre en Crimée et d'attaquer Sébastopol, base de la puissance maritime russe sur la mer Noire.

Par la victoire de l'Alma, les troupes anglo-françaises s'ouvrirent la route de Sébastopol. La place défendue résista près d'un an (1854-1855). Il fallut mener une pénible guerre de tranchées, repousser les armées russes de secours. 

Enfin, après de terribles assauts et la prise de Malakoff par la division Mac-Mahon, les Russes durent évacuer Sébastopol. 

 

Le tsar Nicolas était mort pendant la guerre. Son successeur Alexandre II, plus conciliant, accepta les conditions des Alliés. Le Congrès de Paris, où fut signée la paix (1856), garantit l'intégrité de l'Empire turc et neutralisa la mer Noire, où la Russie n'eut plus le droit d'avoir une flotte de guerre ; il proclama la liberté de navigation sur le Danube, reconnut l'autonomie des provinces roumaines.

Ainsi la politique russe en Orient semblait avoir fait faillite et la France victorieuse faisait figure de puissance prépondérante en Europe

Les provinces roumaines, tout en restant vassales de la Turquie, ne tardèrent pas à réaliser leur unité. A partir de 1862 il y eut un prince de Roumanie. La couronne de Roumanie fut donnée en 1866 au prince Charles de Hohenzollern. 

 

 

Isaac - Lesaffre - Histoire.

 

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satinvelours Membre 3 006 messages
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il y a une heure, Exo7 a dit :

La guerre de Crimée (1854 - 1856)

 

Au début du XIXème siècle, l'Empire turc était encore immense ; il comprenait toute l'Asie occidentale jusqu'à la Perse, en Afrique l'Egypte et la Tripolitaine, la suzeraineté de l'Algérie et de la Tunisie, en Europe toute la presqu'île des Balkans. 

Puissant et redouté pour sa force militaire jusqu'au XVIIème siècle, il était depuis lors en pleine décadence. Il n'y avait pas de souverain plus mal obéi que le Sultan, ni de gouvernement plus mal organisé que le sien. Les gouverneurs de provinces ou pachas cherchaient à se tailler des royaumes indépendants. L'armée formait une féodalité pillarde qui exploitait tout l'Empire et s'opposait aux réformes.

Cette décadence avait éveillé depuis longtemps les convoitises des puissances voisines, la Russie et l'Autriche. Mais comme l'Empire turc gardait les principales routes d'Europe en Asie, les puissances commerçantes étaient intéressées à son sort, surtout l'Angleterre à cause de l'Inde, et la France à cause de sa situation privilégiée (privilèges religieux et économiques) dans le Levant. 

La Question d'Orient se compliqua singulièrement au XIXème siècle par suite du réveil des nationalités balkaniques. Depuis la conquête turque, il n'y avait eu aucune fusion entre les Turcs musulmans et les populations chrétiennes des Balkans. Ces populations, exploitées et tyrannisées par les garnisons turques, essayèrent de secouer le joug : ce fut l'origine de presque toutes les crises orientales.

 

Le Tsar Nicolas Ier n'avait pas renoncé à ses projets ambitieux. Brusquement en 1853, il exigea du sultan un droit de protection sur tous les chrétiens orthodoxes de l'Empire turc. Sur le refus du sultan, il occupa les provinces roumaines. Mais le tsar se heurta à l'hostilité de l'Angleterre et de la France qui ne voulaient pas laisser les Russes s'établir à Constantinople.

La guerre éclata (1854). On l'a appelée guerre de Crimée parce que les Alliés - France, Angleterre, Turquie, puis Piémont - décidèrent de porter la guerre en Crimée et d'attaquer Sébastopol, base de la puissance maritime russe sur la mer Noire.

Par la victoire de l'Alma, les troupes anglo-françaises s'ouvrirent la route de Sébastopol. La place défendue résista près d'un an (1854-1855). Il fallut mener une pénible guerre de tranchées, repousser les armées russes de secours. 

Enfin, après de terribles assauts et la prise de Malakoff par la division Mac-Mahon, les Russes durent évacuer Sébastopol. 

 

Le tsar Nicolas était mort pendant la guerre. Son successeur Alexandre II, plus conciliant, accepta les conditions des Alliés. Le Congrès de Paris, où fut signée la paix (1856), garantit l'intégrité de l'Empire turc et neutralisa la mer Noire, où la Russie n'eut plus le droit d'avoir une flotte de guerre ; il proclama la liberté de navigation sur le Danube, reconnut l'autonomie des provinces roumaines.

Ainsi la politique russe en Orient semblait avoir fait faillite et la France victorieuse faisait figure de puissance prépondérante en Europe

Les provinces roumaines, tout en restant vassales de la Turquie, ne tardèrent pas à réaliser leur unité. A partir de 1862 il y eut un prince de Roumanie. La couronne de Roumanie fut donnée en 1866 au prince Charles de Hohenzollern. 

 

 

Isaac - Lesaffre - Histoire.

 

Ce qu’il y a de curieux dans cet exposé c’est que nulle part il n’est dit que la Crimée était russe ni que la Crimée resta russe même après la défaite russe. C’est dire à quel point les mentalités occidentales sont aliénées. 

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Membre, Obsédé textuel, 73ans Posté(e)
Gouderien Membre 38 422 messages
73ans‚ Obsédé textuel,
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il y a une heure, Exo7 a dit :

La guerre de Crimée (1854 - 1856)

 

Au début du XIXème siècle, l'Empire turc était encore immense ; il comprenait toute l'Asie occidentale jusqu'à la Perse, en Afrique l'Egypte et la Tripolitaine, la suzeraineté de l'Algérie et de la Tunisie, en Europe toute la presqu'île des Balkans. 

Puissant et redouté pour sa force militaire jusqu'au XVIIème siècle, il était depuis lors en pleine décadence. Il n'y avait pas de souverain plus mal obéi que le Sultan, ni de gouvernement plus mal organisé que le sien. Les gouverneurs de provinces ou pachas cherchaient à se tailler des royaumes indépendants. L'armée formait une féodalité pillarde qui exploitait tout l'Empire et s'opposait aux réformes.

Cette décadence avait éveillé depuis longtemps les convoitises des puissances voisines, la Russie et l'Autriche. Mais comme l'Empire turc gardait les principales routes d'Europe en Asie, les puissances commerçantes étaient intéressées à son sort, surtout l'Angleterre à cause de l'Inde, et la France à cause de sa situation privilégiée (privilèges religieux et économiques) dans le Levant. 

La Question d'Orient se compliqua singulièrement au XIXème siècle par suite du réveil des nationalités balkaniques. Depuis la conquête turque, il n'y avait eu aucune fusion entre les Turcs musulmans et les populations chrétiennes des Balkans. Ces populations, exploitées et tyrannisées par les garnisons turques, essayèrent de secouer le joug : ce fut l'origine de presque toutes les crises orientales.

 

Le Tsar Nicolas Ier n'avait pas renoncé à ses projets ambitieux. Brusquement en 1853, il exigea du sultan un droit de protection sur tous les chrétiens orthodoxes de l'Empire turc. Sur le refus du sultan, il occupa les provinces roumaines. Mais le tsar se heurta à l'hostilité de l'Angleterre et de la France qui ne voulaient pas laisser les Russes s'établir à Constantinople.

La guerre éclata (1854). On l'a appelée guerre de Crimée parce que les Alliés - France, Angleterre, Turquie, puis Piémont - décidèrent de porter la guerre en Crimée et d'attaquer Sébastopol, base de la puissance maritime russe sur la mer Noire.

Par la victoire de l'Alma, les troupes anglo-françaises s'ouvrirent la route de Sébastopol. La place défendue résista près d'un an (1854-1855). Il fallut mener une pénible guerre de tranchées, repousser les armées russes de secours. 

Enfin, après de terribles assauts et la prise de Malakoff par la division Mac-Mahon, les Russes durent évacuer Sébastopol. 

 

Le tsar Nicolas était mort pendant la guerre. Son successeur Alexandre II, plus conciliant, accepta les conditions des Alliés. Le Congrès de Paris, où fut signée la paix (1856), garantit l'intégrité de l'Empire turc et neutralisa la mer Noire, où la Russie n'eut plus le droit d'avoir une flotte de guerre ; il proclama la liberté de navigation sur le Danube, reconnut l'autonomie des provinces roumaines.

Ainsi la politique russe en Orient semblait avoir fait faillite et la France victorieuse faisait figure de puissance prépondérante en Europe

Les provinces roumaines, tout en restant vassales de la Turquie, ne tardèrent pas à réaliser leur unité. A partir de 1862 il y eut un prince de Roumanie. La couronne de Roumanie fut donnée en 1866 au prince Charles de Hohenzollern. 

 

 

Isaac - Lesaffre - Histoire.

 

Un conflit passionnant; à plusieurs égards, une des premières guerres modernes (avec la guerre de Sécession), abondamment photographiée par les premiers correspondants de guerre. Pour les Anglais, c'est la fameuse Charge de la brigade légère, et aussi Florence Nightingale, infirmière héroïque qui fit beaucoup pour améliorer le sort des blessés. Il mourut en effet plus de soldats en raison des maladies (notamment du typhus) au cours de cette guerre, que du fait des combats.

Pour les Français, c'est Mac-Mahon et son fameux "J'y suis j'y reste", à la tour de Malakoff. Après cette victoire, suivie de celles d'Italie, Napoléon III pouvait se prendre pour son oncle, et penser que la France était une superpuissance en Europe. C'était une illusion... 

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satinvelours Membre 3 006 messages
Forumeur vétéran‚
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J’ai posté sur cette guerre de Crimée dans le topic : histoire de la Russie. Je crois que je vais rééditer ici mes posts 

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satinvelours Membre 3 006 messages
Forumeur vétéran‚
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Russie lettre 20 : le règne de Catherine II (1762-1796)

 

Je publie ici un texte déjà publié dans "histoire de la Russie"

 

 

Nous voyons dans ce travail historique que l'Ukraine n'intervient en rien dans cette histoire.

Histoire que je continuerai plus tard. 

 

15 novembre 2020,

Quatrième partie : la politique étrangère de Catherine II

 

Pierre le Grand avait résolu l’un des trois problèmes internationaux fondamentaux de la Russie : l’accès à la Baltique. Il restait deux problèmes à résoudre : l’accès libre à la mer Noire, empêché par le khanat de Crimée et l’Empire ottoman, et la souveraineté de la Pologne, sujet de tous temps surveillé par les Russes.

 

1) La première guerre de Turquie 1768-1774

 

Les événements de Pologne sur lesquels nous reviendrons plus loin provoquèrent la guerre. Depuis la fin de la guerre de Sept Ans en 1763 ( voir lettre 19 du 15 septembre 2020) des troupes russes stationnaient sur le territoire polonais. Le pays devint un protectorat russe, concrétisé par un traité d'amitié perpétuelle signé entre le roi polonais Stanislas II et Catherine. Ce traité déplut à une partie de la noblesse polonaise qui rentra en guerre civile afin de renverser Stanislas et de chasser les Russes. Au cours de cette guerre une petite ville, Balta, alors située en territoire ottoman, fut attaquée par les zaporogues, opposés à l’insurrection (ils soutenaient la Russie) alors qu’ils poursuivaient des insurgés qui y avaient trouvé refuge. Le sultan intima l’évacuation de la ville, et, inquiet des intentions russes (menacer l’Empire sur ses frontières nord), il exigea l’évacuation de la Pologne par les Russes. Catherine refusa. Moustapha III déclara la guerre à la Russie le 6 octobre 1768. Catherine répondit en lançant une attaque d’envergure.

 

En 1768 deux armées terrestres commandées par les généraux Alexandre Roumiantsev et Piotr Panine prirent Azov, envahirent la Crimée, pénétrèrent en Bessarabie et occupèrent, dans les Balkans, les principautés chrétiennes orthodoxes assujetties à la Turquie : la Moldavie et la Valachie. En 1769 les Russes prirent Jassy, capitale de la Moldavie puis Bucarest, capitale de la Valachie.[ Voir carte de la lettre 19 du 19 août 2020 pour repérer la Moldavie et la Valachie. La Bessarabie est la région située entre le Danube, le Dniestr et la Moldavie (Kilia, Akerman, Bender) ].

 

Pendant ce temps une flotte russe partit de la Baltique, contourna le continent européen, passa le détroit de Gibraltar, croisa au large du Péloponnèse où elle tenta de soutenir une insurrection grecque contre l’Empire ottoman, en vain. Finalement, à l’issue d’un voyage de six mois, commandée par le comte Alexis Orlov, l’un des frères qui aida Catherine à prendre le pouvoir, l’escadrille attaqua la flotte turque le 6 juillet 1770 dans la baie de Tchesmé. Les Turcs furent écrasés. [Voir carte jointe de la Turquie. Tchesmé est notée Cesmé sur cette carte, en façade occidentale, au large d’Izmir].

 

La guerre ensuite s’enlisa mais ni les Tatars de Crimée ni les Ottomans ne purent renverser la situation.

 

Le traité de Kutchuk-Kaïnardji [aujourd’hui Kaïnardja, dans le nord-est de la Bulgarie], signé le 21 juillet 1774, mit fin à la guerre et acta la défaite de l’Empire ottoman, défaite historique qui signa le déclin progressif de cet Empire et la montée en puissance de la Russie.

 

Par ce traité la Russie prit possession des places fortes d’ Azov, Kertch et Kinbourn (Kherson sur la carte jointe) permettant, pour Kinbourn, le contrôle des fleuves Boug (Bug sur la carte) et Dniepr, pour Azov le contrôle du Don, et pour Kertch le contrôle du détroit reliant la mer d’Azov à la mer Noire. Les marchands russes obtinrent le droit d’emprunter les détroits du Bosphore et des Dardanelles, s’ouvrant ainsi l’accès à la Méditerranée. Sur la carte jointe ces deux détroits commandent l’accès à la mer de Marmara (le Bosphore au nord, Istanbul, les Dardanelles au sud, Canakkale), mer qui relie la mer Noire à la Méditerranée (la mer Égée). Pour la Russie il faut donc contrôler la mer d’Azov, puis la mer Noire et enfin la mer de Marmara pour accéder à la Méditerranée.

 

La Crimée devint indépendante et se libéra ainsi de la suzeraineté ottomane. La Moldavie et la Valachie furent rendues à la Turquie mais la Russie garda le droit d’y intervenir pour protéger les populations orthodoxes qui y vivaient.

 

Les steppes situées entre le Dniepr et le Boug (voir carte) jusque-là contrôlées par les Zaporogues mais encore sous suzeraineté ottomane devinrent russes.

 

Enfin la Russie prit possession de la Grande et de la Petite Kabarda (Kabardia sur la carte jointe) province du Caucase du Nord peuplées de montagnards musulmans, jusque-là sous suzeraineté de la Crimée. L’acquisition de cette région ouvrit une voie de progression vers la Transcaucasie (Caucase du Sud).

 

Les résultats remarquables de cette guerre firent de la Russie l’un des pays les plus puissants d’Europe.

 

 

2) La consolidation des acquis

 

Toutes ces acquisitions furent consolidées par Grigori Potemkine (1736-1791) militaire intervenu en faveur de l’Impératrice lors de sa prise de pouvoir en 1762 puis remarqué par celle-ci pendant la guerre contre la Turquie. Il devint son favori en 1774. Elle le nomma gouverneur général des provinces nouvellement acquises appelées : Nouvelle-Russie. Il perdit sa qualité de favori en 1776 mais pendant 13 ans, de 1776 à 1789, il demeura proche de la régnante, il devint son ami et son principal conseiller, honoré en tant que prince sérénissime.

 

En tant que gouverneur de la Nouvelle Russie il chassa les Zaporogues des terres qu’ils occupaient sur la rive occidentale du Dniepr (entre le Dniepr et le Boug où la Russie venait de conquérir de nouveaux territoires) et les remplaça par des immigrants tous dévoués à l’Impératrice. C’est à ce moment-là que la Sietch zaporogue fut détruite tandis que les Cosaques furent déplacés dans la région du Kouban (entre la mer Noire et la Kabardia). Potemkine fit construire sur ces terres des villes comme Iekaterinoslav, Nikolaïev ou Kherson (villes aujourd’hui ukrainiennes)

 

Profitant des discordes dynastiques dans le khanat de Crimée, Potemkine l’annexa au nom de la Russie en 1783. Il y construisit la ville de Sébastopol et y créa la flotte militaire de la mer Noire. La même année il fit signer à Catherine le traité de Saint-Georges par lequel la Géorgie orientale (dans le sud du Caucase) se plaça sous l’autorité de la Russie.

 

Potemkine et Catherine commencèrent à nourrir des rêves grandioses, connus sous le nom de « projet grec ». Il s’agissait de refouler les Ottomans et de rétablir un grand Empire chrétien dont Constantinople serait le centre. Ainsi renaîtrait l’ancien Empire romain d’Orient centré sur Constantinople. Catherine fit appeler son second petit-fils Constantin, le confia à une nourrice grecque et fit frapper des médailles reproduisant Sainte-Sophie espérant que l’enfant devienne le futur Empereur de Byzance ressuscitée.

 

3) La seconde guerre de Turquie 1787-1792

 

La Turquie déclara le guerre à la Russie en 1787 après que les Russes eurent rejeté un ultimatum exigeant l’évacuation de la Crimée. La Sublime Porte bénéficiait de la sympathie de plusieurs puissances européennes dont la Grande Bretagne et la Suède inquiètes du pouvoir grandissant de la Russie. La Russie bénéficiait du soutien de Joseph II l’empereur d’Autriche qui comptait sur elle pour contrer la Prusse dont les visées hégémoniques en Allemagne inquiétaient (la Prusse avait des vues sur la Bavière).

 

La guerre commença mal pour Catherine. L’été 1787 fut une catastrophe agricole (famine) ce qui obligea l’Impératrice à se concentrer sur des problèmes internes de ravitaillement entre les régions. De plus en 1788 la Suède lui déclara la guerre espérant effacer les conséquences de ses anciennes défaites. Enfin, en 1790, Joseph II mourut. Son successeur, son frère Léopold II, sortit de la guerre contre la Turquie et parvint à s’entendre avec la Prusse.

 

Potemkine connut des revers et finit par suggérer de quitter la Crimée. Catherine refusa. Il perdit son rôle de conseiller (en 1789) et fut remplacé par Platon Zoubov. La guerre reprit menée par le général  Alexandre Souvorov. Les Russes remportèrent des combats cruciaux et en 1790 Souvorov assiégea Izmaïl, la plus puissante forteresse turque construite dans le delta du Danube (voir carte jointe). La ville tomba, Koutouzov, le général qui, plus tard, fit face à Napoléon lors de la campagne de Russie, fut le premier à y rentrer. Cette défaite convainquit le sultan de faire la paix. Sur le front suédois les Russes remportèrent des victoires aisées. La Suède cessa le combat et fit la paix en 1790.

 

Le traité de paix entre la Turquie et la Russie fut signé le 9 janvier 1792 à Jassy. La Turquie confirma ses pertes de la guerre précédente, reconnut l’annexion de la Crimée et céda des terres entre le Boug et le Dniestr. Sur ces terres, à l’emplacement de la petite forteresse turque de Hadjibey (voir carte) Catherine fit construire un port qu’elle appela : Odessa, ce qui signifie : Odyssée, en ligne avec son rêve grec.

 

 

 

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