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L'enseignement primaire en 1833.


Exo7

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Exo7 Membre 886 messages
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En 1833, Guizot fit faire une enquête sur les écoles primaires. Voici prises au hasard, quelques remarques des inspecteurs.

 

"La classe se fait dans une chambre obscure, où il m'a été impossible de rester plus de cinq minutes sans aller respirer à la porte" (Eure et Loir). "La salle sert en même temps de grange, de chambre à coucher et de poulailler. Une nuée de poules est venue fondre sur la tête de l'inspecteur à son entrée dans l'école" (Saône et Loire). "J'ai appris sans étonnement qu'après quinze jours de présence, la plupart des enfants tombent malades et quittent l'école... (Des instituteurs) sont logés dans des huttes sales et étroites où cohabitent l'instituteur, sa femme, ses enfants, ses élèves et quelquefois le pourceau du ménage" (Meuse).

Ces instituteurs sont très mal payés et complètement déconsidérés. "Il n'y a guère qu'un tiers, certainement pas la moitié, des instituteurs qui reçoivent annuellement de quoi avoir du pain sec toute l'année; les autres ne reçoivent pas autant qu'un mendiant" (Manche). "Instituteur et mendiant est presque synonyme...; sonner les cloches, faire le métier d'appariteur, enterrer les morts, aller dans la saison, quêtant ça et là quelques pommes de terre, quelques raisins, quelque peu de blé, voilà ce qui les attend" (Landes).

Les parents, comme d'ailleurs les propriétaires et les patrons, étaient hostiles à l'éducation des enfants du peuple. "Le petit propriétaire se ramasse tout entier en son travail. Ses enfants sont une aide pour lui quand ils travaillent; c'est une charge quand ils s'instruisent." 

Des propriétaires s'écrient : "Quand tous les enfants du village sauront lire et écrire, où trouverons-nous des bras ?" "Nous avons besoin de vignerons et non pas de lecteurs." "Il est inutile de montrer à lire à des paysans qui doivent gagner leur pain à la sueur de leur front." 

On comprend ce mot d'un inspecteur : "Qu'une fabrique, une filature, un arsenal, une usine vienne à s'ouvrir, et vous pouvez fermer l'école". Le conseil municipal de Cognac refusait une école primaire "vu le petit nombre d'enfants qui pourrait la fréquenter". Or, on y trouvait 128 enfants de huit à quatorze ans qui ne savaient ni lire ni écrire. (Lorain, Tableau de l'Instruction primaire en France, 1837).

 

Dans une circulaire qu'il adressa à tous les instituteurs, en même temps qu'il leur envoyait le texte de la loi de 1833, Guizot leur disait : "A chaque instituteur communal un traitement fixe est assuré. Une rétribution spéciale et variable vient l'accroître. Par l'institution des caisses d'épargne, des ressources sont préparées à la vieillesse des maîtres.

Dès leur jeunesse, la dispense du service militaire leur prouve la sollicitude qu'ils inspirent à la société... Leur est mise à l'abri de l'arbitraire ou de la persécution...

En ce qui concerne l'enseignement proprement dit, rien ne vous manquera de ce qui peut vous guider. Non seulement une Ecole normale vous donnera des leçons et des exemples... mais encore... le roi a bien voulu approuver la publication d'un journal spécialement destiné à l'enseignement primaire. Je veillerai à ce que le Manuel général répande partout, avec les actes officiels qui vous intéressent, la connaissance des méthodes sûres, des tentatives heureuses, les notions pratiques que réclament les écoles, la comparaison des résultats obtenus en France ou à l'étranger."

 

En 1833, il y avait en France 31 420 écoles primaires fréquentées par 1 200 715 élèves; en 1847 les chiffres étaient de 43 514 écoles et de 2 176 079 élèves. 

 

Guizot, Mémoires, tome III.

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Doïna Membre+ 19 104 messages
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il y a 7 minutes, Exo7 a dit :

"La classe se fait dans une chambre obscure, où il m'a été impossible de rester plus de cinq minutes sans aller respirer à la porte" (Eure et Loir). "La salle sert en même temps de grange, de chambre à coucher et de poulailler. Une nuée de poules est venue fondre sur la tête de l'inspecteur à son entrée dans l'école" (Saône et Loire). "J'ai appris sans étonnement qu'après quinze jours de présence, la plupart des enfants tombent malades et quittent l'école... (Des instituteurs) sont logés dans des huttes sales et étroites où cohabitent l'instituteur, sa femme, ses enfants, ses élèves et quelquefois le pourceau du ménage" (Meuse).

Ces instituteurs sont très mal payés et complètement déconsidérés. "Il n'y a guère qu'un tiers, certainement pas la moitié, des instituteurs qui reçoivent annuellement de quoi avoir du pain sec toute l'année; les autres ne reçoivent pas autant qu'un mendiant" (Manche). "Instituteur et mendiant est presque synonyme...; sonner les cloches, faire le métier d'appariteur, enterrer les morts, aller dans la saison, quêtant ça et là quelques pommes de terre, quelques raisins, quelque peu de blé, voilà ce qui les attend" (Landes). (...)

On est en train d'y revenir, petit à petit. :( On commence déjà à avoir des écoliers dans des classes sans lumière ni chauffage.

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Jim69 Membre 21 677 messages
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Comment ça ? C'était pas mieux avant ?

il y a une heure, Doïna a dit :

On est en train d'y revenir, petit à petit. :( On commence déjà à avoir des écoliers dans des classes sans lumière ni chauffage.

ah ben oui ma brave dame. C'est plus que c'était l'école (enfin celle de la semaine dernière quoi, parce que celle de 1833 oh la la la on y revient).

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Membre, 79ans Posté(e)
jeremie974 Membre 4 778 messages
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Sûr qu'il va falloir bientôt s'atteler à la tâche.

Fini le farniente.

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Membre, 8ans Posté(e)
bouddean Membre 11 485 messages
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Il y a 2 heures, Exo7 a dit :

Les parents, comme d'ailleurs les propriétaires et les patrons, étaient hostiles à l'éducation des enfants du peuple. "Le petit propriétaire se ramasse tout entier en son travail. Ses enfants sont une aide pour lui quand ils travaillent; c'est une charge quand ils s'instruisent." 

L'exploitation de l'Homme par l'Homme .

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Membre, 53ans Posté(e)
Easle Membre 3 875 messages
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D'où l'importance, en ce retour au passé favorisé par les migrations (des migrants, surtout illégaux, sont moins exigeants, moins regardant aux conditions de travail, plus facile à soumettre individuellement), et dans une volonté et une factualité de remontée des inégalités corollaire depuis 60 ans, d'une baisse du niveau d'éducation d'une partie de la population. Il faut refabriquer des bras, qui plus est employables marginalement, pour des tâches non robotisables ou plus rentables avec des escl des humains. Dans Globalia, Christophe Ruffin donnait une version plus contemporaine, crédible et mise à jour, de la critique d'Huxley dans le Meilleur des mondes.

 

Avec les Marseillais, les réseaux sociaux basés sur de simples images ou des textes de maximum 200 caractères, une population abandonnée par la culture réelle qui s'immerge dans des 'paradis artificiels' ludiques (H24 - temps de travail), nous y sommes. Et cela va aller croissant vers le bas pour toujours plus de croissance ! Lentement certes mais sûrement.

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