Eloge à monsieur patate.

Alors, à la base, j'avais envie d'être constructif.
Puis au final j'ai juste eu envie de t'en mettre plein la tronche.
C'est pas méchant, en fait, c'est un peu la même chose.

J'aurais du faire des efforts, et travailler un peu plus le verbe et la forme..
Mais ça ira très bien comme ça.
Tiens, t'auras qu'à dire que c'est de l'art.




Je le connais pas trop, mais Nietzsche disait que le bonheur c'est l'oubli.
Moi je suis un peu moins optimiste, et je dirais que le bonheur, c'est l'innocence.

C'est amusant de voir comme ce concept est intemporel.
L'imbécile heureux et le savant triste.
Alors, non, je ne suis pas pas content car je suis un savant.
Enfin, si. Mais même pour un imbécile heureux, ce ne serait pas suffisant.

Non, si je suis malheureux, c'est pour une autre raison.
En fait deux.
Et je vais te les dire.

Tu vois, il fut un temps où les braves gens n'avaient pas inventé l'eau chaude.
Aujourd'hui, les braves gens n'ont pas inventé le smartphone.
Mais pas plus l'eau chaude.

Parait-il, aussi,
Que les périodes passées étaient imprégnées d'un obscurantisme archaïque.
Et qu'il fait bon de vivre un temps où tout un chacun peut prendre la température du monde.

Mais je vais vous faire une révélation.
Une révélation très violente.
Les braves gens d'hier étaient des cons, et tu n'es pas moins brave.
Et pas moins con. Même à l'ère bénie du pouvoir de la majorité.

Loin de moi l'idée de te travestir
Tu es très bien ainsi.
Seulement, en comparaison de tes homonymes d'antan, il te manque quelque chose.
L'innocence.

Je ne peux pas te rendre l'innocence.
Quand l'hymen est brisé, même si le prince charmant est un crapaud, il est brisé.
En revanche, je peux peut-être l'achever.

Et, à ce moment là, à défaut de pouvoir revendiquer ton innocence,
tu pourras, en revanche, prétendre fièrement ta conscience et ta conséquence.

Je vais donc te faire ma deuxième révélation.
(Ames insensibles s'abstenir)

La politique, c'est très simple.
C'est prendre, ou ne pas prendre de décision.

Prendre une décision, quelle qu'elle soit, c'est anéantir un élément.
Et, uniformiser tout les éléments qui en dépendaient.
Cela s'appelle l'autoritarisme.

Ne pas prendre une décision, cela s'appelle le laxisme.
Et cela permet la diversification des éléments.

Alors, dans la vie, y'a deux décisions.
Y'a les décisions qu'on choisit pas de prendre.
Par exemple, si j'ai faim, je dois prendre la décision de manger, sinon je meurs.
Et y'a les décisions qu'on choisit de prendre.
Par exemple, j'ai faim, je vais aller péter à moscou pour chopper du caviar parce que c'est meilleur que la choucroute.

C'est la différence entre une décision fortuite et une décision induite.
A savoir que la décision fortuite n'a aucun impact superflu.
Et que la décision induite n'a que des impacts superflus.

Donc, l'on pourrait croire que je suis en train de te faire l'apologie écolo.
Abnégationiste et sacrificielle.
Mais pas du tout en fait.
J'suis en train de te dire, si t'as faim, mange.
Et si t'es à Toulouse, mange de la choucroute.

Et, tu verras que ton influence sur ton environnement sera tout à fait saine.
Bon, sauf si ton chou est chinois et que ton porc est allemand.

Mais je suis pas non plus, en train de te faire l'apologie nationaliste.
Parceque ça veut rien dire la nation.
Désolé mais de Sette à Saint-malo, j'suis toujours pas capable de faire le lien.
Encore avec des autoroutes.

Ce que je suis en train de te dire, c'est, que ce soit une minorité de gens brillants qui prennent tes décisions à ta place,
Ou une majorité d'illuminés populaires, et bah ça revient au même.
C'est pas toi qui décide.

Et quand c'est pas toi qui décide ta vie...
C'est comme si tu met un hérisson dans un bunker pour le protéger, alors qu'il avait des épines.
Ou que tu vas nourrir un lion dans la savane, alors qu'il avait des griffes et des muscles.

Tu vois, quand c'est pas toi qui décide, c'est comme si t'es un monsieur patate, et que le gamin qui joue avec toi, il décide s'il te donne une lance ou un bouclier.
Mais aujourd'hui, je pense qu'il va surtout t'habiller en madame patate.


J'suis pas en train de te dire qu'il faudrait planter, dans ton corps de patate, un livre sacré ou sceptre.
Ni un marteau et une faucille.
Ni une bite et un couteau.
Ni une corde et un arc.

J'suis en train de te dire que t'es pas un monsieur patate.

Tu es un être vivant à part entière.
Et même si tes actes ont des conséquences, tu peux les assumer.


Maintenant, avec cette petite histoire 100% imaginaire, je vais te raconter ce qu'il se passe quand une patate prend une décision.

I had a nightmare.

Et dans ce cauchemar, il n'y avait que des monsieur patate.
Y'avait des madame patate aussi, mais c'etait un peu pareil.
C'était des patates quoi. Y'avait qu'à interchanger l'organe géniteur pour changer d'identité.

Mais ce qui était moche dans ce cauchemar, c'est surtout qu'il n'y avait pas d'aubergines.
Suite à la grande guerre congruente, il avait été déterminé que les aubergines avaient un rythme de croissance instable.
Et donc elles avaient été éradiquées.

Pas de carottes non plus.
Seulement des patates.
Qui avaient décidé comme ça, qu'elles seraient des pommes de terre.

Était venue l'ère du grand bucher.
Sur lequel l'on avait brulé tomates et haricots.
Sorcières et hérétiques.

Suite à laquelle avait suivi l'ère du grand engrais.
Qui transformait miraculeusement tout les légumes en patates.
Inutile alors de s'encombrer d'un spectacle violent.

Progrès tangible, les tomates et les haricots étaient désormais reconnu comme part entière du jardin.
Et la ségrégation potagère n'avait plus lieu.
Car, bien heureusement, l'on avait trouvé le moyen de les transformer en patates.

Au pays des légumes,
Bientôt, tous seraient des patates et les patates serraient des pommes de terre.
Le fruit de leur labeur sera un fruit défendu.
Les poissons volants riraient du dernier des sarcasmes.
Aucun dauphin n'ira mettre les pieds dans le plat.
Et le gratin sera de la soupe.