Le sens en poésie

Le 03/03/2021 à 13:47, Blaquière a dit :

Une idée qui me viens. (Votre avis ?)

Si une poésie dit trop de sens, le sens s'y dissout,

ne dit plus rien.

Mais si l'on n'en met pas, il s'invite tout seul...

Et il prend forme de lui-même...

Il "vient d'ailleurs"...

 

(C'est entre autre le drame de la poésie engagée.)

 comme sens est invariable nous y voilà  

 

         

Il y a 16 heures, Lowy.. a dit :

La poésie suggère les mots de l'émotion ; s'il n'ya pas d'émotion , c'est creux et insipide.

 

Oui ! Mais on est sur le corde raide !

Trop d'émotion, ça devient dégoulinant, gras, comme du beurre chaud ! De la mélasse ! De la GLU ! Une harmonie jaune vert et marron !

"L'élégance absolue" c'est l'émotion "mine de rien" ! Mais déjà cette expression "élégance absolue" me met en colère ! 

Il y a 2 heures, Selim Fracini a dit :

Bonjour Blaquière,

Ton programme enregistre tes partitions, mais pour le son , c'est lui aussi qui le restitue ?  Au format SMF (Standard Midi File ) ?
Le son Midi quand tu l'écoutes depuis un ordi, c'est horrible mais ce n'est pas important puisque ce ne sont que des lignes de commandes en quelque sorte (je vais peut-être faire rire les geeks là ;-) mais ton son à toi  est beaucoup  plus agréable à l'oreille qu'un midi. Alors ?

Je te demande ça parce qu'il y a un internaute ici dans la rubrique Informatique-divers qui demande comment convertir un fichier MIDI en MP3 et pouvoir le lire ensuite avec une restitution de qualité. Ça te parle ?

Moi la technique ça me barbe;  j'ai un arrangeur qui produit de très jolis sons, surtout les pianos et orgues,  mais il commence à dater , il lit les fichiers MIDI sur disquettes 3.5. Pas grave, je ne l'utilise pas ;o)
Je ne suis pas technicien, et je n'ai jamais appris le solfège , c'est mon grand regret.  Mais j'ai grandi avec  un frère  musicien (sax ténor ) et un orgue à la maison;  c'est là que mes oreilles se sont déniaisées , avec pour idole Rhoda Scott.

Bref,  peux-tu en dire plus sur ton programme ?

Il y a pas mal d'années, (20 ans ?) Je suis tombé sur une programme génial ! "Compositeur". C'était d'une simplicité phénoménale ! J'avais acheté le CD d'installation 50 francs !!! Tu n'avais qu'à mettre tes notes sur la portée et ça te les jouait, et tu pouvais mettre autant de portés que tu voulais !  Les sons étaient MIDI pas terribles.

 Mais tu pouvais l'exporter en MIDI et même en pdf pour faire des partitions impriméee.

Un copain guitariste avec qui j'ai un peu joué, m'a fait connaître le programme "Harmony Assistant".

Plus difficile à écrire, mais avec des meilleurs sons un plus grand choix d'instruments. Alors j'exportais mes premiers morceaux de "compositeur" en midi et je les reprenais sur "Harmony assistant" pour les retravailler.

Depuis "Harmony assistant", je peux exporter en MP3

(Mais je l'ai acheté, Harmony Assistant.)

Il te faut trouver un programme qui permet ça, d'exporter en MP3

Le morceau que j'ai mis "le pont Mirabeau", en l'exportant en MIDI et en le reprenant sur Harmony, les "triolets " avaient sauté, c'était à mourir de rire !

 Je l'ai encore Harmony assistant, mais mon fils m'a fait prendre le programme "MuseScore" Je peux exporter en MIDI. Là j'étais là dessus tantôt... On peut exporter en MIDI et en pdf pour des partitions ou imprimer directement. C'est plus dur pour écrire que mon premier "compositeur" qui ne marche plus du tout sur windows 10... Ni même sur LINUX !

Pour faire des enregistrements, j'ai "Studio One" Mais je maîtrise pas encore. Il faut des boites spéciales pour les micros, pour amplifier sinon c'est inaudible...

Mais tous les sons sur "Harmony Assistant" ne sont pas tous terribles ! Je choisis !

La harpe, le piano, le violoncelle ça passe.  Même l'orgue, y'a plusieurs choix. La flute de pan aussi... mais la guitare (classique), les notes cognent un peu !

Il y a aussi des flûtes et le trombone ou le cor anglais je crois...

Le violon, dans certains programmes on dirait de l'accordéon ou de l'harmonica ! C'est à hurler ! En revanche le violoncelle passe mieux... La basse acoustique aussi c'est pas trop moche...

il y a une heure, Blaquière a dit :

Il y a pas mal d'années, (20 ans ?) Je suis tombé sur une programme génial ! "Compositeur". C'était d'une simplicité phénoménale ! J'avais acheté le CD d'installation 50 francs !!! Tu n'avais qu'à mettre tes notes sur la portée et ça te les jouait, et tu pouvais mettre autant de portés que tu voulais !  Les sons étaient MIDI pas terribles.

 Mais tu pouvais l'exporter en MIDI et même en pdf pour faire des partitions impriméee.

Un copain guitariste avec qui j'ai un peu joué, m'a fait connaître le programme "Harmony Assistant".

Plus difficile à écrire, mais avec des meilleurs sons un plus grand choix d'instruments. Alors j'exportais mes premiers morceaux de "compositeur" en midi et je les reprenais sur "Harmony assistant" pour les retravailler.

Depuis "Harmony assistant", je peux exporter en MP3

(Mais je l'ai acheté, Harmony Assistant.)

Il te faut trouver un programme qui permet ça, d'exporter en MP3

Le morceau que j'ai mis "le pont Mirabeau", en l'exportant en MIDI et en le reprenant sur Harmony, les "triolets " avaient sauté, c'était à mourir de rire !

 Je l'ai encore Harmony assistant, mais mon fils m'a fait prendre le programme "MuseScore" Je peux exporter en MIDI. Là j'étais là dessus tantôt... On peut exporter en MIDI et en pdf pour des partitions ou imprimer directement. C'est plus dur pour écrire que mon premier "compositeur" qui ne marche plus du tout sur windows 10... Ni même sur LINUX !

Pour faire des enregistrements, j'ai "Studio One" Mais je maîtrise pas encore. Il faut des boites spéciales pour les micros, pour amplifier sinon c'est inaudible...

Merci pour cette réponse étayée. Voilà de précieuses infos, et je crois que ça répond aux questionnements de l'internaute que j'évoquais plus haut, ainsi qu'à moi-même.

Je dois filer mais j'y reviendrai, merci encore

Bonne après-midi.

il y a 13 minutes, Selim Fracini a dit :

Merci pour cette réponse étayée. Voilà de précieuses infos, et je crois que ça répond aux questionnements de l'internaute que j'évoquais plus haut, ainsi qu'à moi-même.

Je dois filer mais j'y reviendrai, merci encore

Bonne après-midi.

Je viens de vérifier avec "MuseScore" qui est gratuit (il me semble bien) quand tu as écrit ta musique tu peux l'exporter en Wave (c'est lourd ça en mémoire ! ) en MIDI et en MP3... Tu peux aussi équilibrer le volume de tes différentes portées... et choisir les instruments qui ont un son acceptable...

Moi aussi je file, à plus !

Il y a 6 heures, Blaquière a dit :

Oui ! Mais on est sur le corde raide !

Trop d'émotion, ça devient dégoulinant, gras, comme du beurre chaud ! De la mélasse ! De la GLU ! Une harmonie jaune vert et marron !

"L'élégance absolue" c'est l'émotion "mine de rien" ! Mais déjà cette expression "élégance absolue" me met en colère ! 

Rien n'est absolu.

Savoir faire la différence entre émotion et émotivité...

Il y a 8 heures, Blaquière a dit :

Il y a pas mal d'années, (20 ans ?) Je suis tombé sur une programme génial ! "Compositeur". C'était d'une simplicité phénoménale ! J'avais acheté le CD d'installation 50 francs !!! Tu n'avais qu'à mettre tes notes sur la portée et ça te les jouait, et tu pouvais mettre autant de portés que tu voulais !  Les sons étaient MIDI pas terribles.

 Mais tu pouvais l'exporter en MIDI et même en pdf pour faire des partitions impriméee.

Un copain guitariste avec qui j'ai un peu joué, m'a fait connaître le programme "Harmony Assistant".

Plus difficile à écrire, mais avec des meilleurs sons un plus grand choix d'instruments. Alors j'exportais mes premiers morceaux de "compositeur" en midi et je les reprenais sur "Harmony assistant" pour les retravailler.

Depuis "Harmony assistant", je peux exporter en MP3

(Mais je l'ai acheté, Harmony Assistant.)

Il te faut trouver un programme qui permet ça, d'exporter en MP3

Le morceau que j'ai mis "le pont Mirabeau", en l'exportant en MIDI et en le reprenant sur Harmony, les "triolets " avaient sauté, c'était à mourir de rire !

 Je l'ai encore Harmony assistant, mais mon fils m'a fait prendre le programme "MuseScore" Je peux exporter en MIDI. Là j'étais là dessus tantôt... On peut exporter en MIDI et en pdf pour des partitions ou imprimer directement. C'est plus dur pour écrire que mon premier "compositeur" qui ne marche plus du tout sur windows 10... Ni même sur LINUX !

Pour faire des enregistrements, j'ai "Studio One" Mais je maîtrise pas encore. Il faut des boites spéciales pour les micros, pour amplifier sinon c'est inaudible...

Je te cite Blaquière pour attirer l'attention de @Daniel_Pachine qui trouvera  peut-être dans ta réponse une solution à son problème. Qu'il regarde aussi du côté de Fl Studio, ou mieux du côté du libre :  Linux MultiMedia Studio (LMMS), solution open source convaincante.
 

Je vais moi-même m'y intéresser car ça fait un moment que je veux m'y remettre.

Merci l'artiste, et bonne soirée.

 

 

 

 

 

 

Il me vient cette idée :

 Le sens c'est le déséquilibre !

Et l'équilibre c'est le non-sens !

L'oxymore s'il donne du sens c'est qu'il n'est pas parfaitement en équilibre.

 "Cette obscure clarté..."  prend son sens de ce que c'est la clarté qui gagne... Gagne de peu, mais gagne.

De même pour le paradoxe. Qu'il aille contre la doxa lui donnerait du sens certainement, mais qu'il dise exactement le contraire de ce qu'il dit... tue le sens.

C'est du verbiage. Parler pour parler. Donner du sens c'est prendre parti ? C'est donc aussi un peu de la balourdise. C'est s'aveugler soi-même. Thèse , anti-thèse, synthèse ? La synthèse serait alors un non sens ? La dialectique aussi ? Ne serait-ce que de la poudre aux yeux ?

Il faudrait donc feindre d'équilibrer les choses, mais pas le faire parfaitement !

Laisser entendre qu'une des deux parties dépasse légèrement l'autre, gagne d'une courte longueur, un tout petit peu... mais gagne.

   Non sens

Sens balourd :

Sens subtil :

 

Sens comique :

Il y a 10 heures, Blaquière a dit :

Il me vient cette idée :

 Le sens c'est le déséquilibre !

Et l'équilibre c'est le non-sens !

L'oxymore s'il donne du sens c'est qu'il n'est pas parfaitement en équilibre.

 "Cette obscure clarté..."  prend son sens de ce que c'est la clarté qui gagne... Gagne de peu, mais gagne.

De même pour le paradoxe. Qu'il aille contre la doxa lui donnerait du sens certainement, mais qu'il dise exactement le contraire de ce qu'il dit... tue le sens.

C'est du verbiage. Parler pour parler. Donner du sens c'est prendre parti ? C'est donc aussi un peu de la balourdise. C'est s'aveugler soi-même. Thèse , anti-thèse, synthèse ? La synthèse serait alors un non sens ? La dialectique aussi ? Ne serait-ce que de la poudre aux yeux ?

Il faudrait donc feindre d'équilibrer les choses, mais pas le faire parfaitement !

Laisser entendre qu'une des deux parties dépasse légèrement l'autre, gagne d'une courte longueur, un tout petit peu... mais gagne.

   Non sens

Sens balourd :

Sens subtil :

 

Sens comique :

Je réfléchis à ceci :" le sens c'est le déséquilibre et l'équilibre c'est le non-sens".... et je cherche le sens de tout ça ;-)

Je ne suis pas sûr de comprendre ce que tu veux dire, mais j'essaie . Je me demande même si tes rêves ne sont pas plus limpides que tes idées conscientes ;o)

J'ai envie de te dire : arrête de réfléchir et reconnecte toi à l'inconscient, c'est un champ beaucoup plus vaste, où tu trouveras autant d'horreurs que de sublimes beautés...vois ce qui vient  et fais-en  ton œuvre,  sans tiédeur aucune.

Ne voudrais-tu pas plutôt dire que le sens est  déséquilibre s'il est prépondérant  ? si non , je ne  crois pas que le sens soit un déséquilibre en soi.

Ton oxymore ferait sens grâce à l'absence d'équilibre ? C'est bien ça ?
Mais l'équilibre c'est aussi l'entre deux, et ton "obscure clarté" désignerait  plutôt une lueur pâlichonne, une aube naissante plutôt qu'un plein midi, et donc une tiédeur qui fait la balance entre chaud et froid....hum ;-)

Il faudrait peut-être illustrer ton propos avec une poésie , ça permettrait d'y voir plus clair.
Regarde chez Baudelaire par exemple ,  lui usait pas mal d'oxymores , "Les fleurs du mal" n'étant pas le moindre de ceux-ci.

Sinon  tes interventions sont toujours....d'une obscure clarté !

 

Il y a 4 heures, Selim Fracini a dit :

Je réfléchis à ceci :" le sens c'est le déséquilibre et l'équilibre c'est le non-sens".... et je cherche le sens de tout ça ;-)

Je ne suis pas sûr de comprendre ce que tu veux dire, mais j'essaie . Je me demande même si tes rêves ne sont pas plus limpides que tes idées conscientes ;o)

J'ai envie de te dire : arrête de réfléchir et reconnecte toi à l'inconscient, c'est un champ beaucoup plus vaste, où tu trouveras autant d'horreurs que de sublimes beautés...vois ce qui vient  et fais-en  ton œuvre,  sans tiédeur aucune.

Ne voudrais-tu pas plutôt dire que le sens est  déséquilibre s'il est prépondérant  ? si non , je ne  crois pas que le sens soit un déséquilibre en soi.

Ton oxymore ferait sens grâce à l'absence d'équilibre ? C'est bien ça ?
Mais l'équilibre c'est aussi l'entre deux, et ton "obscure clarté" désignerait  plutôt une lueur pâlichonne, une aube naissante plutôt qu'un plein midi, et donc une tiédeur qui fait la balance entre chaud et froid....hum ;-)

Il faudrait peut-être illustrer ton propos avec une poésie , ça permettrait d'y voir plus clair.
Regarde chez Baudelaire par exemple ,  lui usait pas mal d'oxymores , "Les fleurs du mal" n'étant pas le moindre de ceux-ci.

Sinon  tes interventions sont toujours....d'une obscure clarté !

 

Je vais y... réfléchir !

Mais pas trop !

Il y a 8 heures, Blaquière a dit :

Je vais y... réfléchir !

Mais pas trop !

Pas trop vite le matin et doucement l'après-midi.

Bon Dimanche Pascal ...euh...Blaquière ;-)

Le 03/04/2021 à 19:32, Selim Fracini a dit :

(...)

Il faudrait peut-être illustrer ton propos avec une poésie , ça permettrait d'y voir plus clair.
Regarde chez Baudelaire par exemple ,  lui usait pas mal d'oxymores , "Les fleurs du mal" n'étant pas le moindre de ceux-ci.

Sinon  tes interventions sont toujours....d'une obscure clarté !

 

Je crois que je n'en serais pas capable !

Peut-être que le sens en poésie passe mieux s'il n'est que suggéré ?

Bel exemple "les fleurs du mal" comme oxymore !

Assez facile à analyser finalement. Du mal voire de la souffrance peuvent naître des fleurs.

C'est le sens de la poésie.

Il y aurait deux formes de poésie ?

 Les fleurs qui donnent des fleurs, (la poésie dans son sens le plus populaire et même bourgeois.)

Et les fleurs qui poussent... sur le fumier.

La nature n'est pas poétique, c'est une certirude. C'est à nous de lui inventer une beauté, une bonté, d'y deviner des fleurs. Un "travail" d'autant plus difficile et méritoire (!) qu'on part du "vraiment laid" !

 

"Je fais le beau du laid

Comme fit beaudelaire "

 

J’aime pas que le beau

Hic !

J'aime pas que le beau,

j'aime pas que le laid !

J'aime le beau du laid !

Et même un bol de lait !

J’aime le laid du beau

(mais pas les laids bedeaux) 

j'aime les beaux palais,

J'aime les balais beaux,

Même les beaux mollets.

J’aime les beaux bolets 

Dans les sous-bois boueux

L'amitié des crapauds laids, visqueux

Hoqueteux

J'aime le beau du lait :.

Veau, vache, cochons....

Cuvée !

Hic !

 

 

Le beau du laid.

 

Il y a les bobos laids

Et puis les bobos Beaux

Et puis les bonobos

Mais des bonobos laids

Et des bonobos beaux.

Quand les bonobos laids

Sont des laids bonobos

Je leur chante et les cogne !

C'est le chant puis gnon :

Le  beau balet

De beaux bolets !

Je les cuisine au lait

Les bobos laids les trouvent bons

Et idem les beaux bonobos

Ce sont les bons bolets des bobos laids.

Les bons bolets des bonobos beaux

 

( Charles Beau de Laid Reu )

5 janvier 2021

Salut @Blaquière

Joli !

Mais tu parles de deux formes de poésies...

Peut-être pas deux formes de poésies mais sans doute une vision non hémiplégique des réalités.  La rose est  superbe mais elle se laisse cueillir au prix de quelques piqûres , et le fumier  lui donne vie ...

C'est ce qu'il ressortait de l'analyse des poésies  "Une Charogne" et "Alchimie de la douleur"  de Baudelaire justement, que nous avions évoqué dans la partie "Langue française"  de ce forum l'année dernière, avec une étudiante qui demandait de l'aide.

On en  conclut que la laideur porte en elle le germe de la beauté, et sans doute vice versa. C'est ce que je sous-entendais aussi lorsque je te suggérais  de puiser dans l'inconscient où se trouve absolument tout ce qui existe, beautés sublimes et horreurs sans nom. Ces deux opposés étant comme Yin & Yang, c.à.d. deux polarités qui régissent nos vies : une loi universelle en somme ;-)

Pour rappel et pour le plaisir :

Une charogne

Rappelez-vous l’objet que nous vîmes, mon âme,
Ce beau matin d’été si doux:
Au détour d’un sentier une charogne infâme
Sur un lit semé de cailloux,

Le ventre en l’air, comme une femme lubrique,
Brûlante et suant les poisons,
Ouvrait d’une façon nonchalante et cynique
Son ventre plein d’exhalaisons.

Le soleil rayonnait sur cette pourriture,
Comme afin de la cuire à point,
Et de rendre au centuple à la grande Nature
Tout ce qu’ensemble elle avait joint;

Et le ciel regardait la carcasse superbe
Comme une fleur s’épanouir.
La puanteur était si forte, que sur l’herbe
Vous crûtes vous évanouir.

Les mouches bourdonnaient sur ce ventre putride,
D’où sortaient de noirs bataillons
De larves, qui coulaient comme un épais liquide
Le long de ces vivants haillons.

Tout cela descendait, montait comme une vague
Ou s’élançait en pétillant
On eût dit que le corps, enflé d’un souffle vague,
Vivait en se multipliant.

Et ce monde rendait une étrange musique,
Comme l’eau courante et le vent,
Ou le grain qu’un vanneur d’un mouvement rythmique
Agite et tourne dans son van.

Les formes s’effaçaient et n’étaient plus qu’un rêve,
Une ébauche lente à venir
Sur la toile oubliée, et que l’artiste achève
Seulement par le souvenir.

Derrière les rochers une chienne inquiète
Nous regardait d’un oeil fâché,
Epiant le moment de reprendre au squelette
Le morceau qu’elle avait lâché.

– Et pourtant vous serez semblable à cette ordure,
A cette horrible infection,
Etoile de mes yeux, soleil de ma nature,
Vous, mon ange et ma passion!

Oui! telle vous serez, ô la reine des grâces,
Apres les derniers sacrements,
Quand vous irez, sous l’herbe et les floraisons grasses,
Moisir parmi les ossements.

Alors, ô ma beauté! dites à la vermine
Qui vous mangera de baisers,
Que j’ai gardé la forme et l’essence divine
De mes amours décomposés!

Charles Baudelaire

J'en rajoute un petit bout :

J’aime pas que le beau

 

Hic !

J'aime pas que le beau,

j'aime pas que le laid !

J'aime le beau du laid !

Et même un bol de lait !

J’aime le laid du beau

(mais pas les laids bedeaux) 

j'aime les beaux palais,

J'aime les balais beaux,

Même les beaux mollets.

(Je suis mâle et ballot :

J'aime les beaux ballets !)

J’aime les beaux bolets 

Dans les sous-bois bourbeux

L'amitié des crapauds laids, boueux

Et visqueux, "hoqueteux"

J'aime le beau du lait :

Veau, vache, cochons....

Cuvée !

Hic !

Il y a 3 heures, Selim Fracini a dit :

Salut @Blaquière

Joli !

Mais tu parles de deux formes de poésies...

Peut-être pas deux formes de poésies mais sans doute une vision non hémiplégique des réalités.  La rose est  superbe mais elle se laisse cueillir au prix de quelques piqûres , et le fumier  lui donne vie ...

C'est ce qu'il ressortait de l'analyse des poésies  "Une Charogne" et "Alchimie de la douleur"  de Baudelaire justement, que nous avions évoqué dans la partie "Langue française"  de ce forum l'année dernière, avec une étudiante qui demandait de l'aide.

On en  conclut que la laideur porte en elle le germe de la beauté, et sans doute vice versa. C'est ce que je sous-entendais aussi lorsque je te suggérais  de puiser dans l'inconscient où se trouve absolument tout ce qui existe, beautés sublimes et horreurs sans nom. Ces deux opposés étant comme Yin & Yang, c.à.d. deux polarités qui régissent nos vies : une loi universelle en somme ;-)

Pour rappel et pour le plaisir :

Une charogne

Rappelez-vous l’objet que nous vîmes, mon âme,
Ce beau matin d’été si doux:
Au détour d’un sentier une charogne infâme
Sur un lit semé de cailloux,

Le ventre en l’air, comme une femme lubrique,
Brûlante et suant les poisons,
Ouvrait d’une façon nonchalante et cynique
Son ventre plein d’exhalaisons.

Le soleil rayonnait sur cette pourriture,
Comme afin de la cuire à point,
Et de rendre au centuple à la grande Nature
Tout ce qu’ensemble elle avait joint;

Et le ciel regardait la carcasse superbe
Comme une fleur s’épanouir.
La puanteur était si forte, que sur l’herbe
Vous crûtes vous évanouir.

Les mouches bourdonnaient sur ce ventre putride,
D’où sortaient de noirs bataillons
De larves, qui coulaient comme un épais liquide
Le long de ces vivants haillons.

Tout cela descendait, montait comme une vague
Ou s’élançait en pétillant
On eût dit que le corps, enflé d’un souffle vague,
Vivait en se multipliant.

Et ce monde rendait une étrange musique,
Comme l’eau courante et le vent,
Ou le grain qu’un vanneur d’un mouvement rythmique
Agite et tourne dans son van.

Les formes s’effaçaient et n’étaient plus qu’un rêve,
Une ébauche lente à venir
Sur la toile oubliée, et que l’artiste achève
Seulement par le souvenir.

Derrière les rochers une chienne inquiète
Nous regardait d’un oeil fâché,
Epiant le moment de reprendre au squelette
Le morceau qu’elle avait lâché.

– Et pourtant vous serez semblable à cette ordure,
A cette horrible infection,
Etoile de mes yeux, soleil de ma nature,
Vous, mon ange et ma passion!

Oui! telle vous serez, ô la reine des grâces,
Apres les derniers sacrements,
Quand vous irez, sous l’herbe et les floraisons grasses,
Moisir parmi les ossements.

Alors, ô ma beauté! dites à la vermine
Qui vous mangera de baisers,
Que j’ai gardé la forme et l’essence divine
De mes amours décomposés!

Charles Baudelaire

Extraordinaire !

 mais je pense aussi à Francis Ponge qui veut faire s'émaner une poésie, même pas de l'horrible mais du banal.

("Le parti prix des choses")

Là on est en plein dans l'invention (l'imagination) d'un sens qui n'est pas du tout donné au départ :

C'est quand même très intellectuel ! On ne saurait pas dire si la poésie est en voie de cristallisation ou de dissolution !

 

Citation

 

Le Cageot

A mi-chemin de la cage au cachot, la langue française a cageot, simple caissette à claire-voie vouée au transport de ces fruits qui de la moindre suffocation font à coup sûr une maladie.
Agencé de façon qu’au terme de son usage il puisse être brisé sans effort, il ne sert pas deux fois. Ainsi dure-t-il moins encore que les denrées fondantes ou nuageuses qu’il enferme.
A tous les coins de rues qui aboutissent aux halles, il luit alors de l’éclat sans vanité du bois blanc. Tout neuf encore, ahuri d’être dans une pose maladroite à la voirie jeté sans retour, cet objet est en somme des plus sympathiques, – sur le sort duquel il convient toutefois de ne s’appesantir longuement.

(Francis Ponge)

 

Mais il y a cagette et cageot !

Les deux sont différents.

La cagette est très plate, trop plate

Et n'est que théorique.

Parallélépipédique et rectangle.

Le cageot ? Rien à voir !

Il est très dur à expliquer.

Il est une oeuvre d'art.

Section ovale,

Hauteur tronc de conique...

Mais inversée !

Le fond fermé

Nettement plus étroit

Que l'ouverture.

En outre il est profond,

Toujours à claire-voie...

A Claire Voix.

La cagette déborde

Elle égare, elle perd

Et le cageot maintient...

Tout en offrant.

 

 

il y a 51 minutes, Blaquière a dit :

J'en rajoute un petit bout :

J’aime pas que le beau

 

Hic !

J'aime pas que le beau,

j'aime pas que le laid !

J'aime le beau du laid !

Et même un bol de lait !

J’aime le laid du beau

(mais pas les laids bedeaux) 

j'aime les beaux palais,

J'aime les balais beaux,

Même les beaux mollets.

(Je suis mâle et ballot :

J'aime les beaux ballets !)

J’aime les beaux bolets 

Dans les sous-bois bourbeux

L'amitié des crapauds laids, boueux

Et visqueux, "hoqueteux"

J'aime le beau du lait :

Veau, vache, cochons....

Cuvée !

Hic !

Et cette cuvée,et ce Hic nous ramènent à Gainsbourg qui nous disait sans détours , que la beauté des laids se voit sans délai ;o)

Je ne connaissais pas Francis Ponge. Comme quoi l'art poétique fait feu de tous bois ;-)

Le 03/03/2021 à 13:47, Blaquière a dit :

Une idée qui me viens. (Votre avis ?)

Si une poésie dit trop de sens, le sens s'y dissout,

ne dit plus rien.

Mais si l'on n'en met pas, il s'invite tout seul...

Et il prend forme de lui-même...

Il "vient d'ailleurs"...

 

(C'est entre autre le drame de la poésie engagée.)

Bonjour cher Blaquière ! ça fait un bail  

Je crois au contraire que le but du langage poétique c'est dire beaucoup de choses, beaucoup de sens en usant que très peu de mots et à mon avis c'est là la force et la supériorité du langage poétique sur les autres types de langage. 

Connaissant un peu la poésie persane par exemple, je peux te dire que même parfois un seul et même vers peut avoir deux sens complètement différents, de sorte qu'en lisant la totalité du poème on pourrait le comprendre comme racontant deux choses complètement distinctes ! Donc tu vois il y a même des poèmes qui peuvent non seulement contenir trop de sens mais ils peuvent même raconter deux histoires différentes et parallèles en même temps.

Le 14/04/2021 à 09:28, Groenland a dit :

Bonjour cher Blaquière ! ça fait un bail  

Je crois au contraire que le but du langage poétique c'est dire beaucoup de choses, beaucoup de sens en usant que très peu de mots et à mon avis c'est là la force et la supériorité du langage poétique sur les autres types de langage. 

Connaissant un peu la poésie persane par exemple, je peux te dire que même parfois un seul et même vers peut avoir deux sens complètement différents, de sorte qu'en lisant la totalité du poème on pourrait le comprendre comme racontant deux choses complètement distinctes ! Donc tu vois il y a même des poèmes qui peuvent non seulement contenir trop de sens mais ils peuvent même raconter deux histoires différentes et parallèles en même temps.

Tu as peut-être raison. Ce que j'entendais pas sens, c'est "sens unique" ! Est-ce qu'un sens multiple est encore un sens ?

Sans doute. En physique deux sens opposés s'annulent, mais pas en poésie; alors ?