Le bon sens est la chose du monde le mieux partagée

Le 14/02/2021 à 10:18, Quasi-Modo a dit :

Bonjour,

J'ai mis en titre une fameuse citation de Descartes qu'il s'agira de discuter, sachant que cette citation a beaucoup été tournée en dérision, en particulier par des gens qui ne sont pas démocrates ou partisans des Lumières.

Selon Descartes nous avons tous la capacité de distinguer le vrai du faux de façon égale, et si nous arrivons à des conclusions différentes, c'est seulement parce que nous ne considérons pas les mêmes choses dans le même ordre.

Spontanément j'ai ri de cette idée aussi. Mais réflexion faite il est question de l'universalité de la raison et de la logique, ou des sciences également dont on sait bien à quel point elles transcendent les cultures. Le théorème de Pythagore en géométrie euclidienne sera vrai éternellement, en tous temps et en tous lieux. Et il en est ainsi de toutes les autres connaissances scientifiques plus ou moins établies.

Comment concilier la question de l'universalité de la raison avec les limitations intellectuelles ou cognitives des êtres humains, pas toujours au meilleur d'eux-mêmes, ou n'ayant pas toujours la possibilité dans l'instant de comprendre une équation mathématique ? Dans quel sens la raison, le jugement ou le bon sens sont-ils universels ?

Pour en revenir à Descartes (sans avoir lu entièrement toutes les interventions sur ce sujet) et m'aidant de la vidéo je verrai la citation qui sert de titre au sujet comme des prémisses de l'enseignement de masse.

A la Renaissance l'enseignement était réservée à une aristocratie à qui semble-t-il on "bourrait le crâne" d'un savoir dogmatique. Or Descartes s'est confronté aux limites du savoir reçu et a voulu l'enrichir par le reste du monde. Le peuple qui lui était sûrement  présenté comme inculte par essence était par l'Académie (au sens large) considéré comme impropre à recevoir le savoir théorique que lui avait reçu mais qui ne le comblait pas.

Il semble alors être arrivé à la conclusion que si la majorité des individus étaient ignorante du savoir théorique (et théologique) c'est uniquement parce qu'il en avait été absolument exclu. Sa méthode de raisonnement se voulait universelle et il supposait que le peuple pouvait se l'approprier pour mieux raisonner et non pas uniquement pour accumuler une très importante somme de savoirs formels réservée à une élite pré-définie (pour une tête bien faite plutôt que bien pleine).

Alors il ne s'agit pas de sonder la profondeur des différences interindividuelles devant l'acquisition du savoir mais de penser que presque tout le monde peut tirer profit à sa mesure de l'enseignement d''une démarche rationnelle.

Il s'agit de ne pas se perdre dans l'abstraction et se souvenir que la culture au sens large qui s'est accumulée et s'est sophistiquée dans les recherches scientifiques les plus pointues, émerge de l'intelligence collective c'est-à-dire de l'échange moins formel entre les groupes humains depuis la préhistoire.  En cela le savoir est forcément universel, par ses origines.

Le futur lui a donné raison tant il est aujourd'hui incontestable que la massification de l'enseignement a profité à tous et à chacun, même si tous ne pourront pas être de brillants chercheurs.

il y a 9 minutes, CAL26 a dit :

Le futur lui a donné raison tant il ,est aujourd'hui incontestable que la massification de l'enseignement a profité à tous et à chacun, même si tous ne pourront pas être de brillants chercheurs.

C'est en cela que Descartes fût un précurseur de la révolution Française pour laquelle les "hommes naissent libre et égaux en droit ..."

Pourtant bien plus tard, il fût introduit une limite à cette égalité qu'a été "la méritocratie" selon laquelle certain était "plus égaux" !