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Sentiment d'existence


Invité Groenland

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« Mais s'il est un état où l'âme trouve une assiette assez solide pour s'y reposer tout entière et rassembler là tout son être, sans avoir besoin de rappeler le passé ni d'enjamber sur l'avenir ; où le temps ne soit rien pour elle, où le présent dure toujours sans néanmoins marquer sa durée et sans aucune trace de succession, sans aucun autre sentiment de privation ni de jouissance, de plaisir ni de peine, de désir ni de crainte que celui seul de notre existence, et que ce sentiment seul puisse la remplir tout entière ; tant que cet état dure celui qui s'y trouve peut s'appeler heureux, non d'un bonheur imparfait, pauvre et relatif tel que celui qu'on trouve dans les plaisirs de la vie, mais d'un bonheur suffisant, parfait et plein, qui ne laisse dans l'âme aucun vide qu'elle sente le besoin de remplir. Tel est l'état où je me suis trouvé souvent à l'île de Saint-Pierre dans mes rêveries solitaires, soit couché dans mon bateau que je laissais dériver au gré de l'eau, soit assis sur les rives du lac agité, soit ailleurs au bord d'une belle rivière ou d'un ruisseau murmurant sur le gravier. » (Les Rêveries du promeneur solitaire: "Cinquième promenade")

Il existe un gap entre « Vivre » et « Exister », puisque nous vivons « dans le monde » alors que nous existons « en dehors du monde », en effet nous existons en dehors du monde du fait que nous sommes « spectateurs » et « conscients » de celui-ci.

Peut-on alors dire que si nous voulons « vivre en existant » dans le but de pouvoir profiter pleinement de notre vie et de notre existence, nous devons sentir notre existence, tout comme ce que Rousseau ressent lorsqu’il se trouve à l’île de Saint-Pierre ? Est-ce que c’est par le sentiment que nous pouvons réconcilier le fait de « vivre » et le fait « d’exister » ? Et si oui, qu’est-ce qui nous permettrait d’accéder à cet état du « sentiment d’existence » le plus souvent possible ?

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Membre, 152ans Posté(e)
Annalevine Membre 3 528 messages
Mentor‚ 152ans‚
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Intéressant ce texte, celui de Rousseau complété par Groenland.

Groenland semble nous dire : le but de la vie ( à moins qu’il s’agisse plus humblement d’une intention) est d’en jouir durablement ( de la vie ) dans un sentiment, disons, de félicité intérieure permanent ( jouir de la vie, écrit Groenland). 

Vivre semble s’opposer à cette intention ( jouir) car vivre c’est être jeté dans le monde. Un monde qui s’impose à nous avec toutes ses contrariétés qui viennent détruire la jouissance. 

Sortir du monde  c’est sortir de l’action. C’est devenir spectateur. C’est sortir du terrain pour monter sur les gradins. Et regarder. Il semble qu’il soit nécessaire de devenir spectateur pour jouir tout le temps. Spectateur du monde, puis spectateur de soi-même en train de vivre hors du monde. Alors nous existons, nous ex-istons, nous sommes hors du monde. Et cet état induit en nous une perception intérieure, un sentiment, le sentiment d’exister qui engendre à son tour la félicité. 
 

Si je me donne comme but de ma vie, la félicité permanente, alors la philosophie occidentale doit devenir un moyen parmi d’autres de trouver le chemin qui mène à la félicité. Il y a parmi les autres moyens  le bouddhisme qui tend à cette félicité en préconisant le renoncement au désir. Il y a aussi le recours aux drogues mais il n’en existe pas encore qui nous donne la félicité permanente ( effets secondaires indésirables )
Je plaisante mais le sujet est ici sérieux : le but de la vie n’est il pas en effet de jouir éternellement  ? Et ne renonçons nous pas à ce but par contrainte parce que savons que la jouissance éternelle est impossible ?

Après tout les transhumanistes   nous disent que bientôt la science nous permettra d’atteindre ce but que nous n’osons pas nous donner tant il paraît aujourd’hui utopique : jouir éternellement.
 



 

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Membre, Talon 1, 78ans Posté(e)
Talon 1 Membre 22 889 messages
78ans‚ Talon 1,
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Homo sapiens sapiens possède la conscience de soi. Un oiseau sait voler, mais il ne sait pas qu'il sait voler. L'humain sait que c'est lui qui agit et il s'observe et se juge. Il peut former des projets. Il a créé la morale. Mais en contrepartie, il sait qu'il a une fin inéluctable. Pour oublier ce destin, il a créé la beauté, les arts, la société, la puissance, la gloire, la richesse, la civilisation.

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Invité Groenland
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il y a 40 minutes, Annalevine a dit :

Intéressant ce texte, celui de Rousseau complété par Groenland.

Groenland semble nous dire : le but de la vie ( à moins qu’il s’agisse plus humblement d’une intention) est d’en jouir durablement ( de la vie ) dans un sentiment, disons, de félicité intérieure permanent ( jouir de la vie, écrit Groenland). 

Vivre semble s’opposer à cette intention ( jouir) car vivre c’est être jeté dans le monde. Un monde qui s’impose à nous avec toutes ses contrariétés qui viennent détruire la jouissance. 

Sortir du monde  c’est sortir de l’action. C’est devenir spectateur. C’est sortir du terrain pour monter sur les gradins. Et regarder. Il semble qu’il soit nécessaire de devenir spectateur pour jouir tout le temps. Spectateur du monde, puis spectateur de soi-même en train de vivre hors du monde. Alors nous existons, nous ex-istons, nous sommes hors du monde. Et cet état induit en nous une perception intérieure, un sentiment, le sentiment d’exister qui engendre à son tour la félicité. 
 

Si je me donne comme but de ma vie, la félicité permanente, alors la philosophie occidentale doit devenir un moyen parmi d’autres de trouver le chemin qui mène à la félicité. Il y a parmi les autres moyens  le bouddhisme qui tend à cette félicité en préconisant le renoncement au désir. Il y a aussi le recours aux drogues mais il n’en existe pas encore qui nous donne la félicité permanente ( effets secondaires indésirables )
Je plaisante mais le sujet est ici sérieux : le but de la vie n’est il pas en effet de jouir éternellement  ? Et ne renonçons nous pas à ce but par contrainte parce que savons que la jouissance éternelle est impossible ?

Après tout les transhumanistes   nous disent que bientôt la science nous permettra d’atteindre ce but que nous n’osons pas nous donner tant il paraît aujourd’hui utopique : jouir éternellement.
 



 

Je vois où voulez en venir, effectivement Lacan l'a bien dit, il y a une faille entre le plaisir et la jouissance qui met en lumière l'existence humaine.

Mais ici je ne cherche nullement à lier un quelconque "but de la vie" à ce que vous appelez "la jouissance". Ma pensée c'est qu'en fait si nous réussissons à réconcilier la vie et l'ex-sitence, c'est-à-dire le fait de se trouver à la fois là dedans et en dehors du monde alors nous pouvons profiter pleinement de notre vie mais aussi de notre existence. Il faut d'abord voir que la vie et l'existence se trouvent sur deux terrains différents, ensuite qu'en réconciliant ces deux choses nous pouvons trouver une paix intérieure.

-> En effet la "jouissance" procurée par cet état (le sentiment d'existence) n'est qu'un effet collatéral et non le but.

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