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Impact du Coronavirus sur l'économie


erwinvandendaeledele

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Baby Forumeur‚ 67ans‚
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         Impact économique du Coronavirus

Le coronavirus (Covid-19) a fait son apparition en décembre 2019 dans la ville chinoise de Wuhan, située dans la province de Hubei (centre de la Chine). La propagation en cours indique que l’Amérique dans son ensemble représente, en ce mois de juillet, le foyer principal de la pandémie, l’Europe ayant été relégué à la deuxième position. Pris individuellement, les États-Unis , suivis du Brésil enregistrent le plus grand nombre de personnes infectées. En Europe, la Russie, le Royaume-Uni, l’Espagne, l’Italie, l’Allemagne et la France constituent les pays les plus touchés.

Le 4 août, le bilan officiel de l'Organisation mondiale de la santé faisait état de 691.013 personnes décédées et de 18.142.718 personnes infectées. La propagation du virus continue à s’intensifier en dehors de la Chine : 18.054.144 personnes ont été infectées dans 195 pays, principalement aux États-Unis (4.629.459), au Brésil (2.733.677), en Inde (1.855.745), en Russie (861.423), au Royaume-Uni (305.627), en Espagne (297.054), et en Italie (248.229) où l’on a enregistré respectivement 47.183, 25.800, 52.050, 5.159, 928, 8.532 et 159 nouveaux cas par rapport à la veille. 686.335 personnes ont succombé au virus en dehors de la Chine (soit 4.277 de plus que la veille).

Alors que le nombre de nouveaux cas recensés en Chine a considérablement diminué, les bilans établis depuis le 26 février soulignent que le nombre de nouveaux cas observés dans le reste du monde excède désormais celui de la Chine. Ainsi, au 4 août, ces derniers s’élevaient respectivement à 219.748 nouveaux cas pour le reste du monde et à 114 cas pour la Chine. Dans l'Union européenne, comme déjà mentionné, l’Espagne et l'Italie (confrontée à une population âgée) sont particulièrement affectées avec respectivement 28.472 et 35.166 personnes décédées des conséquences du virus au 4 août. Toutefois, en nombre de décès par millions d’habitants, la Belgique se distingue par un nombre beaucoup plus élevé de cas (864 décès par millions d’habitants), alors que l’Espagne et l’Italie affichent respectivement 610 et 581 décès au 4 août, et que les États-Unis (471) et la Chine (3) présentent des chiffres nettement plus faibles. Selon les dernières données du SPF Santé publique (5 août), 70.648 patients ont été testés positifs en Belgique. Le nombre de nouveaux cas par jour dont le pic a été atteint le 14 avril (2.454 patients), et qui avait connu une période de baisse prononcée, repart à la hausse. La moyenne du nombre de nouveaux cas par jour (des 7 derniers jours, du 26 juillet au 1er  août) s’inscrit à la hausse, en s’établissant à 535,4 (+58 %) le 5 août (dont une moyenne de 22,1 nouvelles hospitalisations (-4 %)).

L'impact du virus sur l'économie belge

L'impact économique se fera sentir par de multiples canaux. Pour contenir la propagation du virus, d’abord, les fermetures imposées des commerces et magasins physiques et les autres mesures d’urgence qui ont fortement concerné de nombreux secteurs, parmi lesquels le commerce de détail, les loisirs, le tourisme, l’horeca, le transport et les événements. à cela s’ajoute, indépendamment du secteur, les entreprises non essentielles dans l’impossibilité de mettre en œuvre le télétravail à domicile et les règles de distanciation physique. Si tous les secteurs sont en moyenne négativement affectés, la baisse des ventes ou l’arrêt des ventes à défaut d’e-commerce met en danger les entreprises et indépendants, en particulier les plus petites structures qui ne disposent pas d’une trésorerie suffisante pour faire face à une crise qui perdure.

Selon l’enquête la plus récente (publication 29 juin) de l’Economic Risk Management Group (ERMG), les entreprises belges (en tenant compte de la taille des entreprises et de la valeur ajoutée sectorielle) estiment que leur chiffre d’affaires est toujours de 17 % inférieur à leur niveau d’avant la crise, soit à peu près la moitié de l’impact déclaré durant les semaines de confinement. Une amélioration sensible par rapport aux semaines de confinement a notamment été notée dans la vente au détail non alimentaire (+74 points de pourcentage), la construction (+40 points de pourcentage), l’horeca (+38 points de pourcentage), le commerce de gros (+25 points de pourcentage), les services de support (+15 points de pourcentage), les services immobiliers (+15 points de pourcentage) ou encore l’industrie (+8 points de pourcentage). Bien que la perception quant au risque de faillite, aux problèmes de liquidité et au degré d’inquiétude se soit améliorée, l’impact de la crise sur les entreprises demeure cependant toujours conséquent. En outre, les perspectives quant aux investissements et à l’emploi restent imprégnées de pessimisme, ce qui indique qu’un rétablissement complet de la situation prendra encore un certain temps.

Les données provisoires sur le chiffre d’affaires basées sur les déclarations de TVA (Statbel) de mars 2020 indiquent une diminution du chiffre d'affaires total de la Belgique d'un peu plus de 10 % par rapport à la même période en 2019. Avec une baisse du chiffre d'affaires de 30 à plus de 60 % durant la même période, les secteurs les plus touchés sont

  • les agences de voyage, les voyagistes, etc. (NACE 79),
  • l'hébergement et la restauration (NACE 55-56),
  • le transport aérien (NACE 51),
  • l'industrie pétrolière (NACE 19) et
  • le secteur de la culture (NACE 90 et 93)

Ces chiffres doivent être interprétés avec une certaine prudence car les déclarations mensuelles, contrairement aux chiffres trimestriels, ne reflètent qu'une partie limitée de la population des entreprises belges. Cependant, les chiffres trimestriels confirment également, au cours du premier trimestre 2020, la diminution par rapport à la période similaire de 2019 du chiffre d'affaires dans les secteurs susmentionnés.

À un niveau plus détaillé, en mars 2020, le secteur de l’habillement, le commerce de détail (à l'exclusion des produits alimentaires et pharmaceutiques), la fabrication de certains produits de construction, l'industrie automobile, le transport & entreposage et les agences de travail temporaire ont accusé une baisse importante de leur chiffre d’affaires par rapport à mars 2019. En revanche, certains secteurs ont connu une forte augmentation de leur chiffre d'affaires, comme la vente à distance, le transport ferroviaire de marchandises, les services postaux et les services de télécommunications.

Il ressort d’une enquête de la Banque nationale de Belgique (BNB) réalisée en collaboration avec Microsoft Innovation Center, du 14 au 21 juillet (avant le rebond de nouveaux cas d’infection et des mesures subséquentes), que la consommation privée n’a pas encore retrouvé le niveau d’avant confinement. En effet, 68 % des répondants à l’enquête ont indiqué se rendre moins fréquemment dans les commerces tandis que 20 % ont déclaré ne plus s’y rendre. De plus, près de la moitié des sondés mentionnent une diminution de celles-ci par rapport à la situation d’avant confinement. Les catégories de dépenses en baisse par rapport à la période d’avant confinement sont principalement enregistrées au niveau des activités récréatives (cinéma, théâtre, etc.), de l’horeca et de l’habillement, soit les dépenses vis-à-vis des secteurs les plus durement touchés par les mesures liées au confinement, et ce pour plus de la moitié des répondants. La diminution des dépenses de consommation semble essentiellement refléter les mesures sanitaires ainsi que la crainte de l’épidémie.

Outre la baisse des dépenses de consommation et d’investissement (choc de demande), les entreprises de différents secteurs sont confrontées à des perturbations de l’offre (problèmes d'approvisionnement, de  rupture des stocks, de liquidité), comme le mettent en évidence les enquêtes des fédérations sectorielles.

En ce qui concerne les échanges extérieurs, le commerce direct de biens et services entre les zones contaminées et la Belgique est sous pression. Le commerce extérieur de notre pays est essentiellement orienté vers l’intra-UE, en particulier vers l'Allemagne, la France et les Pays-Bas. Cependant, l'Italie, un des pays européens le plus durement touché, constitue aussi un partenaire commercial important : en termes d'importations, le pays occupe la 7e place, avec

  • des produits principalement issus des industries chimiques et connexes (37 %),
  • des machines, des appareils et des équipements électriques ( 17 %),
  • du matériel de transport (11 %).

En termes d'exportations, l'Italie se classe au 6e rang, avec

  • les produits des industries chimiques et connexes (36 %),
  • les métaux communs et leurs ouvrages (12 %),
  • les plastiques et ouvrages en ces matières ; caoutchouc et ouvrages en caoutchouc (11 %).

La forte intégration de l’économie belge dans les chaînes de valeur mondiales est également à l’origine d’un effet en cascade : lorsque l’expansion de l'activité économique ralentit dans une région du monde, elle se fait également ressentir dans notre pays, éventuellement via des intermédiaires. La demande finale française, par exemple, représente 6,2 % de la valeur ajoutée belge, la demande allemande 5,6 % et la demande néerlandaise 4,0 %. L'Italie, actuellement durement touchée par le coronavirus, génère 2,4 % de notre valeur ajoutée tandis que la demande finale totale de la Chine représente 1,9 % de la valeur ajoutée belge.

Sur le marché du travail, les entreprises sont confrontées à plusieurs défis en termes d’organisation du travail. D’une part, le télétravail à domicile devenu, si possible, la règle et, d’autre part, des réductions d’effectifs consécutives à la contamination de leur personnel.

Les sociétés belges impactées par le Covid-19 peuvent, depuis le mois de février, invoquer le régime de chômage temporaire. Selon les données prévisionnelles de l’Office national de l’Emploi (ONEM) du 3 août qui concernent le mois de juillet, 32.696 employeurs ont introduit une telle demande, ce qui équivaut potentiellement à un total de 172.655 travailleurs. Les activités citées ci-après représentent les secteurs ayant enregistré le plus grand nombre de demandes de chômage temporaire exprimé en pourcentage du total des demandes :

  • le commerce de gros, à l'exception des véhicules automobiles et des motocycles (NACE 46) (8,87 %),
  • le commerce de détail, à l'exception des véhicules automobiles et des motocycles (NACE 47) (7,05 %),
  • la restauration (NACE 56) (5,85 %).

Les secteurs ayant enregistré les plus fortes baisses de demande de chômage temporaire entre mai et juillet sont :

  • les services relatifs aux bâtiments ; aménagement paysage (NACE 81) (-99.130 travailleurs),
  • le commerce de détail, à l'exception des véhicules automobiles et des motocycles (NACE 47)
    (-82.379),
  • la restauration (NACE 56) (-60.010).

Les chiffres de l’Institut des Comptes Nationaux (ICN) du 30 juillet pour le deuxième trimestre 2020 pointent une contraction du PIB de 12,2 % par rapport au premier trimestre 2020, en raison de la crise du Covid-19. Comparativement au deuxième trimestre 2019, le PIB a diminué de 14,5 %. La ventilation par branche d’activité montre un repli de la valeur ajoutée de même ampleur dans la construction (-13,3 %), l’industrie
(-13,0 %) et les services (-11,8 %) par rapport au premier trimestre 2020.

Bien que l’incidence négative de l’expansion du coronavirus sur la croissance semble limitée au premier trimestre, la baisse de la demande et de l'offre, au travers des perturbations dans les chaînes d'approvisionnement mondiales amplifieront les conséquences économiques au deuxième trimestre. L’indice des directeurs d’achat PMI IHS Markit (PMI pour purchasing managers index) de l’activité totale dans la zone euro fournit un signal important de la reprise des activités, se redressant en juillet pour s’établir à 54,9 (contre 48,5 en juin, 31,9 en mai et 13,6 en avril 2020). Ce signe de reprise de l’activité s’observe aussi dans les secteurs manufacturiers et les services où les indices respectifs remontent à 51,8 (contre 47,4 en juin et 39,4 en mai) et à 54,7 (contre 48,3 en juin et 30,5 en mai). Selon les experts, l’indice PMI composite de la zone euro, en dépassant nettement la barre de 50,0 du « sans changement » pour atteindre 54,9, témoigne ainsi du plus fort accroissement mensuel de l’activité économique globale du secteur privé de la zone euro depuis juin 2018.

Les chiffres du Budget économique (ICN, 5 juin 2020) indiquent que l’économie belge traverse une profonde récession en ce premier semestre. Le scénario retenu envisage une forte reprise en 2021 (+8,2 %) alimentée également par les exportations nettes, laquelle ne compense cependant que partiellement le repli de 2020 (-10,6 %). Ce scénario part de l’hypothèse que le redémarrage de l’activité en Belgique et à l’étranger n’est pas compromis par de nouvelles mesures de confinement qui seraient dictées par une résurgence de la pandémie.

Dans ses projections économiques de printemps (8 juin 2020), la Banque Nationale de Belgique prévoit un repli de 9 % de l’activité économique belge en 2020, soit sa plus forte contraction depuis la seconde guerre mondiale. En revanche, le PIB s’accroîtrait de 6,4   en 2021 et de 2,3 % en 2022.

Pour sa part, l’OCDE développe dans ses perspectives économiques du 10 juin 2020 un double scénario dont le premier correspond à la situation où le virus continue de reculer et reste sous contrôle, et le second à une deuxième vague de contagion rapide plus tard en 2020. Dans le premier scénario, le PIB belge se contracterait de 8,9 % ( contre -11,9 % dans le deuxième scénario) en 2020 avant de renouer avec une croissance de 6,4 % (contre +3,4 % dans le deuxième scénario) en 2021.

Les prévisions de printemps de la Commission européenne anticipent une contraction du PIB belge de 7,2 % pour cette année suivie d’un accroissement de l’activité économique de 6,7 % pour l’année prochaine.

Dans ses recommandations spécifiques par pays, la Commission européenne souligne que l'activation de la clause dérogatoire générale permet de s'écarter temporairement de la trajectoire d'ajustement en vue de la réalisation de l’objectif budgétaire à moyen terme. Cela permettra à nos autorités d’avoir une marge de manœuvre nécessaire pour lutter efficacement contre la pandémie (notamment en renforçant la résilience du système de santé), stimuler l'économie et soutenir la reprise. Afin de limiter les dommages économiques et de favoriser la reprise, la Commission européenne mentionne que le mécanisme d'investissement doit également être stimulé, en lançant des projets aboutis d'investissement (axés sur une transition numérique et verte) et en encourageant les investissements privés.

Que savons-nous actuellement de l'impact économique en Chine ?

L'impact économique initial s’est fait essentiellement sentir en Chine et résulte d’un choc de l'offre et d’un choc de la demande. à l’instar de l'épidémie de SRAS (dont l’impact négatif sur le PIB a été de 1,05 point de pourcentage en 2003), le coronavirus influencera à la baisse l’expansion de l'économie chinoise à court terme. Au cours du premier trimestre 2020, les dépenses de consommation privée (transports, loisirs et commerce de détail) ont été affectées et l'activité industrielle, notamment la production de voitures et de leurs composants (de nombreux constructeurs automobiles internationaux sont implantés à Wuhan), de matériel, d'équipements électriques, etc. s'est pratiquement interrompue dans certaines provinces chinoises. Les données du PMI du secteur manufacturier (General Manufacturing PMI (Purchasing Managers Index)) de juillet dernier (52,8 contre 51,2 en juin) traduisent cependant un renforcement de la reprise et une amélioration des conditions de production.

Les chiffres préliminaires des comptes nationaux (20 avril 2020) publiés par le « National Bureau of Statistics of China » prévoient une baisse du PIB chinois au premier trimestre 2020 de 9,8 % par rapport au dernier trimestre 2019 et de 6,8 % par rapport au premier trimestre 2019.

Les prévisions de Mc Kinsey & Oxford Economics (6 juillet 2020) envisagent dans leurs scénarios, soit une faible croissance, soit une récession de l’économie chinoise. Dans le meilleur des scénarios (contrôle rapide et efficace de la propagation du virus, interventions économiques partiellement efficaces, retour de la croissance économique ), la croissance économique chinoise s’établirait  à +0,1 % en 2020. Tandis que dans le pire des scénarios (récidive virale, croissance économique à long terme faible et insuffisante pour assurer une reprise économique complète, interventions économiques inefficaces), son PIB se contracterait de 5,1 %.

Dans sa dernière communication (14 avril 2020), le Fonds Monétaire International (FMI), évalue à +1,2 % la croissance du PIB chinois pour l’ensemble de 2020 après une contraction au premier trimestre (-8 %).

Dans ses perspectives économiques (10 juin 2020), l’OCDE prévoit une baisse de l’activité économique en Chine de 2,6 % en 2020 et un rebond de 6,8 % en 2021 dans le cadre du premier scénario (situation où le virus continue de reculer et reste sous contrôle).

Comment le virus affecte l'économie mondiale

Fortement intégrée dans les chaînes de valeurs mondiales, la Chine, berceau de l’épidémie, est devenue un acteur économique mondial majeur. En effet, elle est désormais la deuxième économie mondiale avec une part de 15,8 % dans le PIB mondial (calculs du SPF Economie sur la base des chiffres de la World Bank Data) et de 12,8 % dans les exportations mondiales de marchandises (données chiffrées issues de la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (UNCTAD). En raison de l’évolution exponentielle du nombre de contaminations dans d’autres zones géographiques, des mesures ont été adoptées pour faire face à la crise mondiale sanitaire, économique et humaine sans précédent.

Il est néanmoins encore prématuré de mesurer avec précision les conséquences négatives de la pandémie sur l'économie mondiale. En effet, il subsiste beaucoup d'incertitude sur la durée et l'amplitude de la crise, ainsi que sur l’incidence des mesures prises. Le FMI prévoit (14 avril 2020) une baisse de la croissance du PIB mondial (-3 %) moins marquée que celle des États-Unis (-5,9 %) et de la zone euro (-7,5 %) en 2020.

Mc Kinsey & Oxford Economics (6 juillet 2020) ont revu la croissance du PIB mondial pour l'année 2020 selon le meilleur des scénarios à -3,5 %, et selon le pire des scénarios à -9,7 % et celle de la zone euro respectivement à -5,4 % et à -13,5 %. Les États-Unis  verraient leur croissance économique atteindre -3,5 % dans le premier scénario et -11,3 % dans le second.

L'Economist Intelligence Unit (26 mars 2020) anticipe désormais pour 2020 une contraction du PIB des États-Unis (-2,8 % contre une estimation précédente de +1,7 % ) et de nos principaux partenaires commerciaux européens. L’Italie (-7 % contre +0,4  ) et l’Allemagne (-6,8 % contre +0,9 %) accusant une récession plus prononcée que la France (-5 % après +1 %).

Pour sa part, la Commission européenne (mai 2020) estime que la crise du Covid-19 aura un impact économique négatif très important en 2020 sur l’UE et la zone euro et que son impact direct, tous canaux confondus, entrainera un recul du PIB réel de l’UE (-7,4 %) et de la zone euro (-7,7 %). En 2021, la Commission européenne prévoit en revanche un rebond substantiel de +6,1 % pour l’UE et de +6,3 % pour la zone euro.

Selon les perspectives économiques de l’OCDE du 10 juin 2020, l’activité économie mondiale se contractera  en 2020 (-6,0 %) avant de se redresser en 2021 (+5,2 %). Dans l’éventualité d’une seconde vague de contamination, le PIB mondial connaîtrait un repli de 7,6 % en 2020 suivi d’une croissance de +2,8 % en 2021. Le PIB de la zone euro reculera de 9,1 %, avant de rebondir à +6,5 % en 2021. Les reculs prévus pour la France (-11,4 %) et l’Italie (-11,3 %) en 2020 sont plus sévères que pour l’économie allemande (-6,6 %). En revanche, en 2021, la France et l’Italie enregistreront un accroissement plus significatif de leur PIB (+7,7 %) que l’Allemagne (+5,8 %). Concernant les États-Unis , l’OCDE s’attend à une baisse du PIB de 7,3 % en 2020 et à un rebond de 4,1 % en 2021.

Les marchés financiers, les taux de change et les cotations des prix des matières premières sont actuellement à nouveau soumis à des fortes fluctuations en raison du coronavirus, bien que cet impact puisse être de courte durée. La contraction de la demande chinoise a également entraîné la chute du prix mondial du pétrole (pétrole Brent). L'économie européenne étant plus étroitement liée à la Chine que l'économie américaine, l'euro est soumis à une pression plus forte que le dollar.

Avec la forte augmentation du nombre d’infections en Europe, la crise du coronavirus a pris un nouveau tournant ces derniers jours. Une estimation précise de son impact économique reste très difficile en raison de la grande incertitude quant à la poursuite de la propagation du virus. Mais alors que le virus commence à avoir des effets de plus en plus visibles sur les marchés financiers et l’économie réelle, il devient évident que l’impact économique sera bien plus important que ce qui avait été initialement estimé, comme l’a également indiqué cette semaine l’OCDE. L’impact ne se limite plus à un choc de l’économie chinoise, mais implique une réaction en chaîne internationale due à la propagation géographique du virus. Cette situation frappe particulièrement l’économie belge en raison de sa forte exposition aux risques internationaux, combinée à la confiance déjà faible des consommateurs. C’est pourquoi nous avons revu à la baisse nos prévisions de croissance pour l’économie belge, les faisant passer de 1,0% à 0,8% pour 2020. Dans le même temps, nous nous attendons à ce que le coronavirus n’ait qu’un impact temporaire au cours du premier semestre de l’année. Nous voyons donc la croissance économique belge se redresser à partir du second semestre et atteindre à nouveau 1,2% en 2021.

La crise provoquée par l’épidémie de coronavirus en Chine a d’abord été considérée principalement comme un choc né-gatif de l’offre résultant de la rupture des chaînes d’approvi-sionnement mondiales. De tels chocs en provenance de Chine affectent principalement les secteurs industriels qui sont forte-ment imbriqués au niveau international. La crise du coronavirus s’exprime aussi de plus en plus comme un choc négatif de la demande. Maintenant que le virus se propage rapidement en Europe, il aura sans aucun doute un impact majeur sur la confi-ance des consommateurs et, par conséquent, sur les dépenses de consommation, qui ont été une source majeure de croissan-ce ces dernières années. Les premiers effets de cette évolution (notamment la diminution du nombre de vols et l’annulation de toutes sortes d’événements) sont désormais visibles.

 

 

Au sein de la zone euro, l’impact économique se fera principalement sentir en Italie et en Allemagne. Il s’agit de deux économies dont les performances étaient relativement médiocres avant même l’apparition du virus et qui, en outre, dépendent fortement de l’industrie et sont donc sensibles aux perturbati-ons de l’approvisionnement. Dans le cas de l’Italie, la crise frappe la partie nord du pays, la région la plus importante sur le plan économique et touristique. Nous nous attendons donc à ce que l’économie italienne se contracte de pas moins de 0,7% en 2020. En Allemagne, le virus va ralentir la reprise du secteur industriel encore faible. En outre, elle affaiblit la consommation de biens et de services, qui était jusqu’à présent le pilier de l’économie allemande. Nous n’attendons plus que 0,4% de croissance du PIB en Allemagne, au lieu de 0,7% dans notre scénario précédent. Pour les autres pays de la zone euro, l’impact estimé est légèrement inférieur, mais pas négligeable. Pour l’ensemble de la zone euro, nous avons abaissé nos prévisions de croissance pour 2020 de 1,0% à 0,7%. En outre, nous sommes convaincus que la politique monétaire et budgétaire ne peut pas lancer suffisamment de mesures de soutien à la croissance.

Conséquences pour la Belgique

La Belgique est vulnérable, tant du côté de l’offre que de la demande. En tant que petite économie ouverte, la Belgique ne peut évidemment pas échapper aux conséquences du coronavirus.

 

L’économie belge est fortement intégrée dans les chaînes d’approvisionnement mondiales perturbées par l’épidémie. Plus précisément, les liens étroits de la Belgique avec l’Allemagne comportent des risques importants. En outre, la Belgique possède le deuxième plus grand port d’Europe et de nombreuses entreprises internationales, y compris des groupes logistiques, y sont actifs. Lorsque l’activité économique ralentit ailleurs, elle se répercute rapidement sur notre pays. Les propres simulations de KBC, basées sur la base de données WIOT (World InputOut-put Database), montrent que la Belgique est l’un des pays eu-ropéens où un choc de la demande mondiale de services, tel que celui qui se produit actuellement, a l’impact le plus lourd (figure 1).1 Les principaux partenaires commerciaux de la Belgique semblent également très vulnérables, ce qui renforce l’impact négatif sur l’économie belge. L’Allemagne semble moins vulnérable à un choc négatif de la demande dans les services, mais elle est en même temps beaucoup plus vulnérable à un déclin des activités industrielles. Ce dernier point s’applique également à la Belgique, ce qui rend notre pays doublement vulnérable. Plus précisément, nous prévoyons que les exportations belges de biens et de services seront fortement touchées au cours du premier semestre de l’année.
Dans le même temps, l’apparition du virus pèsera sans doute aussi sur le sentiment des Belges. La confiance des consommateurs s’est renforcée en février, mais cette enquête a eu lieu à une époque où les infections ne s’étaient pas encore largement répandues en Europe. En outre, le niveau de confiance des consommateurs belges est plutôt faible dans une perspective européenne depuis un certain temps. Les nombreux reportages inquiétants des médias devraient inciter les consommateurs à se montrer plus prudents. Les lieux où se rassemblent habituellement beaucoup de gens, comme les centres commerciaux, les restaurants ou les musées, seront plus souvent évités. En plus des exportations, les dépenses de consommation au premier et au deuxième trimestre seront donc moins dynamiques. 

Sérieux mais pas dramatique

Il reste difficile de quantifier avec précision l’impact de l’épidémie sur l’économie belge. Après tout, l’effet final dépend fortement de l’ampleur de la propagation du virus. Pour l’instant, conformément à notre scénario pour la zone euro, nous supposons que l’impact sera grave, mais pas dramatique. Plus précisément, nous prévoyons un impact négatif sur la croissance au premier et au deuxième trimestre : au cours de ces deux trimestres, la croissance du PIB réel ne dépassera pas 0,1% en glissement trimestriel. Comme l’épidémie s’avère être un choc temporaire, l’impact disparaît à partir de l’été. Cela porte à 0,8% nos perspectives de croissance économique pour la Belgique tout au long de 2020. C’est 0,2 point de pourcentage de moins que ce que nous pensions jusqu’à récemment et aussi bien en dessous des prévisions de croissance d’autres prévisionnistes. À titre de comparaison, la prévision consensuelle ainsi que les dernières perspectives de l’OCDE dans son rapport sur la Belgique s’élèvent à 1,1%. Les dernières prévisions de croissance de la BNB et du Bureau fédéral du Plan sont encore plus élevées, avec respectivement 1,2% et 1,4%. Toutefois, ces mesures ont été prises à une époque où le virus n’atteignait pas encore l’Europe (si durement). Nous attendons avec impatience tout changement dans les prévisions de nos collègues.

1Le choc dans la figure est défini comme une baisse de 20 % de la demande mondiale de services (dans les secteurs H51, G45, G46, G47, L68, M73) et une baisse de 10 % de la demande chinoise de biens et services provenant d’autres secteurs.

 

 

 
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Modérateur, A ghost in the shell, 48ans Posté(e)
Nephalion Modérateur 32 364 messages
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