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Invité Jane Doe.

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Edgar Morin, sociologue et philosophe, à Montpellier (Hérault), en janvier 2019.

 

« Cette crise nous pousse à nous interroger sur notre mode de vie, sur nos vrais besoins masqués dans les aliénations du quotidien »
Dans un entretien au « Monde », le sociologue et philosophe estime que la course à la rentabilité comme les carences dans notre mode de pensée sont responsables d’innombrables désastres humains causés par la pandémie de Covid-19.

Né en 1921, ancien résistant, sociologue et philosophe, penseur transdisciplinaire et indiscipliné, docteur honoris causa de trente-quatre universités à travers le monde, Edgar Morin est, depuis le 17 mars, confiné dans son appartement montpelliérain en compagnie de sa femme, la sociologue Sabah Abouessalam.

source 1

 

 

A l’heure où la pandémie questionne nos sociétés et notre rapport au monde, Flammarion réédite deux essais d’Edgar Morin sur la notion de crise. Ce sociologue, philosophe et penseur de la complexité a été de nombreuses fois l’invité de l’espace Mendès-France de Poitiers. Il est également un habitué des colonnes de la revue L’Actualité Nouvelle-Aquitaine. À la demande de votre journal et de l’Espace Mendès-France, il revient sur la communauté de destin qu’il évoquait dans un autre de ses ouvrages, « Terre-Patrie ».

Voici 30 ans, vous avez eu la prémonition d’une situation de la nature de celle que nous traversons, dans votre livre « Terre-Patrie ». Qu’est-ce qui vous a amené à l’envisager ?
« J’ai pris fortement conscience, dans les années 65-70, que nous étions dans l’ère planétaire et sans doute l’âge de fer planétaire. La prise de conscience de la communauté de destin de l’humanité m’a amené à écrire “ Terre-Patrie ”. Ce livre a été pour moi un moment important pour explorer les conditions d’un avenir qui ne soit ni blanc ni noir, un futur entremêlant les tendances lourdes de notre développement, où le pire côtoie le meilleur, avec un combat permanent entre des idées novatrices et des forces antagonistes. Enfin, le fait que rien n’est jamais écrit et que de la volonté de quelques-uns peut naître un monde différent. En ce sens “ Terre-Patrie ” appelle à une double conscience, nous ne sommes pas seuls sur notre planète mais bien intimement liés au vivant. Conscience aussi de cette idée essentielle qui fait de la métamorphose un processus qui transcende les révolutions. C’est ce rapport au vivant, dévoyé par nos modèles de croissance, qui m’a toujours fait craindre un “ retour ” possible terrible, directement issu de notre dégradation de l’environnement. »

Que vous inspirent les craintes qui surgissent ?
« J’aimerai ici formuler des principes de vie et d’espérance. Tout d’abord le surgissement de l’improbable. L’histoire nous rappelle que ce principe est permanent. Je me souviens dans quel état d’esprit nous étions en décembre 1942, j’avais 21 ans, au moment de la bataille de Stalingrad. À un moment où les forces nazies tenaient toute l’Europe, et au-delà, le désespoir était immense. Mais une résistance sans faille, désespérée, renversa le pronostic. Tout est possible face aux vents contraires, même si, pour reprendre Vassili Grossman, cette victoire de l’humanité était en même temps sa plus grande défaite, puisque le totalitarisme stalinien en sortait vainqueur. La victoire des démocraties rétablissait du même coup leur colonialisme. L’humanité possède en elle des vertus génératrices/régénératrices sans pareil. De même qu’il existe dans tout organisme humain adulte des cellules souches dotées des aptitudes polyvalentes propres aux cellules embryonnaires, mais inactivées, de même il existe en tout être humain, en toute société humaine, ces vertus créatrices à l’état dormant ou inhibé. Il s’agit de les exprimer et en ce sens toute crise possède ses vertus propres. En même temps que des forces régressives ou désintégratives, des forces génératrices et créatrices s’éveillent dans la crise planétaire de l’humanité. Une autre idée essentielle, ce à quoi se combinent les vertus du péril : “ Là où croît le péril croît aussi ce qui sauve ”. La chance suprême est inséparable du risque suprême. L’aspiration séculaire de l’humanité à l’harmonie, le paradis des religions, les utopies des Lumières et du 19e, les idéologies libertaire/socialiste/communiste, sans oublier les aspirations et révoltes juvéniles des années 60, restent autant de tentatives. Cette poussée renaît dans le grouillement des actuelles initiatives, multiples et dispersées, qui pourront nourrir les voies réformatrices, vouées à se rejoindre dans une voie nouvelle. Mais à l’instar de ce qu’il est advenu des printemps arabes, la vigilance doit être constante car les avancées sont en permanence visées par les forces contraires qui n’ont pas d’intérêts dans de nouvelles voies. Vigilance et solidarités sont des clés. »

Comment aller vers cette nouvelle voie ?
« Je sais que, même si les forces régressives gagnent du terrain, nous devons maintenir des petits îlots de fraternité, de pensée libre, de pensée critique, et que ces îlots de résistance, comme il y a eu d’autres formes de résistance avant, vont aider les futures générations à redémarrer. À Poitiers, vous avez avec l’Espace Mendès-France un îlot qui depuis longtemps déjà fait vivre cette idée avec générosité et essaime dans le partage ce qui nous dépasse : vivre notre destinée humaine en commun, l’interroger et la débattre. Avec mon ami Didier Moreau, un compagnon de route, nous avions esquissé voici quelques mois l’idée d’une université populaire permettant de nourrir ces idées et les encourager, par les sciences et les humanité réunies. Ces moments incertains nous réunissent et une telle idée d’université ouverte à tous est le premier maillon d’une chaîne à laquelle je tiens beaucoup, car elle nous libère à une époque où l’on vit dans une pensée incapable d’affronter la complexité et l’incertitude… L’espérance vraie sait qu’elle n’est pas certitude. C’est l’espérance non pas au meilleur des mondes, mais en un monde meilleur. L’origine est devant nous, disait Heidegger. La métamorphose serait effectivement une nouvelle origine. Alors dirigeons-nous vers elle. »

source 2

 

"Tout ce qui semblait séparé est relié et nous avons une communauté de destin"

source 3

 

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Talon 1 Membre 22 896 messages
78ans‚ Talon 1,
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Les bavards bavent; les soignants agissent.

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