Journal du confinement

 France fin mars 2020: Cela fait presqu'une semaine que nous sommes confinés à la maison.

 Personnellement je ne suis sortie que deux fois. Deux fois pour aller au supermarché.

Gantée, le col monté sur le nez et la bouche, je me suis déplacée dans les supermarchés de moyenne surface car il y a des files d'attente dignes des anciens magasins soviétiques des années 1970 aux portes des  grands hypermarchés que j'évite désormais. Car  on ne doit pénétrer dans les temples de la consommation  que par groupes de cent personnes.

Lundi, le premier était littéralement  pillé: pas de viande, peu de fromages, plus de pâtes, ni de papier toilette, plus de biscottes, d'œufs , ni de lait.

 Vendredi, j'ai tout retrouvé, mais les prix avaient augmenté.

J'ai dû m'autosigner une autorisation de m' auto exposer à la contagion pour aller nourrir ma famille. Demain, j'irai voir mon père presqu'octogénaire, qui vit seul.

Les deux villages dans lesquels je me suis rendue étaient déserts et inanimés. Le mien, déjà très paisible est devenu d'un calme mortel: poste fermée, restaurants vides, plus un seul salarié aux heures de pointe dans leurs voitures; Seuls, les oiseaux qui avaient l'habitude de grappiller des miettes sur les restaurants de la place  sont venus picorer les miettes de pain rassis que je disperse sur la terrasse après les repas. Des espèces nouvelles sont apparues, un couple de mésanges, deux merles, deux tourterelles en plus des moineaux, des pies, des grives et du rouge gorge habituels.

A la télé, sur internet, les nouvelles sont effarantes: les humains, comme les insectes, les poissons cet été, divers animaux domestiques aussi, tombent comme des mouches. Les premières nouvelles de l'épidémie étaient rassurantes et conciliantes, mais depuis que les Italiens ont subi de fortes pertes humaines et ont dépassé en nombre de victimes celles de la Chine,le ton durcit et chacun demande aux autres de faire preuve de civisme et de rester chez soi. Les transports compliquent  les choses et dispersent les virus. Des gens fuient les villes et apportent leurs miasmes dans les campagnes, des français coincés à l'étranger en ramènent diverses maladies dont ce fameux virus.

 Le matin, je prends un peu de soleil dans mon  jardin, je vois passer  quelques rares promeneurs à vélo ou à pied, la rue est globalement vide, j'entends l'après midi le ballon du petit voisin faire quelques rebonds sur la terrasse mais la bande de galopins n'est plus autorisée à  sortir les vélos et à jouer au foot et à se réunir en bande dans l'impasse...On sent aux rebonds rageurs, que le gamin s'ennuie ferme.

Les parents se plaignent de ne pas savoir faire la classe comme les professionnels.

Mon mari est au chômage à cause de la contagion. Que ferons nous sans salaire, bientôt?

La ligne aérienne qui passe dans le lointain vers l'aéroport de Marignane est délaissée par les avions. Le petit aéroport privé lui aussi est déserté…La noria des avions a cessé...

 Nous avons avancé le grand nettoyage de printemps et tout le monde est tellement désoeuvré que tout le monde s'y met...Côté jardinage,Je suis aussi bien à jour de mes plantations et le bricolage avance bien. Je cuisine frais et fais tout moi-même. Ce matin les surgelés m'ont livrée, de loin, le livreur a laissé le carton à un mètre de la porte. Je lui ai tendu un chèque par le coin du papier…

 Nous regardons beaucoup la télévision et l'ordinateur m'occupe beaucoup. Hier, de la musique et des clameurs ont jailli des corps confinés...c'était la fête des balcons... 

 Et vous, dans vos pays et dans votre milieu, comme cela se passe t-il?

Il y a déjà des topics pour parler du confinement.