LE PLUS. Surnommé le Roi fainéant, le cheval Ourasi, vedette des hippodromes français, est mort samedi à l'âge de 32 ans. Il laisse derrière lui sa légende et ses fans. Notre contributeur Laurent Guéna en fait partie. Il lui rend hommage. 

Édité par lpothier 

Le cheval Ourasi est mort. ici, en 1987 avec Jean-René Gougeon (GAYET/SIPA)

Ourasi s’est éteint. Peut être ne voulait-il pas apprendre que son record – trois Prix d’Amérique d’affilée – pouvait-être égalé par Ready Cash à la fin du mois. C’est que ce champion ne supportait pas la défaite. De son vivant, son palmarès n’aura pas été égalé.

On l’appelait le Roi fainéant parce qu’il s’entraînait quand il l’avait décidé, mais, en compétition, il détruisait ses adversaires. C’est lui qui décidait de ce que devait être sa course, le driver se faisait conduire.

Il ne sera jamais égalé

Ourasi peut se reposer tranquille, il ne sera jamais égalé, même si un autre crack devait faire mieux. Sa réputation avait largement dépassé les frontières du monde hippique. Qui, aujourd’hui, en dehors du monde hippique, connaît Ready Cash et le nom de ses adversaires ? Ourasi avait la notoriété d’un Michel Platini, Bernard Hinault, Yannick Noah ou Alain Prost. On ne pariait pas sur Ourasi, on le supportait.

C’est ce que je faisais alors que j’avais à peine quinze ans. François Mitterrand, président de la République, était venu l’applaudir en 1989. Ce jour là, il avait échoué dans sa conquête d’un quatrième titre consécutif lors du prix d’Amérique. Malade, il n’avait pas pu uriner avant la course. Sans doute vexé, il se rattrapera en 1990 et entre dans l’histoire en battant le record de l’épreuve.

Pour la petite histoire, avant la course, le speaker s’était exclamé : "Ourasi a uriné !" Le public avais alors laissé exploser sa joie. Je donne la parole à Homeric, auteur d’un "Dictionnaire amoureux du Cheval" :

"Il semblait venir d’ailleurs. Ce n’était pas un cheval mais une sorte de demi-dieu… Il atomisait la concurrence, l’éreintait, la laminait, n’hésitant pas à faire tous les extérieurs, à parcourir des distances bien plus grandes que celles de ses rivaux au plus près de la corde, surmontant des handicaps que les plus grands champions n’auraient pu s’autoriser sans y laisser cœur et paturons."

À la retraite, conscient de sa valeur, il n’a pas voulu que sa descendance soit à sa hauteur. Comme on peut le lire dans Wikipedia, "en dix ans, il ne donna que trente-huit poulains, et parmi eux aucun n'est devenu un champion, son produit le plus riche étant le mâle Émir des Fresnaux, né en 1992, ne totalisant que 337.866 euros de gains". On dit même de lui qu’il était un amant brutal. Enfin, un dernier record pour la route. Il est mort à 32 ans, ce qui fait de lui le Jeanne Calmant des chevaux de course. Salut l’artiste.