Procès de l'ex-père Preynat

Ben voyons, allez hop, empressons-nous d'en faire une généralité.

Sit in des avocats... 

Hé ben mon vieux, enfin l'audience est ouverte... Et ailleurs je parle de justice débordée, bref.

Plaidoirie de l'association Agir Contre la Prostitution des Enfants

"Il faut saluer le courage immense des victimes et parents. Encore plus le courage de faire face à celui qui vous a détruit. Celui qui fût tout à la fois, un prêtre, un traître, une bête, un « prédateur sexuel qui pendant plus de 20 ans a suivi un véritable mode opératoire grâce à son statut de religieux ».

Puis Me Briand , avocat de B. Patet, lors de sa plaidoirie s'interroge sur la sincérité des demandes de pardon de Preynat au cours du procès. Des demandes de pardon "mécaniques".

Les plaidoiries s'enchaînent, les associations, Après La Voix de l'Enfant, c'est maintenant Me Sauvayre qui plaide.

"Bernard Preynat, je ne vous aime pas. Parce que vous avez enfreint les plus élémentaires précautions que l’on doit avoir pour le corps d’un enfant. Le corps d'un enfant est un sanctuaire. Preynat, c’est un mensonge. Il a menti pendant 30 ans. N’a jamais eu le moindre regret de ce qui s’est passé. S'il croit en Dieu, mais je ne suis pas sûr, il va falloir alors qu'il s'explique plus tard, et je lui souhaite, et ailleurs. Et ailleurs sans avocat. Et il va falloir à ce moment là rendre des comptes."

Toutes les PC ont plaidé, l'audience est suspendue jusqu'à 13h00. Ce sera l'heure du réquisitoire.

Réquisitoire de Me Dominique SAUVES

Un dossier tant attendu : 531 côtes, 5 tomes, des auditions pendant des dizaines d'heures, 36 victimes déclarées, 4 jours d'audience. Et nous le devons à un seul homme : Bernard Preynat. C’est le dossier d’un homme de toutes les contradictions y compris dans sa propre défense, le dossier de la trahison, celle de Bernard Preynat vis à vis de sa mission. M. Preynat va tordre le cou au valeurs qu'on lui a enseignées. Le dossier de l'abus de pouvoir, de la domination, de la perversité.. Dieu merci, nous y sommes ! Ce n'est pas le procès d'une lâcheté collective d'une institution, mais bien celui d'un homme qui a mis en place un système qui lui a permis de satisfaire ses pulsions.  

Cette perversité prend toute sa dimension à travers cette audience. Il n’entend pas. Ses victimes non prescrites en sont convaincues. Pour eux, il joue un rôle, il sauve sa peau, reconnaît mais minimise, ne se souvient pas.

[Longue explication technique sur la prescription]

La procureure pointe les dénégations de Preynat : des baisers sur la bouche avec la langue, ah non ce n’est pas son habitude, ils étaient ses préférés ses chouchous, ah non il n’a jamais dit ça, des agressions dans son bureau, la sacristie... ah non, pas dans l’église. 

Les noms des victimes prescrites dans le dossier sont cités par la procureure. Plusieurs d’entre elles, dont Alexandre Hezez, sont assises au premier rang du public pour écouter le réquisitoire.

Me Sauves  : Le mode opératoire ? toujours le même. Et basé sur l'emprise qu'il exerce. Où ? Votre champ d'action : au national et à l'international, en Irlande ou à Rome. Bernard Preynat n’est rien d’autre qu’un pédophile en série, qui n’est accablé que par le regard des autres, qui ne parle que de lui, lui.

La procureure « demande au tribunal d’apporter une réponse forte à la mesure du calvaire des victimes ».

Me Sauves : J’en arrive à la peine: c’est un homme âgé, pourquoi pas inoffensif, les faits sont anciens, il n’a pas été dénoncé pour des faits de même nature (après 91) et n’a pas fait un seul jour de détention provisoire mais c’est un dossier grave, stupéfiant, effrayant, par son caractère hors norme, qui mérite une réponse pénale ferme, l’enfermement. Prenons garde au message de la justice vis-à-vis de la société.

Elle requiert une peine de prison qui ne soit pas inférieure à 8 années.

Plaidoirie de la défense, Me Doyez

Me Doyez aborde la question de la prescription (qu’il plaide toujours malgré les décisions prises dans ce dossier) : Ce mot peut être vécu comme un crachat au visage de ceux auquel on peut l’opposer. Mais c’est vous qui aurez le devoir de dire ce qu’est la loi. 

Me Doyer cite le livre « Le Consentement », qui révèle à quel point « une société a toléré pendant des années qu’on ne dise pas un mot de situations d’infractions » vis à vis d’enfants.

Me Doyer : Ce n’est pas le procès de la loi, d’une époque, d’une société. Peut-on s’ériger en hommes et femmes vertueux ? L’essentiel c’est le comportement d’un homme qui a blessé, détruit, c’est le moment de son jugement. Mais est-ce que le drame ce n’est pas de ne pas l’avoir jugé en 1991 ? Vous allez devoir prendre en considération qu’on est 30 ans après et qu’on ne peut pas juger pareil. 

Me Doyer évoque le film de François Ozon, « Grâce à Dieu » (dont il avait demandé l’interdiction) : « C’est culotté d’aller dire que j’ai été payé par l’évêché, c’est une infox. 

Me Doyez estime qu’on juge à l’envers et qu’il aurait fallu commencer par le procès Preynat avant ceux de Barbarin, allant jusqu’à évoquer un calendrier en mode « La guerre des étoiles »...  Il se met enfin à parler de son client et dénonce « le procès de sincérité qui lui est fait ».

Me Doyez : Ce qu’il vous a fait à tous c’est quelque chose qui lui vaut d’être là aujourd’hui, en 2020, pour répondre de faits commis avant 1991. En 1991, ça a été la fin. Judiciairement, on n’a pas les moyens de prétendre le contraire. Vu son rapport au mensonge, je suis certain qu’il vous l’aurait dit. Il est toujours agité par des démons qu’il arrive à maîtriser comme quelqu’un qui lutte contre son addiction. Je vis difficilement que rien ne lui soit reconnu, qu’on passe sous silence la lutte qui a été la sienne pendant toutes ces années. 

Me Doyez fait valoir que son client âgé aurait pu se faire porter pâle pour ce procès, comme « une certaine dame avec son certificat médical ». Sur les réquisitions,  Il y a dans l’excès de la réclamation tout le caractère décalé d’une réponse d’actualité à des faits du passé. Ce que réclame Mme Le Procureure de la République est démesuré et, en soi, une forme d'injustice.

Me Doyez conclut sa plaidoirie sur la grande solitude de son client.

Les derniers mots sont pour Bernard Preynat : Je suis venu devant le tribunal avec l'objectif d'être loyal, avec la reconnaissance de toutes les victimes. Je n'ai pas menti. Je réitère ma demande de pardon du fond du cœur.

Le jugement est mis en délibéré au 16 mars 2020.

Un seul connait la sincérité ou la noirceur de l'âme de cet homme et c'est à Lui qu'il devra rendre des comptes : "malheur à qui touchera un seul cheveu de l'un de ces petits" a dit le Christ en parlant des enfants...

Merci January pour ce sujet si bien étoffé que j'ai lu et lirai avec attention.

Le père Preynat arrêté dans la Loire et présenté devant un tribunal

À l'origine d'un des pires scandales de pédophilie ayant écorné l'image de l'église catholique, l'ex-prêtre avait jusque-là invoqué son état de santé pour échapper à la détention. Le répit a été de courte durée. Selon nos informations, le père Bernard Preynat, condamné pour agressions sexuelles sur mineur, a été cueilli mercredi à 9 heures par les policiers de la sûreté départementale au domicile de sa sœur à Saint-Etienne, dans la Loire, chez laquelle il vivait.

Et la hiérarchie ecclésiastique en cache combien d'autres ?