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Pour un oui ou pour un non Sarraute


Ahlam.D

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Membre, 23ans Posté(e)
Ahlam.D Membre 8 messages
Baby Forumeur‚ 23ans‚
Posté(e)

J'aimerais savoir si mon interprétation de l'oeuvre de Sarraute est erronée. Dans cette pièce tout repose sur la suggestion et l'implicite, ce qui est dit sert ce que l'on tait. Les points de suspensions sont très présents dans les répliques qui "inexprime l'exprimable" comme dirait Roland Barthes. Ces points de suspension suggèrent-ils au lecteur de finir les phrases des personnages ? De trouver en lui des réponses aux questions métaphysique qui semblent émerger des dialogues ? L'oeuvre a-t-elle un enjeu performatif ? Permettre au lecteur de se connaître lui même, les dialogues des personnages incomplets mettant en place des flux de conscience dans son esprit. Sarraute utilise beaucoup de métaphore ce qui semble laisser une grande liberté d'interprétation au lecteur et au spectateur. 

La réplique qui suit semble de mon point de vue pouvoir se rapprocher du sentiment de l'absurde. Face au questionnement métaphysique et à l'expérience de l'absurde l'individu peut être troublé, Roquentin dans La Nausée de Sartres en est une illustration. H2 semble ici faire part du refus de s'arrêter au questions, au constat du néant, du "rien", "de quoi on aurait l'air" "personne ne l'ose" comme si face à l'angoisse de ne pas trouver de réponse on se refuser d'y penser

"H2 : C'est... C'est plutôt que ce n'est rien... ce qui s'appelle rien... ce qu'on appelle ainsi... en parler seulement, évoquer ça... ça peut vous entraîner... de quoi on aurait l'air ? Personne, du reste... personne ne l'ose... on n'en entend jamais parler..."

Dans les répliques suivantes il me semblent qu'H1 se présente comme un personnage conformiste, inclut dans la société, rationaliste, qui cherche la stabilité dans la sciences, les catégories, les noms, les cases, comme une visions de la réalité binaire où chacun est à sa place sans prendre en compte la nuance et la complexité de l'individu qui est pluriel. H1 parait vouloir rester dans la caverne de Platon préférant le confort de la certitude plutôt que l'instabilité de la quête de sagesse. A l'inverse H2 semble plus marginal, ayant le goût de la poésie, il a fait le constat de l'absurde et accepte d'être en mouvement permanent, de se laisser emporter par les flux de questions philosophiques et métaphysiques malgré le désespoir qu'ils peuvent engendrer par l'absence de réponses. H2 étouffe face à l'absurdité du monde que son ami refuse de voir. H1 condamne le questionnement de son ami, il le trouve futile et vain, il est un homme du monde, de la vitesse, il refuse le "je ne sais qu'une chose c'est que je ne sais rien" de Socrate que H2 accepte "Moi je ne sais pas"

"H2: Ah les noms, ça c'est pour toi. C'est toi, c'est vous qui mettez des noms sur tout. Vous qui placez entre guillemets... Moi je ne sais pas."

"H1 - Eh bien, moi je sais. Tout le monde le sait. D’un côté, le camp où je suis, celui où les hommes luttent, où ils donnent toutes leurs forces... ils créent la vie autour d’eux... pas celle que tu contemples par la fenêtre, mais la vraie, celle que tous vivent. Et d’autre part... eh bien…"

"H1 : Oui il me semble que là où tu es tout est... je ne sais pas comment dire... inconsistant, fluctuant... des sables mouvants où l'on s'enfonce... je sens que je perds pieds... tout autour de moi se met à vaciller, tout va se défaire... il faut que je sorte de là au plus vite... que je me retrouve chez moi où tout est stable... Solide

H2 : Tu vois bien... Et moi... Eh bien puisque nous en sommes là... et moi vois-tu, quand je suis chez toi c'est comme de la claustrophobie... je suis dans un édifice fermé de tout les côtés... partout des compartiments, des cloisons, des étages... j'ai envie de m'échapper... mais même quand je suis sorti j'ai du mal à... à...

H1 Oui ? du mal à faire quoi ? 

H2 : Du mal à reprendre à vivre [...]"

Voilà quelques réflexion suite à ma lecture, qu'est ce que vous en pensez ?

Merci d'avance

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Membre, Forumeur confit, Posté(e)
Enchantant Membre 15 620 messages
Forumeur confit,
Posté(e)
il y a 26 minutes, Ahlam.D a dit :

Ces points de suspension suggèrent-ils au lecteur de finir les phrases des personnages ? De trouver en lui des réponses aux questions métaphysique qui semblent émerger des dialogues ?

 

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Membre, Beluga-Pangolin, Posté(e)
BELUGA Membre 15 220 messages
Beluga-Pangolin,
Posté(e)

Personnellement, si on me donne à choisir entre Sarraute et Devos, y a pas photo.

Devos. A 100%.:blush:

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Invité sera-angel
Invités, Posté(e)
Invité sera-angel
Invité sera-angel Invités 0 message
Posté(e)

Non .. à mon sens, les points de suspension marquent la réflexion personnelle de l auteur..le fait de chercher ses mots mais surtout de bien peser ses mots.. de les appuyer..de montrer qu il sait de quoi il parle mais qu il n arrive pas à le définir par des mots.

C est une forme de suspens pour mieux attirer l attention de l autre également 

"C est... c est plutôt que ce n' est rien.."

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