Lecture partagée - La cité perdue du dieu singe

C’est parti pour la deuxième journée d’expédition. On a enfilé nos vêtements de pluie mais Woody nous a conseillé de les enlever, nous serons plus à l’aise sans, même trempés comme des souches. Et il a raison, c’est finalement mieux sans ces matières qui finissent par coller et tenir chaud.

Steve Elkins est là, muni d’un bâton de randonnée. Nous allons traverser le cours d’eau à pied et suivre le chemin dégagé de la veille. Alors que nous progressons avec un peu de peine, nous voyons Alicia (anthropologue) s’embourber. Elle commence à s’enfoncer… « Je ne peux plus bouger. Je ne peux plus bouger les jambes, je coule ». La boue lui arrive déjà jusqu’à la taille et plus elle se débat, plus la vase bouillonne autour d’elle. On dirait une méchante scène de film d’horreur ! Woody et Sully la prennent par les bras et réussissent à l’extirper du bourbier.

Une fois en sécurité, on comprend ce qui s’est passé : ses guêtres anti-serpent se sont remplies de boue et ça les a transformées en surchaussures en ciment ! Ca l’a entraînée vers le fond à chaque pas.

(moi j’enlève pas mes guêtres, y a pas moyen)

« On posera des cordages fixes demain » déclare Sully.

il y a 8 minutes, January a dit :

nous voyons Alicia (anthropologue)

Oh!  le scotch fluo ! On va en parler.

Pendant ce temps-là, les soldats des forces spéciales honduriennes sont arrivés au camp. Ils décident de s’installer un peu plus loin et de s’approvisionner directement dans la forêt en utilisant branches et feuilles pour se construire des abris. Ils chasseront pour se nourrir et boiront l’eau de la rivière.  Ils n’ont rien d’autre sur eux que leurs vêtements et leurs armes.

Quand on arrive à hauteur des autels en pierre, Elkins pose un genou à terre et déblaie les feuilles et les débris pour mettre à jour une des pierres curieusement traversée par une veine de quartz qui semble avoir été rehaussée au ciseau. Elle indique le Nord.

Chris Fisher comme d’habitude fonce à travers la forêt comme un forcené, armé d’un coupe-coupe. La lame de nos machettes avait été recouverte de bandes adhésives rose fluo pour les rendre bien visibles. La végétation est si épaisse que le risque de se faire couper en deux accidentellement par son voisin est bien réel. Même avec les bandes fluos, plusieurs accidents ont déjà été évités de justesse.

bref , ajouter sur la liste des équipements ,des vétements fluos !!

les jaguars et les indiens vont bien rigoler !!

il y a 6 minutes, boeingue a dit :

les jaguars et les indiens vont bien rigoler !!

Nous explorons une deuxième esplanade, deux fois plus grande que la première. Ses dimensions laissent penser que c’est peut être un ancien terrain de jeu de balle méso-américain. C’est intéressant parce que ça indique un lien possible entre cette civilisation et ses puissant voisins à l’ouest et au nord : les Mayas.

Ne rigolez pas, dans les cultures méso-américaines, le jeu de balle était un rituel sacré qui symbolisait la lutte entre les forces du bien et du mal. Il aurait également été un moyen d’éviter de se déclarer la guerre en permettant aux différents peuples de résoudre leurs conflits par un match, qui se terminait parfois par un sacrifice humain allant jusqu’à la décapitation de toute l’équipe perdante ou de son capitaine. Vous voyez bien qu’il n’y avait pas de quoi rigoler..

Sur le lidar apparaissait un gros talus en forme de bus. En réalité, il s’agit d’une troublante construction en terre constituée d’une base nettement définie et de parois verticales. Chris fisher pense que ce sont les fondations d’un bâtiment public ou  d’un temple surélevé. Il devait y avoir quelque chose dessus, mais construit avec des matériaux périssables.

Il ne pleut plus mais les arbres continuent de déverser des gouttes par millions. La lumière est réapparue sur les immenses arbres étouffés par les figuiers étrangleurs, les rideaux de lianes, le chant des oiseaux, les cris des animaux et les fleurs ployant sous le poids de l’eau. Il y a une dimension de vie, et de paix, intense.

Bon pour la paix on repassera il recommence à pleuvoir… Nous progressons dans la jungle, sur un sol glissant comme une patinoire. Certains apprennent à leurs dépens qu’il ne vaut mieux pas s’agripper aux tiges de bambou qui éclatent en vous lacérant les mains, en vous arrosant de l’eau croupie qui se trouve à l’intérieur, en prime. D’autres prises sont hérissées d’épines, ou d’autres encore grouillent de fourmis rouges venimeuses.

Il faut retourner au campement. L’eau va faire monter la rivière et nous devrons passer la nuit ici…

En revenant auprès des « défricheurs » de la zone, nous avons découvert que l’équipe a mis à jour un escalier en pierre qui s’enfonce dans la terre ! Il est partiellement enseveli et recèle une nouvelle énigme. Où mène-t-il ? A une tombe, une chambre souterraine ? A quelque chose qui a disparu ?

Mais il faut partir. Nous contournons la base de la pyramide (nous l’avons déjà fait sans rien voir de particulier) quand quelqu’un s’écrie : « Eh, je vois des pierres bizarres ! »

Tout le monde rebrousse chemin dans l’anarchie la plus totale (poussez pas !). Dans une sorte de large bassin qui dépassait à peine du sol, on peut voir le haut de dizaines de sculptures en pierre incroyablement élaborées. Une tête de jaguar rugissant, le rebord d’un pot orné d’une tête de vautour, beaucoup d’autres grands récipients en pierre gravés de serpents, tout un ensemble d’objets qui ressemblent à des trônes ou des tables, voilà ce qui s’offre à notre vue.

Chris Fisher hurle : « Reculez tous ! Putain ne touchez à rien, arrêtez de marcher n’importe où ! »

Il protège la zone immédiatement à l’aide d’un ruban jaune siglé « cuidado » (attention en espagnol) et  à grand renfort de jurons.

Steve Elkins est aux anges. « C’est incroyable, que cet endroit soit là, ce bijou d’une pureté exceptionnelle, préservé pendant des siècles ! Quand on est ici et qu’on voit à quel point tout a été envahi par la végétation, tout ce qui a été enseveli, on se rend compte que les probabilités de tomber dessus par hasard sont infimes. D’une certaine façon, c’est comme si on avait été conduits jusqu’ici. »

« Je m’attendais à trouver une cité, mais pas ça. Un contexte vierge, c’est rare. Ca pourrait être une ofrenda, c'est-à-dire un dépôt votif ou une cache. C’est une disposition rituelle dotée d’un sens profond, destinée à retirer des objets précieux de la circulation. »

Les fouilles vont lui donner raison. La cache est vaste et contient plus de cinq cent pièces. Ce type particulier de collections rituelles d’artefacts semble propre aux anciennes cités perdues de la Mosquitia. A quoi servaient ces caches ? Pourquoi les a-t-on laissées là ?

Bon cette fois-ci faut VRAIMENT qu’on rentre…

Heureusement la rivière n’avait pas tellement monté, mais le retour a été éreintant quand même. Il faut qu’il cesse de pleuvoir sinon l’hélico ne pourra pas nous ravitailler… Nous avons besoin d’eau, de nourriture, de générateurs.. Et on doit encore monter une tente médicalisée et une tente pour les invités scientifiques qui devraient bientôt arriver.

A l’arrière de notre camp, les soldats sont en pleine construction d’une pièce commune. Ils ont recouverts le sol boueux de feuilles et ils ont réussi à allumer un feu (sous la pluie hein). Ils ont chassé un daguet (c’est comme un chevreuil) et s’apprêtent à le faire cuire.

Mais le daguet c’est protégé. Du coup on arrête la chasse : ravitaillement en rations militaires.

Les soldats nous expliquent comment ils ont rejoint notre campement : par la rivière, bien plus simple que de débroussailler, il leur a fallu cinq heures.

Derrière le camp des soldats se trouve une pente raide. Chris Fisher la gravit, redescend de l’autre côté et en le suivant, nous nous retrouvons dans une zone ovale et plane, entourée par ce qui ressemble à des digues ou des talus aménagés par l’homme. On aurait dit une grande piscine. A une extrémité, une petite ouverture redescend jusqu’à la plaine où nous campons. De l’autre côté, une dénivellation qui ressemble à une ancienne route qui longe la base de la colline.

Chris Fisher en déduit que ces terrassements avaient probablement servi de citerne pour récupérer l’eau pendant la saison des pluies et la relâcher à la saison sèche pour irriguer les cultures. Peut être des cultures de cacaoyers, il y en a à proximité de notre camp.

On a des tentes maintenant, le ravitaillement est complet. Le problème avec la pluie, c’est que la boue s’est infiltrée partout. Tant pis, allons nous coucher quand même, pas le choix.

Glissé dans son sac de couchage, notre auteur s’apprête à tomber dans un sommeil réparateur, quand tout à coup, il se redresse en criant, abaisse la fermeture de son sac et en sort à toute vitesse. Son corps est recouvert de marques et de zébrures rouges, des insectes, des aoûtats minuscules qui poussent Douglas Preston à se recouvrir de DEET et passer la nuit avec les acariens.

Au petit déjeuner, Alicia rapporta pour sa part avoir à nouveau entendu un jaguar ainsi qu’un léger bruissement se déplaçant au ras de sa tente. Pour elle, ça ne faisait aucun doute : ce ne pouvait être qu’un énorme serpent.

Illustrations....

Il y a 16 heures, January a dit :

« Je m’attendais à trouver une cité, mais pas ça. Un contexte vierge, c’est rare. Ca pourrait être une ofrenda, c'est-à-dire un dépôt votif ou une cache. C’est une disposition rituelle dotée d’un sens profond, destinée à retirer des objets précieux de la circulation. »

Il y a 18 heures, January a dit :

Une tête de jaguar rugissant, le rebord d’un pot orné d’une tête de vautour, beaucoup d’autres grands récipients en pierre gravés de serpents, tout un ensemble d’objets qui ressemblent à des trônes ou des tables, voilà ce qui s’offre à notre vue.

Il y a 9 heures, January a dit :

Derrière le camp des soldats se trouve une pente raide. Chris Fisher la gravit, redescend de l’autre côté et en le suivant, nous nous retrouvons dans une zone ovale et plane, entourée par ce qui ressemble à des digues ou des talus aménagés par l’homme. On aurait dit une grande piscine. A une extrémité, une petite ouverture redescend jusqu’à la plaine où nous campons. De l’autre côté, une dénivellation qui ressemble à une ancienne route qui longe la base de la colline.

il y a 13 minutes, January a dit :

On a des tentes maintenant, le ravitaillement est complet.

Il y a 18 heures, January a dit :

Il protège la zone immédiatement à l’aide d’un ruban jaune siglé « cuidado » (attention en espagnol) 

Troisième jour d’expédition, nous nous rendons jusqu’au site de la cache. Anna est chargée de dégager le site de toute végétation, puis de marquer chaque objet et de tous les inventorier sans exception, de les enregistrer et de les croquer in situ. Quant à nous, partons vers le nord. Comme d’habitude Chris Fisher nous entraîne dans une jungle épaisse et étouffante. Il y a des monticules, vestiges de grandes habitations et de structures cérémonielles, deux éléments en forme de bus et plusieurs terrasses.

La visibilité est tellement restreinte dans les broussailles  que nous devons souvent nous fier à notre ouïe, plutôt qu’à notre vue, pour identifier nos positions respectives, alors que nous ne sommes pas à plus de quatre mètres les uns des autres.

Ça ne fait que 3 jours !!!! J'avais l'impression que ça faisait plus longtemps que ça   

Il y a 2 heures, Kâli a dit :

Ça ne fait que 3 jours !!!! J'avais l'impression que ça faisait plus longtemps que ça   

 

hé oui!! dans la jungle on perds la notion du temps , et parfois la boussole ,ce qui n'est pas conseillé !!!

il y a 37 minutes, boeingue a dit :

hé oui!! dans la jungle on perds la notion du temps , et parfois la boussole ,ce qui n'est pas conseillé !!!

bonjour

et surtout ne pas perdre la tête , au sens propre et au figuré ! des tribus parfois inconnues  de coupeurs de tête comme les Jivaros aujourd'hui civilisées ( Amazonie ) .

leurs spécialité étaient aussi de la réduire à la taille d'un pamplemousse , par un procédé connus d'eux seul ( mais expliqué aujourd'hui ) .

bonne journée

Le 28/10/2018 à 09:40, Petit pois a dit :

un beau matou !!

il existe ,également le puma ,et des petits félins : ocelots etc !!

minet ,minet ,ronron !!!!!!!!

De retour sur le site de la cache, il y a ici beaucoup d’agitation… Un fer de lance contrarié a surgi de sous un rondin et il a semé la panique. Il a tenu compagnie à Anna et aux soldats qui l’accompagnaient assez longtemps pour être pris en photo sous toutes les coutures mais quand Sully a  essayé de l’attraper pour le déplacer, le reptile a rejoint son repaire sous le bout de bois. Après cela, personne n’avait voulu mettre les pieds dans la zone qui se trouvait derrière le rondin alors qu’elle était visiblement remplie d’artefacts.

C’est le soir et nous sommes de retour au camp. Alicia nous parle des soldats des forces spéciales qui nous accompagnent. Elle nous expose son point de vue d’anthropologue. Certains venaient de Wampusirpi, la localité indienne la plus proche, le long du Patuca à une quarantaine de kilomètres à vol d’oiseau, un village isolé habituellement accessible par voie fluviale uniquement. Que pensaient les soldats de tout cela ?

« C’était formidable, déclara Alicia. Ils m’ont dit qu’ils n’avaient encore jamais rien vu de pareil, et ils sont tellement contents. Ils ont l’impression d’être au milieu du paradis. Bien sûr, quelques-uns sont pressés de retrouver leur petite amie, mais la plupart sont enchantés d’être là ».

Pour certains, les fortifications naturelles de la vallée en faisaient une sorte de lieu saint. Alicia avait persuadé l’un des militaires, un Indien Pech, de lui indiquer les cacaoyers pour qu’elle puisse les cartographier et voir s’ils faisaient bel et bien partie des vestiges d’une ancienne plantation.

Le chocolat était sacré pour les Mayas, qui accordaient une grande importance au cacao et le considéraient comme la nourriture des dieux. Il était réservé aux guerriers et à l’élite dirigeante, et les fèves servaient parfois de monnaie. Le chocolat entrait également dans la célébration des sacrifices humains. Les cacaoyers et le commerce du chocolat avaient vraisemblablement joué un rôle important dans l’ancienne Mosquitia ; c’était probablement une denrée précieuse qui était échangé avec les Mayas.

Suivons Alicia à Wampusirpi pour visiter la coopérative de cacaco biologique, qui produit des blocs de cacao pur, acheminés ensuite par voie fluviale pour être commercialisés. D’après les amateurs, il s’agit de l’un des meilleurs chocolats d’origine unique au monde. Une partie des fèves de cacao est récoltée sur des cacaoyers sauvages des réserves forestières qui entourent la ville. Les hommes cueillent les fèves et les femmes s’occupent de la fermentation et de la torréfaction. En partant, Alicia reçoit en cadeau une brique de deux kilos de grué, transformé en pâte de cacao amère.

Elle en profite aussi pour poser des questions sur Ciudad Blanca et est conduite devant un ancien de 80 ans qui lui raconte ce qu’il sait tandis que les enfants se rassemblent autour de lui :

« Les Blancs sont venus il y a très longtemps et ils ont pris tout l’or et profané Ciudad Blanca. La cité se trouvait tout en haut dans les montagnes là où allaient les Sukia, les chamanes, et elle était contrôlée par eux. C’est un lieu très ancien et on raconte qu’il est ensorcelé. On dit aussi qu’il était habité bien avant l’arrivée du peuple Pech. »