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Blaquière

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Blaquière Membre 19 162 messages
Maitre des forums‚ 77ans‚
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L'affaire Caïn : suite et fin !

 

Alors Tubalcaïn, père des forgerons,
Construisit une ville énorme et surhumaine.
Pendant qu’il travaillait, ses frères, dans la plaine,
Chassaient les fils d’Enos et les enfants de Seth ;
Et l’on crevait les yeux à quiconque passait ;
Et, le soir, on lançait des flèches aux étoiles.
Le granit remplaça la tente aux murs de toiles,
On lia chaque bloc avec des noeuds de fer,
Et la ville semblait une ville d’enfer ;
L’ombre des tours faisait la nuit dans les campagnes ;
Ils donnèrent aux murs l’épaisseur des montagnes ;
Sur la porte on grava : « Défense à Dieu d’entrer. »
Quand ils eurent fini de clore et de murer,
On mit l’aïeul au centre en une tour de pierre ;
Et lui restait lugubre et hagard. « Ô mon père !
L’oeil a-t-il disparu ? » dit en tremblant Tsilla.
Et Caïn répondit :  » Non, il est toujours là. »
Alors il dit: « je veux habiter sous la terre
Comme dans son sépulcre un homme solitaire ;
Rien ne me verra plus, je ne verrai plus rien. »
On fit donc une fosse, et Caïn dit « C’est bien ! »
Puis il descendit seul sous cette voûte sombre.
Quand il se fut assis sur sa chaise dans l’ombre
Et qu’on eut sur son front fermé le souterrain,
L’oeil était dans la tombe et regardait Caïn.

 

Car c’est la vérité : légumes et choux-fleurs

Les fèves, les pois-chiches, pour Dieu c’est le malheur !

Ce qu’il lui faut à Dieu ? La graisse de mouton !

C’est dit et confirmé : ce dieu est un glouton !

 

 

Mouco Tubalcaïn ; patroun de touèi leïs fabrés

Bastisset quaouco vilo giganto é subrumano

Doou tèms qué travailhavo, sèï fraïrés, dins la plano

Cassavoun leï fious d’Anos et lei drolés de Sèt ;

É crébavoun leïs uèilhs èn cu qu’aqui passavo ;

É dé vespré tiravoun dé flétchos eîs estélos,

Ligavoun cadé baou émé dé nous dé fèrré,

É la vilo vénié uno vilo d’infer !

Émé l’oumbro deï tourrés fahié nuèch per campagno

Dounavoun èï paréts, l’espessours dèï mountagnos

Sus la pouarto an gravat : « Gès dé Diéou per aqui ! »

Quand acabéroun puèis dé réclaouré é bastir,

An mès lou vieilh dédins oou mitan dins la tourré dé peyros !

Eou sabié plus mounté ero : « Ô moun pairé !

Es-ti dispareissut aquel uèilh ? Li fet Silla èn trémoulant ?

Caïn li respoundet : « Nani ! Es toujour qui !

E n’èn vènguet a diré : « Souto terro vouèli restar ! 

Coumo dédins sa caïsso un omé moart, soulet !

Degun mi veira plus é véraï plus dégun ! »

Adounc cavéroun un grand pous, et Caïn  : « ‘Quo mi va ! »

Lou descèndéroun puèis soulet, dedins la croto escuro.

É qu’ouro s’assétet dins l’oumbro a soun assèti

Qu’ouro daout sus sa testo aguéroun réboucat,

L’huèil aqui, dins lou traouc, zou maï lou régardavo !

 

Car es la véritat : leï liéoumés, leï caoulets

Lei favos é lei pountchuts a Diéou li’agradoun pas !

Cé qué li faou a Diéou es la graïsso deï fédos !

Si n’èn lico leï dets !

 

(Il s’en lèche les doigts !)

 

:o°

 

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Membre, Posté(e)
tison2feu Membre 3 104 messages
Forumeur alchimiste ‚
Posté(e)
Il y a 16 heures, Blaquière a dit :

L'affaire Caïn : suite et fin !

 

Alors Tubalcaïn, père des forgerons,
Construisit une ville énorme et surhumaine.
Pendant qu’il travaillait, ses frères, dans la plaine,
Chassaient les fils d’Enos et les enfants de Seth ;
Et l’on crevait les yeux à quiconque passait ;
Et, le soir, on lançait des flèches aux étoiles.
Le granit remplaça la tente aux murs de toiles,
On lia chaque bloc avec des noeuds de fer,
Et la ville semblait une ville d’enfer ;
L’ombre des tours faisait la nuit dans les campagnes ;
Ils donnèrent aux murs l’épaisseur des montagnes ;
Sur la porte on grava : « Défense à Dieu d’entrer. »
Quand ils eurent fini de clore et de murer,
On mit l’aïeul au centre en une tour de pierre ;
Et lui restait lugubre et hagard. « Ô mon père !
L’oeil a-t-il disparu ? » dit en tremblant Tsilla.
Et Caïn répondit :  » Non, il est toujours là. »
Alors il dit: « je veux habiter sous la terre
Comme dans son sépulcre un homme solitaire ;
Rien ne me verra plus, je ne verrai plus rien. »
On fit donc une fosse, et Caïn dit « C’est bien ! »
Puis il descendit seul sous cette voûte sombre.
Quand il se fut assis sur sa chaise dans l’ombre
Et qu’on eut sur son front fermé le souterrain,
L’oeil était dans la tombe et regardait Caïn.

 

Car c’est la vérité : légumes et choux-fleurs

Les fèves, les pois-chiches, pour Dieu c’est le malheur !

Ce qu’il lui faut à Dieu ? La graisse de mouton !

C’est dit et confirmé : ce dieu est un glouton !

 

 

Mouco Tubalcaïn ; patroun de touèi leïs fabrés

Bastisset quaouco vilo giganto é subrumano

Doou tèms qué travailhavo, sèï fraïrés, dins la plano

Cassavoun leï fious d’Anos et lei drolés de Sèt ;

É crébavoun leïs uèilhs èn cu qu’aqui passavo ;

É dé vespré tiravoun dé flétchos eîs estélos,

Ligavoun cadé baou émé dé nous dé fèrré,

É la vilo vénié uno vilo d’infer !

Émé l’oumbro deï tourrés fahié nuèch per campagno

Dounavoun èï paréts, l’espessours dèï mountagnos

Sus la pouarto an gravat : « Gès dé Diéou per aqui ! »

Quand acabéroun puèis dé réclaouré é bastir,

An mès lou vieilh dédins oou mitan dins la tourré dé peyros !

Eou sabié plus mounté ero : « Ô moun pairé !

Es-ti dispareissut aquel uèilh ? Li fet Silla èn trémoulant ?

Caïn li respoundet : « Nani ! Es toujour qui !

E n’èn vènguet a diré : « Souto terro vouèli restar ! 

Coumo dédins sa caïsso un omé moart, soulet !

Degun mi veira plus é véraï plus dégun ! »

Adounc cavéroun un grand pous, et Caïn  : « ‘Quo mi va ! »

Lou descèndéroun puèis soulet, dedins la croto escuro.

É qu’ouro s’assétet dins l’oumbro a soun assèti

Qu’ouro daout sus sa testo aguéroun réboucat,

L’huèil aqui, dins lou traouc, zou maï lou régardavo !

 

Car es la véritat : leï liéoumés, leï caoulets

Lei favos é lei pountchuts a Diéou li’agradoun pas !

Cé qué li faou a Diéou es la graïsso deï fédos !

Si n’èn lico leï dets !

 

(Il s’en lèche les doigts !)

 

:o°

 

 

Tu décris là le Dieu épieur, accusateur et vengeur de la Bible et de l'Eglise, rejeté en bloc par Hugo qui croyait au contraire en un Dieu compatissant.

Ce thème du Dieu épieur est repris dans "A l'évêque qui m'appelle athée" (L'Année terrible, 1872) :


                        IX 


A l'évêque qui m'appelle athée

Athée ? entendons-nous, prêtre, une fois pour toutes. 
M’espionner, guetter mon âme, être aux écoutes, 
Regarder par le trou de la serrure au fond 
De mon esprit, chercher jusqu’où mes doutes vont, 
Questionner l’enfer, consulter son registre 
De police, à travers son soupirail sinistre, 
Pour voir ce que je nie ou bien ce que je crois, 
Ne prends pas cette peine inutile. Ma foi 
Est simple, et je la dis. J’aime la clarté franche : 

S’il s’agit d’un bonhomme à longue barbe blanche, 
D’une espèce de pape ou d’empereur, assis 
Sur un trône qu’on nomme au théâtre un châssis, 
Dans la nuée, ayant un oiseau sur sa tête, 
À sa droite un archange, à sa gauche un prophète, 
Entre ses bras son fils pâle et percé de clous, 
Un et triple, écoutant des harpes, Dieu jaloux, 
Dieu vengeur, que Garasse enregistre, qu’annote

L’abbé Pluche en Sorbonne et qu’approuve Nonotte ; 
S’il s’agit de ce Dieu que constate Trublet, 
Dieu foulant aux pieds ceux que Moïse accablait, 
Sacrant tous les bandits royaux dans leurs repaires, 
Punissant les enfants pour la faute des pères, 
Arrêtant le soleil à l’heure où le soir riait, 
Au risque de casser le grand ressort tout net, 
Dieu mauvais géographe et mauvais astronome, 
Contrefaçon immense et petite de l’homme, 
En colère, et faisant la moue au genre humain, 
Comme un Père Duchêne un grand sabre à la main ; 
Dieu qui volontiers damne et rarement pardonne, 
Qui sur un passe-droit consulte une madone, 
Dieu qui dans son ciel bleu se donne le devoir 
D’imiter nos défauts et le luxe d’avoir 
Des fléaux, comme on a des chiens ; qui trouble l’ordre, 
Lâche sur nous Nemrod et Cyrus, nous fait mordre 
Par Cambyse, et nous jette aux jambes Attila, 
Prêtre, oui, je suis athée à ce vieux bon Dieu-là. 

Mais s’il s’agit de l’être absolu qui condense 
Là-haut tout l’idéal dans toute l’évidence, 
Par qui, manifestant l’unité de la loi, 
L’univers peut, ainsi que l’homme, dire : Moi ; 
De l’être dont je sens l’âme au fond de mon âme, 
De l’être qui me parle à voix basse, et réclame 
Sans cesse pour le vrai contre le faux, parmi 
Les instincts dont le flot nous submerge à demi ;

S’il s’agit du témoin dont ma pensée obscure 
A parfois la caresse et parfois la piqûre 
Selon qu’en moi, montant au bien, tombant au mal, 
Je sens l’esprit grandir ou croître l’animal ; 
S’il s’agit du prodige immanent qu’on sent vivre 
Plus que nous ne vivons, et dont notre âme est ivre 
Toutes les fois qu’elle est sublime, et qu’elle va, 
Où s’envola Socrate, où Jésus arriva, 
Pour le juste, le vrai, le beau, droit au martyre, 
Toutes les fois qu’au gouffre un grand devoir l’attire, 
Toutes les fois qu’elle est dans l’orage alcyon, 
Toutes les fois qu’elle a l’auguste ambition 
D’aller, à travers l’ombre infâme qu’elle abhorre 
Et de l’autre côté des nuits, trouver l’aurore ; 
O prêtre, s’il s’agit de ce quelqu’un profond 
Que les religions ne font ni ne défont, 
Que nous devinons bon et que nous sentons sage, 
Qui n’a pas de contour, qui n’a pas de visage, 
Et pas de fils, ayant plus de paternité 
Et plus d’amour que n’a de lumière l’été ; 
S’il s’agit de ce vaste inconnu que ne nomme, 
N’explique et ne commente aucun Deutéronome, 
Qu’aucun Calmet ne peut lire en aucun Esdras, 
Que l’enfant dans sa crèche et les morts dans leurs draps, 
Distinguent vaguement d’en bas comme une cime, 
Très-Haut qui n’est mangeable en aucun pain azime, 
Qui parce que deux cœurs s’aiment, n’est point fâché, 
Et qui voit la nature où tu vois le péché ;

S’il s’agit de ce Tout vertigineux des êtres 
Qui parle par la voix des éléments, sans prêtres, 
Sans bibles, point charnel et point officiel, 
Qui pour livre a l’abîme et pour temple le ciel, 
Loi, Vie, Ame, invisible à force d’être énorme, 
Impalpable à ce point qu’en dehors de la forme 
Des choses que dissipe un souffle aérien, 
On l’aperçoit dans tout sans le saisir dans rien ; 
S’il s’agit du suprême Immuable, solstice 
De la raison, du droit, du bien, de la justice, 
En équilibre avec l’infini, maintenant, 
Autrefois, aujourd’hui, demain, toujours, donnant 
Aux soleils la durée, aux cœurs la patience, 
Qui, clarté hors de nous, est en nous conscience ; 
Si c’est de ce Dieu-là qu’il s’agit, de celui 
Qui toujours dans l’aurore et dans la tombe a lui, 
Étant ce qui commence et ce qui recommence ; 
S’il s’agit du principe éternel, simple, immense, 
Qui pense puisqu’il est, qui de tout est le lieu, 
Et que, faute d’un nom plus grand, j’appelle Dieu, 
Alors tout change, alors nos esprits se retournent, 
Le tien vers la nuit, gouffre et cloaque où séjournent 
Les rires, les néants, sinistre vision, 
Et le mien vers le jour, sainte affirmation, 
Hymne, éblouissement de mon âme enchantée ; 
Et c’est moi le croyant, prêtre, et c’est toi l’athée.

 

 

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Blaquière Membre 19 162 messages
Maitre des forums‚ 77ans‚
Posté(e)
Il y a 1 heure, tison2feu a dit :

 

Tu décris là le Dieu épieur, accusateur et vengeur de la Bible et de l'Eglise, rejeté en bloc par Hugo qui croyait au contraire en un Dieu compatissant.

Ce thème du Dieu épieur est repris dans "A l'évêque qui m'appelle athée" (L'Année terrible, 1872) :


                        IX 


A l'évêque qui m'appelle athée

Athée ? entendons-nous, prêtre, une fois pour toutes. 
M’espionner, guetter mon âme, être aux écoutes, 
Regarder par le trou de la serrure au fond 
De mon esprit, chercher jusqu’où mes doutes vont, 
Questionner l’enfer, consulter son registre 
De police, à travers son soupirail sinistre, 
Pour voir ce que je nie ou bien ce que je crois, 
Ne prends pas cette peine inutile. Ma foi 
Est simple, et je la dis. J’aime la clarté franche : 

S’il s’agit d’un bonhomme à longue barbe blanche, 
D’une espèce de pape ou d’empereur, assis 
Sur un trône qu’on nomme au théâtre un châssis, 
Dans la nuée, ayant un oiseau sur sa tête, 
À sa droite un archange, à sa gauche un prophète, 
Entre ses bras son fils pâle et percé de clous, 
Un et triple, écoutant des harpes, Dieu jaloux, 
Dieu vengeur, que Garasse enregistre, qu’annote

L’abbé Pluche en Sorbonne et qu’approuve Nonotte ; 
S’il s’agit de ce Dieu que constate Trublet, 
Dieu foulant aux pieds ceux que Moïse accablait, 
Sacrant tous les bandits royaux dans leurs repaires, 
Punissant les enfants pour la faute des pères, 
Arrêtant le soleil à l’heure où le soir riait, 
Au risque de casser le grand ressort tout net, 
Dieu mauvais géographe et mauvais astronome, 
Contrefaçon immense et petite de l’homme, 
En colère, et faisant la moue au genre humain, 
Comme un Père Duchêne un grand sabre à la main ; 
Dieu qui volontiers damne et rarement pardonne, 
Qui sur un passe-droit consulte une madone, 
Dieu qui dans son ciel bleu se donne le devoir 
D’imiter nos défauts et le luxe d’avoir 
Des fléaux, comme on a des chiens ; qui trouble l’ordre, 
Lâche sur nous Nemrod et Cyrus, nous fait mordre 
Par Cambyse, et nous jette aux jambes Attila, 
Prêtre, oui, je suis athée à ce vieux bon Dieu-là. 

Mais s’il s’agit de l’être absolu qui condense 
Là-haut tout l’idéal dans toute l’évidence, 
Par qui, manifestant l’unité de la loi, 
L’univers peut, ainsi que l’homme, dire : Moi ; 
De l’être dont je sens l’âme au fond de mon âme, 
De l’être qui me parle à voix basse, et réclame 
Sans cesse pour le vrai contre le faux, parmi 
Les instincts dont le flot nous submerge à demi ;

S’il s’agit du témoin dont ma pensée obscure 
A parfois la caresse et parfois la piqûre 
Selon qu’en moi, montant au bien, tombant au mal, 
Je sens l’esprit grandir ou croître l’animal ; 
S’il s’agit du prodige immanent qu’on sent vivre 
Plus que nous ne vivons, et dont notre âme est ivre 
Toutes les fois qu’elle est sublime, et qu’elle va, 
Où s’envola Socrate, où Jésus arriva, 
Pour le juste, le vrai, le beau, droit au martyre, 
Toutes les fois qu’au gouffre un grand devoir l’attire, 
Toutes les fois qu’elle est dans l’orage alcyon, 
Toutes les fois qu’elle a l’auguste ambition 
D’aller, à travers l’ombre infâme qu’elle abhorre 
Et de l’autre côté des nuits, trouver l’aurore ; 
O prêtre, s’il s’agit de ce quelqu’un profond 
Que les religions ne font ni ne défont, 
Que nous devinons bon et que nous sentons sage, 
Qui n’a pas de contour, qui n’a pas de visage, 
Et pas de fils, ayant plus de paternité 
Et plus d’amour que n’a de lumière l’été ; 
S’il s’agit de ce vaste inconnu que ne nomme, 
N’explique et ne commente aucun Deutéronome, 
Qu’aucun Calmet ne peut lire en aucun Esdras, 
Que l’enfant dans sa crèche et les morts dans leurs draps, 
Distinguent vaguement d’en bas comme une cime, 
Très-Haut qui n’est mangeable en aucun pain azime, 
Qui parce que deux cœurs s’aiment, n’est point fâché, 
Et qui voit la nature où tu vois le péché ;

S’il s’agit de ce Tout vertigineux des êtres 
Qui parle par la voix des éléments, sans prêtres, 
Sans bibles, point charnel et point officiel, 
Qui pour livre a l’abîme et pour temple le ciel, 
Loi, Vie, Ame, invisible à force d’être énorme, 
Impalpable à ce point qu’en dehors de la forme 
Des choses que dissipe un souffle aérien, 
On l’aperçoit dans tout sans le saisir dans rien ; 
S’il s’agit du suprême Immuable, solstice 
De la raison, du droit, du bien, de la justice, 
En équilibre avec l’infini, maintenant, 
Autrefois, aujourd’hui, demain, toujours, donnant 
Aux soleils la durée, aux cœurs la patience, 
Qui, clarté hors de nous, est en nous conscience ; 
Si c’est de ce Dieu-là qu’il s’agit, de celui 
Qui toujours dans l’aurore et dans la tombe a lui, 
Étant ce qui commence et ce qui recommence ; 
S’il s’agit du principe éternel, simple, immense, 
Qui pense puisqu’il est, qui de tout est le lieu, 
Et que, faute d’un nom plus grand, j’appelle Dieu, 
Alors tout change, alors nos esprits se retournent, 
Le tien vers la nuit, gouffre et cloaque où séjournent 
Les rires, les néants, sinistre vision, 
Et le mien vers le jour, sainte affirmation, 
Hymne, éblouissement de mon âme enchantée ; 
Et c’est moi le croyant, prêtre, et c’est toi l’athée.

 

 

Ce texte est magnifique comme tout ce qu'écrit Hugo !

 

 Maï d'ün aoutré coustat, coumo dé longo, réaganto dé la man gaoutcho cé qu'a jitat dé la man drécho !

Nani per lou "Deutéronome" maï osco per la Généso émé soun Caïn !

Mais sènso lou  proumier la ségoundo aourié gés dé résoun d'eisistar ?...

Hugo fa l'espectaclé ! Lou "grandiose" lou mérévilhous oc ! Es aquo qué li faou !

Sufis pas dé parlar dé Socraté per far dé filosofio,  subré tout qué lou mété subran dins la mémo saco qué Jésus Christ !

Hugo es esbarlugat per la réputacièn... Pèr la célébritat ! Dé Maoumet a Napoléoun.

"L'esblouissamènt dé soun armo èncantado" !

Émpacho pas qué m'agado toudjour dé lou ligir... N'èn fa toudjour foèço trooup ! Es soun tcharmé ! Maï va faou pas ooublidar.

 

Mais sous un autre angle, comme toujours, il rattrape de la main gauche ce qu'il a jeté de la main droite !

Non au Deutéronome, mais bravo à la Genèse avec son Caïn !

Mais sans le premier, la seconde n'aurait aucune raison d'exister ?...

Hugo fait le spectacle ! Le grandiose, le merveilleux, oui ! C'est ça qu'il lui faut !

Il ne suffit pas de nommer Socrate pour faire de la philosophie ! D'autant plus qu'il le met aussitôt dans le même sac que Jésus Christ !

Hugo est ébloui par la réputation ! Par la célébrité ! De Mahomet à Napoléon !

"L'éblouissement de son âme enchantée !"

N'empêche que c'est toujours un plaisir pour moi de le lire. Il en fait toujours beaucoup trop ! C'est son charme ! Mais il ne faut pas l'oublier.

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tison2feu Membre 3 104 messages
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il y a 52 minutes, Blaquière a dit :

Ce texte est magnifique comme tout ce qu'écrit Hugo !

 

 Maï d'ün aoutré coustat, coumo dé longo, réaganto dé la man gaoutcho cé qu'a jitat dé la man drécho !

Nani per lou "Deutéronome" maï osco per la Généso émé soun Caïn !

Mais sènso lou  proumier la ségoundo aourié gés dé résoun d'eisistar ?...

Hugo fa l'espectaclé ! Lou "grandiose" lou mérévilhous oc ! Es aquo qué li faou !

Sufis pas dé parlar dé Socraté per far dé filosofio,  subré tout qué lou mété subran dins la mémo saco qué Jésus Christ !

Hugo es esbarlugat per la réputacièn... Pèr la célébritat ! Dé Maoumet a Napoléoun.

"L'esblouissamènt dé soun armo èncantado" !

Émpacho pas qué m'agado toudjour dé lou ligir... N'èn fa toudjour foèço trooup ! Es soun tcharmé ! Maï va faou pas ooublidar.

 

Mais sous un autre angle, comme toujours, il rattrape de la main gauche ce qu'il a jeté de la main droite !

Non au Deutéronome, mais bravo à la Genèse avec son Caïn !

Mais sans le premier, la seconde n'aurait aucune raison d'exister ?...

Hugo fait le spectacle ! Le grandiose, le merveilleux, oui ! C'est ça qu'il lui faut !

Il ne suffit pas de nommer Socrate pour faire de la philosophie ! D'autant plus qu'il le met aussitôt dans le même sac que Jésus Christ !

Hugo est ébloui par la réputation ! Par la célébrité ! De Mahomet à Napoléon !

"L'éblouissement de son âme enchantée !"

N'empêche que c'est toujours un plaisir pour moi de le lire. Il en fait toujours beaucoup trop ! C'est son charme ! Mais il ne faut pas l'oublier.

 

Oui, mais même la Génèse est corrigée par Hugo et revue sous l'angle de la compassion, si je m'en réfère au poème "Aux premiers jours du Monde... (Les contemplations, 1856). Adam pleure Abel, Eve pleure Caïn, l'un et l'autre se tournant le dos. Eve pleure le premier pécheur de l'humanité :

 

Les Malheureux 

Aux premiers jours du monde, alors que la nuée,
Surprise, contemplait chaque chose créée,
Alors que sur le globe où le mal avait crû,
Flottait une lueur de l’éden disparu,
Quand tout encor semblait être rempli d’aurore,
Quand sur l’arbre du temps les ans venaient d’éclore,
Sur la terre, où la chair avec l’esprit se fond,

Il se faisait le soir un silence profond,
Et le désert, les bois, l’onde aux vastes rivages,
Et les herbes des champs, et les bêtes sauvages,
Émus, et les rochers, ces ténébreux cachots,
Voyaient, d’un antre obscur couvert d’arbres si hauts
Que nos chênes auprès sembleraient des arbustes,
Sortir deux grands vieillards, nus, sinistres, augustes.
C’étaient Ève aux cheveux blanchis, et son mari,
Le pâle Adam, pensif, par le travail meurtri,
Ayant la vision de Dieu sous sa paupière.
Ils venaient tous les deux s’asseoir sur une pierre,
En présence des monts fauves et soucieux,
Et de l’éternité formidable des cieux.
Leur œil triste rendait la nature farouche ;
Et là, sans qu’il sortît un souffle de leur bouche,
Les mains sur leurs genoux et se tournant le dos,
Accablés comme ceux qui portent des fardeaux,
Sans autre mouvement de vie extérieure
Que de baisser plus bas la tête d’heure en heure,
Dans une stupeur morne et fatale absorbés,
Froids, livides, hagards, ils regardaient, courbés,
Sous l’être illimité sans figure et sans nombre,

L’un, décroître le jour, et l’autre, grandir l’ombre.
Et, tandis que montaient les constellations,
Et que la première onde aux premiers alcyons
Donnait sous l’infini le long baiser nocturne,
Et qu’ainsi que des fleurs tombant à flots d’une urne,
Les astres fourmillants emplissaient le ciel noir,
Ils songeaient, et, rêveurs, sans entendre, sans voir,
Sourds aux rumeurs des mers d’où l’ouragan s’élance,
Toute la nuit, dans l’ombre, ils pleuraient en silence ;
Ils pleuraient tous les deux, aïeux du genre humain,
Le père sur Abel, la mère sur Caïn.

 

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  • 2 semaines après...
Membre, 77ans Posté(e)
Blaquière Membre 19 162 messages
Maitre des forums‚ 77ans‚
Posté(e)

Il est question de garder les cochons : une dizaine de lignes,

11 temps de conjugaisons différents !...

Je sais : je vais vous paraître trop enthousiaste ! Trop surexcité, TROP CHAUVIN ! Tant pis ! Mais mon jugement est sans appel : c'est ça une langue, c'est ça la civilisation ! Je me souviens de mon ami René Merle qui me disait quand je lui ai montré NOS textes d'archives du XVIème siècle : "On croirait lire du Homère !" (Pas Simpson ! Quoi que...)

Les porcs, en effet c'est... Ulysse chez Circé !

 

 

Los porcs

(Les porcs)

 

Lo 7 d’autobre 1538

 

... Nos aven fach1 cridar2

qui vorio3 esse2 porquier

anbe los Capitos

que venguo4 atrobar2 los Sendegues.

 

Honorat Chaudouin s’es presentat5 de los guardar2;

et per so que non si poguet6 tirar2 lo Conseil,

non poguin6 asegurar2 Chaudouin ;

e li aven dich1 que guardesso7 los pors

et interin si tirario3 Conseil.

Et si hero8 cas que non fosso7 porquier

que li paguarian3 sas jornados.

Aissi sen9.

Avisas10 y.

 

 

Chaudouin dis9 que guardara11 per bestio

1 pan la semano d’aissi ha Calenos

e de Calenos a Sant Miqel,

la mitat en pan

e l’autro en blat.

 

 

 

Le 7 octobre 1538

 

... Nous avons fait publier

que celui qui voudrait être porcher

selon les règlements,

vienne trouver les Syndics.

(Les syndics c'est ce qui correspondrait au Maire et au Adjoints de maintenant)

 

Honoré Chaudoin s’est proposé de les garder;

et parce qu’il ne fut pas possible de réunir le Conseil,

nous ne pûmes confirmer Chaudoin ;

et nous lui avons dit qu’il gardât les porcs,

et qu’entre temps se réunirait le Conseil ;

et dans le cas où il ne serait pas porcher,

nous lui payerions ses journées.

Ici en sommes nous.

Veuillez décider.

 

Chaudoin dit qu’il gardera

pour (un salaire de) un pain par semaine

et par bête de ce jour jusqu’à la Noël,

et de la Noël jusqu’à la Saint Michel,

la moitié en pain et le reste en blé.

 

 

1?Passé composé.

2 Infinitif.

3 Conditionnel présent.

4 Subjonctif présent.

5 Participe passé (du passé composé).

6 Passé simple.

7 Subjonctif imparfait.

8 Imparfait.

9 Indicatif présent.

10 Impératif.

11 Futur.

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Membre, Posté(e)
tison2feu Membre 3 104 messages
Forumeur alchimiste ‚
Posté(e)
Il y a 22 heures, Blaquière a dit :

Il est question de garder les cochons : une dizaine de lignes,

11 temps de conjugaisons différents !...

Je sais : je vais vous paraître trop enthousiaste ! Trop surexcité, TROP CHAUVIN ! Tant pis ! Mais mon jugement est sans appel : c'est ça une langue, c'est ça la civilisation ! Je me souviens de mon ami René Merle qui me disait quand je lui ai montré NOS textes d'archives du XVIème siècle : "On croirait lire du Homère !" (Pas Simpson ! Quoi que...)

Les porcs, en effet c'est... Ulysse chez Circé !

 

 

Los porcs

(Les porcs)

 

Lo 7 d’autobre 1538

 

... Nos aven fach1 cridar2

qui vorio3 esse2 porquier

anbe los Capitos

que venguo4 atrobar2 los Sendegues.

 

Honorat Chaudouin s’es presentat5 de los guardar2;

et per so que non si poguet6 tirar2 lo Conseil,

non poguin6 asegurar2 Chaudouin ;

e li aven dich1 que guardesso7 los pors

et interin si tirario3 Conseil.

Et si hero8 cas que non fosso7 porquier

que li paguarian3 sas jornados.

Aissi sen9.

Avisas10 y.

 

 

Chaudouin dis9 que guardara11 per bestio

1 pan la semano d’aissi ha Calenos

e de Calenos a Sant Miqel,

la mitat en pan

e l’autro en blat.

 

 

 

Le 7 octobre 1538

 

... Nous avons fait publier

que celui qui voudrait être porcher

selon les règlements,

vienne trouver les Syndics.

(Les syndics c'est ce qui correspondrait au Maire et au Adjoints de maintenant)

 

Honoré Chaudoin s’est proposé de les garder;

et parce qu’il ne fut pas possible de réunir le Conseil,

nous ne pûmes confirmer Chaudoin ;

et nous lui avons dit qu’il gardât les porcs,

et qu’entre temps se réunirait le Conseil ;

et dans le cas où il ne serait pas porcher,

nous lui payerions ses journées.

Ici en sommes nous.

Veuillez décider.

 

Chaudoin dit qu’il gardera

pour (un salaire de) un pain par semaine

et par bête de ce jour jusqu’à la Noël,

et de la Noël jusqu’à la Saint Michel,

la moitié en pain et le reste en blé.

 

 

1?Passé composé.

2 Infinitif.

3 Conditionnel présent.

4 Subjonctif présent.

5 Participe passé (du passé composé).

6 Passé simple.

7 Subjonctif imparfait.

8 Imparfait.

9 Indicatif présent.

10 Impératif.

11 Futur.

 

Merci pour ce nouveau document d'archive. Ton commentaire enthousiaste à propos de la richesse de la conjugaison soulève l'épineuse question du génie d'une langue.

Qu'est-ce qu'une langue de civilisation ? Je pense à la langue chinoise, langue de civilisation, qui pourtant n'a pas de conjugaison ! Et les locuteurs chinois jouissent d'une bien plus grande souplesse dans l'expression que nos langues occidentales car, précisément, ils ne mettent pas le joug sur tous les verbes ! (con-juguer = "mettre le joug")

 

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Membre, 77ans Posté(e)
Blaquière Membre 19 162 messages
Maitre des forums‚ 77ans‚
Posté(e)
Il y a 1 heure, tison2feu a dit :

 

Merci pour ce nouveau document d'archive. Ton commentaire enthousiaste à propos de la richesse de la conjugaison soulève l'épineuse question du génie d'une langue.

Qu'est-ce qu'une langue de civilisation ? Je pense à la langue chinoise, langue de civilisation, qui pourtant n'a pas de conjugaison ! Et les locuteurs chinois jouissent d'une bien plus grande souplesse dans l'expression que nos langues occidentales car, précisément, ils ne mettent pas le joug sur tous les verbes ! (con-juguer = "mettre le joug")

 

J'ai oublié de préciser que c'étaient des paysans qui parlaient...

D'un autre côté, je ne vais pas critiquer les chinois : c'étaient de bons potiers ! :)

Il y a une légende chinoise qui me plaît ou qui m'amuse... Un potier chinois qui était mis au défi par l'empereur (sans doute) de faire le plus beau céladon... Comme il n'y arrivait pas, un jour il s'est jeté lui-même dans le four !

Et là, miracle ! Quand on a défourné, c'était le plus beau céladon qu'on ait jamais vu !

Le Céladon est une... malice : notre jaune provençal si on le cuit en réduction, (en coupant l'oxygène à plus de 1000 degrés), donne un certain gris (on se rapproche de la couleur du fer) on obtient facilement des gris légèrement verts, verdâtres... Mais les plus exceptionnels sont paraît-il bleutés... (Couleur de l'acier ?)

De l'Empereur à Mao, et même maintenant, les chinois l'ont bien le joug... Par comparaison, les conjugaisons me semblent un demi-mal.

Et si au lieu de focaliser sur l'origine et l'étymologie de "joug" on en cherche le sens, qui est de "maîtriser", conjuguer ne signifie pas forcément "mettre le joug" sur sa pensée mais s'exprimer avec maîtrise... Donc éliminer le joug... et bien conduire sa pensée.

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  • 8 mois après...
Membre, 77ans Posté(e)
Blaquière Membre 19 162 messages
Maitre des forums‚ 77ans‚
Posté(e)

-- Que fas ?

(Prononciation : qué fass', ou mieux, par ici, (dans le Var jusqu'à Hyères) : "qué farh" le "rh" correspondant à, la "Jota" espagnole, un "r" très guttural ! : le provençal ici, c'est une langue d'hommes mal rasés ! De vrais mâles ! :laugh:)

(Qu'est-ce que tu fais ?)

Il y a de nombreuses nuances :

-- Que garces ? (Prononcer "qué garcèss" Toujours avec cette possibilité de remplacer le son "s" final par u "r" très guttural !)

(Je mets en gras l'accent tonique)

(Qu'est-ce que tu fous ?)

Variantes :

-- que boueïguès ? (Du verbe "boueigar" variante de "bousigar": fouiller (en parlant des cochons !) Mélanger, mettre en désordre...

(Prononcer : "qué bouèïguès" ).

(Qu'est-ce que tu déranges ?)

-- Que rafuteges ? (de "rafutejar", variante de "rafatejar", remuer des vieilleries)

Prononver "qué rafutédjès)

(Qu''est-ce que tu "retournes" ?)

 

(Si vous en avez d'autres ?...)

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  • 4 mois après...
Membre, 77ans Posté(e)
Blaquière Membre 19 162 messages
Maitre des forums‚ 77ans‚
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L'autre jour en blagottant, ici m'est revenue une expression provençale...

 Je revois bien mon grand père la disant :

"Marco mau" !

Prononcer "marque maou" en accentuant sur le a et pas le "ou" !)

"Mau", c'est le mot "mal" français, mais le "L" final s'est vocalisé en "ou"...

 "Marque-mal"  (ou "marco mau" mais pitié ne dites mas "mô" mais... allez en anglais : "maw" comme dans le "cow" anglais ! Pigé ? :laugh: )

Quand j'y pense ce "marco mau" c'est un genre de "Carnaval'. Mal habillé, habillé en lambeaux... Il marque mal : Il est moche ! Il n'a l'air de rien !

Si quelqu'un "marque mal" c'est qu'il est mal fagoté !

Mis l'expression complète qui m'est revenue, avec ce "marco mau", c'est :

"Marco mau si prouméno !"

Traduction :

 " "Marque-mal" se promène !"

Quand "marque mal" se promène ? Fais Mèfi ! (Prends garde à toi ! Méfiance !)

Et là j'ai compris :

 "Marco-mau", "marque mal" c'est...  la Camardo, bon, restons français  la Camarde !

camarde.thumb.JPG.3873de8122d45b030aefca694ba56aca.JPG

 

Reconnaissez avec moi qu'elle "marque mal" !

Quand "Marque-mal" se promène c'est qu'il y a danger de mort ! Alors on ne rigole plus !

Et pourtant, ce "Marco-Mau" habillé comme un carnaval, tout déchiré a quelque chose de comique...

De RIDICULE !

Il s'agit de se moquer de la mort même...

Quand "Marco-mau si prouméno", il s'agit de serrer les fesses (= lei gautos dau cuou = les "joues" du cul !) Mais de ne rien laisser voir, de garder fière allure !...

 

Lei prouvènsaus vailhèns 

Quand s'èn van ei furours

Si fouroun au (aou) mitan

coumo au (aou) vin lei moeissolos !

(De mémoire ! d'un poète du XVIème dont j'ai oublié le nom... peut-être Michel Tronc ?)

 

("Les provençaux vaillants

Quand ils vont au combat

S'y fourrent au milieu

Comme au vin les moucherons !" )

 

Noter le "second degré provençal" : On est un héros... moucheron...

Et la gloire ne vaut pas plus cher que le.. pinard !

:)

 

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Membre, 77ans Posté(e)
Blaquière Membre 19 162 messages
Maitre des forums‚ 77ans‚
Posté(e)

(J'écris le provençal "à la française" pour me rapprocher de la prononciation telle qu'un français la lirait...)

 

 

Dé cooups l'a dé cavos qué ti révénoun, sabes pas perqué...

Parfois des choses vous reviennent en mémoire et l'on ne sait pas pourquoi...

 

Touto aro es l'imajo dé Suzano qué m'es révèngudo...

Tout à l'heure c'est l'image de Suzanne qui m'est revenue...

 

M'avié racountat un èncidènt... qué n'aurié dé qué riré !

Elle m'avait raconté un incident... qui pourrait faire sourire !

 

Sabès qu'éncuèilh si duvèm dé diré qué les frémos sount tant fouartos qué les omés...

Vous savez qu'aujourd'hui nous nous devons de penser que les femmes sont les égales des hommes...

 

é bèn souvènt lei pichouns malïns li van dé précisar "intélectualament ségur !"  qué per cé qu'es de la fouaço phisico es évidènt qué les omes lei despaçoun...

Et bien souvent des petits malins de rajouter "sur la plan intellectuel, bien sûr !" Car s'il est question de la force physique il est évident que les hommes les dépassent...

 

Ato ! véirèm bèm !

Bigre ! On va voir !

 

Es aqui qué Suzano si présènto !

Et c'est là qu'elle se pointe, Suzanne !

 

Sabès que quand lei soucos èroun descaussados, dins la cambado èntré douèi soucos restavo encar un bouan mètré sus dès cèntimètrés dé larjo, (pas maï) qué falié foueiré per élimina lei marridos erbos. Aquo si fasié aou magaou. Très cooups : clan, clan clan ! E passavias à la soucos suèivènto : Clan, clan, clan !

Vous savez que quand les vignes étaient "déchaussées", dans la rangée, entre deux vignes il restait encore un bon mètre sur dix centimètres de large -pas plus- qu'il fallait piocher pour éliminer les mauvaises herbes. Cela se faisait au "magaou" (la pioche à trois dents) En trois coup : Clan, clan, clan ! Et on passait à la vigne suivante : Clan, clan clan !

 

é lei cambados tiravoun dé long ! 

Et les rangées étaient plutôt longues !

 

Révénèm maï a Suzano !  Ero pas fouéço fourtunado. Adounc si lougavo. a la journado.  Per agué dé qué manjar.

Revenons encore à Suzanne ! Elle n'était pas très riche et donc elle se louait à la journée. Pour gagner sa pitance.

 

Aquèou journ per fouèïré les soucos  dins lou mémé bèn, éroun douèï ! ém'élo l'avié Rancurel. Un gailhard qué falié pas li n'èn proumétré !!

Ce jour-là pour piocher les vignes dans le même champ, ils étaient deux ! Avec elle il y avait Rancurel. Un costaud à qui il ne fallait pas en promettre !!

 

Mouco sus lou cooup de miéjourn  si soun arrestats per anar manjar.

Et puis vers midi, ils se sont arrêtés pour aller manger...

 

é aqui Suzano mi dis : "N'aviou fach fouéço maï qué èou !"

Et là Suzanne me dit : "J'en avais fait bien plus que lui !"

 

"Mouco l'après dinar, avié talamènt crènto qué l'ai plus pas vist ! Es pas révèngut !"

"Et donc, l'après midi, il avait tellement honte que je ne l'ai plus revu ! Il n'est pas revenu !

 

Suzano ? Vous la présènti ! Ero uno deï darnièros qu'anavo faïré sa bugado aou lavadour dèi "Noou Fouants"...

Zuzanne ? Je vous la présente ! Elle était une des dernières à aller faire sa lessive au lavoir des Neuf Fonts !...

 

(Un cooup qu'avié acabat dé fouèiré, ségur  !)

(Quand elle avait fini de piocher, bien sûr !)

 

384952039_plaque-Copie(2)-Copie-Copie.thumb.jpg.c1839a8cda2c8d13ef9ccbd5c7ac236a.jpg

 

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Membre, 77ans Posté(e)
Blaquière Membre 19 162 messages
Maitre des forums‚ 77ans‚
Posté(e)

Et ce Monsieur Rancurel ?

Un type solide, et droit ! On l'a même pris pour faire le Garde Champêtre. C'est tout dire...

C'est lui qui disait à mon grand père : '

"Les bêtes sont plus intelligentes que les hommes ! La preuve c'est que quand elles n'ont plus soif, elles ne boivent plus, ! Alors que chez les hommes y'a des ivrognes qui boivent sans soif !"

C'était donc un genre de penseur, ce Monsieur ! :)

 

Moi, j'étais petit. 6-7 ans ? 

Et on m'apprenait les bonnes manières. Mes parents me disaient

"Il ne faut pas dire "cul" c'est un gros mot ! Il faut dire "derrière " !

Alors moi, un jour qu'ils me bassinaient avec ça, je leur sors :

"Alors il faut plus dire : "Monsieur Rancurel" mais Monsieur "Ran-derrière-rel" Maintenant" ?

C'était un peu une énigme pour moi qu'on puisse dire "cu" dans "Rancurel", mais que ça soit interdit dans "je suis tombé sur le cul !"...

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  • 2 semaines après...
Membre, 77ans Posté(e)
Blaquière Membre 19 162 messages
Maitre des forums‚ 77ans‚
Posté(e)

Hier j'ai pensé à ce proverbe que l'on peut souvent vérifier :

 

 "Cuous dé frémos, ginous d'omés é nas de cans

soun gélats tout l'an !"

 

(Culs de femmes, genoux d'hommes et nez de chiens

sont gelés toute l'année ! ")

 

Je touche mes genoux, ils sont glacés ... Le nez de la Titinette est froid aussi... Pour le reste, ça ne vous regarde pas : chacun et chacune est libre des ses expériences !

;)

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  • 10 mois après...
Membre, 77ans Posté(e)
Blaquière Membre 19 162 messages
Maitre des forums‚ 77ans‚
Posté(e)

Ils viennent de dire à la Météo qu'au Luc (centre Var) il va faire 41 ° !!!

J'en profite pour vous rappeler l'adage :

 

"Iéu m'en foti siu dau Luc !"

Prononcer : yiou m'in fouti siou doou Lu !

Moi je m'en fous je suis du Luc !

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Membre, 77ans Posté(e)
Blaquière Membre 19 162 messages
Maitre des forums‚ 77ans‚
Posté(e)

Je réalise que vous ne savez pas les antécédents de cet adage :

 C'est un bonhomme du Luc qui va visiter sa famille à Brignoles... le dimanche ils vont tous à l'église et le curé y va d'un prêche "safrané" :

-- Mes pauvres enfants brignolais ! Dieu voit tous vos errements : Et vous en serez gravement punis !" (en provençal, bien sûr ! )

C'est là que notre homme du Luc se lève et y va de son :

--  Iéu m'en fouti siou dau Lu !

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  • 1 an après...
Membre, 1ans Posté(e)
Engardin Membre 1 417 messages
Forumeur vétéran‚ 1ans‚
Posté(e)
Le 01/10/2018 à 22:22, Blaquière a dit :

Pour en finir avec "le bouchon", un bouchon (de bouteille) se dit " tap " (prononcer [ta] sans le "p")

Ce qui permet la magnifique phrase :

"ün  ta  ta'a  tapa'a pa, ün ta pa ta'a tapa'a"

Il faut s'entraîner à le dire le plus vite possible !

Qui devrait s'écrire : "Un tap tarat tapara pas, un tap pas tarat tapara !"

Puisque les "r" intervocaliques à peine roulés en deviennent muets ainsi que les consonnes finales qui le sont tout-à-fait (muettes).

Et qui signifie :

"Un bouchon "taré" ne bouchera pas, un bouchon pas taré bouchera !"

Qui est une pure vérité !

 

Le verbe "Tapar" [tapa]

--Boucher (une bouteille)

--Couvrir "tapo ti ben": couvre-toi bien, lo cèu/lo ciel si tapo : le ciel se couvre.

En français on dit aussi que "le temps est bouché" il me semble...

On dit aussi de quelqu'un de trop bavard : "tapo pas !" (il ne la ferme jamais !) Et l'on précise "a como lo molin de la Boueisso" "Il a/est comme le Moulin de la Bouisse" (près de St Maximin, celui de la facture déchirée quelques pages plus tôt qui ne s'arrêtait donc jamais de tourner..)

 

Un autre extrait de "la podisse estrassade" (page 2) :

 

« Es veray que la molier de Mestre Jehan Flayol dit Celion

« Il est vrai que l’épouse de Maître Jean Flayol dit Celion

mi loguet et mi paguet que anesse querre

me loua 1 et me paya pour que j’allasse quérir

tres soumades grosses de blat

trois grosses charges de blé

el molin de la Boysso

Au moulin de la Bouisse

las qualles aneri descargar

lesquelles j’allai décharger

aquo de Olivier Pec

chez Olivier Pec

1Se louer ; engager son travail pour un salaire

Il a fallu que je tombe sur cette archive pour comprendre le sens de cette expression que j'avais toujours entendue :

"a como lo molin de la Boeisso : tapo pas !"

"Il/elle est comme le moulin de la Bouisse : il la ferme jamais !"

 

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