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La langue d'oc

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Blaquière

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tison2feu Membre 3 087 messages
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Il y a 19 heures, Blaquière a dit :

Comme je vois que ça intéresse beaucoup de monde ... :smile2:

J'en ai d'autres de dictons "végétaux" !

Et d'abord  un classique :

"ün pin fa pas 'n cadé"

(Un pin ne fait pas un cade !)

L'équivalent du français : "les chiens ne font pas des chats !"

Certes, le "cade" n'est peut-être pas trop connu comme arbuste ! C'est juste un cousin de genévrier et qui en plus ou plutôt en moins, ne fait même pas de baies odorantes utilisables pour les pâtés ! Mais il reste mythique...  L'huile de ca... (accent tonique sur le "a", bien sûr). Soigne toutes les maladies de peau... (D'accord, c'est ce qui se dit !) Dans nos collines provençales, nous trouvons un peu partout des "fours à cadé". L'huile de cadé, s'obtient comme la poix, en chauffant le bois de cadé dans des fours conçus à cet effet. On chauffe ce bois à 400/500 degrés, et il en dégouline une huile noire qui fleure bon la ... suie !

-- Les bergers l'utilisaient pour soigner et désinfecter les blessures aux pattes des moutons. Beaucoup de moutons, beaucoup de bergers, donc beaucoup de "fours à cadé"...

La réputation du "cadé", "cade" en français était si grande  qu'elle a servi à forger la réputation du savon "CADUM". Qui bien entendu de contenait pas une once d'huile de cade ! (Imaginez un "Bébé Cadum" qui sentirait la suie !)

 

Un autre proverbe ?

"Lo figuier a jurat sus sa fé dé brular ni vert ni séc !"

(Le figuier a juré sur sa foi de ne bruler ni vert ni sec !)

Commentaires : 1, évidemment, "lo" se prononce "lou" !

Mais 2, pas que ! Les noms des arbres sont souvent féminins en provençal, et de fait on ne dit pas "un figuier" mais "uno figuiero" ! De même "la fraï "  "le frêne", "la platano", "le platane"...   (Quoi qu'on ait "lo pin", "lo rouvé" (le chêne)...)

 Alors, pourquoi cet emprunt au masculin français pour "figuier" ? Sans doute pour rendre plus percutante la chute et pour mieux rimer !

Figuier/fé/sé. Car le "c" final de "sec"ne se prononce pas !

 

J'ai gardé le meilleur (ou le pire !) pour la fin :

"Boasc èn long é frémo èn travers régirièn l'Univers !"

Qui se traduit bien en français :

(Bois en long (vertical) et femme en travers (horizontale) régiraient l'Univers !)

NO COMMENT !

 

 

 

 

Voilà l'occasion d'apprendre un nouveau mot, non seulement provençal mais également français (ce mot cade figure dans le Petit Robert).

Et puis c'est toujours un plaisir d'apprendre avec toi une nuée de choses et de t'entendre ainsi conter tout cela dans la tradition des conteurs d'autrefois. Et toujours dans la bonne humeur ! 

 

 

 

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tison2feu Membre 3 087 messages
Forumeur alchimiste ‚
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Il y a 19 heures, Blaquière a dit :

Depuis une vingtaine d'années, les "fours à cadé"

Sont devenus une véritable mythologie dans le Var...

http://randojp.free.fr/0-Diaporamas/Fours/Fours2.html

 

Merci véritablement  pour le lien de ce site fabuleux.

Le hasard fait que je m'étais penché dernièrement sur l'étude étymologique/comparée du mot "four" dans toutes les langues du monde. Cela suppose au préalable, à mes yeux, une indispensable imprégnation de l'univers qui a entouré ce terme depuis la nuit des temps : découverte et domestication du feu, modes et temps de cuisson, etc. 

Ces fours à cade me font penser à .... la cuisson à l'étouffée datant des nomades chasseurs-cueilleurs ! Il s'agissait de faire durer la cuisson, une nuit durant, sans calciner ou détruire l'objet à cuire (viande et poisson, plante et bois, pierres et poterie, etc.).

Ce site donne un nuée d'informations et croquis au sujet des différents types de fours. Génial !

  

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Membre, 77ans Posté(e)
Blaquière Membre 19 162 messages
Maitre des forums‚ 77ans‚
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il y a une heure, tison2feu a dit :

 

Merci véritablement  pour le lien de ce site fabuleux.

Le hasard fait que je m'étais penché dernièrement sur l'étude étymologique/comparée du mot "four" dans toutes les langues du monde. Cela suppose au préalable, à mes yeux, une indispensable imprégnation de l'univers qui a entouré ce terme depuis la nuit des temps : découverte et domestication du feu, modes et temps de cuisson, etc. 

Ces fours à cade me font penser à .... la cuisson à l'étouffée datant des nomades chasseurs-cueilleurs ! Il s'agissait de faire durer la cuisson, une nuit durant, sans calciner ou détruire l'objet à cuire (viande et poisson, plante et bois, pierres et poterie, etc.).

Ce site donne un nuée d'informations et croquis au sujet des différents types de fours. Génial !

  

C'est le même principe que les fours à poix, qui eux faisaient cette "poix" à partir du pin.

C'est la résine, mais... semi-cuite, un goudron... poisseux !

La poix = "la pérésina/o" en provençal.

Il y avait aussi les fours à chaux, pour cuire le calcaire, mais la température devait monter vers 900°.

Il me semble que pour les fours à cade ou à poix, la problème c'est de pas monter trop haut en température car alors, le bois brule et il ne reste plus rien ! C'est pour ça que c'est des fours "à moufle". (A chauffage indirect, le feu est séparé du bois à "distiller".)

Je suis admiratif de tout ce savoir faire des "anciens"...

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Membre, Posté(e)
tison2feu Membre 3 087 messages
Forumeur alchimiste ‚
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il y a 3 minutes, Blaquière a dit :

C'est le même principe que les fours à poix, qui eux faisaient cette "poix" à partir du pin.

C'est la résine, mais... semi-cuite, un goudron... poisseux !

La poix = "la pérésina/o" en provençal.

Il y avait aussi les fours à chaux, pour cuire le calcaire, mais la température devait monter vers 900°.

Il me semble que pour les fours à cade ou à poix, la problème c'est de pas monter trop haut en température car alors, le bois brule et il ne reste plus rien ! C'est pour ça que c'est des fours "à moufle". (A chauffage indirect, le feu est séparé du bois à "distiller".)

Je suis admiratif de tout ce savoir faire des "anciens"...

 

Oui, c'est bien cette séparation de la matière à distiller (ici, le bois devant brûler très lentement) d'avec le foyer qui m'a suggéré un rapprochement avec les cuissons à l'étouffée, encore pratiquée de nos jours. Dans les îles mélanésiennes et océaniennes, les populations utilisent des pierres volcaniques, d'abord chauffées, puis recouvrent la nourriture à cuire de grandes feuilles, puis recouvrent le tout de terre.
Si tu as des pierres volcaniques sous la main, tu pourrais faire des essais de cuisson de poterie en utilisant cette technique, ah ah !

 

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Membre, 77ans Posté(e)
Blaquière Membre 19 162 messages
Maitre des forums‚ 77ans‚
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il y a 2 minutes, tison2feu a dit :

 

Oui, c'est bien cette séparation de la matière à distiller (ici, le bois devant brûler très lentement) d'avec le foyer qui m'a suggéré un rapprochement avec les cuissons à l'étouffée, encore pratiquée de nos jours. Dans les îles mélanésiennes et océaniennes, les populations utilisent des pierres volcaniques, d'abord chauffées, puis recouvrent la nourriture à cuire de grandes feuilles, puis recouvrent le tout de terre.
Si tu as des pierres volcaniques sous la main, tu pourrais faire des essais de cuisson de poterie en utilisant cette technique, ah ah !

 

Peut-être ça peut t'intéresser :

Les Romains / Gallo-romains avaient imaginé le four à tubulures mais pour faire une cuisson très chaude -1050/1100 degrés-- Pour que les gaz de combustion ne touchent pas les poteries et restent bien rouges.

1810232267_Capturefourtub.JPG.d085cca9486518e816c675a4d883b457.JPG

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tison2feu Membre 3 087 messages
Forumeur alchimiste ‚
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il y a 5 minutes, Blaquière a dit :

Peut-être ça peut t'intéresser :

Les Romains / Gallo-romains avaient imaginé le four à tubulures mais pour faire une cuisson très chaude -1050/1100 degrés-- Pour que les gaz de combustion ne touchent pas les poteries et restent bien rouges.

1810232267_Capturefourtub.JPG.d085cca9486518e816c675a4d883b457.JPG

 

Voilà encore une belle trouvaille pour éviter le contact direct de la flamme et de l'objet à cuire !

 

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Membre, Posté(e)
tison2feu Membre 3 087 messages
Forumeur alchimiste ‚
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il y a 41 minutes, Blaquière a dit :

C'est le même principe que les fours à poix, qui eux faisaient cette "poix" à partir du pin.

C'est la résine, mais... semi-cuite, un goudron... poisseux !

La poix = "la pérésina/o" en provençal.

Il y avait aussi les fours à chaux, pour cuire le calcaire, mais la température devait monter vers 900°.

Il me semble que pour les fours à cade ou à poix, la problème c'est de pas monter trop haut en température car alors, le bois brule et il ne reste plus rien ! C'est pour ça que c'est des fours "à moufle". (A chauffage indirect, le feu est séparé du bois à "distiller".)

Je suis admiratif de tout ce savoir faire des "anciens"...

 

Je viens de retrouver le terme technique relatif à la combustion contrôlée du bois : la pyrolise du bois https://fr.wikipedia.org/wiki/Pyrolyse_du_bois

avec schéma explicatif !

image.png.6fb70a4a521f5059d0ebe1d6e3307992.png

 

 

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Membre, 77ans Posté(e)
Blaquière Membre 19 162 messages
Maitre des forums‚ 77ans‚
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@tison2feu

Et les chinois ont inventé le four à flamme renversée pour cuire la porcelaine à 1400° !

(1800° avec du bois ça me semble beaucoup, mais je sais pas tout !)

le principe de la flamme renversée c'est que le tirage se fait à partir du bas du four. Le principe à mon avis c'est qu'on profite donc au maximum des calories qui font le tour du four avant de partir par la cheminée de derrière (6), qui doit être assez haute pour amorcer et maintenir le tirage.

four_sevres.jpg.1a43ad6374938ead2da8969a9d0d8b5d.jpg

Le tirage se fait par le bas (le petit carré en bas au centre : "9") qui communique par derrière dans la cheminée; "6".

Les flammes montent et redescendent dans le four, y relâchant un maximum de calories plutôt que de partir tout de suite vers le haut.

1400° ! A cette température, l'intérieur du four n'est plus rouge mais blanc ! Presque bleu au bout d'un moment qu'on le regarde !

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tison2feu Membre 3 087 messages
Forumeur alchimiste ‚
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Par ma faute, et je m'en excuse, le contenu de ton intervention consacrée à l'huile de cade se retrouve en page 8 de ce topic !

Pourtant, cela vaut absolument le détour, ne serait-ce que pour découvrir le lien étymologique entre le cade et le mythique produit Bébé Cadum :

 

image.png.ef2305996bc2ab002286c0e80e444b37.png

 

 

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Membre, 77ans Posté(e)
Blaquière Membre 19 162 messages
Maitre des forums‚ 77ans‚
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@tison2feu

C'est souvent un vrai plaisir de retrouver les étymologies, en topologie aussi !

 Derrière le village de la Roque, (ici) la colline contre laquelle il est adossé s'appelle "Le Pical"...

Ce qui ne veut strictement rien dire ! Sur le (fameux) cadastre de 1503, écrit en provençal classique (celui des troubadours !) j'ai retrouvé :

 "Lo Puey Caulx" = "la colline de la chaux"

Il devait y avoir des fours à chaux justement ! C'est tout calcaire !

Mais la plus belle étymologie d'un nom de quartier c'est à Néoules (à côté, où je suis né !).  Le quartier de Font Gayau. "Font" pour Fontaine, d'accord ! Mais "Gayau" qui ne veut rien dire ! Jusqu'à ce que je trouve dans un texte en latin du XIIème : Font Gazaut = La fontaine qui gazouille !  (On sait que le "z" se transforme parfois en "y".)

(Comme  "Fasié" (il faisait) qui se prononce : "fayié".)

D'ailleurs, si à force de le voir écrit, "Font Gayau" On a fini par le prononcer à la française : "Font Gayo", Quand les anciens en parlaient en provençal, ils disaient toujours : "Fount Gayaou" ! C'était juste le "z" qui était devenu "y" !

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tison2feu Membre 3 087 messages
Forumeur alchimiste ‚
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il y a 47 minutes, Blaquière a dit :

@tison2feu

C'est souvent un vrai plaisir de retrouver les étymologies, en topologie aussi !

 Derrière le village de la Roque, (ici) la colline contre laquelle il est adossé s'appelle "Le Pical"...

Ce qui ne veut strictement rien dire ! Sur le (fameux) cadastre de 1503, écrit en provençal classique (celui des troubadours !) j'ai retrouvé :

 "Lo Puey Caulx" = "la colline de la chaux"

Il devait y avoir des fours à chaux justement ! C'est tout calcaire !

Mais la plus belle étymologie d'un nom de quartier c'est à Néoules (à côté, où je suis né !).  Le quartier de Font Gayau. "Font" pour Fontaine, d'accord ! Mais "Gayau" qui ne veut rien dire ! Jusqu'à ce que je trouve dans un texte en latin du XIIème : Font Gazaut = La fontaine qui gazouille !  (On sait que le "z" se transforme parfois en "y".)

(Comme  "Fasié" (il faisait) qui se prononce : "fayié".)

D'ailleurs, si à force de le voir écrit, "Font Gayau" On a fini par le prononcer à la française : "Font Gayo", Quand les anciens en parlaient en provençal, ils disaient toujours : "Fount Gayaou" ! C'était juste le "z" qui était devenu "y" !

 

Etymologie et poésie

"Un vrai plaisir de retrouver les étymologies" : n'est-ce pas une façon de remonter aux sources mêmes de la création des mots, aux racines de toute création humaine ? 

Or, qu'est-ce que la poésie, sinon un acte de création ? L'étymologie du mot « poésie » est déjà une interprétation du fait poétique : poiêsis pour les Grecs signifie « création », du verbe poiein « faire », « créer ». Pour Platon, l'état poétique est rattaché à l'enthousiasme, à la possession divine.

Je pense que, concernant la recherche étymologique relative à toutes les langues du monde, nous n'en sommes encore qu'à des balbutiements linguistiques.

De merveilleux trésors restent à découvrir d'ici quelques décennies par tous ceux qui auront été possédés par ce que raconte chaque langue du monde.

 

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Membre, 77ans Posté(e)
Blaquière Membre 19 162 messages
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il y a 37 minutes, tison2feu a dit :

 

Etymologie et poésie

"Un vrai plaisir de retrouver les étymologies" : n'est-ce pas une façon de remonter aux sources mêmes de la création des mots, aux racines de toute création humaine ? 

Or, qu'est-ce que la poésie, sinon un acte de création ? L'étymologie du mot « poésie » est déjà une interprétation du fait poétique : poiêsis pour les Grecs signifie « création », du verbe poiein « faire », « créer ». Pour Platon, l'état poétique est rattaché à l'enthousiasme, à la possession divine.

Je pense que, concernant la recherche étymologique relative à toutes les langues du monde, nous n'en sommes encore qu'à des balbutiements linguistiques.

De merveilleux trésors restent à découvrir d'ici quelques décennies par tous ceux qui auront été possédés par ce que raconte chaque langue du monde.

 

Oui ! Des trésors !

Mais il y a aussi des fantaisistes qui ne savent pas et qui inventent dans l'approximation ! Et souvent leur assurance en impose et on les croit !

C'est à la fois énervant et amusant !

 Ainsi la "font gazaut" > "Font gayau" (fontaine qui gazouille) pour être prononcée "Font gayo", quelqu'un n'avait pas hésité à en faire "la fontaine gaie" ! Puisque "gaio" en provençal c'est "gaie" !

Une autre plus amusante :

 "Peilong" issu de "Puey Long", "la colline longue" puisqu'elle a une forme allongée,  vu que "pèïs" en provençal c'est "poisson" était devenue le bosquet "en forme de poisson long" ! (Mais qu'est-ce qu'il venait faire ce poisson dans la colline !)

Un autre encore plus fantaisiste, faisait remonter l'étymologie du quartier "la ribiero" sans penser au simple équivalent provençal du français "la rivière" à un certain "ribat" arabe ! (Il y a quand même des cas ! :))

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tison2feu Membre 3 087 messages
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il y a 41 minutes, Blaquière a dit :

Oui ! Des trésors !

Mais il y a aussi des fantaisistes qui ne savent pas et qui inventent dans l'approximation ! Et souvent leur assurance en impose et on les croit !

C'est à la fois énervant et amusant !

 Ainsi la "font gazaut" > "Font gayau" (fontaine qui gazouille) pour être prononcée "Font gayo", quelqu'un n'avait pas hésité à en faire "la fontaine gaie" ! Puisque "gaio" en provençal c'est "gaie" !

Une autre plus amusante :

 "Peilong" issu de "Puey Long", "la colline longue" puisqu'elle a une forme allongée,  vu que "pèïs" en provençal c'est "poisson" était devenue le bosquet en forme de poisson ! (Mais qu'est-ce qu'il venait faire ce poisson dans la colline !)

Un autre encore plus fantaisiste, faisait remonter l'étymologie du quartier "la ribiero" sans penser au simple équivalent provençal du français "la rivière" à un certain "ribat" arabe ! (Il y a quand même des cas ! :))

 

Bien sûr, toute la difficulté est de savoir comment faire la part entre étymologies fantaisistes ou pas.

De toute façon la marque de tout travail scientifique est l'humilité, avec usage du conditionnel de rigueur pour qualifier par définition toute hypothèse. Le scientifique travaille néanmoins suivant des méthodes rigoureuses, parfois fort complexes dans le domaine étymologique. Pour ma part, la lecture du petit "Que-sais-je ?" de Pierre Guiraud intitulé L'étymologie a été une véritable révélation. L'auteur retrace toute l'histoire de l'étymologie. Par la suite, j'ai baigné dans toute la littérature consacrée aux études étymologiques dans de nombreuses langues du monde. C'est l'acquisition de toute ces méthodes qui me permet d'avancer à mon rythme dans ce domaine. 

Dans le cas du provençal, l'étude comparée avec les autres langues romanes peut être d'un grand secours, car bien souvent la façon de nommer, d'user de métaphores, etc., tu la retrouves également dans ces autres langues, avec de petites différences sémantiques ou/et phonétiques, qui vont confirmer ou infirmer une piste étymologique.

Tant que les chercheurs restent humbles, c'est un régale de lire certains de leurs travaux parfois très audacieux. Depuis deux décennies, certains linguistes (qui ne font pas consensus au niveau international) en sont venus à reconstruire des étymologies préhistoriques, relatives au proto-sapiens parlé par nos ancêtres, à partir des principales langues et familles de langues parlées dans le monde. Tout cela est passionnant ! 

 

 

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Membre, 77ans Posté(e)
Blaquière Membre 19 162 messages
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Sans compter tous ces "puey" (en langue d'oc = colline, hauteur, comme le Puy en Auvergne) qui sont devenus des "puits" ! Le contraire en quelque sorte : des trous !

Un puits en oc, c'est un "pous" ! D'où tous les quartiers des "Pousaraco", "pourraco" des puis "artésiens" ou l'eau affleure souvent d'elle même quand il pleut beaucoup. Aménagés en norias souvent.

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Membre, 77ans Posté(e)
Blaquière Membre 19 162 messages
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il y a 13 minutes, tison2feu a dit :

 

Bien sûr, toute la difficulté est de savoir comment faire la part entre étymologies fantaisistes ou pas.

De toute façon la marque de tout travail scientifique est l'humilité, avec usage du conditionnel de rigueur pour qualifier par définition toute hypothèse. Le scientifique travaille néanmoins suivant des méthodes rigoureuses, parfois fort complexes dans le domaine étymologique. Pour ma part, la lecture du petit "Que-sais-je ?" de Pierre Guiraud intitulé L'étymologie a été une véritable révélation. L'auteur retrace toute l'histoire de l'étymologie. Par la suite, j'ai baigné dans toute la littérature consacrée aux études étymologiques dans de nombreuses langues du monde. C'est l'acquisition de toute ces méthodes qui me permet d'avancer à mon rythme dans ce domaine. 

Dans le cas du provençal, l'étude comparée avec les autres langues romanes peut être d'un grand secours, car bien souvent la façon de nommer, d'user de métaphores, etc., tu la retrouves également dans ces autres langues, avec de petites différences sémantiques ou/et phonétiques, qui vont confirmer ou infirmer une piste étymologique.

Tant que les chercheurs restent humbles, c'est un régale de lire certains de leurs travaux parfois très audacieux. Depuis deux décennies, certains linguistes (qui ne font pas consensus au niveau international) en sont venus à reconstruire des étymologies préhistoriques, relatives à proto-sapiens parlé par nos ancêtres, à partir des principales langues et familles de langues parlées dans le monde. Tout cela est passionnant ! 

 

 

Là si on y arrive ça sera grandiose !

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  • 1 mois après...
Membre, 77ans Posté(e)
Blaquière Membre 19 162 messages
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Les lapins et les chardons...

 

(J'écris à peu près comme on prononcerait suivant les principes du  français pour vous éviter le ridicule de lire "ê" quand j'écris "ai". Donc j'écris "aï" ! :smile2: En plus je mets la voyelle qui porte l'accent tonique en gras : trop facile à lire ! Si ça vous gave de lire en  provençal, j'ai mis le français en gras et bleu, vous n'avez qu'à lire que ça !)

 

L'aoutré jour èn rétornant dé meï soucos

(=L'autre jour en revenant de mes vignes)

(Véniou daou camin dé Cuers...)

(=Je venais du chemin de Cuers...)

Mouco èn arribant sus la routo despartamèntalo,

(= et puis en arrivant sur la route départementale)

Daou cantoun de l'uèïlh aï capitat sus la ribo daou camin, douèi poulits cardouns.

(=Du coin de l'oeil j'ai  remarqué sur le bord du chemin, deux beaux chardons.)

Duvièn bèn faïré douèï mètrés dé haout !

(Qui devaient bien faire deux mètres de haut !)

Émé sa tèsto coumo uno botcho d'espinglos !

(=Avec leur tête comme une boule d'épingles !)

Dé cardouns ! Mi siou dich !

(=des chardons  ! Je me suis dit...)

Aquo m'a fa(tch) soujar an uno cavo qué s'èntèndié diré dïns lou tèmps...

ce qui m'a fait penser à une chose que l'on entendait dire dans le temps...

Uno méno dé prouvèrbi :

(=Un genre de proverbe : )

 

Nèïssé ün lapin, Crèïssé uno cardélo !

Il naît un lapin, il pousse un "chardon" !

 

Aquo va poudèn plus diré encuèï !

C'est une chose qu'on de peut plus dire aujourd'hui !

Coumèncèn dé crégnér qué l'aguéssé pas proun dé cardouns per toutèï leï lapins !

Nous commençons à craindre qu'il n'y ait plus assez de "chardons" pour tous les lapins !

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Membre, 77ans Posté(e)
Blaquière Membre 19 162 messages
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Les vestiges ou la persistance du "a" médiéval dans le provençal moderne.

 On sait que la marque du féminin et celle de la troisième personne des verbes du premier groupe groupe se note "o".

Un "o" atone qui correspond au "e" muet français. Sous l'influence du français, à partir du XVIème siècle, les "escrivans" On plis ll'habitude d'écrire "o" qui était plus proche du "e" français que "a". On retrouve cette proximité dans les français "œil, œuf, bœuf... etc)

Il n'empêche que l'ancienne orthographe était bien "a" !

mais quand cette ancienne prononciation, ce son "a" s'est trouvé inclus dans une expression ou un mot composé, on le retrouve bien sous sa forme ancienne de "a".

J'en ai retrouvé quelques uns...

 "Un prégadiou" (une menthe religieuse). Littéralement un "prie-dieu". Si Mistral note bien "prègo-diéu", il est certain que ici dans le var, la prononciation populaire eprononce bien un "a".

"La Pousaraco", (roue hydraulique ou puits artésien) Mistral note "pouso-raco" mais signale "pousaraco". "Racar" c'est pas joli, mais c'est ... "vomir" D'une "pousaraco", l'eau sort toute seule !

"Laissa-mi-'star" Une expression : "laisse-moi tranquille" ou laisse-moi "être". Quand quelqu'un est d'humeur morose : "tu es bien laissa-mi-star !"

"St Jean "Manda-mi-n'èn" ! Au village, il y a dans l'église une statue de St jean avec avec les yeux levés et les deux mains ouvertes vers le ciel. Les villageois l'on surnommé : Saint Jean "envoie-m'en" ! Sous entendu ... DES SOUS !

Et puis il y a tous les féminins des mots qui au masculin se terminent en "ous" et qui ICI se fon en "oua".

Même le chiffre deux qui s'accorde au féminin "dous":

--Il y avait combien de femmes ? (Quant l'avié dé frémos ?)

-- N'avié douas ! (il y en avait deux !)

Les adjectifs aussi :

"Elle était heureuse !" "Ero èouroua !"

NB : On pourrait peut-être penser que pour "laissa-mi-star" et "St Jan Manda-mi-n'èn" Il s'agit de la deuxième personne du pluriel qui à l'impératif perd son "s" au moins dans la prononciation. "laissez-moi être" et "envoyez-m'en" ... Si l'on vouvoie Saint Jean !

 

Le passage du "a" prononcé "a" au "o" (francisé) prononcé plus ou moins "o" ou "e" C'est fait comment ?

Dans la douleur !

J'ai retrouvé dans un cadastre du début XVIème (1503) le nom du quartier "les Baumes" (les grottes) noté "las balmas". Trente ans après, ils ne pouvaient plus comprendre et le mot avait été rayé et remplacé dans la marge par "las baumos" (prononcé "baoumœ")  ! (Je crois que je l'avais déjà signalé, ça....)

 

 

 

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  • 2 semaines après...
Membre, 77ans Posté(e)
Blaquière Membre 19 162 messages
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Pourquoi le sens d'un expression évolue ?

Une expression que beaucoup de gens du midi doivent connaitre :

"En plein cagnard"

Tout le monde vous dira, c'est être "en plein soleil" !

Il y a des variantes du genre : "Il fait un de ses cagnard !"

Bon, c'est clair : c'est que le soleil vous "ensuque" (=vous assomme)

Le "cagnard", c'est donc le soleil !

Eh bien NON !

A l'origine, être au cagnard, voire en plein cagnard, c'est pas être au soleil, mais c'est "être à l'abri" A la limite recroquevillé, cagneux ! On se recroqueville au soleil et on attend que l'hiver passe ! Parce qu'on est des gens du soleil ! Plus il fait chaud, mieux on est ! Moi je le dis, les provençaux on doit venir du désert... :smile2:)

Il faut comprendre la mentalité de la Provence...

L'hiver, avec du mistral, c'est une horreur, c'est pas possible ! "Un temps à ne pas mettre un âne dehors !"

(Je ne sais même pas si l'expression est  licite  si elle existe : J'improvise !

En un mot, il fait froid, et avec Le Mistral, comme on dit maintenant, plus 5 degrés, c'est du "moins 10 RESSENTI !"

(Je passe sur ce "comme on dit maintenant, la température ressentie" qui m'énerve : pour moi, 5 degrés, c'est cinq degrés, c'est pas moins dix ! Quand on a 1 degrés, même avec moins dix ressentis, l'eau, elle ne gèle toujours pas !)

Je m'énerve, je m'énerve...

Mais bon, nous vivons dans l'exponentiel !...

Les émotions simples, réelles  ne nous font plus ni chaud ni froid.

Au lieu de s'énerver, il faudrait en sourire...

Bref, il fait pas chaud du tout : 5 degrés, vous êtes d'accord ? C'est pas un temps à se mettre en maillot !

N'empêche, qu'à l'abri du Mistral, et en plein soleil (parce qu'avec le Mistral le soleil est de mise) AU CAGNARD c'est-à-dire "à l'abri du Mistral et au soleil, donc",

ON EST QUAND MÊME BIEN !

C'est là qu'on comprend que Théodore Aubanel est un vrai poète.

 Selon ce que disait Fédérico Garcia Lorca : "La poésie c'est quelque chose qui marche dans la rue..." je comprends : d'ordinaire, de courant.

 

Aubanel (je cite de mémoire, je risque de me planter !) :

(L'automne, l'hiver, la saison froide :)

 

Leïs omes aou cagnard fustéjoun

é fasquéjoun

a la sousto d'un pailler...

 

(Les hommes à l'abri bricolent

Et picolent (!)

abrités sous une...canisse...)

 

Oui ! Aubanel c'est l'humanité telle qu'elle !

Toujours une finesse psychologique qui lui fait voir ce qu'il y a de profondément humain en nous, d'excessif, et même de "surjoué" !

Il me revient plein d'exemple dans ses poèmes d'une observation tellement juste !...

 Aubanel et Mistral... En dehors d'eux, c'est "circulez y'a rien à voir !"

Mais chez les deux, oui : y'a à voir !

Vous ne connaissez pas Aubanel ? TANT PIS POUR VOUS ! :smile2:

Un exemple ?

 je vous le dis directement en français :

 

Dans les prés, il y a des violettes

Voici revenues le hirondelles

De nouveau voici le soleil

Plus roux, plus beau !

Il y a des feuilles sur les platanes

L'ombre est fraîche dans les allées...

Ô mon cœur,

Pourquoi n'est-tu pas mort ?

 

Douche froide !

Il est là Aubanel ! On fait semblant par politesse, mais en dedans, ça bout !

 

J'édite :

Je suis content que Mistral dans son dico ait compris la vérité de ce que disait Aubanel :

1942885748_Capture2.JPG.cfef840e2069fea0eac81b024d2f0b05.JPG

 

 

 

 

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Membre, Posté(e)
tison2feu Membre 3 087 messages
Forumeur alchimiste ‚
Posté(e)
Il y a 20 heures, Blaquière a dit :

 

Bref, il fait pas chaud du tout : 5 degrés, vous êtes d'accord ? C'est pas un temps à se mettre en maillot !

N'empêche, qu'à l'abri du Mistral, et en plein soleil (parce qu'avec le Mistral le soleil est de mise) AU CAGNARD c'est-à-dire "à l'abri du Mistral et au soleil, donc",

ON EST QUAND MÊME BIEN !

 

 

Oui, c'est bien agréable, en hiver, d'aller brunir au cagnard dans une calanque à l'abri du mistral, et même de plonger un bref instant son corps brûlant dans l'eau glacée ! Au risque de passer pour un fou car ce mistral - lorsqu'il règne en maître ("mistral" est issu du bas-latin MAGISTRALIS) - est synonyme de mauvais temps pour beaucoup de gens du coin, alors qu'il fait un beau ciel bleu !

Dicton provençal : "Lou Parlamen, lou Mistrau e la Durènço soun li tres flèu de la Prouvènço" ("Le Parlement, le mistral et la Durance sont les trois fléaux de la Provence").

A ce propos, je serais curieux de savoir si le mistral a été une source d'inspiration pour certains écrivains et poètes provençaux.

 

 

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