Lecture partagée - Les pionniers de la conquête spatiale

A Mach 1 ça secouait dans les cockpits...

http://www.ina.fr/video/CPA77059238

Janu' et nous n'y sommes pas encore, mais oui ! ....

Pour les ailes, c’est simple : des lames de rasoirs (comprendre pas plus épaisses que la paume d'une main). Le fuselage… Réfléchissons. Est-ce qu’il existe quelque chose au monde dont la vitesse est supersonique ? Oui !! Une balle de colt 45 est supersonique à la sortie du canon ! Le fuselage sera donc en forme de balle de colt 45.

On monta l’opération financière : l’Air Force, qui désirait posséder au plus tôt des chasseurs supersoniques allait financer l’opération sur son budget de recherches, le NACA restait maître de l’opération et Bell construirait l’avion.

Ah, comment va-t-il s’appeler cet avion ? Le X 1.

Un nez pointu, s’évasant très vite, il fallait loger un bonhomme dans le museau, et c’est autour de l’ensemble pilote-siège que fut dimensionné le maître-couple, ensuite cela s’affinait lentement, évoquant un tonnelet dodu, jusqu’à la queue. Bob Woods avait doté le X 1 d’une dérive superbe, qui permettrait à l’avion de filer bien droit lorsqu’il traverserait les vitesses critiques. Très haute, de formes anguleuses, dont l’arête avant se prolongeait jusqu’au cockpit en une sorte d’épine dorsale, un bourrelet d’aluminium qui s’achevait au-dessus du crâne du pilote.

Comme ça :

D'une telle simplicité, en plus !

https://www.aviationsmilitaires.net/v2/base/view/Model/1144.html

Le X 1 allait fonctionner comme les Comète, avec un moteur-fusée. Le carburant épuisé il deviendrait un planeur et le pilote n’aurait donc droit qu’à un seul essai d’atterrissage. Pas de décollage, il ne servait à rien de gâcher du carburant pour la montée.

Quatre minutes, seulement ça, pour aller plus vite, encore plus vite. On allait donc emboîter le X 1 sous le ventre d’un gros avion-mère, un B29, la superforteresse.

Quatre minutes pour ce projectile habité qui devait piquer un coup bref dans la zone transsonique.

Les américains ne faisaient pas confiance à des carburants aussi instables que le stoffen. Les produits furent remplacés par de l’eau oxygénée et un mélange d’hydrate d’hydrazine et de méthanol. C’était moins capricieux. Enfin… moins, oui.

Il y avait un truc incroyable sur cet avion : sa porte. Bob Woods ne rendit pas la portion vitrée amovible mais il dota le X 1 d’une porte latérale.

Et c’est là que le pilote se marre beaucoup moins (s’il a seulement déjà rigolé) : Il doit s’accroupir, poser la fesse gauche sur le siège, puis plier le buste vers l’avant, se glisser à l’intérieur et enfin replier les jambes et les introduire de biais dans la cabine ; ensuite il doit se contorsionner un peu pour récupérer les cinq branches du harnais afin de se ficeler à l’avion, puis remettre la porte en place pour la verrouiller.

C’est compliqué comme installation hein ? Bah en plus, elle va se faire en vol. Si si… En vol à plus de 300 km/h.  Ajoutée à la bravoure de celui qui allait piloter le X 1, la prestation d’un chimpanzé à haute altitude, sans filet…

Mais pourquoi en vol ?

Ben ? Alors ? Pourquoi ? Oh !! pourquoi ? .....allezzzzzzzzzzzzz !!!

Par souci de sécurité. Le B29 ayant lui aussi (décidément) un tempérament disons...explosif, imaginons s'il y avait eu un problème sur cet avion mère. Aucune chance pour le pilote du X1 de se sortir de là, complètement saucissonné dans son bocal...

il y a 2 minutes, January a dit :

Par souci de sécurité. Le B29 ayant lui aussi (décidément) un tempérament disons...explosif, imaginons s'il y avait eu un problème sur cet avion mère. Aucune chance pour le pilote du X1 de se sortir de là, complètement saucissonné dans son bocal...

Mouais, on va dire comme ça alors, parce que si le B29 explosait, ben le pilote du X1, hein...

à l’instant, Petit pois a dit :

Mouais, on va dire comme ça alors, parce que si le B29 explosait, ben le pilote du X1, hein...

Ah bah là c'était adieu veaux vaches cochons couvées. Mais en imaginant une simple défaillance technique ou même un incendie, tout le monde saute, go go go, et tout le monde est sauvé (en principe...).

à l’instant, January a dit :

Ah bah là c'était adieu veaux vaches cochons couvées. Mais en imaginant une simple défaillance technique ou même un incendie, tout le monde saute, go go go, et tout le monde est sauvé (en principe...).

Ha oui, bien vu !

Il fut donc décidé que le pilote devait rejoindre son avion lorsque le B29 serait prêt à le larguer, en vol.

Ca voulait dire que le pilote se branche sur une baladeuse d’oxygène. Ensuite il embarque sur une minuscule plateforme qui fonctionne comme un ascenseur qui le descend jusqu’à l’ouverture du X 1 où il doit arriver les pieds en avant, directement dans le cockpit avec des vents dans la tronche plus violents que deux cyclones réunis. C’est un mécanicien qui se charge de remettre la porte en place et de la verrouiller.

Purée une fois à l’intérieur le pilote devait se sentir en sécurité. Les paradoxes quand même ! 

La touche finale fut de peindre le X 1 en orange vif, pour pouvoir le suivre des yeux dans le ciel. Erreur d’ingénieur, l’avion n’était pas plus visible.

Bon, il manque à toutes ces explications un élément fondamental : le bonhomme. Qui va piloter cet avion ? Chuck Yeager ? Il y a d’autres pilotes du même calibre..

il y a 8 minutes, January a dit :

La touche finale fut de peindre le X 1 en orange vif, pour pouvoir le suivre des yeux dans le ciel. Erreur d’ingénieur, l’avion n’était pas plus visible

Geoffrey, Slick, Chuck, Bill, Scott, Mach…

Slick Goodlin sera désigné comme pilote du X 1. Il avait du mérite parce-que cette histoire de mur du son avait déjà fait des victimes (et il avait du mérite aussi d’aller jouer au chimpanzé sans filet).

Geoffrey de Havilland travaillait sur le record du monde de vitesse à faible altitude (3000 mètres environ). A haute altitude l’air est calme est peu troublé, mais plus bas, quand on pénètre à très grande vitesse, l’avion ressent les turbulences comme des gifles vibratoires assénées par un géant ; cela ressemble à l’idée qu’on se fait de rouler à 200 km/h sur une piste criblée de trous et de nids de poule, mais en pire. Pour de Havilland ce jour de septembre 1946, l’animal invisible attendait le Swallow (son avion) aux alentours de Mach 0,88. Certains pensent que Geoffrey mourut juste avant le Swallow, la nuque brisée nette lors d’une oscillation. Son corps fut retrouvé, entier, toutes les vertèbres rompues.

D’autres eurent plus de chance, comme Martindale qui, aux alentours de Mach 0,91 s’évanouit dans le cockpit de son spitfire, il reprit connaissance alors que les ailes de sa machine s’étaient littéralement repliées en arrière et vers le haut *. Les commandes toujours vivantes, il ramena son épave et établit un record absolu : jamais un avion à hélice n’a dépassé Mach 0,91.

Avec des histoires comme celles-ci, la saga du mur du son prenait forme. Les pilotes se racontaient des trucs à se faire dresser les cheveux sur la tête, enjolivant les détails drôles ou horribles et plus ils parlaient, plus certains d’entre eux avaient envie d’aller faire un trou dans ce mur du son : là était l’aventure pour les hommes volants – tout le reste avait été fait, ou du moins le croyaient-ils.

*comme l'avion de Barbie  (Florence Foresti)

Mais moi, je crois savoir lequel de ces foldingo va être choisi....

 Spoiler ! 

Slick Goodlin fit voler le X 1, d’abord en planeur pur puis en allumant les fusées après le largage par le B29. Il revenait de ses courtes explorations des hautes vitesses avec des récits inquiétants. Quelques minutes de vol là dedans vidaient un homme de sa concentration, etc… Pour le sprint final, Goodlin posa ses conditions : il allait le trouer ce mur du son, mais  ça allait leur coûter cher, très cher, 150 000 dollars. C’était une véritable provocation, un salaire de star. Goodlin était une star, il voulait être payé en conséquence. Mais l’Air Force n’avait pas les ressources de la MGM ou de la Paramount et surtout, certains savaient que dans les rangs se trouvait une première gâchette stupéfiante. Un certain… Chuck Yeager. Un surdoué à peine sorti de l’adolescence, qui ne voulait que de l’action et encore de l’action. L’argent ne l’intéressait pas.

Goodlin fut remercié et Yeager se retrouva dans le X 1. Et il commença par faire un sort à tout ce qu’avait raconté Goodlin. Bien sûr cet avion était un piège, comparé aux avions du commerce ! Mais le premier vol de Yeager fit naître des sourires béats sur les visages de ceux qui avaient élu domicile dans le sable rocailleux de Muroc.  Il frisa Mach 0,86 et ramena l’avion comme s’il s’agissait d’un piper club ! Il descendit en jubilant, il venait de dompter la bête et il aimait ça.

Le 10/08/2018 à 09:35, Kâli a dit :

Gustave Doré c'est parent avec Julien ??? Je comprends mieux pourquoi il a montré sa lune lors d'un reportage. Très belle lune au passage 

 

Gustave Doré, OK, mais Julien Doré, c'est qui ?

L’équipe au sol était subjugée par Yeager. Il disait que techniquement, les problèmes violents allaient s’amortir avec l’augmentation de vitesse et disparaîtraient au-delà de Mach 1. L’équipe prit conscience d’une évidence : le X1 était bien pour le commun des pilotes, tout à fait comme Goodlin l’avait décrit. Mais Yeager n’appartenait pas au commun des pilotes. Ses vols étaient d’une habileté chirurgicale. Il se dédoublait, il pilotait avec netteté et précision et regardait en même temps ce qui se passait, enregistrait les événements et ces deux activités se cotoyaient dans un détachement surnaturel : comme s’il n’avait pas été physiquement embarqué dans une bombe, comme s’il ne risquait absolument pas d’exploser en millions de confettis…

Sa façon d’être lui valait l’admiration de tous. Là où un pilote moyen aurait proféré sur un ton emphatique un nom de code décidé à l’avance « Geronimo Rouge Deux », lui préférait appeler ses interlocuteurs par leur nom et les traiter de « mon pote » et les interlocuteurs s’en mettaient plein les oreilles, sachant qu’en réalité le X1 orange qui perforait comme une balle l’air bleu du désert du Mojave à 90 % de la vitesse du son ou un peu plus était l’un des engins les plus terrifiants au monde.

Il y a 3 heures, Blaquière a dit :

Gustave Doré, OK, mais Julien Doré, c'est qui ?

Un chanteur chevelu blond coqueluche des nanas....paraît il...

Pour certains hommes et notamment au sein du NACA, il n’y avait pas de quoi bâtir une légende : ils savaient que le mur du son était franchissable. Ils se disaient que peut être, ces tentatives étaient dérisoires et inutiles. Ils étaient les très rares spécialistes de la fusée balistique. Tout autour d’eux : des centaines de kilos de littérature technique allemande. Dans ces années de l’immédiat après-guerre, quelle que soit la fraction de science observée, on est assuré de trouver le travail d’allemands. D’ailleurs les USA avaient accueilli Von Braun avec des dizaines de techniciens et de savants ainsi qu’un stock de V2 utilisables.

La V2 était très largement supersonique, presque hypersonique, puisqu’elle atteignait Mach 4 et elle pesait trois fois le poids du X1, alors, où était le problème ?

Les hommes des fusées savaient, eux, que le V2 avait volé à ces vitesses, mais à des altitudes qui se comptaient en dizaines de kilomètres, là où l’atmosphère est si ténue qu’elle peut être assimilée à l’espace.

Pas de muraille infranchissable.. Juste des hommes arriérés avec leurs avions, alors qu’il faudrait penser fusée. Alors pourquoi le X1 ? Pour faire de meilleurs chasseurs, grâce au X1 les bombardiers seraient interceptés, l’Amérique préservée et la liberté triompherait.

Foutaises ! disaient les gens des fusées. Les fusées de DCA du futur pourraient intercepter les bombardiers bien plus vite et même ces bombardiers vont disparaître au profit de fusées de longue portée : les chasseurs supersoniques sont condamnés d’avance.

Pour certains donc, la mise au point de l’X1 était un combat d’arrière-garde, tout juste bon à démontrer la valeur de quelque Yeager.

il y a une heure, Petit pois a dit :

Un chanteur chevelu blond coqueluche des nanas....paraît il...

Oui  

Sinon après renseignement, il y aurait un lien de parenté mais ce n'est pas certain. Faudrait faire l'arbre généalogique de Juien "je me dévoue " 

Pardon pour cette parenthèse qui n'a rien à voir avec le sujet