Aller au contenu

Labass ?


Fannane

Messages recommandés

Membre, 58ans Posté(e)
Fannane Membre 12 messages
Baby Forumeur‚ 58ans‚
Posté(e)

 


Un petit poète du Sud. Des poèmes pour vous :

 

Pour le plaisir de Monsieur Papa !


Oh Maman!

Oh jolie Maman!

Que c’est joli ça, non?

Tu me dis, Mehdi,

Ne fais pas de bêtise!

Prends un dirham du beztam°

Et vas chez l’épicier du coin

Achète-toi un petit pain

Et fais attention à la circulation!

Comme ça je vais à l’école

Avec un petit pain

–Un tout petit pain–

Alors que les copains

Y vont le ventre plein

Mais moi,

–Tant pis pour moi!–

Je vais à l’école

Avec un petit pain

Car Maman

–Pauvre Maman!–

N’a pas pu dormir tôt la nuit

Car Papa

–Salut Papa!–

Ne l’a pas laissée dormir,

Juste pour son plaisir!

Et moi

Je vais le matin à l’école

Avec un petit pain

Et j’apprends l’Espagnol!

Oh que c’est joli!

Dites à Maman:

Ne t’en fais pas!

Et à Papa:

Bonne nuit!


° Bourse, porte-monnaie en dialecte marocain.


Un peu d'amour                               (2006)


Le vautour est de retour

Il cherche une copine

Dans les collines,

Il en aperçoit une

En train de manger une prune,

Mais celle-ci

N'est ici

Que pour un autre vautour,

Qui, lui, aussi,

N'est ici

Que pour faire l'amour.

Alors que va faire la copine ?

Et bien, elle danse, vole et

Pense;

Alors que les deux vautours

S'exhibent tour à tour

Puis font la guerre

Jusqu'à la tombée du jour,

Et ce, pour le plaisir de satisfaire son désir

De faire l'amour

Avec la copine de toujours.


Du thé


C’est bon Coca-cola.

Mais je préfère du thé, s’il te plaît!

C’est bon du thé avec du méchoui,

Non?

Même avec du couscous

Je n’aime pas boire ce coca.

Ce que j’aime, moi, c’est

M’asseoir là, sous cet arganier,

Du rôti à la main

Et du thé;

Et, du fond du cœur de Radio Rabat,

Vient la voix de Rouicha

Chanter l’amour des montagnes.

Je ferme alors les yeux :

Je vois la neige et l’amour des sourds,

J’entends le guenbri pleurer à qui veut l’entendre;

Et je pense à mon âme jumelle,

Celle qui est là-bas à Rabat.


Un vrai régal


Non, on ne met pas de farine

Dans un tajine;

On n'y met que la meilleure viande

Et les meilleures légumes,

De l'huile aussi,

Des épices, et du sel.

Ne me dis pas que tu ne sais pas

Ce que c'est qu'un tajine.

Tu sais bien que c'est un régal

De prendre place

Autour d'un tajine

Cuit à feu doux sous un olivier

Loin des vaches et des coquelicots

A l'abri du soleil de midi.

Et après le tajine,

On prend du thé:

Mais du thé à la menthe et à la chiba.

Oh comme il est doux!

De manger et de boire au douar

Tout près de grand-mère

Et des petits.


L’Amour de Dieu


La vie, life, la vida

A tourné le dos à Dalida,

Qui n’avait pu avoir

Assez d’espoir

Pour attendre l’amour et la paix.

Mais la vie n’est pas si avare

Pour ceux qui tendent leur regard

Vers le ciel,

Là où Dieu tend sa main aux pieux

Auxquels il révèle

Le chemin de la tranquillité

Qu’ils doivent emprunter

Tous les soirs et tous les matins

En toute simplicité.

Il faut être sage

Pour voir les rivages

Du bonheur divin

Que ressentent les pieux, jeunes et vieux,

Tous les soirs et tous les matins.

A quoi bon penser au regard de l’autre

Quand on suit la voie de Dieu et de l’apôtre?

Dieu aime tous les hommes et toutes les femmes

Qui ont dans leur âme

L’Amour de Dieu.


Quel âge as-tu ?


Quel âge as-tu, mon ami ?

Vingt ans ? Trente ans ? Soixante ans ?

Mais tu es plus jeune que la Maison Blanche !

T’as cent ans ?

Mais t’es plus jeune que les mots de Victor Hugo,

T’es plus jeune que le cimetière du village :

T’es trop jeune pour mourir.

Mais que faire ? Y a rien à faire, mon ami.

La mort ne verra pas ta carte d’identité.

La mort n’écoutera pas tes explications.

La mort n’a pas peur de te toucher.

La mort ne regrette rien.

La mort ne demande rien.

La mort n’a pas d’amis.

Mais si, elle en a plus qu’un.

Mais comment pourrait-on être ami de la mort ?

Comment pourrait-on mourir sans remords ?

Comment oserait-on jeter la vie dehors ?

Certains disent qu’après la mort il y a vie.

Tu dis : "C’est pas vrai" , ils disent : "Si !"

Pour eux le jour c’est comme la nuit :

C’est juste un moment d’attente, un moment de plus.

Ils ont hâte d’aller là-bas.

Ils ont hâte de retrouver des âmes

Mortes bien avant Dreyfus.

Ces gens-là ne veulent plus que cette vie d’ici bas :

Ils veulent plus et bien plus.

Ils veulent la fin des guerres et de la faim.

Ils veulent la fin de la Une de tous les quotidiens.

Ils veulent voir ce à quoi ils osent croire

Malgré le rire des siens :

Ils veulent voir le paradis.


Les leçons de la vie


Quand il pleut, c’est le soleil qu’on veut.

Quand le soleil brûle un peu nos oreilles,

C’est la pluie qu’on veut.

Quand les papillons se bousculent avec les abeilles,

Qu’est-ce qu’on veut ?

Eh ben, –en vérité– on veut l’éternité !

On voudrait rester jeune à jamais !

Qui ne s’est pas regardé dans une glace ?

Qui n’a pas rêvé de vie de palais et de palaces ?

A chaque fois, la vie te regarde bien en face

Avec un regard plus glacial que la glace.

Elle te dit : "Hé, mon mignon !

Vivras-tu autant que Napoléon ?

Auras-tu une place au Panthéon ?

Regarde, imbécile ! Regarde, petit paon !

Le thé que tu bois, on l’a bu avant toi.

La mer que tu vois, on l’a vue avant toi.

Demande à Sindbad si tu ne le sais pas ;

Mais –ma foi– toi aussi, tu partiras bien avant moi !

Une fois, on a bâti les pyramides

Sur des terres bien arides :

On ne voit plus les maîtres des pyramides,

On ne voit que les terres bien arides !

Toi aussi tu partiras … et tu laisseras ta demeure.

Elle sera repeinte et embellie de fleurs.

Et moi –la Vie– je serais bien là pour les cœurs

A qui la mort ne ferait pas vraiment peur .

Mais t’en fais pas, quand même !

Tant que tu es là, alors sème––

Sème la bonté, sème la beauté, sème tout ce que tu aimes :

Après la mort, tu trouveras tout ça comme tu l’aimes…

Chez un Dieu qui aime les bons cœurs."


La neige


Il neige dans la presse . Quelle détresse !

Même la télé tousse ! Mais où est l’eau douce ?

Le nez du robinet est bouché.

Qui n’est donc pas touché ?

Des hommes meurent sur le trottoir.

Des bêtes n’arrivent pas à l’abattoir.

Les politiciens n’y comprennent plus rien.

Ils ont plus de froid que de peur et

Leurs ingénieurs, eux, ont les deux.

Et toi, chérie, cache-toi du froid !

C’est le moment de porter le coton et jeter la soie.

Ici y a froid et sécheresse, mais c’est la même faiblesse :

La faiblesse des hommes devant Allah !

Couvre-toi, donc, chérie, et lis ma poésie.


Quand on chôme


Quand on chôme

On est comme des pommes

De terre jetées par terre:

On pourrit.


Quand on chôme

On se cache et joue à cache-cache

Comme des souris.


Quand on chôme

On se souvient de Dieu

Et l'on prie.

Mais quand on ne chôme plus

On ne prie plus.


Quand on chôme

On devient fou:

On brûle et on casse;

Quand on ne chôme plus

On devient plus doux

Que Julio Iglesias:

On devient des pommes bien emballées;

On s'exhibe comme des princes au palais,

Et l'on parle des chômeurs

Comme d'un match de foot.


La Chanson du Meskine


J’ai faim et ma faim n’a pas de fin.

S’il y a plein de pain dans les magasins

Il y a peu de sous dans ma main,

Et quand je vois ces sous dans ma main

Je pleure,

Mes enfants pleurent avec moi.

J’aurais aimé leur acheter du beurre

Ne fût-ce qu’une fois par mois.

Mais le beurre est plus cher que les fleurs !

Que dire alors de la viande

Quand les bêtes se vendent à prix d’or ?

Que dire alors du sucre ?

Que dire de l’huile ?

Des gens rêvent de l’or,

Moi, je rêve du sucre et de l’huile !

Je rêve d’un morceau de fromage,

Mais –dommage !– mes rêves

Ne sont que des nuages !

Je ne peux pas mendier.

Je ne veux pas mendier.

Je ne dois pas mendier,

Et pourquoi devrais-je mendier

Alors que mon pays

N’a pas faim, lui ?

Mais oui,

Il y a beaucoup de Mercedes dans mon pays,

Il y a beaucoup de châteaux dans mon pays

Moi je ne rêve pas de princesses

Ni même de gâteaux

Je veux seulement du pain

Pour mes petits.

Aux riches et aux nobles le couscous et le rôti !

Moi je ne veux que du pain et du beurre

Pour mes petits !

Moi aussi j’aime mon pays

Moi aussi j’aime mon Roi

Mais –ma foi–

Que mon pays m’aime, lui aussi,

Autant que moi, ou quoi !


Malade


Malade, oui, je suis malade.

Oui, ça y est :

Aucune balade ne me rendra le sourire.

Aucune salade n’arrêtera mes soupirs.

Non, ça y est :

Ne me donnez plus de sirop, plus de pommade,

Ça ne changerait rien, rien à mon mal,

Je resterai le visage pâle, l’air maussade.

Faites-moi du bien

Et laissez-moi dire mon émoi pour la dernière fois !

Car je sais que c’est fini

Il ne reste plus que la façade.

Ne me parlez pas d’opération

L’opération est une belle opération

Pour le chirurgien,

Lui qui prendrait l’argent

Mais pour moi, qui n’ai rien, ni or in argent,

L’opération est une aberration

C’est un luxe dont je ne rêve pas.

Laissez-moi tranquille.

Ne pleurez pas devant moi.

Je sais qu’un jour vous ferez un tour

Au cimetière,

Et qu’après la prière

Vous me mettrez dans un trou

Et vous reviendrez manger du couscous.

Alors pardonnez-moi si je tousse,

Pardonnez-moi si je fais pipi dans mon lit,

Pardonnez-moi si je vous dit Adieu !


Cette fameuse Amérique


Qu’elle est curieuse cette fameuse Amérique !

Elle est belle quand ses Boeings tendent leurs ailes

Dans le ciel.

Dans certains cas,

Comme sur Voice of America,

On est devant une Amérique plutôt biblique.

Mais cette même Amérique devient vite diabolique

Quand ses flics dansent au rythme

De la musique venue d’Afrique

En passant par la Jamaïque.

Puis vite –Hop !– elle est islamique, cette Amérique

Quand ses imams parlent d’islam

A Washington Square

Et de la guerre

Sur jannah.com

En même temps elle distribue des condoms.

Et charme des gens de tous les coins

Avec un certain "Welcome"

Et les fait venir de loin.

On la craint, cette Amérique, mais on l’admire ;

On ne la comprend pas, mais on ne peut que finir

Par l’aimer :

Surtout quand on voit ses travailleurs, ses bâtisseurs,

Ses génies et ses penseurs

Comment ils meurent

Pour rendre ce monde beau comme une fleur.

Bref, on est pris de stupeur

Quand cette Amérique-là nous fait peur.

 

 

 Labass ?     ça veut dire "ça va?" en dialecte marocain.

Lien à poster
Partager sur d’autres sites

Annonces
Maintenant
Membre, Forumeur discret, 61ans Posté(e)
Kid_Ordinn Membre 7 699 messages
61ans‚ Forumeur discret,
Posté(e)
Il y a 5 heures, Fannane a dit :

Labass ?     ça veut dire "ça va?" en dialecte marocain.

Oui,et ça se prononce "la besse" qui veut dire "pas de malheur" ;)

Lien à poster
Partager sur d’autres sites

Membre, 58ans Posté(e)
Fannane Membre 12 messages
Baby Forumeur‚ 58ans‚
Posté(e)

Exactement.

Lien à poster
Partager sur d’autres sites

Membre, 58ans Posté(e)
Fannane Membre 12 messages
Baby Forumeur‚ 58ans‚
Posté(e)

 

Lien à poster
Partager sur d’autres sites

Membre, 76ans Posté(e)
Blaquière Membre 18 862 messages
Maitre des forums‚ 76ans‚
Posté(e)

Tu as des moments percutants !

"des gens rêvent de l'or

moi je rêve de sucre et d'huile

d'un morceau de fromage !"

Et bien d'autres...

Chapeau ! Merci !

Lien à poster
Partager sur d’autres sites

Membre, 58ans Posté(e)
Fannane Membre 12 messages
Baby Forumeur‚ 58ans‚
Posté(e)
Il y a 16 heures, Blaquière a dit :

Chapeau ! Merci !

Merci à toi. C'est tout ce que j'ai pu écrire en français. Normalement j'écris en anglais. Voir ma pageweb dans mon profil. Très bonne matinée à vous tous (et toutes).. 

Lien à poster
Partager sur d’autres sites

Annonces
Maintenant

Archivé

Ce sujet est désormais archivé et ne peut plus recevoir de nouvelles réponses.

×